« On dit que la jeunesse est faite pour le plaisir ; en réalité, elle est faite pour l’héroïsme. »

Je reviens de Rome après avoir assisté vendredi dernier, le 23 octobre, à la sixième rencontre Summorum Pontificum organisée à l’Institut de patristique Augustinianum par l'abbé Claude Barthe, Aumônier Général du Pèlerinage Summorum Pontificum, et Christian Marquant, Président d'Orémus - Paix Liturgique. Le pèlerinage était cette année perturbé mais la journée de conférences a pu se tenir contre « vents et covid », elle était comme chaque année d’un grand intérêt.

Ces rencontres sont précieuses, elles permettent au petit monde traditionnel de se réunir, de briser son isolement, de réfléchir sur nos différentes situations nationales, d’envisager des actions communes pour demain.

Après une intervention de l’abbé Barthe, nous avons entendu une passionnante et brillante conférence du Docteur Shaw, professeur de philosophie médiévale à l’université d’Oxford et président de l’association « The Latin Mass », sur « le concept de Tradition ». Le cardinal Burke est ensuite intervenu sur le thème de la sauvegarde et de la promotion de l’Usus Antiquior du rite romain. Votre serviteur a présenté l’œuvre du pèlerinage dans sa dimension missionnaire et internationale. Enfin, Christian Marquant nous a parlé du développement de la liturgie traditionnelle dans le monde.

The Latin Mass est une association en Angleterre et au pays de Galles créée en 1965 dont le but est de voir s'étendre l'usage de la messe tridentine. Cette association organisa une pétition en 1971 que le cardinal John Heenan présenta au Pape Paul VI qui attribua un Indult cette même année. Souvent appelé « Indult Agatha Christie » parce que la romancière avait signé la pétition avec beaucoup d’autres grands noms scandalisés par le gâchis de l’abandon de la messe tridentine. Dans l’« histoire » de la Messe traditionnelle, cet « Indult Agatha Christie » fut le premier pas officiel de Rome envers les catholiques attachés à la Messe de Saint Pie V quelques mois après l’entrée en vigueur du Nouveau Missel. Il est tout de même amusant de noter, 50 ans après, qu’il était alors « plus efficace » d’avancer des arguments historico-esthétiques que doctrinaux (comme l’avait fait le Bref examen critique le 5 juin 1969) et qu’il valait surtout mieux ne pas être catholique pour avoir une chance d’attendrir les autorités romaines de l’époque.

Un extrait de la conférence du Cardinal Burke « Je préfère utiliser la terminologie d’Usus Antiquior et d’usus Recentior au lieu de la forme extraordinaire et forme ordinaire afin de souligner plus fortement que la liturgie romaine est et restera toujours une part significative de la vie de l’Eglise. Si le mot extraordinaire n’est pas bien compris, on peut comprendre que la liturgie classique romaine serait inhabituelle dans la vie de l’Eglise ce qui de temps en temps se manifeste ».

Enfin, vous me pardonnerez de me citer en vous rapportant la conclusion de mon intervention :

« Je citerai enfin deux allemands, un laïc et un clerc. Martin Mosebach, le grand écrivain allemand, était venu donner une brillante conférence en 2017 ici même à l’occasion du dixième anniversaire du Motu Proprio de Benoît XVI. « L’eau doit couler, et personne qui tient la liturgie pour une composante essentielle de la Foi ne peut se dispenser de cette tâche. La liturgie EST l’Eglise ». Monseigneur Schneider dans son livre récent « Christus vincit » demande « le renouveau du culte à travers la liturgie de l’Eucharistie, la doctrine catholique servie par une catéchèse saine et sûre et sa mise en œuvre dans la vie quotidienne ». Monseigneur Schneider résume en quelques mots ce pourquoi des dizaines de milliers de pèlerins de Chartres ont pèleriné depuis près de 40 années.

Je le répète, nos pèlerins ont vingt ans, ils sont exigeants, fervents et courageux. Ils ne demandent qu’à servir, se former, s’engager. Pourquoi choisissent-ils la messe tridentine ? Mais tout simplement pour la foi.

Je terminerai cette intervention avec deux citations. La première d’un évêque des antipodes : « Ce sont les moins de 30 ans qui veulent la Messe tridentine, les plus de 50 ans veulent la Messe des jeunes le samedi soir ». Et la seconde de Paul Claudel dans une lettre à son ami Jacques Rivière : « On dit que la jeunesse est faite pour le plaisir ; en réalité, elle est faite pour l’héroïsme. »

Jean de Tauriers, Président de Notre-Dame de Chrétienté