La pornographie...pas chez moi ?

Ingénieur de formation, Joseph-Marie Rouvière est l’auteur d’un site de plus en plus visité (1500 téléchargements à ce jour) : https://ensortir.fr/les-filtres-qui-marchent.

Soutenu par l’association stopauporno, il alerte sur la nécessité d’installer des protections efficaces sur les ordinateurs et smartphones…

Monsieur Rouvière, qu’est-ce qui vous a lancé dans cette entreprise considérable, fruit de 3 années de travail ?

Un triple constat :

1) La pornographie est très largement répandue dans les milieux catholiques pratiquants, toutes tendances confondues…La moitié des jeunes catholiques pratiquants de 15 à 17 ans ont déjà surfé sur un site porno…Il y a encore un nombre étonnant de parents qui s’imaginent que « leur enfant n’est pas concerné ». Et contrairement aux idées reçues, la pornographie touche également de plus en plus de filles et de femmes. Les personnes qui sont le plus réservées à aborder ce sujet se révèlent bien souvent aussi atteintes que les autres, voire plus…

2) La plupart des parents de ces jeunes ont plus de 40 ans. Un père de 40 ans en 2020 avait 15 ans en 1995, et à cette époque, internet n’avait pas encore pénétré dans les foyers, et encore moins le smartphone…Ces parents ne sont donc pas conscients du surcroît de difficulté que rencontrent aujourd’hui leurs enfants pour rester purs – particulièrement les garçons…Ces parents ne savent pas ce que c’est que de traverser les difficultés propres à l’éclosion de la sexualité en ayant à disposition des millions de photos et vidéos pornographiques.  

3) De plus en plus d’adultes, également fragilisés par la facilité d’accès à la pornographie, ont besoin de se protéger eux-mêmes en installant des applications fiables.

 

Que faire alors ?

Pour les adolescents, la première des protections est une éducation à la vie affective et sexuelle. De nombreux jeunes ne reçoivent toujours pas d’aide de leurs parents.

La deuxième protection concerne autant les adultes fragiles que les jeunes, elle est technique, et c’est l’objet de mon étude : quels filtres installer ?

Les parents ont le grave devoir d’installer des filtres. Peut-on laisser son enfant dormir dans une chambre où il y a des bandes dessinées pornographiques à côté d’autres B.D. innocentes ? Eh bien, si vous laissez à un jeune un smartphone sans filtre, ce n’est pas l’accès à quelques B.D., mais à des millions de photos et de video pornographiques…Si ça, ce n’est pas grave, qu’est-ce qui l’est ?

 

N’existe-t-il pas déjà des sites comparables au vôtre ?

De nombreux sites proposent des solutions, mais on voit que les testeurs n’ont pas fait leur travail sérieusement et la plupart des contrôles parentaux présentent des failles faciles à trouver pour un jeune d’aujourd’hui.

Par exemple, Qustodio, réputé un des meilleurs, est en fait très facile à faire sauter sur un smartphone, sans compter que sa proportion de sites pornographiques bloqués n’est pas pleinement satisfaisante…

Autre exemple : l’application 4teens, pourtant lancée à grand renfort de publicité dans les revues familiales, se révèle inopérante.

 

Certains disent en effet qu’aucun filtre n’est efficace à 100 % et que donc cela ne sert à rien de mettre des protections ?

C’est une fausse excuse qu’on se donne pour céder au laxisme suicidaire en la matière…et ce raisonnement ne prend pas en compte une donnée psychologique : si une personne fragile doit passer plusieurs minutes pour trouver un contournement possible au filtre, sa conscience peut la travailler pendant ce temps-là. Alors que s’il n’y a pas de protection, il suffit d’un instant d’acquiescement à la tentation, et d’un clic, pour arriver à des images qui, par leur aspect envoutant, lui rendront difficile le fait de s’arrêter et de faire marche arrière.

 

Y a-t-il donc des programmes efficaces ?

Après avoir testé nombre de programmes existants, je recommande sans hésiter Boomerang parental control sur les smartphones, et Forticlient sur les ordinateurs. On peut télécharger sur le site des fichiers pdf expliquant comment installer ces applications.

 

Un mot de conclusion ?

3 règles d’or :

1) l’ordinateur doit être dans un lieu public (salon…) où on est vu de tous. Eviter de prêter la tablette qui peut être emmenée en chambre. La meilleure protection reste le regard d’autrui…

2) Par un mot de passe d’accès à l’ordinateur/tablette, rendre impossible aux personnes fragiles d’aller sur internet sans personne à côté.

3) Si un adolescent a vraiment besoin d’un téléphone, lui en donner un à touches, et non un smartphone.