Heureux, bienheureux, qui écoute la parole de Dieu. Heureux, bienheureux, qui la garde dans son cœur.
1 - Heureux ceux qui ont une âme de pauvre car le royaume des cieux est à eux. Heureux les doux car ils possèderont la terre.
2 - Heureux les affligés car ils seront consolés Heureux les affamés et assoiffés de justice car ils seront rassasiés.
3 - Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu.
4 - Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux les persécutés pour la justice car le royaume des cieux est à eux.
5 - Heureux serez-vous quand on vous insultera et qu’on vous persécutera, Et que l’on dira faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie, soyez dans l’allégresse, Dans les cieux vous serez comblés ! (bis)
Coeur de Jésus, notre chef, notre frère,
Apprenez-nous à être généreux
Et dédaigneux d’un labeur mercenaire
A vous servir comme on doit servir Dieu
Cœur de Jésus, notre chef, notre frère
Apprenez-nous à être généreux
Apprenez-nous ce qui fait l’âme grande
La noble horreur de la vulgarité
Quant à l’amour, honte à qui vous marchande
Apprenez-nous à donner sans compter
Apprenez-nous ce qui fait l’âme grande
La noble horreur de la vulgarité.
Apprenez-nous, Maître des heures dures
A travailler sans chercher le repos.
A guerroyer sans souci des blessures
Pour soutenir l’honneur de vos drapeaux
Apprenez-nous, Maître des heures dures
A travailler sans chercher le repos.
Apprenez-nous comment on se dépense.
Comment pour vous on s’use de son mieux.
Sans désirer aucune récompense
Que de savoir qu’on fait ce que Dieu veut
Apprenez-nous comment on se dépense
Comment pour vous on s’use de son mieux.
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
N'oublie aucun de ses bienfaits.
Bénis le Seigneur, ô mon âme
Bénis le Seigneur à jamais.
1 - Ainsi tu me vois, Seigneur,
Comme une nuit d'hiver
Sans étoile et sans vie.
Mais la nuit la plus froide
Peut faire naître le jour,
Des jours de paix, des jours d'amour.
2 - Ainsi tu me vois, Seigneur,
Comme un grain de pollen
Emporté par les vents.
Mais ce grain si futile
Peut faire germer la fleur,
Des fleurs de paix, des fleurs d'amour.
3 - Ainsi tu me vois, Seigneur,
Comme le sol, sec et dur,
Ingrat pour ta tendresse.
Mais ce sol si stérile
Peut devenir chemin,
Chemin de paix, chemin d'amour.
4 - Ainsi je te vois, Seigneur,
Père d'enfant prodigue
Au détour du chemin.
Et mes larmes de joie
Font naître ta parole
Des mots de paix, des mots d'amour.
Avant d’aller dormir, sous les étoiles,
Doux Maître, humblement à genoux,
Tes fils t’ouvrent leur cœur sans voile,
Si nous avons péché, pardonne-nous !
Éloigne de ce camp le mal qui passe,
Cherchant dans la nuit son butin.
Sans toi, de toutes ces menaces,
Qui nous protègera, Berger divin ?
Protège aussi, Seigneur, ceux qui nous aiment,
Partout garde-les du péril.
Pitié pour les méchants eux-mêmes
Et paix à tous nos morts, ainsi soit-il.
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Seigneur, mon âme t’adore :
Par les clartés de l’aurore,
Béni soit Dieu, Créateur du soleil qui luit !
Béni soit Dieu par la plaine, les bois, les monts
Et par les douces rosées,
Par la chaleur des journées
Et la fraîcheur qui remplit le soir nos vallons !
Béni soit Dieu par la houle, la mer, le vent,
Et par les eaux souterraines
Qui vont jaillir aux fontaines.
Béni soit Dieu par la source au filet d’argent !
Béni soit Dieu par l’aiglon qui s’envole aux cieux,
L’oiseau caché sous la feuille
Et dont la voix se recueille
Avant de dire au Seigneur un merci joyeux !
Béni soit Dieu par le cœur de tous les humains :
Le cœur des hommes qui peinent,
Les cœurs meurtris, ceux qui traînent,
Béni soit Dieu par l’effort et le cœur des Saints !
« On ne peut donner que ce que l’on a reçu »… Bien conscient du rôle majeur des chefs de chapitre, Notre-Dame de Chrétienté organise tous les ans des récollections de formation pour ses chefs de chapitre dans les différentes régions NDC : moment de développement de la logique du thème du pèlerinage et de l’articulation des trois journées autour de ce thème, moment d’amitié entre chefs de chapitre, religieux et bénévoles de l’association, courte bouffée d’oxygène spirituel aussi, car l’Essentiel y a bien la première place…
Voici en bref la récollection 2019 des chefs de chapitre d’Ile de France qui précède celle de chacune des régions !
