13 juillet 1917 : « Quand vous réciterez le chapelet, dites après chaque mystère : "Ô mon Jésus, pardonnez-nous. Préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin". Je veux que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours. »
Préservez-nous du feu de l’enfer
Après avoir confié le secret aux petits voyants et leur avoir recommandé de n’en rien dire à personne, Notre-Dame leur apprit une deuxième prière à réciter après chaque mystère du chapelet : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous. Préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin ».
Cette prière présente des différences selon les documents auxquels on se réfère. La version que nous donnons est celle figurant dans le quatrième mémoire de sœur Lucie, dans sa traduction la plus littérale. La formule habituellement utilisée est légèrement différente, mais parfaitement conforme au sens de la formule littérale. L’ajout de « nos péchés » après le « pardonnez-nous » ne change strictement rien au sens de la prière. Il en va exactement de même concernant l’ajout de l’expression « de votre miséricorde » à la fin de la prière.
La vision de l’enfer
En enseignant cette prière, Notre-Dame parle pour la deuxième fois de l’enfer. Et elle nous demande de prier pour que nous en soyons préservés. Le saint Curé d’Ars craignait pour son salut. Et nous ? Aussi, devons-nous prier beaucoup Notre-Dame de nous guider pour éviter l’enfer.
« Préservez-nous », ou plus exactement « délivrez-nous du feu de l’enfer » ! L’expression employée est forte. Si Notre-Dame utilise une telle expression, c’est que l’enfer n’est pas un danger imaginaire et lointain auquel nous pourrions échapper sans effort. Nous devons donc y réfléchir sérieusement, et au moins à chaque dizaine de chapelet que nous récitons puisque Notre-Dame nous invite à demander après chaque Gloria « préservez-nous du feu de l’enfer ».
Les petits voyants, eux, ne cessaient de méditer sur l’enfer, tout particulièrement Jacinthe dont la grande sensibilité lui valut d’avoir une perception plus profonde du message de Fatima. Dans le troisième mémoire, sœur Lucie explique toute l’importance que Jacinthe attachait à la vision de l’enfer. Dans son troisième mémoire, elle écrit. Nous le citerons longuement pour bien comprendre la pensée de Jacinthe qui a été canonisée le 13 mai 2017 :
La vision de l’enfer l’avait horrifiée à tel point que toutes les pénitences et les mortifications lui paraissaient peu de chose, pour arriver à préserver quelques âmes de l’enfer.
Eh bien, je vais maintenant répondre à une autre question qui m'a été adressée de plusieurs côtés : comment se fait-il que Jacinthe, encore si petite, ait pu être possédée d’un tel esprit de mortification et de pénitence ?
Il me semble que ce fut, d’abord, par une grâce spéciale que Dieu a voulu lui accorder, par l’intermédiaire du Cœur Immaculé de Marie ; mais aussi, parce qu’elle a vu l’enfer et le malheur des âmes qui y tombent.
Certaines personnes, même pieuses, ne veulent pas parler aux enfants de l’enfer, pour ne pas les effrayer. Mais Dieu n’a pas hésité à montrer l’enfer à trois enfants, dont la plus jeune avait seulement six ans, et il savait bien qu’elle en serait horrifiée, au point de se consumer de frayeur, je peux presque le dire.
Souvent, elle s’asseyait par terre ou sur quelque pierre et, toute pensive, elle se mettait à dire :
- Oh, l’enfer ! Oh, l’enfer ! Que j’ai pitié des âmes qui vont en enfer ! Et les gens qui sont là, vivants, à brûler comme du bois dans le feu !
Et, toute tremblante, elle s’agenouillait, les mains jointes, pour réciter la prière que Notre-Dame nous avait enseignée :
- Ô mon Jésus ! Pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer et attirez toutes les âmes au Ciel, principalement celles qui en ont le plus besoin. (…)
Elle demeurait ainsi de longs moments à genoux, répétant la même prière. De temps en temps, elle m’appelait ou appelait son frère, comme s’éveillant d’un songe :
- François ! Priez-vous avec moi ? Il faut prier beaucoup pour faire échapper les âmes à l’enfer ! Il y en a tant qui y vont ! Il y en a tant !
