la vie humaine et ses valeurs doivent toujours être le principe et l'objectif de l'économie.

En plus du postulat de base qu’est de placer l’homme au centre de son dispositif, pour être humaine l’économie se doit d’être une économie de besoins, c'est-à-dire d’abord ordonnée à la satisfaction des besoins primordiaux de l’homme (nourriture, vêtements, logement, santé, culture, éducation…) et non pas une économie de faux besoins. Il s’agit avant tout de « proportionner la production à la consommation, sagement mesurée aux besoins et à la dignité de l’homme » (Pie XII).  

Ce n’est donc pas la production pour l’argent et le profit comme dans le capitalisme, de même que ce n’est pas la production pour la puissance de l’Etat comme dans l’économie de l’Etat totalitaire. Ce n’est pas non l’homme au service de la production qui le rabaisserait à l’état d’objet.

Dans son discours auprès des jeunes entrepreneurs le 20 Mai 2007, le pape Benoît XVI rappelle de manière lumineuse la finalité de l’économie : «  Il est indispensable que la référence ultime de chaque intervention économique soit le bien commun et la satisfaction des attentes légitimes de l'être humain. En d'autres termes, la vie humaine et ses valeurs doivent toujours être le principe et l'objectif de l'économie. Dans cette optique, la fonction du profit, comme indicateur du bon fonctionnement de l'entreprise, acquiert sa juste valeur. Le Magistère social de l'Eglise en reconnaît l'importance, en soulignant dans le même temps la nécessité de sauvegarder la dignité des personnes qui, à divers titres, participent à l'entreprise. Même dans les moments de crise majeure, le critère qui gouverne les choix de l'entreprise ne peut être uniquement la promotion d'un plus grand profit. Le Compendium affirme à ce propos:  "Les entrepreneurs et les dirigeants ne peuvent pas tenir compte exclusivement de l'objectif économique de l'entreprise, des critères de l'efficacité économique, des exigences du soin du "capital" comme ensemble de moyens de production:  leur devoir précis est également le respect concret de la dignité humaine des travailleurs qui œuvrent dans l'entreprise". "Ces derniers - poursuit le texte - constituent le "patrimoine le plus précieux de l'entreprise", le facteur décisif de la production. Lors des grandes décisions stratégiques et financières, d'achat ou de vente, de réduction ou de fermeture d'usines, dans la politique des fusions, on ne peut pas se limiter exclusivement à des critères de nature financière ou commerciale" (n. 344). Il est nécessaire que le monde du travail redevienne  le milieu dans lequel l'homme puisse réaliser ses potentialités, en mettant à profit ses capacités et sa créativité personnelle, et il dépend en grande partie de vous, entrepreneurs, que soient mises en place les conditions les plus favorables pour que cela ait lieu. Il est vrai que tout cela n'est pas facile, le monde du travail étant marqué par une crise profonde et persistante, mais je suis certain que vous n'épargnerez pas vos efforts pour sauvegarder l'emploi, en particulier des jeunes. Afin de construire leur avenir avec confiance, ils doivent en effet pouvoir compter sur une source de revenus sûrs pour eux et leurs proches. (…) Un autre thème important que vous avez souligné est le phénomène complexe de la mondialisation. Un phénomène qui, d'une part, alimente l'espérance d'une participation plus vaste au développement et à la diffusion du bien-être, grâce à la redistribution de la production à une échelle mondiale, mais qui, de l'autre, présente divers risques liés aux nouvelles dimensions des relations commerciales et financières, qui vont dans la direction d'un accroissement de l'écart entre la richesse économique de quelques personnes et la pauvreté croissante de la majeure partie d'entre elles. Il faut, comme l'affirma de manière incisive mon Prédécesseur Jean-Paul II, "assurer une mondialisation dans la solidarité, une mondialisation sans marginalisation" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1998, n. 3) ».

Utopie ou objectif possible ? La mission du Pape est de rappeler aux hommes, au nom de la morale, ce qui doit être, du moins l’idéal vers lequel il faut tendre le plus possible. Si cela parait utopiste dans une réalisation à court terme, il n’en reste pas moins que les nécessités matérielles d’un peuple, le constat évident de devoir d’utiliser de manière plus rationnelle les ressources naturelles, ne peuvent que conduire un jour où l’autre les dirigeants à revenir à plus de raison.