9h15 – l’Abbé , siffle la fin de la récré… Messe célébrée par l’Abbé Damaggio (FSSP) dans la chapelle de l’Immaculée Conception à Versailles. Fermement agrippé à ses béquilles, l’Abbé de Massia (FSSP) souligne dans son sermon l’importance de la prière des chefs, source de tout apostolat. Cette journée de récollection, c’est la précieuse première partie du « contemplare et contemplata aliis tradere »…
Un café pour la vaillance des troupes – l’organisateur de la journée, Hugues Moreau responsable des chapitres d’Ile-de-France, connaît la nature humaine… - puis, le directeur des pèlerins, donne quelques chiffres sur l’évolution du nombre de pèlerins, leur origine (mondiale, oui oui !), les perspectives pour les années à venir. Occasion pour la cinquantaine de chefs présents de découvrir l’ampleur du chapitre des « anges gardiens », pèlerins non marcheurs qui se réunissent en groupe locaux. Des groupes se forment dans des abbayes, des paroisses, des maisons de retraite…et jusqu’à des prisons !
La suite devient très studieuse. Présentation de la Doctrine sociale de l’Église par l’Abbé de Massia avec un développement sur la dignité de l’homme. C’est une plaidoirie pour l’homme, « la plus digne des créatures visibles », considéré dans le plan de la grâce tel que Dieu l’a révélé par son Église : « l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ». Je suis image de Dieu par mon âme et ses facultés d’intelligence et de volonté ; je suis à la ressemblance de Dieu par la grâce, qui me rend « participant de la nature divine » - Deo gratias !
L’Abbé Garnier (FSSP), Aumônier Général de Notre-Dame de Chrétienté, poursuit l’étude avec une analyse du bien commun, notion largement galvaudée. Il faut commencer par savoir de quel « tout » l’on parle, auquel convient ledit bien commun, en fonction de la finalité du « tout ». Le « tout » compris comme somme de ses parties conduit à l’individualisme et aux sociétés constituées par un agrégat de minorités ! Le « tout »compris comme un corps – le « tout moral » – est une meilleure voie pour la recherche du bien commun : unité fondamentale et subsistance propre de chaque partie…
Le déjeuner donne naissance à des discussions plus approfondies et aux retours d’expériences de la part des chefs aguerris par un ou deux pèlerinages ! La parole est ensuite donnée au Père Chalufour, Aumônier de la région Paris Nord. Qu’est-ce que la loi ? Comment s’opèrent les changements de la loi ? Qui ordonne ? Une conversion est nécessaire dans notre rapport à la loi pour passer d’une loi négative (« Tu ne commettras pas d’adultère ») à une loi positive (« Heureux les cœurs purs »), autrement plus ardue – sans le soutien du Bon Dieu. « Reçois tous les jours Celui dont tu as besoin tous les jours »…
Hervé Rolland, Directeur Général de Notre-Dame de Chrétienté, tient l’ensemble des chefs de chapitre suspendus à ses lèvres au sujet de la responsabilité sociale des entreprises. Le programme de toute organisation devrait être le Beau, le Vrai, le Bien. Chaque individu trouve son harmonie entre « une partie réservoir » – où s’accroissent les vertus théologales (Foi, Espérance, Charité) – et « une partie canal » où il met en pratique les vertus cardinales (prudence, force, tempérance, justice). Plus on prie, meilleur on est professionnellement – à mettre en pratique ! …
Ce personnage fictif de l'époque romaine possède un pouvoir particulier. Un pouvoir redoutable. Dès qu'il arrive en un lieu... c'est le désordre. Disputes, contentions, discordes, divisions, guerres, injustices jaillissent sur son passage. Mis en prison, condamné aux bêtes fauves pour trouble public... il reste finalement en prison... Oui, les lions eux-mêmes se sont entre dévorés à son entrée dans l'arène! Ensuite, ses geôliers se divisent... Puis l'entourage de César qui l'a convoqué, puis l'équipage du bateau qui le conduit en Gaule... Et même un célèbre village gaulois manque de succomber à cet envahisseur... Bref,... il sème la zizanie.
Zizania, cela désigne l'ivraie, la mauvaise herbe.
La mauvaise herbe, c'est le mal.
Le champ, c'est l'Eglise, et plus largement encore le monde créé. Et aussi notre communauté paroissiale, nos familles, nos écoles, unités scoutes, etc...