D’autres fois, elle demandait :
- Pourquoi est-ce que Notre-Dame ne montre pas l’enfer aux pécheurs ? S’ils le voyaient, ils ne pécheraient plus, pour ne pas y aller. Tu dois dire à Notre-Dame qu’elle montre l’enfer à tous ces gens. Tu verras comme ils se convertiront !
Quelquefois, elle me demandait aussi :
- Quels sont les péchés que font ces gens pour aller en enfer ?
- Je ne sais pas ! Peut-être le péché de ne pas aller à la messe le dimanche, de voler, de dire de vilaines choses, de maudire, de jurer.
- Et ainsi, pour une seule parole, on va en enfer ?
- Bien sûr ! C’est un péché.
- Est-ce que cela leur coûterait beaucoup de se taire ou d’aller à la messe ? Que j’ai pitié des pécheurs ! Ah, si je pouvais leur montrer l’enfer ! »
Quelquefois, elle me prenait la main, et me disait :
- Je vais aller au Ciel. Mais toi qui vas rester ici, si Notre-Dame le veut, dis à tout le monde comment est l’enfer, pour qu’ils ne fassent plus de péchés et qu’ils n’y aillent pas !
D’autres fois, après avoir réfléchi un moment, elle disait :
- Tant de monde qui tombe en enfer ! Tant de monde en enfer !
Pour la tranquilliser, je lui disais :
- N’aie pas peur. Tu iras au Ciel !
- Oui, j’irai au Ciel, disait-elle paisiblement, mais je voudrais que tout le monde y aille aussi ! (…)
S’il lui arrivait d’entendre certaines paroles que plusieurs affectent de prononcer, elle cachait son visage dans ses mains et disait :
- Ô mon Dieu ! Ces gens ne savent pas que, pour avoir dit ces choses-là, on peut aller en enfer. Pardonnez-leur, mon Jésus, et convertissez-les ! Certainement ils ne savent pas qu’ils offensent Dieu avec cela. Quelle pitié ! Mon Jésus ! Je vais prier pour eux.
Et elle répétait alors la prière enseignée par Notre-Dame : « Ô mon Jésus ! Pardonnez-nous, etc. »
Les précisions de Lucie
Par la suite, dans sa correspondance, sœur Lucie revint souvent sur le sujet. Ainsi, elle confia au père Pasquale :
Ce qui m’est resté le plus gravé dans l’esprit et dans le cœur, ce fut la tristesse de cette Dame lorsqu’elle nous montra l’enfer ! Si la vision de l’enfer avait duré un instant de plus, nous serions morts de peur et d’épouvante. Cependant, une chose m’a encore plus impressionnée, ce fut l’expression douloureuse du regard de Notre-Dame ! Si je vivais mille ans, je la conserverais toujours gravée dans mon cœur.
Voici également ce qu’elle écrivit un jour à un séminariste :
Ne soyez pas surpris si je vous parle tant de l’enfer. C’est une vérité qu’il est nécessaire de rappeler beaucoup dans les temps présents, parce qu’on l’oublie : c’est en tourbillon que les âmes tombent en enfer. Eh ! quoi ? Vous ne trouvez pas bien employés tous les sacrifices qu’il faut faire pour ne pas y aller et empêcher que beaucoup d’autres y tombent ?
« C’est en tourbillon que les âmes tombent en enfer. » ! Qui, de nos jours, rappelle cet enseignement que Lucie apprit de la Sainte Vierge elle-même ? Pourtant, tous ces enseignements sur l’enfer sont parfaitement conformes à l’enseignement constant de l’Église depuis toujours. Notre-Seigneur, dans son immense bonté, parla plusieurs fois de « géhenne », de « feu éternel », de « fournaise ardente », de « feu qui ne s’éteint pas ».
Alors, comme les petits bergers de Fatima, réfléchissons à l’enfer qui nous attend si nous ne suivons pas la loi divine et prions Dieu de nous donner les grâces nécessaires pour l’éviter.
Les âmes des pécheurs
Dans la deuxième partie de la prière, la Sainte Vierge continue en demandant, une fois de plus !, de prier pour les pécheurs : « Conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin ». Il s’agit bien de prier pour les âmes des pécheurs et non pour les âmes du purgatoire comme certains ont voulu le faire croire. Voici le dialogue qu'eut le chanoine Barthas avec sœur Lucie à ce sujet :
Je me permis de demander à sœur Lucie de préciser le sens du mot "alminhas" (âmes) :
— Dans ces âmes qui ont besoin du secours divin, lui dis-je, faut-il voir les âmes du purgatoire ou bien celles des pécheurs ?
