Pèlerinage de Pentecôte
de Paris à Chartres

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Actualité

jeudi 21 janvier 2021

Un remake de Good bye Lenin !

Chers pèlerins,

La lecture de la synthèse de la Consultation sur l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum (Lettre 780 publiée le 18 janvier 2021 par Paix Liturgique) est intéressante, un peu irritante parfois, en réalité guère étonnante, certainement rajeunissante. J’ai eu l’impression de vivre un remake de « Good bye Lenin » !

Qui a bien pu rédiger un tel document ? Comment la Conférence des Evêques de France peut-elle sortir un document éloigné des éléments convenus de langage comme de la plus élémentaire charité ?

Le texte en lui-même n’a rien de surprenant quand on fréquente certains milieux épiscopaux français. Il représente le canal historique des réformes progressistes, des grandes expériences pastorales, liturgiques et tutti quanti des années soixante. Ces réformes mal inspirées et mal conduites ont suscité en France une puissante réaction traditionnelle qui a créé, entre autres, Notre-Dame de Chrétienté. Benoît XVI avait voulu apaiser les esprits par un acte de réconciliation (le motu proprio Summorum Pontificum de 2007). La lecture de cette synthèse de la CEF montre bien que le motu proprio n’aura finalement jamais été ni accepté ni compris de nombreux diocèses.

Mais est-ce si simple ? Je ne le crois pas et c’est ce que je voudrais vous dire, chers pèlerins, qui êtes perplexes, voire écoeurés devant ces calomnies.

Nous croisons beaucoup de prêtres et séminaristes dans nos pèlerinages qui ne viennent pas tous, loin de là, des milieux dits « Eccesia Dei ». N’oublions pas nos conversations de pèlerinages avec tous ces prêtres, séminaristes et parfois des évêques. L’amitié catholique qui nous unit est bien plus importante que les ragots de la synthèse. Cette amitié est le fruit du motu proprio de Benoît XVI. Quand il était le cardinal Ratzinger, il nous avait assuré que nous avions toute notre place dans l’Eglise, comme nous étions, c’est-à-dire intégralement.

Chers amis pèlerins de Notre-Dame de chrétienté, je comprends votre ressentiment devant ces mauvais traitements. Vous êtes engagés sur vos lieux de travail, dans les écoles, les mouvements pro-vie, la défense de la famille, l’évangélisation, ... Vous vous battez tous les jours pour que vos enfants reçoivent un catéchisme catholique, des sacrements catholiques dans un monde athée et anti-catholique. Vous avez bien raison de soutenir les prêtres de communautés qui donnent leurs vies pour vos âmes. Ne nous laissons ni décourager, ni diviser. Cette synthèse de la CEF ne montre aucune compréhension pour la difficulté de la vie chrétienne dans un « monde qui a cessé d’être chrétien ». Ce monde anti-catholique, chers amis, vous l’avez reçu en héritage et ceux qui vous critiquent aujourd’hui et vous font des procès, sont ceux qui ont assisté au premier rang à l’effondrement de l’Eglise catholique en France !

Les dernières familles catholiques françaises « observantes » n’ont que faire de ces haines recuites, de ces rancoeurs racornies. Elles réclament simplement la charité élémentaire du catholique envers son prochain et pour le salut de nos âmes, la possibilité de faire l’expérience de la tradition.

Notre-Dame de Paris, priez pour nous,
Notre-Dame de Chartres, priez pour nous,
Sainte Jeanne d’Arc, sauvez la France,
Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

Jean de Tauriers
Président de Notre-Dame de Chrétienté

vendredi 15 janvier 2021

Appel de Chartres n° 244

» Téléchargez le numéro 244 de l'appel de Chartres (janvier 2021)

Un numéro de 16 pages.

Au sommaire:

  • Edito de l’aumônier
  • Le mot du Président
  • Un chantier de l'année: le développement des réseaux sociaux
  • Communiqué Marche Pour la Vie: rdv dimanche 17 janvier à 15h
  • Quelques nouvelles: entretien avec Jean de Tauriers après la 6ème rencontre Summorum Pontificum
  • Hommage aux aumôniers: abbé Montarien, abbé de Nailly, abbé Comby... Ces aumôniers qui plantaient des âmes
  • Le jardinier de Dieu: hommage d'un ancien de la VIIème Paris

Notre-Dame de Chrétienté a besoin de vos prières

Chers amis pèlerins,

Bonne et sainte année 2021 à vous tous, à vos familles et vos proches.