Le bon grain, ce sont les dons de nature et de grâce dispensés largement par Dieu aux hommes.
Si vous êtes tenté de cynisme, d'amertume ou de découragement, je vous invite à relire le début et la fin de la parabole du bon grain et de l'ivraie. Si, au contraire vous êtes un « optimiste de 4 sous », comme le Pangloss de Voltaire, tenté d'illusions, d'irénisme, je vous invite à relire le milieu de la parabole.
« D'où vient l'ivraie ? » Pourquoi le mal ? D’où vient cette obscurité, ce bruit envahissant du mal ? Dans l’histoire de l’Eglise et de l’humanité, et jusque dans notre propre cœur, parfois ?
« C'est mon ennemi qui a fait cela ». Dieu répond, si toutefois on veut bien l’écouter. Notre époque a mis Dieu en procès au nom du mal.
Si le mal existe, alors pas de Dieu, ou bien un dieu impuissant à l'empêcher.
Si le mal existe, alors pas de Dieu, ou un dieu indifférent, voire mauvais.
Terrible accusation. Terrible tentation aussi qui peut traverser même le cœur de l'âme fidèle ; « j'ai dit ; est-ce donc en vain que j'ai gardé mon cœur dans la justice, et lavé mes mains parmi les innocents! Seigneur, jusqu'où souffriras-tu ce que tu vois?»
Or que veut Dieu?
Que le mal arrive? Non.
Que le mal n'arrive pas? Non plus.
Dieu ne veut et ne cause le mal, ni directement, ni indirectement.
Il veut permettre que le mal arrive.
Il le permet en laissant exister et agir celui qui cause le mal ; le démon, et ceux qui le servent. La liberté créée est donnée en vue du bien. Pourtant, désormais, elle peut pencher des deux côtés. Les maux les plus durs qui ravagent le champ du Seigneur, son Eglise, mais aussi les familles, les communautés sont les péchés contre l'unité. En particulier l'unité de foi et de charité... hérésies, schismes, scandales.
« Laissez… » Dieu ne vous demande pas d’appeler le bien mal, et le mal bien. C'est la théorie proposée par le bouddhisme et le New Age. Dieu n'approuve pas le mal. Il n'approuve pas non plus la complicité au mal ; le silence coupable, le consentement, l'entrainement au mal. Jésus a même prié pour que vous en soyez préservés… Il nous a appris à demander humblement et fortement ; délivrez-nous du mal. Dieu demande parfois que l’on supporte le mal. Mais seulement si on ne peut empêcher sans causer le pire.
« Au temps de la moisson... » : C'est une vérité de notre foi. L'injustice peut durer un certain temps, mais elle n'entre pas dans l'éternité.Dieu ne laisse pas le péché impuni, mais il patiente envers le pécheur. Ses plus grands saints, parfois furent grands pécheurs. Saint Augustin sema bien de l’ivraie avant que de semer du bon grain.
Dieu permet le mal, mais aussi Il le limite et le contient. Il peut tirer d’un mal un bien meilleur et supérieur. La condamnation injuste d’un innocent a ainsi été occasion du salut de toute l’humanité. Une mise à mort atroce a été occasion de résurrection et de vie. De la mort d’un martyr vient la conversion d’un bourreau. Sur une vie d’égarement vient une conversion plus profonde, un amour plus ardent pour Dieu et le prochain. Sur l’hérésie, l’erreur, le relativisme et la confusion ambiante, Dieu peut susciter un goût plus sublime pour les vérités de foi dans les âmes. Un amour prononcé, éprouvé, pour la Vérité. Enfin ceux qui servent le mal demeurent pour éprouver les justes. Ils sont instruments de salut et de sanctification.
« Laissez croître ensemble… » C'est le résumé de toute l'histoire, cela. L'extension du mystère d'iniquité, de péché – mais aussi l'extension du mystère de bonté, de piété divine. Il faut se garder de l'un et servir l'autre. Alors lorsque le mal dure ou grandit, lorsque notre âme chavire, et bien reprenons les psaumes 35 à 37 ;
« Mon âme, n'envie pas le bonheur des méchants,
Ne jalouse pas ceux qui font l'injustice !
Mets ta confiance dans le Seigneur, fais le bien !
Reste en paix dans la terre du Seigneur,
Attache-toi à la justice, place ton bonheur en Dieu»
La paix est un grand bien, que tous les hommes désirent. Et pourtant rien n'est plus difficile à obtenir et à préserver qu'une vraie paix. Quand on regarde l'histoire, on voit que le monde est rempli de violences, de crimes, de guerres... et ceci depuis Caïn et Abel jusqu'à aujourd'hui. Il est même probable qu'il en sera ainsi, hélas, jusqu'à la fin du monde !
La paix n'est d'ailleurs pas simplement l'absence de guerre. Il y a des sociétés qui ne sont pas en conflit ouvert avec d'autres nations ou en état de guerre civile, mais dans lesquelles une violence sournoise agresse les hommes, surtout les pauvres, les petits, les faibles. C'est le cas de notre société occidentale, où la vie du corps et de l'âme des petits n'est pas respectée : violence de l'avortement légalisé, qui tue des centaines de milliers d'êtres humains ; violence des agressions visuelles, par la pornographie, par des publicités qui attentent à la pudeur, par une « éducation sexuelle » dévoyée ; violence des « structures de péché », dans l'ordre économique et social, qui poussent les hommes au mensonge, à l'injustice, à l'égoïsme, etc.
La vraie paix est « la tranquillité de l'ordre » (S. Augustin). Elle suppose que la société soit fondée sur la justice. « Le fruit de la justice sera la paix " (Is 32, 17). Il faut donc que les principes de la loi naturelle soient reconnus par tous ; que les droits de chacun soient garantis et que les intérêts particuliers soient subordonnés au bien commun. La recherche par tous du bien commun produit d'ailleurs une multitude de bienfaits qui rejaillissent sur tous et chacun. Au contraire, l'égoïsme ne fait qu'engendrer des conflits et détruit la société : « Si chacun pense uniquement à ses propres intérêts, le monde ne peut qu'aller à sa ruine », disait Benoît XVI dans son message de Noël en 2008.
La recherche de la justice ne suffit pas, si elle n'a pas pour compagne la charité : l'amour désintéressé; le pardon qui répare les blessures et arrête la spirale de la vengeance et de la violence ; la bonté qui soigne toutes les misères imprévues et qui est à l'origine de tant d'œuvres extraordinaires de bienfaisance - pensons à saint Vincent de Paul, à la bienheureuse Mère Teresa et à tant d'autres bienfaiteurs de l'humanité... Mais comment établir de façon solide cet ordre social fondé sur la justice et la charité ? Comment soutenir cet édifice ? Une maison doit être construite sur le roc pour résister aux tempêtes (cf. Mt 7,25). Le roc, le fondement de tout l'ordre social, c'est Dieu et sa Loi. « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent » (Ps 126, 1). Une société qui rejette Dieu ne pourra jamais établir un ordre juste et une paix durable. « Il n'y a pas de paix pour les impies » (Is 48, 22).
Lorsque la société refuse de reconnaître Dieu et l'ordre qu'il a inscrit dans les choses, que l'on nomme l'ordre naturel, alors elle se construit sur le sable du relativisme. Les principes qui gouvernent les nations ne sont plus que le fruit d'un contrat, d'un accord d'une majorité instable qui ne repose plus sur la vérité objective, mais sur des opinions ou intérêts fluctuants. Tout peut être remis en cause. La « majorité » peut s'arroger n'importe quel droit, y compris celui de décider de la vie ou de la mort (avortement, euthanasie...). Inversement, lorsqu'un peuple, dans sa grande majorité, cherche Dieu, prend pour principes de sa conduite les commandements de Dieu, alors on peut voir s'épanouir une véritable paix. Frédéric Le Play, sociologue au XIXe siècle, a montré que les sociétés les plus prospères et les plus heureuses étaient celles où l'on respectait le Décalogue.
Bien sûr, même dans une société qui cherche Dieu, tout n'est pas parfait, car les hommes restent des hommes pécheurs. C'est pourquoi la grâce du Christ est absolument nécessaire pour guérir et vivifier sans cesse les hommes et le tissu social. Ainsi peut s'établir une société où le Christ règne, une « chrétienté », dans laquelle les hommes connaissent paix et bonheur, autant qu'il est possible sur cette terre. La société française du XIIIe siècle, par exemple, a connu cette prospérité et a pu être appelée le siècle d'or, le siècle des cathédrales ou le siècle de saint Louis : elle le doit en bonne part à son chef, un roi juste et saint, qui voulait servir Dieu avant toutes choses. Réciproquement, le saint roi est le fruit d'une chrétienté qui l'a formé. Y aurait-il eu un Saint Louis sans sa mère, Blanche de Castille, sans St Dominique, St François, St Thomas d'Aquin, ses contemporains ?
