L'orgueil, enflure mortelle ( Les péchés capitaux - Saison 3)

C'est LE péché capital - celui « par qui le mal arrive » dans la création ; péché de l’ange, péché de l’homme... Avec toutes ses conséquences dramatiques!

Qu'est-ce que l'orgueil ?

C’est l’amour désordonné de soi. Entendons bien, s'il vous plait... Amour de soi, mais désordonné. L’orgueil est une enflure de l’âme ; il rend bouffi spirituellement.

On peut saisir les deux visages de l'orgueil à travers deux personnages inventés. Toute ressemblance avec des personnes ayant existé n'étant ici pas à exclure! Voici donc MOA 1 et MOA 2 : MOA 1er vit pour lui-même – MOA 2 vit par lui-même.

MOA 1 est l'ÉGOÏSME… « Le véritable égoïste pense toujours à lui, même en parlant d’un autre ». Il chosifie les êtres et les gens. Il ne les sert pas, il s’en sert comme de « faire valoir », miroir pour ses perfections. Son entourage est un système dont il se fait le soleil et le centre. On trouve cela à la racine de bien des dégâts dans les familles, les couples, les communautés religieuses, les apostolats et associations...

MOA 2 est l'ESPRIT D'INDÉPENDANCE… à première vue, c'est plutôt bien, sympathique d'être indépendant. Il ne dérangera pas trop les autres (donc … nous ?) … Il se débrouillera tout seul… ! Et puis… et puis même, il se dévouera pour nous ! Alors, où est le défaut ? Ecoutons MOA 2 parler; « je fais »… et même, « je fais du bien » et encore plus « je fais du bien pour les autres ». En revanche: « puis-je vous aider » ou « pouvez-vous m’aider ? »« Etes-vous d'accord ? » « Voulez-vous ? » « Qu'en pensez-vous ? » « s’il vous plait » et « merci »... Cela ne fait pas partie de son vocabulaire. Il n'aime pas sa dépendance totale envers Dieu, sa dépendance (juste) envers les autres. Il ne l’admet pas, il ne s’y résigne pas.

Est-ce grave?

Oui. Car si deux amours sont foncièrement contraires, incompatibles l'un avec l'autre, alors... l’un chasse l’autre. C’est le cas ici. L'orgueil est « l'amour de soi au mépris de Dieu » et du prochain. Si l'on se laisse entrainer par l'orgueil, alors plus de place pour l'humilité et la charité. L'une est fondement de vie spirituelle, l'autre en est couronnement.

Comment se manifeste l’orgueil ? Voilà quelques indices-clés à appliquer (avec mesure) :

Se justifier soi-même : « J’ai (toujours) raison - Bon, je peux (parfois) avoir tort ou me tromper. Quant à l'admettre, intérieurement et extérieurement... Quant à présenter éventuellement des excuses, c'est autre chose!

Etre dans son bon droit : cela peut donner, par exemple, un air boudeur, renfrogné, silencieux entretenu ; avec un je ne sais quoi d'entretenu, de réchauffé, d'affecté. Madame décide de ne pas dire un mot à Monsieur pendant 4 jours (Monsieur lui ayant coupé la parole, ou ayant manqué d'attention un soir au retour de son travail par exemple). Le lendemain, au petit déjeuner, monsieur offre son plus beau sourire et toute son attention. Madame va parler… mais se ravise ; « ah non, j'oubliai! Allez, je tiens bon, encore 3 jours ».

Le paraitre avant l'être : perfectionnisme, humilité extérieure, … tout est prétexte à se mettre en avant ou se rechercher. « Oh, moi, je ne suis bon à rien… moi, je suis inutile…». Mais je n'admettrai pas qu'un autre s'avise de le (faire) remarquer.

Une certaine critique systématique : « Les critiques ne sont pas autre chose que l’orgueil caché. Une âme sincère avec elle-même ne s’abaissera jamais à la critique. La critique est le cancer du coeur » nous rappelle Mère Teresa. La meilleure manière d'aider quelqu'un à se corriger de ses défauts, c'est de lui pardonner.

De la mesure toutefois pour repérer ces signes. Certaines blessures de l’esprit ou du cœur pourront expliquer ce besoin irrépressible d’attention, de reconnaissance.

Comment soigner l’orgueil ?

Avec la vérité, tout d'abord. Il y a du bien en chacun, chacune de vous. C'est Dieu qui l'a mis en vous. Dieu accomplit du bien à travers vous, ou Il attend du bien de vous. Donc, vous êtes aimables. Donc il y a un amour de soi juste : c'est-à-dire ni trop, ni trop peu, « recto amore »... un amour droit, conforme à la raison. Le désordre (et donc le péché), c’est le trop ou le trop peu d’amour de soi. Le remède à l'orgueil n’est sûrement pas la fausse modestie. Mais l'humilité, et la générosité.

