19 août 1917 : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Car beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'elles n'ont personne qui se sacrifie et priepour elles. »
Les sacrifices pour la conversion des pécheurs
Dans l’apparition du 19 août, Notre-Dame, pour la troisième fois, parla de l’enfer : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Car beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'elles n'ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »
Dans l’apparition précédente, elle en avait déjà parlé deux fois :
- une première fois, juste après la vision de l’enfer : « Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »
- une deuxième dans la prière qu’elle enseigna après la révélation du secret : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous. Préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin. »
Dans la précédente méditation, nous avons vu combien ces propos avaient impressionné Jacinthe. Mais Lucie aussi fut très marquée par ces paroles. Et au cours de sa vie, elle revint de nombreuses fois sur cette question. Par exemple, voici ce qu’elle répondit, le 7 février 1954, au père Lombardi qui la questionnait ainsi :
— Croyez-vous vraiment que beaucoup vont en enfer ? Personnellement, j’espère que Dieu sauvera la plus grande partie de l’humanité. J’ai même écrit un livre auquel j’ai donné pour titre : Le salut de ceux qui n’ont pas la foi.
— Mon Père, nombreux sont ceux qui se damnent.
— Il est certain que le monde est une sentine de vices et de péchés. Mais il y a toujours un espoir de salut.
— Non, mon Père, beaucoup, beaucoup se perdront.
Et pourquoi « beaucoup se perdront » ? La Sainte Vierge en donna une raison le 19 août 1917 : « Beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. » Lucie rapporte que Notre-Dame prononça ces paroles « en prenant un air encore plus triste ».
Rappelons aussi une précision donnée plus tard par sœur Lucie à Monseigneur de Gurza dans une lettre où elle lui commentait cette phrase : « Ces âmes qui se perdent éternellement sont, sans doute, pour la majeure partie, les victimes de cette lèpre vénéneuse [le péché d’impureté] qui infecte actuellement une grande partie de l’humanité. N’est-il pas vrai aussi que, déjà dans l’Ancien Testament, ce fut ce péché qui provoqua plusieurs fois le châtiment du Seigneur ? » (voir 15e méditation)
Le salut éternel de beaucoup d’âmes dépendrait donc de nos prières et de nos sacrifices ? Affirmation surprenante ! C’est si stupéfiant que certains théologiens ont tenté d’atténuer la portée de cette parole de Notre-Dame. Pourtant elle est parfaitement conforme à l’enseignement de l’Église. Voici ce qu’écrit Pie XII dans Mystici corporis (29 juin 1943) : « Il y a un mystère redoutable que nous ne méditerons jamais assez : le salut de beaucoup dépend des prières et des pénitences volontaires des membres du Corps du Christ. »
Si cette phrase de Notre-Dame est trop dure pour certains, n’oublions pas que la réciproque est tout aussi vraie : beaucoup d’âmes seront sauvées parce que beaucoup auront prié et se seront sacrifiés pour elles.
C’est le sens de la phrase de l’Ange : « Priez. Priez beaucoup ! (…) Offrez à Dieu un sacrifice en acte (…) de supplication pour la conversion des pécheurs ».
C’est aussi le sens de la phrase de Notre-Dame le 13 juillet. « Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront ». Et Notre-Seigneur disait à sainte Marguerite-Marie : « Une âme juste peut obtenir le pardon pour mille criminels. » Si nous prions, en particulier le chapelet, et si nous offrons des sacrifices, nous sauverons de nombreux pécheurs.
Les sacrifices demandés par le Ciel
Mais quels sacrifices devons-nous faire ? Dans une lettre du 28 février 1943 à Monseigneur Feirrera, sœur Lucie donna une précision très importante sur les sacrifices souhaités par le Ciel et que l’Ange avait déjà en partie communiquée lors de l’apparition du l’été 1916. Sœur Lucie confirme la distinction qu’il convient de faire entre sacrifice et pénitence :
Le Bon Dieu va se laisser apaiser, mais Il se plaint amèrement et douloureusement du nombre très limité d’âmes en état de grâce, disposées à se renoncer selon ce que l’observance de sa loi exige d’elles. Voici la pénitence que le bon Dieu demande aujourd’hui : c’est le sacrifice que chacun doit s’imposer à soi-même pour mener une vie de justice dans l’observance de sa loi. Et Il désire que l’on fasse connaître clairement cette voie aux âmes, car beaucoup donnent au mot "pénitence" le sens de grandes austérités, et comme elles ne se sentent ni force ni générosité pour cela, elles se découragent et se laissent aller à une vie de tiédeur et de péché.