La paix reste toujours fragile et menacée, à cause des conséquences du péché originel, de la faiblesse humaine et de la tendance au relâchement. A chaque époque, ce sont les saints qui tirent les hommes vers le haut, qui réparent le tissu social, qui instaurent un ordre juste dans lequel les hommes peuvent vivre dans une certaine paix et tendre ainsi plus facilement vers leur fin surnaturelle, le bonheur du Ciel. Un des principaux paradoxes de l'Evangile est que, pour parvenir au bonheur, il faut passer par la Croix : « Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Evangile la sauvera » (Mc 8, 35). Celui qui veut capter le bonheur de façon égoïste, s'enferme sur lui-même et n'aboutit qu'au malheur. Au contraire, celui qui se donne généreusement à Dieu et aux autres trouve la vraie joie qui vient de la charité. « Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir », disait Jésus (parole rapportée par saint Paul, Ac 20, 35). « Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33).
Cette loi vaut aussi bien pour nos vies personnelles que pour la société entière. La vraie civilisation ne peut se construire que sur la recherche de Dieu et l'amour de Dieu par-dessus toutes choses. Comme l'a dit saint Augustin : « Deux amours ont donc bâti deux cités : l'amour de soi- même jusqu'au mépris de Dieu, celle de la terre, et l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi-même, celle du ciel. » (La Cité de Dieu, 14, 28.) Benoît XVI l'a rappelé : « Chercher Dieu et se laisser trouver par Lui : cela n'est pas moins nécessaire aujourd'hui que par le passé. Ce qui a fondé la culture de l'Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à l'écouter, demeure aujourd'hui encore le fondement de toute culture véritable. » (Discours au collège des Bernardins, 12 septembre 2008).
Cherchons donc à accomplir la volonté de Dieu en toutes choses, à bien remplir nos devoirs envers Dieu d'abord, et envers notre prochain comme envers nous-mêmes. Ainsi nous travaillerons efficacement à restaurer un ordre social et politique meilleur, fondé sur les principes de l'ordre naturel et de l'Evangile. Alors pourra s'établir, autant qu'il est possible ici-bas, « la paix du Christ dans le règne du Christ » (Pie XI).
Quel est ce sel mystérieux qui nous donne le goût de la Sagesse divine et qui nous fraie la route de la vie éternelle ?
Au début du IXème siècle, un Archevêque de Sens, ami de Charlemagne, nous donne la clé de ce mystère du sel : "On reçoit du sel dans le sacrement du baptême. Ce sel nous fait percevoir le goût de cette nourriture qu'est la Sagesse. Il nous empêche de perdre le goût de la saveur du Christ. Car, si nous perdons ce goût, nous devenons à la fois insipides et sots. D'ailleurs, si par notre nature, nous sommes sots et niais, par la grâce du Christ nous avons de plus en plus de saveur en tout".
Les Grecs, comme les Latins, considèrent que l'homme sage est tout à la fois celui qui a du goût (il est savoureux et il aime les choses savoureuses) et qui est sensé. Pour eux, le sot est un fade. L'Evangile et Saint Paul pensent de même. Celui qui a le sel de la Sagesse est lui-même savoureux et il donne sa saveur aux autres : "Vous êtes le sel de la terre".
Mais, si le sel s'évente, s'il perd sa force et sa saveur, il n'a plus aucune utilité. Mesurons toute la portée de ces paroles du Seigneur. Le sel évanescent c'est l'image du chrétien qui, par degré, devient à la fois fade et sot - sot parce que fade. Il ne devient pas fou à proprement parler. Il y a eu des fous de génie qui ont eu quelque chose de sublime. Non, celui qui ne sait plus goûter le Christ, l'Eglise, les Saints devient fade et sot. La véritable traduction des phrases passionnées de saint Paul serait : "le langage de la Croix est ineptie et fadaise pour ceux qui vont à la perdition... N'est-il pas vrai que Dieu a frappé d'ineptie et de fadaise la sagesse du monde...Un Christ crucifié : ineptie et fadaise pour les païens".
Voilà les "malins", comme les appelait Bernanos à la suite de Péguy, qui ne voient, dans la folie d'amour de la Croix, qu'une religion inepte et sans saveur. Que faire pour échapper, nous aussi avec tous les Saints, à cette "Sagesse" du monde ? Ouvrir nos cœurs à la force du Saint-Esprit. Le Don de Sagesse est le Don le plus haut ; c'est celui de l'union forte, stable, permanente, joyeuse et heureuse à Dieu. Cette union est une union d'amour. On goûte Dieu grâce à l'amour répandu dans nos cœurs par son Saint-Esprit, et on le fait goûter aux autres.
Comme le connaisseur qui goûte les vins et dont l'expérience est telle qu'il distingue les moindres nuances de saveur, ainsi le Saint, uni à Dieu, goûte toute la saveur de Dieu et des œuvres de Dieu : la Création et la Rédemption. Quel saint plus savoureux, par exemple, que Saint François de Sales, et quelle saveur il a su donner à ses écrits ! D'où vient cette saveur ? De son immense charité, de l'onction du Saint Esprit..
Le Don de Sagesse a un autre effet, si important actuellement : il nous permet de juger tout, hommes et événements, à la lumière de Dieu, et d'adopter sur l'histoire humaine et sur l'histoire de l'Eglise le point de vue de Dieu. On connaît le titre d'un opuscule resté célèbre : "Pagaïe dans l'Eglise ou Mystère de la Croix". Les vitraux n'ont toute leur vérité et toute leur splendeur qu'à l'intérieur de l'église et par temps de grand soleil. Ainsi du Don de Sagesse : il nous mène au cœur de la vie de l'Eglise et il nous dit que l'Eglise c'est surtout "Jésus-Christ répandu et communiqué" ; il nous mène au cœur de l'histoire humaine, et il nous montre que la vie sociale n'est heureuse que si elle se met à l'école de l'Evangile et de l'Eglise.
Que tous puissent recevoir, grâce au Saint Esprit, le sel de la Sagesse de Dieu, le sel de la Sagesse de l'Eglise, le sel de la Sagesse des Saints. Trône de la Sagesse, O Notre-Dame, obtenez-nous d'être des sages selon Dieu.
Ô reine voici donc après la longue route,
Avant de repartir par ce même chemin,
Le seul asile ouvert au creux de votre main,
Et le jardin secret où l’âme s’ouvre toute.
Voici le lourd pilier et la montante voûte ;
Et l’oubli pour hier, et l’oubli pour demain ;
Et l’inutilité de tout calcul humain ;
Et plus que le péché, la sagesse en déroute.
Voici le lieu du monde où tout devient facile,
Le regret, le départ, même l’événement,
Et l’adieu temporaire et le détournement,
Le seul coin de la terre où tout devient docile,
Et même ce vieux cœur qui faisait le rebelle ;
Et cette vieille tête et ses raisonnements ;
Et ces deux bras raidis dans les casernements ;
Et cette jeune enfant qui faisait trop la belle.
Voici le lieu du monde où tout est reconnu,
Et cette vieille tête et la source des larmes ;
Et ces deux bras raidis dans le métier des armes ;
Le seul coin de la terre où tout soit contenu.
Voici le lieu du monde où tout est revenu
Après tant de départs, après tant d’arrivées.
Voici le lieu du monde où tout est pauvre et nu
Après tant de hasards, après tant de corvées.
Voici le lieu du monde et la seule retraite,
Et l’unique retour et le recueillement,
Et la feuille et le fruit et le défeuillement,
Et les rameaux cueillis pour cette unique fête.
Voici le lieu du monde où tout rentre et se tait,
Et le silence et l’ombre et la charnelle absence,
Et le commencement d’éternelle présence,
Le seul réduit où l’âme est tout ce qu’elle était.
Voici le lieu du monde où la tentation
Se retourne elle-même et se met à l’envers.
Car ce qui tente ici c’est la soumission ;
Et c’est l’aveuglement dans l’immense univers.
Et le déposement est ici ce qui tente,
Et ce qui vient tout seul est l’abdication,
Et ce qui vient soi-même et ce qui se présente
N’est ici que grandesse et présentation.
C’est la révolte ici qui devient impossible,
Et ce qui se présente est la démission.
Et c’est l’effacement qui devient invincible.
Et tout n’est que bonjour et salutation.
Ce qui partout ailleurs est une accession
N’est ici qu’un total et sourd abrasement.
Ce qui partout ailleurs est un entassement
N’est ici que bassesse et que dépression.
Ce qui partout ailleurs est une oppression
N’est ici que l’effet d’un noble écrasement.
Ce qui partout ailleurs est un empressement
N’est ici qu’héritage et que succession.
Ce qui partout ailleurs est une rude guerre
N’est ici que la paix d’un long délaissement.
Ce qui partout ailleurs est un affaissement
Est ici la loi même et la norme vulgaire.
Ce qui partout ailleurs est une âpre bataille
Et sur le cou tendu le couteau du boucher,
Ce qui partout ailleurs est la greffe et la taille
N’est ici que la fleur et le fruit du pêcher.
Ce qui partout ailleurs est la rude montée
N’est ici que descente et qu’aboutissement.
Ce qui partout ailleurs est la mer démontée
N’est ici que bonace et qu’établissement.
Ce qui partout ailleurs est une dure loi
N’est ici qu’un beau pli sous vos commandements.
Et dans la liberté de nos amendements
Une fidélité plus tendre que la foi.
Ce qui partout ailleurs est une obsession
N’est ici sous vos lois qu’une place rendue.
Ce qui partout ailleurs est une âme vendue
N’est ici que prière et qu’intercession.
Ce qui partout ailleurs est une lassitude
N’est ici que des clefs sur un humble plateau.
Ce qui partout ailleurs est la vicissitude
N’est ici qu’une vigne à même le coteau.
Ce qui partout ailleurs est la longue habitude
Assise au coin du feu les poings sous le menton,
Ce qui partout ailleurs est une solitude
N’est ici qu’un vivace et ferme rejeton.
Ce qui partout ailleurs est la décrépitude
Assise au coin du feu les poings sur les genoux
N’est ici que tendresse et que sollicitude
Et deux bras maternels qui se tournent vers nous.
Nous nous sommes lavés d’une telle amertume,
Étoile de la mer et des récifs salés,
Nous nous sommes lavés d’une si basse écume,
Étoile de la barque et des souples filets.
Nous avons délavé nos malheureuses têtes
D’un tel fatras d’ordure et de raisonnement,
Nous voici désormais, ô reine des prophètes,
Plus clairs que l’eau du puits de l’ancien testament.
Nous avons gouverné de si modestes arches,
Voile du seul vaisseau qui ne périra pas,
Nous avons consulté de si pauvres compas,
Arche du seul salut, reine des patriarches.
Nous avons consommé de si lointains voyages,
Nous n’avons plus de goût pour les pays étranges.
Reine des confesseurs, des vierges et des anges,
Nous voici retournés dans nos premiers villages.
On nous en a tant dit, ô reine des apôtres,
Nous n’avons plus de goût pour la péroraison.
Nous n’avons plus d’autels que ceux qui sont les vôtres,
Nous ne savons plus rien qu’une simple oraison.
Nous avons essuyé de si vastes naufrages,
Nous n’avons plus de goût pour le transbordement,
Nous voici revenus, au déclin de nos âges,
Étoile du seul Nord dans votre bâtiment.
Ce qui partout ailleurs est de dispersion
N’est ici que l’effet d’un beau rassemblement.
Ce qui partout ailleurs est un démembrement
N’est ici que cortège et que procession.
Ce qui partout ailleurs demande un examen
N’est ici que l’effet d’une pauvre jeunesse.
Ce qui partout ailleurs demande un lendemain
N’est ici que l’effet de soudaine faiblesse.
Ce qui partout ailleurs demande un parchemin
N’est ici que l’effet d’une pauvre tendresse.
Ce qui partout ailleurs demande un tour de main
N’est ici que l’effet d’une humble maladresse.
Ce qui partout ailleurs est un détraquement
N’est ici que justesse et que déclinaison.
Ce qui partout ailleurs est un baraquement
N’est ici qu’une épaisse et durable maison.
Ce qui partout ailleurs est la guerre et la paix
N’est ici que défaite et que reddition.
Ce qui partout ailleurs est de sédition
N’est ici qu’un beau peuple et dès épis épais.
Ce qui partout ailleurs est une immense armée
Avec ses trains de vivre et ses encombrements,
Et ses trains de bagage et ses retardements,
N’est ici que décence et bonne renommée.
Ce qui partout ailleurs est un effondrement
N’est ici qu’une lente et courbe inclinaison.
Ce qui partout ailleurs est de comparaison
Est ici sans pareil et sans redoublement.
Ce qui partout ailleurs est un accablement
N’est ici que l’effet de pauvre obéissance.
Ce qui partout ailleurs est un grand parlement
N’est ici que l’effet de la seule audience.
Ce qui partout ailleurs est un encadrement
N’est ici qu’un candide et calme reposoir.
Ce qui partout ailleurs est un ajournement
N’est ici que l’oubli du matin et du soir.
Les matins sont partis vers les temps révolus,
Et les soirs partiront vers le soir éternel,
Et les jours entreront dans un jour solennel,
Et les fils deviendront des hommes résolus.
Les âges rentreront dans un âge absolu,
Les fils retourneront vers le seuil paternel
Et raviront de force et l’amour fraternel
Et l’antique héritage et le bien dévolu.
Voici le lieu du monde où tout devient enfant,
Et surtout ce vieil homme avec sa barbe grise,
Et ses cheveux mêlés au souffle de la brise,
Et son regard modeste et jadis triomphant.