Je n’oublie pas Notre-Dame de Chrétienté dans ces vœux en souhaitant de beaux pèlerinages et de nombreux pèlerins.

Aujourd’hui, Notre-Dame de Chrétienté a besoin de vos prières pour que le pélé 2021 ait lieu les 22, 23 et 24 mai dans les meilleures conditions possibles car quelle qu’en soit la forme notre pèlerinage verra à nouveau des milliers de pèlerins se tourner vers Notre Dame.

Vous le savez tous, bon nombre d’entre vous en font partie, notre organisation travaille dur sur le prochain pèlerinage et toute l’année. Nous sommes prêts depuis maintenant plusieurs mois à lancer le pèlerinage 2021 mais comment pourrions-nous engager des dépenses lourdes, obtenir les différentes autorisations administratives dans la situation sanitaire actuelle ? Les autorités n’ont aucune visibilité sur le prochain week-end de Pentecôte et ne peuvent se prononcer à ce jour.

Chers amis, je vous demande de prier Saint Joseph en ce début d’année. Saint Joseph est le saint patron des causes difficiles. Saint Joseph incarne cette force dont nous avons besoin. Nous faisons appel à lui avec confiance et tout particulièrement en ce moment puisque l’année 2021 lui a été consacrée par le Saint Père. Cette prière fervente et confiante ne nous empêchera pas de continuer à travailler à la préparation du pèlerinage pour nous adapter à toutes les situations.

Je vous demande de prier tous les soirs, en famille et sous la forme d’une neuvaine, cette prière en demandant à Saint Joseph d’intercéder pour que le pèlerinage 2021 ait lieu.

Ô vous que l'on a jamais invoqué en vain,
vous qui êtes si puissant auprès de Dieu que l'on a pu dire
"au Ciel, Joseph commande plutôt qu'il ne supplie",
tendre père, priez pour nous Jésus.
Soyez notre avocat auprès de ce divin Fils
dont vous avez été ici-bas le père nourricier et le protecteur fidèle.
Ajoutez à toutes vos gloires celle de gagner la cause difficile que nous vous confions.
Nous croyons, oui nous croyons que vous pouvez exaucer notre demande
en nous délivrant des peines qui nous accablent.
Nous avons la ferme confiance que vous ne négligerez rien
en faveur des affligés qui vous implorent.
Nous vous en supplions, ô bon Joseph, ayez pitié de nos larmes et de nos gémissements.
Couvrez-nous du manteau de vos miséricordes et bénissez-nous.
Ainsi soit-il

Notre-Dame de Paris, priez pour nous,

Notre-Dame de Chartres, priez pour nous,

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

Jean de Tauriers
Président
Notre-Dame de Chrétienté

mercredi 06 janvier 2021

La dimension internationale du pèlerinage de Chartres

Entretien avec Jean de Tauriers après la 6ème Rencontre Summorum Pontificum (Lettre 778 du 6 Janvier 2021 - Paix Liturgique)

Nous publions ici l’entretien accordé à Paix liturgique par Jean de Tauriers, Président de Notre Dame de Chrétienté (France), à la suite de son intervention lors de la 6ème Rencontre Summorum Pontificum, qui s’est déroulée le 23 octobre 2020, à Rome, à l’Institut Maria Santissima Bambina, sur le thème de « La vitalité missionnaire de la messe traditionnelle ». On sait que Notre-Dame de Chrétienté organise le pèlerinage désormais historique de Chartres. Sur le souvenir des pèlerinages vers Chartres, en 1912 et 1913, de Charles Péguy, le pèlerinage a été longtemps un pèlerinage des étudiants catholiques de Paris, organisé par le Centre Richelieu, jusqu’à ce que la crise conciliaire le réduise à presque rien. Après qu’il ait vivoté pendant les années de plomb avec quelques étudiants et les scouts d’Europe naissant et le MJCF, il a été repris en 1983, à l’initiative de Rémi Fontaine, Dom Gérard et Bernard Anthony, par le Centre Charlier, pour devenir le pèlerinage de ND de Chrétienté en 1993. Le pèlerinage, devenu international, se déroule donc de Paris à Chartres, la vigile de Pentecôte, le dimanche et le lundi de Pentecôte, chaque année, entraînant sur les routes de Beauce près de 15.000 pèlerins. Jean de Tauriers, dans son intervention à la Rencontre avait parlé de « La dimension missionnaire et internationale du pèlerinage de Chartres », qui est aussi le sujet de cet entretien.

