Contamination : un autre ennemi invisible !

On se souvient du singulier appel à la mobilisation du Président Macron au soir du 16 mars dernier : « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, et qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. »

En omettant d’évoquer toute transcendance face à cette pandémie nouvelle, avec la nécessité d’une autre mobilisation, spirituelle celle-là, le chef de l’Etat prenait malgré tout des accents et des images évoquant par analogie cette autre mobilisation. On pense à saint Paul : « Nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances et les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l’air. » (Eph. 6, 12) Mais aussi à Rimbaud à sa manière : « le combat spirituel est plus rude que les batailles d’hommes. 

Car il y a aussi un autre monde invisible au sens propre, insaisissable, trop souvent méconnu, qui ne se divise pas entre les bonnes et les mauvaises molécules, entre les anti-corps et les toxines, mais entre les bons anges et les mauvais anges, ces êtres invisibles. C’est l’envers de notre décor terrestre qui imprègne notre monde visible, le plus souvent à notre insu.

La contamination virale ou bactérienne, autrement dit la maladie ainsi que le mal et la souffrance ne sont pas seulement le fruit du premier péché d’Adam. Car le péché de l’homme est aussi dépendant en quelque sorte du premier péché de l’ange, influencé et contaminé par lui. Selon notre foi instruit par la Révélation, l’orgueil de Lucifer, par son « Non serviam »,  est à l’origine de tout mal avant même la faute d’Adam et sa blessure fatale. Le péché de l’ange (du « frère aîné » céleste en tant que créature spirituelle) est en filigrane du péché de l’homme (du « cadet » terrestre en tant que créature spirituelle incarnée) et confère à l’humanité des conséquences mais aussi des circonstances atténuantes quant à sa culpabilité. C’est pourquoi, par miséricorde divine, l’homme est toujours pardonnable jusqu’à sa mort, à l’exemple du bon larron : « Souviens-toi de moi dans ton Royaume. »

Reste que, comme pour les contaminations matérielles, il existe un certain nombre de dispositions, d’attitudes barrières, de distanciation sociale, de réanimation ou d’incubation spirituelles qui nous permettent d’éviter la contamination diabolique ou d’en sortir. Après la somme du Père Jean-Baptiste Golfier – Tactiques du diable et délivrance chez Artège – deux nouveaux livres viennent opportunément nous le rappeler chez le même éditeur (1) : Libère-nous du mal, guide de discernement et chemins de délivrance des phénomènes diaboliques, du P. Jean-Christophe Thibaut ; et J’étais possédé, comment j’ai été libéré de l’emprise du mal, de Michel Chiron.

Si une bonne médecine naturelle peut nous guérir des pièges du virus, une bonne médecine spirituelle peut nous délivrer radicalement des griffes du mal(in). « Comme il est fou celui qui se laisse mordre par un chien enchaîné ! », disait saint Césaire d’Arles à propos de celui qui succombe au démon vaincu par le Christ-Rédempteur. Le premier des gestes barrière, en l’occurrence, c’est d’éviter les occasions de tentation, en cultivant les vertus morales et surnaturelles par une certaine ascèse et la pratique des sacrements. « Fuis [ces tentations] si tu veux être victorieux », recommandait à ses jeunes Don Bosco en citant saint Augustin. Mais, à côté de cette médecine préventive à l’école de Notre-Dame et à l’aide de nos anges gardiens, il y aussi la médecine réparatrice avec les prières de délivrance et les exorcismes, par lesquels une guérison est toujours heureusement possible.

Rémi Fontaine

(1)- P. Golfier : Tactiques du diable et délivrance, Dieu fait-il concourir les démons au salut des hommes, 1055 p., Artège, 2018.

- P. Thibaut : Libère-nous du mal, guide de discernement et chemins de délivrance des phénomènes diaboliques, 383 p., Artège 2019.

- Michel Chiron : J’étais possédé, comment j’ai été libéré de l’emprise du mal,  167 p. Artège 2020.