Voici le lieu du monde où tout devient novice,
Et cette vieille tête et ses lanternements,
Et ces deux bras raidis dans les gouvernements,
Le seul coin de la terre où tout devient complice,
Et même ce grand sot qui faisait le malin,
(C’est votre serviteur, ô première servante),
Et qui tournait en rond dans une orbe savante,
Et qui portait de l’eau dans le bief du moulin.
Ce qui partout ailleurs est un arrachement
N’est ici que la fleur de la jeune saison.
Ce qui partout ailleurs est un retranchement
N’est ici qu’un soleil au ras de l’horizon.
Ce qui partout ailleurs est un dur labourage
N’est ici que récolte et dessaisissement.
Ce qui partout ailleurs est le déclin d’un âge
N’est ici qu’un candide et cher vieillissement.
Ce qui partout ailleurs est une résistance
N’est ici que de suite et d’accompagnement ;
Ce qui partout ailleurs est un prosternement
N’est ici qu’une douce et longue obéissance.
Ce qui partout ailleurs est règle de contrainte
N’est ici que déclenche et qu’abandonnement ;
Ce qui partout ailleurs est une dure astreinte
N’est ici que faiblesse et que soulèvement.
Ce qui partout ailleurs est règle de conduite
N’est ici que bonheur et que renforcement ;
Ce qui partout ailleurs est épargne produite
N’est ici qu’un honneur et qu’un grave serment.
Ce qui partout ailleurs est une courbature
N’est ici que la fleur de la jeune oraison ;
Ce qui partout ailleurs est la lourde armature
N’est ici que la laine et la blanche toison.
Ce qui partout ailleurs serait un tour de force
N’est ici que simplesse et que délassement ;
Ce qui partout ailleurs est la rugueuse écorce
N’est ici que la sève et les pleurs du sarment
Ce qui partout ailleurs est une longue usure
N’est ici que renfort et que recroissement ;
Ce qui partout ailleurs est bouleversement
N’est ici que le jour de la bonne aventure.
Ce qui partout ailleurs se tient sur la réserve
N’est ici qu’abondance et que dépassement ;
Ce qui partout ailleurs se gagne et se conserve
N’est ici que dépense et que désistement.
Ce qui partout ailleurs se tient sur la défense
N’est ici que liesse et démantèlement ;
Et l’oubli de l’injure et l’oubli de l’offense
N’est ici que paresse et que bannissement.
Ce qui partout ailleurs est une liaison
N’est ici qu’un fidèle et noble attachement ;
Ce qui partout ailleurs est un encerclement
N’est ici qu’un passant dedans votre maison.
Ce qui partout ailleurs est une obédience
N’est ici qu’une gerbe au temps de fauchaison ;
Ce qui partout ailleurs se fait par surveillance
N’est ici qu’un beau foin au temps de fenaison.
Ce qui partout ailleurs est une forcerie
N’est ici que la plante à même le jardin ;
Ce qui partout ailleurs est une gagerie
N’est ici que le seuil à même le gradin.
Ce qui partout ailleurs est une rétorsion
N’est ici que détente et que désarmement ;
Ce qui partout ailleurs est une contraction
N’est ici qu’un muet et calme engagement.
Ce qui partout ailleurs est un bien périssable
N’est ici qu’un tranquille et bref dégagement ;
Ce qui partout ailleurs est un rengorgement
N’est ici qu’une rose et des pas sur le sable.
Ce qui partout ailleurs est un efforcement
N’est ici que la fleur de la jeune raison ;
Ce qui partout ailleurs est un redressement
N’est ici que la pente et le pli du gazon.
Ce qui partout ailleurs est une écorcherie
N’est ici qu’un modeste et beau dévêtement ;
Ce qui partout ailleurs est une affouillerie
N’est ici qu’un durable et sûr dépouillement.
Ce qui partout ailleurs est un raidissement
N’est ici qu’une souple et candide fontaine ;
Ce qui partout ailleurs est une illustre peine
N’est ici qu’un profond et pur jaillissement.
Ce qui partout ailleurs se querelle et se prend
N’est ici qu’un beau fleuve aux confins de sa source,
Ô reine et c’est ici que toute âme se rend
Comme un jeune guerrier retombé dans sa course.
Ce qui partout ailleurs est la route gravie,
Ô reine qui régnez dans votre illustre cour,
Étoile du matin, reine du dernier jour,
Ce qui partout ailleurs est la table servie,
Ce qui partout ailleurs est la route suivie
N’est ici qu’un paisible et fort détachement,
Et dans un calme temple et loin d’un plat tourment
L’attente d’une mort plus vivante que vie.