Cher Jean, je souhaiterais aborder avec vous la dimension internationale du pèlerinage de ND de Chrétienté. Pour débuter cet entretien, pouvez-vous nous dire si vous avez aujourd’hui des chapitres « étrangers » au pèlerinage ?

Jean de Tauriers - L’année 2020 ayant été très spéciale, je me baserai donc sur les chiffres de 2019. Nous étions à Chartres 14 000 pèlerins marcheurs et plus de 3 500 pèlerins non marcheurs (le chapitre des Anges gardiens). 2019 avait été une année exceptionnelle, nous n’avions jamais atteint des chiffres aussi importants. La croissance depuis 7 ans atteignait 8% par année en moyenne ce qui est considérable et montre bien l’attrait du pèlerinage de Chartres et de la messe en forme extraordinaire. La moitié de nos pèlerins a moins de 20 ans ce qui ne signifie pas que les plus âgés n’ont pas leur place au pèlerinage de chrétienté car toutes les générations sont bien représentées. Mais quand on sait qu’en France, le taux de pratique est de 1% parmi les jeunes, il est facile de comprendre l’importance de notre pèlerinage aujourd’hui dans l’Eglise.

La croissance numérique de ces dernières années est aussi venue des chapitres étrangers. En 2019, les pèlerins étrangers étaient très nombreux avec près de 40 chapitres Adultes et Familles et même un chapitre Enfants (moins de douze ans). Ces 40 chapitres représentaient environ 1 300 pèlerins, un quasi doublement depuis 2 ans !

Pouvez-vous nous en faire une sorte de panorama ?

Jean de Tauriers - La liste des pays participants est impressionnante : Allemagne, Angleterre, Pays de Galles, Australie, Belgique, Ecosse, Espagne, Etats-Unis, Irlande, Italie, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Suède, Suisse, Tchéquie, Vietnam. Et je ne compte pas les chrétiens d’Orient (Liban, Irak, Syrie, …) intégrés dans les chapitres français.

Notre pèlerinage s’internationalise chaque année de plus en plus. En 2019, nous avions invité le mardi de Pentecôte, le lendemain du dernier jour de pèlerinage, les chefs de chapitres étrangers pour une rencontre dans Paris. Nous pensions que nous allions être peu nombreux après la Sainte Messe à Saint Eugène. Les pèlerins étaient certainement rentrés chez eux et tout le monde était de toute manière très fatigué. A notre grande surprise, nos amis étrangers sont venus en grand nombre pour rencontrer ceux qui organisent toute l’année le pèlerinage qu’ils venaient d’accomplir. Nous avons eu un grand et bon moment que nous essaierons de recommencer si Dieu le veut mais qui montre l’ambiance très particulière d’amitié catholique autour de cet événement.

 

Mais ces pèlerins étrangers sont-ils des personnes qui vivent en France ou bien des étrangers qui viennent en France spécialement pour le pèlerinage ?

Jean de Tauriers - Les pèlerins étrangers viennent des pays dont je viens de parler. Les chapitres américains sont notamment des fidèles des premiers pèlerinages, il y a près de 40 années maintenant.

Notre-Dame de Chrétienté a une organisation spécifique dédiée à l’accueil des étrangers voulant faire le pèlerinage de Chartres. Un pèlerinage se prépare au moins 12 mois à l’avance quand nous ne sommes pas perturbés par l’épidémie de Covid. Nous disposons d’un réseau pour faire comprendre l’originalité de l’œuvre, tous les détails pratiques, comment y participer et comment s’y préparer.

Et avez-vous des prêtres étrangers qui participent au pèlerinage ?

Jean de Tauriers - Avant de répondre à votre question, quelques chiffres sur le nombre des clercs participant au pèlerinage. Ils étaient plus de 330 en 2019 : 120 séminaristes et frères, 188 prêtres et 24 religieuses. Ces clercs viennent principalement des communautés ex Ecclesia Dei mais les diocésains viennent également pour une part significative. Nous y voyons là l’effet du Motu Proprio de Benoît XVI en 2007 avec une espèce de décloisonnement des mouvements et des événements du monde traditionnel.

Le plus souvent, les pèlerins étrangers viennent entourés par leurs prêtres qui connaissent fort bien le pèlerinage de chrétienté. En fonction des langues maîtrisées par les différents prêtres, nous savons organiser au mieux les différents temps de confession, de méditations pendant le pèlerinage et ainsi permettre la meilleure intégration possible.

 

Certains ont-ils essayé d’essaimer chez eux en y créant des pèlerinages dans leurs propres pays ? 

Jean de Tauriers - