Hélie de Saint-Marc, un chemin d'honneur

Journaliste, auteur et réalisatrice, spécialisée dans la Défense, Marcela Feraru se consacre depuis 10 ans à la sauvegarde des témoignages des oubliés de l'Histoire : prisonniers d'HO-CHI-MIN, Harkis, Français d'Algérie, et à la réalisation de films documentaires sur des thèmes méconnus ou volontairement passés sous silence.

Le film Hélie de Saint - Marc, témoin du siècle, soutenu par Jean-Marie Schmitz, Président du Secours de France, et Blandine, fille du Commandant de St Marc,  offre une immersion dans des archives inédites et un regard profondément incarné sur l'Histoire à travers les souvenirs et les écrits d'un combattant.

Hélie de Saint Marc, témoin du siècle nous plonge dans l'histoire de France (1914 – 2014) à travers le témoignage du Commandant de Saint Marc, résistant, déporté, héros des guerres d'Indochine et d'Algérie et auteur de plusieurs ouvrages dont Les Sentinelles du Soir, Les Champs de Braises, L'aventure et l'Espérance et y apporte un éclairage nouveau.

 « J’approche du mystère et je me sens plus démuni qu’un enfant.  À mon âge, c’est peut-être la seule grâce qui reste, cette flamme fragile, si bouleversante, que je veux confier à mes lecteurs. »

« Repiquer chaque matin le riz de nos souvenirs, pour que d’autres en extraient quelques grammes d’humanité, pour les repiquer ailleurs. »

Il était la sentinelle, le veilleur d’une très longue Histoire, le témoin dont parle Pascal quand il dit: « Je ne crois qu’aux témoins qui se font égorger. »« Les témoins, rappelait Saint-Marc, sont le sel d’un pays. De près, ils brûlent la peau car personne n’a envie de les entendre.» Mais surtout, il était une conscience. Ses paroles viennent d’une profonde réflexion, d’une attitude face à la vie restée verticale, même dans les heures les plus noires. Cette réflexion – de l’homme, du soldat - dépasse les instruments de la  philosophie

« Monsieur le président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer… » - disait il, devant le Haut Tribunal Militaire, réuni pour juger sa participation au putsch d ‘Alger. C’est le credo qui l’a accompagné tout au long de sa carrière militaire, à Buchenwald comme en Indochine ou en Algérie.

Le XXième siècle fut, peut être, le pire, le plus sanglant, le plus terrible. Le Nazisme, le Communisme, le terrorisme ont endeuillé l’humanité plus que ne l’a fait tout le reste de l’histoire. Quelle attitude devant de telles épreuves ? Quels enseignements ? Comment retirer le bien au milieu du mal absolu ? Comment préparer l’avenir pour que les crimes du passé ne se reproduisent pas ?...

C’est sur ces questions qu’Hélie de Saint-Marc a médité et écrit, avec la sagesse qui vient de l’expérience et le talent d’un grand écrivain. 

QUELQUES CITATIONS

Déportation

« Avant mon séjour dans les camps de concentration, je pensais que le pire venait d'ailleurs. J'ai trouvé le pire chez les autres et aussi en moi. Ce n'est pas l'abandon des siens qui est le plus dur à vivre, mais la déchéance de l'homme en soi. La conscience part en lambeaux. L'extrême humiliation transforme les hommes en coupables. C'est la tristesse des déportés. »

 « Les seuls édifices qui tiennent sont intérieurs. Les citadelles de l'esprit restent debout plus longtemps que les murailles de pierre. » 

"Atteindre l’autre rive, faire un pas puis l’autre, marcher, ne pas penser, ne pas regarder, trouver encore la force au-delà de mes forces, chercher le visage de ma mère, ne pas pleurer, penser à tout le courage accumulé, ne pas fermer les yeux, surtout ne pas glisser, forcer encore, percer le mur, oublier les aboiements, chercher un appui."

Légion étrangère

« Dans ma mémoire si chargée d’évènements de toutes sortes, les légionnaires que j’ai commandés occupent une place écrasante. La Légion fut la grande affaire de ma vie. »

« Ma passion pour la Légion est sans doute liée à la méfiance pour la comédie humaine que j’ai acquise dans les camps de concentration. »

« J’ai tout de suite aimé ces hommes, dont j’ai dû envoyer une partie à la mort. Leur mémoire les blessait comme un silex. Ils possédaient la fraternité de ceux qui n’ont plus rien et se raccrochent les uns aux autres. Je voulais leur donner un respect à la hauteur de ce qu’ils avaient perdu. »

Indochine

« Une guerre orpheline est une guerre sans père, sans nom et sans reconnaissance. C’est celle que nous avons connue, de 1948 à 1954, dans les criques de pierre et les campements de fortune, décor de notre jeunesse. Les morts furent nombreux. Près de cent mille de nos camarades ont laissé leur vie en Indochine : vingt mille soldats de nationalité française, onze milles légionnaires, quinze mille Africains et plus de cinquante mille Vietnamiens, supplétifs et soldats réguliers. Jaunes, Noirs, Blancs, nous nous battions pour une cause qui laissait la métropole indifférente. »

« Ce peuple mélancolique et réservé, romantique et cruel, et sa terre imbibée de songe nous ont donné des raisons de vivre, lorsque les raisons de mourir nous manquaient parfois. Il y avait tant de beauté étalée, une telle richesse intérieure, un tel torrent d’émotions inconnues, tant d’odeur et de lumière, que nous n’avons pas hésité à jeter notre peau dans la balance pour que le Vietnam échappe aux camps de rééducation, à la pensée automatique, à la censure, aux mausolées sinistres, à la gymnastique du matin et aux mots d’ordre crachés par les haut-parleurs. »

« Tout au long de mon existence, j’ai poursuivi sans relâche ces instants éphémères où l’humanité des autres m’a révélé, fût-ce avec douleur, ma propre humanité dans sa face caché, sa part manquante. Certains soir, si l’on m’avait proposé de rester au Vietnam jusqu’à la fin de mes jours, j’aurais répondu oui. »

Algérie

« Sur cette terre calcinée, j’ai vécu des heures périlleuses. J’ai risqué ma vie et celle de mes légionnaires. Pris dans un engrenage qui dépassait le destin de chacun d’entre nous, j’ai cru de tout mon être à une solution de justice. Je me suis battu pour elle avant de me révolter contre le pouvoir de mon pays, parce qu’on avait tout dit, tout fait pour nous rendre fous. Je suis donc devenu un détenu politique et un proscrit… »

« La bataille d’Alger posait évidemment un cas de conscience. Bien sûr, il y a eu des interrogatoires qui n’auraient pas dû être. Mais au-delà de quelques comportements individuels empreints de vice et aisément condamnables, le jugement que l’on porte sur la grande masse des interrogatoires « sous contrainte » est affaire d’échelle de valeurs. »

« Parfois la guerre c’est le combat d’un bien contre un autre bien, parfois d’un mal contre un autre mal. »

La révolte

« Nous avons été les victimes d’un mensonge organisé, martelé, aux conséquences terribles. Le double langage en Algérie atteignait à cette époque des sommets que l’on a du mal à restituer aujourd’hui. En 1960, lors d’une tournée d’inspection, le général de Gaulle lui-même a juré : « Moi vivant, jamais le drapeau vert et blanc du FLN ne flottera sur AlgerSi l’armée avait été la seule victime de ce leurre, sa duplicité aurait été acceptable. Mais la présence de centaines de milliers d’Algériens que nous engagions chaque jour à nos côtés transformait ce jeu de go politicien en abus de confiance. Á Mostaganem, le FLN avait abattu à neuf reprises le porte-drapeau des anciens combattants musulmans. Dix fois, un autre volontaire avait pris sa place. Les harkis et les moghaznis n’étaient pas seuls. Il y avait les élus des scrutins de 1958, les caïds, les fonctionnaires …Ces hommes et ces femmes avaient misé leur vie en rejoignant les rangs français. Ils avaient droit à autre chose qu’à du vent. »

« Avant de nous juger, j’aimerais que les jeunes générations sachent par quelles angoisses nous sommes passés lorsque nous avons compris que, dans le conflit algérien, le général de Gaulle utilisait comme des armes courantes le mensonge, la duplicité et le cynisme. Quelque chose de vital et de définitif s’est cassé en nous qui ne vivra plus jamais. »

« Sur la lame du rasoir, j’ai fait basculer mon destin…Je n’avais pas prémédité cette décision. Si contestable qu’elle puisse paraître aux yeux de certains, elle correspond à une suite logique dans ma propre vie, que je n’ai pas à regretter. Un homme doit toujours garder en lui  la capacité de s’opposer et de résister. Trop d’hommes agissent selon la direction du vent. »

Témoigner

« Pour certaines émotions, il n’y a ni passé ni avenir, mais une sorte d’éternité. »

« L’Histoire est un orage de fer qui hache les hommes. Après, il faut recueillir les cendres, comprendre, raconter. Les témoins sont le sel d’un pays »

« Je pense aujourd’hui que la parole est un don que l’on offre à autrui. »

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