La Chrétienté pour tous !

Un article de Rémi Fontaine

Chrétienté, un mot qui retrouve sa saveur avec la sève catholique du "Printemps français"

Si la Chrétienté est « tout simplement une société que l’Eglise a informée », comme le dit Christina Scott (au sens philosophique), on ne peut que constater qu’on s’en éloigne de plus en plus politiquement. Si l’Eglise en effet est la communauté nécessaire à notre salut qui agit (sur)naturellement dans la Cité en Chrétienté, c’est à condition d’y trouver une cause matérielle, c’est-à-dire des mœurs et des institutions temporelles adéquates qu’elle puisse précisément informer, animer, comme l’évoque admirablement Péguy. Sinon, n’en déplaise à Mgr Vingt-Trois, l’Eglise agit forcément en « contre-culture ». N’en demeure pas moins que, même dans cette contre-culture minoritaire qu’elle développe sous forme d’une dissidence dans divers Etats totalitaires, elle agit toujours en vue d’une nouvelle Chrétienté, en vue d’une renaissance à la fois spirituelle ET temporelle, selon le propre de la vie chrétienne.

2013.04.25_Nichol_Chretiente_couv.jpgEn lisant les chapitres du P. Aidan Nichols, qui sont autant de voies pour le réenchantement de la Chrétienté, nous pensions au livre du P. Paul Doncoeur (s.j.), Retours en Chrétienté, en réponse à Mounier, après une seconde guerre mondiale particulièrement ravageuse. Aidan Nichols explore les domaines de la vie humaine que l’Eglise est appelée à redynamiser de l’intérieur sous forme d’une diffusion d’anticorps dans un organisme agonisant : réassocier foi et culture, réenchanter la liturgie, reconstituer une société de familles, resacraliser la culture matérielle…

(...) Au creux de l’apostasie des masses, une source juvénile de Chrétienté pourrait jaillir du Printemps français, avec ce qu’on a appelé les générations Jean-Paul II et Benoît XVI, si l’on réussit à réunir intimement ces éléments constitutifs de toute reconstruction : foi, sacrements, mœurs, institutions (...).

Si la (micro)Chrétienté est tout simplement une société que l’Eglise a informée, nous avons aujourd’hui beaucoup de sociétés (certes imparfaites au sens philosophique), comme ces écoles indépendantes, ces unités scoutes, ces diverses associations civiques et culturelles…, qui sont de petits points lumineux, appelés, si Dieu veut, à devenir des taches et des faisceaux de lumière de plus en plus grands dans les ténèbres de notre monde sécularisé. Ne nous y trompons pas : ce sont les membres de ces multiples structures de bien, ces anticorps de la dissociété, qui sont au cœur de ce « Printemps français » en manque encore de formes et de chefs. Notre sain et légitime communautarisme, national et catholique, n’est pas un exil des faibles cherchant dans le passé et l’imagination où construire ses enchantements particularistes. Il est au centre de la Cité et des réalités de ce monde en ruines, comme le camping pour tous de ces veilleurs s’opposant au « mariage » gay envers et contre les CRS et le monde politico-médiatique. Il est une force, une sève et un levier chrétien, seul capable de soulever les pierres brisées, écarter les branches mortes de leur mensonge relativiste. Affirmant en effet pour tous un printemps contre-révolutionnaire : il faut que France et Chrétienté ressuscitent !"

Rémi Fontaine

dans "Présent"