Lundi 28 septembre 2020

L’Église catholique allemande en route vers le schisme ?

Tous les latinistes se souviennent ’de Cicéron et de son célèbre : ‘Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? (‘Jusqu’à quand abuseras-tu, Catilina, de notre patience ?’). Disons de même aujourd’hui : ‘Jusqu’à quand abuseras-tu, Église allemande, de notre patience ?’

Car, depuis le lancement par les évêques allemands d’un ‘chemin synodal’ en décembre 2019, les initiatives aberrantes se poursuivent et rappellent aux historiens avertis le XIXe siècle qui vit trois tentatives équivalentes dans l’Église catholique d’outre-Rhin. Lesquelles ont débouché sur trois schismes : fébronianisme, Wessenberg et Johannes Ronge…

Ainsi, le 20 septembre dernier, le Vatican a rejeté le texte des évêques progressistes allemands prônant ‘l’hospitalité eucharistique réciproque’ entre catholiques et protestants, texte envoyé le 20 mai par la Conférence épiscopale allemande (DBK).

Faut-il rappeler qu’il n’y a pas d’eucharistie chez les Protestants ? Que leur ‘communion’ est purement symbolique ? Ils n’ont aucun clergé (ni prêtre, ni évêque) puisqu’ils n’ont pas de sacrement de l’Ordre, ni de succession apostolique, au contraire de nos frères Orthodoxes ? Ce sont de simples laïcs. Il ne peut donc en aucun cas y avoir de consécration. Le Pape Léon XIII a du reste définitivement confirmé la nullité des pseudo-ordinations anglicanes dans sa lettre Apostolicae Curae. C’est un enseignement du magistère infaillible, définitif et irréformable de l’Église.

Cette ‘eucharistie réciproque’ était tout bonnement une insulte au dogme de la transsubstantiation, à la présence réelle de Notre Seigneur, Corps, Sang, Âme et Divinité dans la sainte hostie, dont le rejet est le fondement du protestantisme, aussi bien luthérien que calviniste.

Le Vatican n’a évidemment pu que refuser cette incroyable provocation.

Mais faut-il s’étonner de l’acharnement des progressistes allemands – et des progressistes en général - quand on se rappelle que le principal responsable de la nouvelle messe, Mgr Bugnini, déclarait, dans l’Osservatore Romano, le 15 mars 1965 : ‘Nous devons dépouiller nos prières Catholiques et la Liturgie Catholique de tout ce qui pourrait représenter l’ombre d’une pierre d’achoppement pour nos frères séparés, c'est-à-dire pour les Protestants’.

Un état d’esprit qui fut et reste la source de la crise actuelle de l’Église. 

Cet acharnement progressiste, ces évêques allemands, à de rares exceptions semblent malheureusement vouloir s’y accrocher. Leur ‘chemin synodal’ ne vise-t-il pas ouvertement, sur une période de deux ans, à :

  • abolir la règle du célibat sacerdotal
  • conférer les ordres sacrés aux femmes,
  • bénir les unions homosexuelles et
  • ‘démocratiser le gouvernement de l’Église’.

Pourtant, la question de l’ordination des femmes a été, elle aussi, définitivement tranchée par le Pape Jean-Paul II dans sa lettre Ordinatio Sacerdotalis en mai 1994 : c’est non, définitivement. « L'Église estime ne pas avoir autorité pour conférer le sacerdoce aux femmes ; cela doit être considéré ainsi définitivement par tous les fidèles. »

Cette lettre apostolique, Ordinatio Sacerdotalis est un acte du magistère ordinaire du pape, définissant un point particulier de doctrine ou discipline de l’Église : c’est une vérité tranchée de manière définitive car relevant du domaine du magistère infaillible. C’est donc un enseignement irréformable.

Bien entendu, les progressistes ont tenté de nier ce caractère définitif qui ruinait leur rêve de ‘prêtresses’. Le Vatican leur a répondu en octobre 1995, par la Congrégation de la doctrine de la Foi :

 

RÉPONSE À UN DOUTE SUR LA DOCTRINE DE LA LETTRE APOSTOLIQUE

Ordinatio Sacerdotalis

Question : Doit-on considérer comme appartenant au dépôt de la foi la doctrine selon laquelle l’Église n’a pas le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes, doctrine qui a été proposée par la Lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis comme à tenir de manière définitive ?

Réponse : Oui.

Pour tout fidèle de la sainte Église, le sujet est donc, pour l’éternité, réglé : il n’y aura jamais de prêtresses catholiques ! Le pape Jean-Paul II a enfoncé le clou : ‘Celui qui repousse ces points qui doivent être tenus pour définitifs s'oppose donc à la doctrine de l'Église catholique.’ (Jean-Paul II, Ad tuendam Fidem, 18 mai 1998).

Des évêques allemands vont-ils donc s’opposer à la doctrine, pourtant limpide et irréformable de leur Église et provoquer ainsi un nouveau schisme ?

C’est à craindre : Mgr Georg Bätzing, évêque de Limbourg et président de la Conférence épiscopale allemande, dans une interview datée du 2 juin 2020, non seulement ‘invite à réfléchir à l’ordination des femmes mais il en fait une nécessité pour l’avenir de l’Église catholique.’ Une nouvelle provocation à laquelle le Vatican va devoir répondre.

Espérons que son confrère, le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, et voix de la sagesse, soit entendu. Le 17 septembre 2020, il a mis en garde ses confrères contre le risque de voir le chemin synodal allemand aboutir à ‘quelque chose comme une église nationale allemande. Le pire résultat serait que la voie synodale mène à la division et donc à la sortie de l’Église, de la communion avec l’Église universelle’.

L’archevêque de Cologne se dit irrité par des ‘productions qui tendent à semer la confusion’. Il dénonce, dans certaines déclarations émanant de l’Église catholique allemande, un ‘ton qui divise’ et appelle à une véritable réforme, qui permette de corriger toutes les manifestations et réalités qui ont éloigné de la nature de l’Église. « Il ne faut pas considérer l’Église uniquement comme une entité sociologique, insiste-t-il, mais bien comme le Corps du Christ ».

 

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