Du jeudi au vendredi, me trouvant dans la chapelle avec la permission de mes supérieures, à minuit, Notre-Seigneur me dit : « Le sacrifice qu’exige de chacun l’accomplissement de son propre devoir et l’observance de ma loi, voilà la pénitence que je demande et que j’exige maintenant ».
Deux mois plus tard, dans une lettre du 4 mai 1943, elle confia au père Gonçalvès qui avait été envoyé au Mozambique deux ans plus tôt :
Il désire que l’on fasse comprendre aux âmes que la véritable pénitence qu’Il veut et exige maintenant consiste avant tout dans le sacrifice que chacun doit s’imposer pour accomplir ses propres devoirs religieux et matériels.
C’est ce qu’enseignent toute la Tradition et l’exemple des saints. Sainte Marguerite-Marie, à qui une âme du purgatoire avait demandé de souffrir pour elle pendant trois mois afin d’obtenir le soulagement de ses peines, rapporta la demande à sa supérieure et en obtint la réponse suivante : « Ma supérieure, touchée de compassion, m’ordonna de bonnes pénitences, surtout des disciplines… » De la sorte, ces pénitences n’étaient pas le fruit de sa volonté, mais faites en obéissance à un ordre de sa supérieure.
Car la véritable pénitence est l’annihilation de notre propre volonté. Saint François de Sales enseignait :
Peu importe au démon que vous déchiriez votre corps pourvu que vous fassiez votre propre volonté. Il ne craint pas l’austérité, il craint uniquement le sacrifice de votre volonté. (…) Le misérable pharisien jeûnait deux fois la semaine et périt. Le publicain n’avait point jeûné et fut justifié.
Notre-Seigneur lui-même enseigna à sainte Marguerite-Marie :
Tu te trompes, ma fille, en pensant Me plaire par des mortifications où ta propre volonté fait plier celle des supérieurs… Je rejette tout cela comme des fruits corrompus par la volonté propre, laquelle M’est en horreur. J’agréerais davantage que tu prennes tes commodités par obéissance, que de t’accabler d’austérités par ta propre volonté.
Et à sainte Catherine de Sienne, Il enseigna :
Je m’attache peu à celui qui veut mortifier son corps par la pénitence, sans vaincre et tuer sa propre volonté. Ce que Je préfère, ce sont les actes d’une courageuse patience et les vertus intérieures. Je veux que les œuvres de pénitence et les autres pratiques soient le moyen et non pas le but de l’âme.
Dans Fatima apostolat mondial, John Haffert rapporte :
À maintes reprises, la voyante insista sur l’accomplissement du devoir quotidien, selon notre condition de vie, et sur la sanctification de cet effort en réparation de nos péchés et pour la conversion des pécheurs.
Voici aussi ce que sœur Lucie écrivit à Monseigneur Palha :
La pénitence du devoir d’état accompli parfaitement, voilà ce que Notre-Dame réclame. Il y a des âmes qui pensent à de grandes mortifications extraordinaires, à des macérations, dont elles ne se sentent pas capables, si bien qu’elles perdent courage. Lorsque Notre-Dame exige la pénitence, Elle parle de l’exact accomplissement du devoir d’état : c’est cela la sainteté.
Les sacrifices de la vie quotidienne
C’est donc on ne peut plus clair : ce que demande le Ciel, c’est d’accepter tout ce qui nous arrive comme voulu par Dieu et l’offrir avec joie pour la conversion des pécheurs. Saint François de Sales disait : « On ne vous demande pas de sacrifier votre vie, mais conservez la patience dans un petit contretemps ». Conserver la patience dans les contretemps ! Que d’occasions nous avons à offrir dans une seule journée ! Et que de fois malheureusement nous ne le faisons pas !
