Quelles sont mes préoccupations premières ?

Se convertir vient de convertere, « se tourner vers ». Vers quoi, vers qui, suis- je tourné d'abord? Hélas, ne serait-ce pas surtout vers moi-même ? Quels sont donc les projets constants de ma préoccupation dès qu'au réveil, le matin, je reprends conscience de mon personnage ? Ne serais-je pas moi, moi seul, finalement l'unique motif de mon intérêt... ? Moi, c'est-à-dire mon plaisir d'aujourd'hui, mes soucis de ce jour, ma souffrance peut-être, et mon labeur quotidien... Tout cela cherché ou évité pour moi-même... sans référence aucune au contexte familial dans lequel ma journée va se déployer... sans souci du contexte sociologique qui va sous-tendre tout le jour mes diverses activités ? Ou bien, au contraire, suis-je amené, à mesure que ma vie s'écoule entre mes doigts, comme de l'eau qui ne revient pas, à la penser de plus en plus en fonction des autres qui vont providentiellement, tout le jour, peupler mon univers ? « Appartenir aux autres sans lassitude », et jusqu'au bout de mon existence... avouons que c'est tout un programme et aussi du très grand art !

Aussi, nul n'y parviendra, s'il ne commence et recommence à chacune de ses journées nouvelles à se tourner vers le SEUL en qui tout s'enracine, se fait et se refait sans cesse... vers le Dieu Eternel et Trinitaire qui par Jésus-Christ a voulu et veut toujours établir en chacun de nous, sa demeure. « Si quelqu'un m'aime, dit Jésus-Christ, mon Père l'aimera et nous viendrons en Lui et nous ferons en Lui notre demeure» (Jean 14-23). Ainsi, habités par l'Unique nous pourrons lui servir ensuite « d'humanité de surcroit », expression chère à Elisabeth de la Trinité, à travers laquelle II pourra sanctifier et restaurer, en Lui Seul, tous les membres de la communauté familiale et humaine qui sont, de nos jours, si gravement tentés de revenir aux sources empoisonnées... distraits - au sens pascalien du terme - de l'ESSENTIEL, ils se ruent, poussés par les médias que Satan dirige, sur les chemins faciles de l'orgueil, de la fausse « réussite », de la débauche, dans la folle poursuite de la complaisance en soi- même.

François REVEILHAC Missionnaire Apostolique