— Dos peccadores, répondit-elle sans hésiter.
— Pourquoi le pensez-vous ?
— Parce que la Sainte Vierge nous a toujours parlé des âmes des pécheurs. Elle ne nous a jamais parlé des âmes du purgatoire.
— Pour quelle raison, à votre avis, Notre-Dame vous a-t-elle particulièrement intéressés aux âmes des pécheurs plutôt qu'à celles du purgatoire ?
— Sans doute parce que les âmes du purgatoire sont déjà sauvées, se trouvant comme dans le vestibule du Ciel, tandis que les âmes des pécheurs sont sur les pentes qui conduisent à la damnation.
Le 18 mai 1941, sœur Lucie écrivit au père Gonçalvès : « Je crois que Notre-Dame voulait parler des âmes qui se trouvent en plus grand péril de damnation ». Ceci est parfaitement logique, car à Fatima, Notre-Dame est venue essentiellement pour nous rappeler l’urgente nécessité de prier pour le salut des pécheurs.
Il est donc clair que nous devons prier surtout pour les âmes en danger de se perdre définitivement, autrement dit de se damner. C’est le sens de la fin de la phrase : « surtout celles qui en ont le plus besoin ». Ces mots en ont surpris plus d’un. Ils peuvent surprendre en effet. Comment vouloir le salut de toutes les âmes sans exception tout en ajoutant une formule restrictive ? C’est la logique de l’amour. L’âme suppliante voudrait obtenir de la miséricorde divine le salut de toutes les âmes. Mais elle sait que ses propres mérites sont très insuffisants pour obtenir cette grâce. Alors, elle demande d’appliquer les quelques mérites qu’elle a à ceux qui en ont le plus besoin. Admirable logique des saints ! C’est l’exemple de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui, en priant de toute son âme pour Pranzini, auteur de trois horribles meurtres, obtint sa conversion quelques instants avant son exécution.
On comprend dès lors le souci de Notre-Dame de nous expliquer dans le détail l’urgente nécessité de prier pour les pécheurs, pour qu’ils se convertissent et ainsi évitent l’enfer, et d’offrir les quelques mérites que nous pouvons gagner pour les âmes qui sont en plus grand danger de se damner, afin qu’au dernier moment, comme pour le bon Larron ou pour Pranzini, la grâce les frappe et permette que leur dernière pensée avant de quitter ce monde soit pour implorer la miséricorde divine.
Aussi, demandons à Notre-Dame de nous accorder les lumières nécessaires pour bien comprendre ce qu’est l’enfer. Et récitons notre chapelet tous les jours pour demander pardon, pour nous-même d’abord, pour les pécheurs ensuite, afin qu’eux comme nous, nous suivions docilement les demandes de Notre-Dame et ainsi évitions l’enfer.
NOTA BENE :
- Prier le chapelet :
- Pour les pèlerins qui prient le chapelet quotidiennement : avoir cette prochaine consécration de soi-même au Cœur Immaculé de Marie comme intention générale ;
- Pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de dire le chapelet quotidiennement : une dizaine avec cette même intention générale de sa prochaine consécration.
- Offrir à Dieu 1 sacrifice pour la conversion des pécheurs, et la nôtre en particulier.
- Dire les 4 prières de l’Ange et de Notre-Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs :
- (Prière d’oraison pendant la journée) : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, et je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas ». L’Ange de la Paix, printemps 1916.
- (Prière d’oraison pendant la journée et après chaque communion) : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». L’Ange de la Paix, automne 1916.
- (Lorsque l’on fait un sacrifice) : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie, et pour le Saint-Père ». Notre-Dame, 13 juillet 1917 (et Jacinthe qui a rajouté « et pour le Saint-Père »).
- (Après chaque mystère du chapelet) : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, secourez surtout celles qui ont le plus besoin de Votre sainte miséricorde ». Notre-Dame, 13 juillet 1917.
Saints François et Jacinthe, priez pour nous !
Saint Michel Archange, gardien de la France, priez pour nous !