Humilité pratique : « Pour un peu d’humilité, il faut beaucoup d’humiliations » ;  c'est une constante de la vie intérieure. Et les humiliations les plus fécondes sont celles que l’on n’a pas choisies. Acceptons-les intérieurement et extérieurement. Prenons garde à ne pas en infliger de trop lourdes (les fameux « fardeaux imposés aux autres, que l'on ne remuerait pas du petit doigt »).

Humilité chrétienne, donc éclairée, soutenue par l’humilité du Christ : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur ». Mesurez souvent l’humilité de Jésus, à la crèche, à la croix. C'est le fruit du mystère du couronnement d'épine, 3ième mystère douloureux de notre chapelet. Mesurez...

Générosité concrète : Gênez-vous, un peu et chaque jour ! La célèbre aumône de Carême, ce peut être aussi… le lave-vaisselle à débarrasser – cette affaire qui traine (On sait que ce n’est pas vous qui avez dérangé...) – cette leçon de mathématique avec le petit dernier, quand la journée a été rude - cette personne à saluer à la sortie de l’église, de l'école, du lieu de travail (On sait que vous ne la connaissez pas… et qu'elle n’a qu’à commencer…) - cette autre personne à appeler lors d’une épreuve… ou à inviter.

Surtout, générosité discrète.

Aimez la dépendance.

« Je ne maitrise pas tout, je suis parfois maitrisé(e ) par... les choses, les évènements, les personnes, les compétences et les limites, mes infirmités (pas peccamineuses) ». Assumez d’avoir des passions, des émotions. Rectifiez-les, remettez-les doucement sous le contrôle de la volonté, et de la droite raison… Ne les niez pas ne les supprimez pas absolument. En sainteté, « il faut du cœur : ni trop, ni trop peu » (Cardinal Mercier).

Sachez reconnaitre vos dettes (ça n’empêche pas de les régler, ou de « payer de retour »). Soyez lucides et reconnaissants. Soyez fidèles à ce que vous avez reçu de bon, c'est la meilleure reconnaissance.

Les compliments...

Aïe, que faire, comment faire ? Faites... comme Notre Dame. Recevez… faites passer… et puis passez. Magnificat ! Pas de flatterie, pas non plus de fausse modestie. Notre Dame n’a pas dit ; c’est trois fois rien d’être Mère de Dieu, conçue sans péché et pleine de grâce – mais elle a rapporté tout bien à la source, à Dieu. Rendez grâce, souvent.

Enfin, et surtout, allez à la source, à l’exemple:

Regardez votre Seigneur fait serviteur. Au bout du Carême, Il vous attend – au dimanche des Rameaux, dans le triomphe – au Jeudi Saint dans le service – au Vendredi Saint dans l'échec apparent; « Il s’est anéanti, prenant condition de serviteur … Il s’est abaissé lui-même ».

Ecoutez-le : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ».

Méditez la Passion et la croix de Jésus. Rien ne résiste à cet abaissement impressionnant.

Méditez le 3ième mystère douloureux de votre chapelet ; couronnement d’épines.

Faites votre chemin de croix (qui sera là pour ceux du vendredi de Carême ?)

Là est le fin mot de l’humilité, le grand remède à l’orgueil … et la fin de ce propos!

Péchés capitaux, c’est quoi ?

Après le péché originel et la rédemption, notre âme ressemble au Baussant des chevaliers et des scouts ; elle est le théâtre du combat spirituel entre la lumière et les ténèbres, la grâce et le péché, l’homme nouveau et le vieil homme.

Combat plus réel et plus terrible qu’une bataille d’hommes, disait le poète Rimbaud.

En nous, les vertus s’articulent les unes avec les autres – comme les vices. Le mal a ses chefs, ses meneurs ; les péchés capitaux. La Révélation divine les nomme, avec leurs causes ; le péché originel et nos propres fautes. La simple lucidité, le gros bon sens nous en montrent les conséquences quotidiennes ; désordre et rupture de relation à Dieu, aux autres, à soi-même.

Heureusement, tout vice capital peut être l’occasion d’un combat spirituel plein de foi et de mérites, et d’une croissance dans la vertu qui lui est opposée. Remplacer pour supprimer, c’est la tactique des saints.

Voyons ces 7 péchés ; ce qu’ils sont – comment les repérer – comment les soigner.