Voici quelques conseils concrets tirés de l’Imitation de Jésus-Christ (livre I, chap. XVI) :
1. Ce que l'homme ne peut corriger en soi ou dans les autres, il doit le supporter avec patience, jusqu'à ce que Dieu en ordonne autrement. Songez qu'il est peut-être mieux qu'il en soit ainsi, pour vous éprouver dans la patience, sans laquelle nos mérites sont peu de chose. Vous devez cependant prier Dieu de vous aider à vaincre ces obstacles, ou à les supporter avec douceur.
2. Si quelqu'un, averti une ou deux fois, ne se rend point, ne contestez point avec lui ; mais confiez tout à Dieu, qui sait tirer le bien du mal, afin que sa volonté s'accomplisse et qu'il soit glorifié dans tous ses serviteurs. Appliquez-vous à supporter patiemment les défauts et les infirmités des autres, quels qu'ils soient, parce qu'il y a aussi bien des choses en vous que les autres ont à supporter. Si vous ne pouvez vous rendre tel que vous voudriez, comment pourrez-vous faire que les autres soient selon votre gré ? Nous aimons que les autres soient exempts de défauts, et nous ne corrigeons point les nôtres.
Que de conseils utiles !
S’il y a eu quelques négligences de notre part, offrons-les aussi. En effet, voici l’émouvant dialogue qu’eut un jour saint Jérôme avec Notre-Seigneur :
– Jérôme, donne-Moi quelque chose.
– Mais, Seigneur, je vous ai tout donné : ma vie, mes biens, mes forces, mon bonheur, mes livres ; tout est à Vous.
– Tu ne me donnes pas ce que Je veux.
– Que voulez-vous donc, Seigneur ?
– Je veux tes péchés ! Donne-les moi pour que Je te les pardonne.
Admirable dialogue ! Mais qu’il est difficile de s’accepter tels que nous sommes et d’offrir nos infirmités et nos propres fautes à Notre-Seigneur.
Une autre façon d’offrir des sacrifices est de pardonner à ceux qui nous ont causé un préjudice qu’ils ne peuvent pas réparer. Voici par exemple comment réagit un jour le père de Lucie qui avait tenté, sans succès, de chasser des personnes qui saccageaient le champ qu’il avait à la Cova da Iria. Des amis lui conseillèrent de porter plainte, l’assurant qu’il aurait gain de cause. Il leur répondit : « Non, je ne ferai pas cela. Je préfère leur pardonner pour que Dieu me pardonne aussi mes péchés. » Profonde sagesse ! Si nous-mêmes, devant une pareille contrariété, nous offrons le sacrifice que cela représente pour la conversion des pécheurs, nous aurons double gain : Dieu nous pardonnera et sauvera un pécheur.
Alors, n’attendons plus : offrons tous les sacrifices de notre vie quotidienne et récitons notre chapelet tous les jours pour la conversion des pécheurs. De la sorte, non seulement nous assurerons notre salut, mais des pécheurs se sauveront. Notre-Dame l’a affirmé plusieurs fois à Fatima !
NOTA BENE :
- Prier le chapelet :
- Pour les pèlerins qui prient le chapelet quotidiennement : avoir cette prochaine consécration de soi-même au Cœur Immaculé de Marie comme intention générale ;
- Pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de dire le chapelet quotidiennement : une dizaine avec cette même intention générale de sa prochaine consécration.
- Offrir à Dieu 1 sacrifice pour la conversion des pécheurs, et la nôtre en particulier.
- Dire les 4 prières de l’Ange et de Notre-Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs :
- (Prière d’oraison pendant la journée) : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, et je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas ». L’Ange de la Paix, printemps 1916.
- (Prière d’oraison pendant la journée et après chaque communion) : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». L’Ange de la Paix, automne 1916.
- (Lorsque l’on fait un sacrifice) : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie, et pour le Saint-Père ». Notre-Dame, 13 juillet 1917 (et Jacinthe qui a rajouté « et pour le Saint-Père »).
- (Après chaque mystère du chapelet) : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, secourez surtout celles qui ont le plus besoin de Votre sainte miséricorde ». Notre-Dame, 13 juillet 1917.
Saints François et Jacinthe, priez pour nous !
Saint Michel Archange, gardien de la France, priez pour nous !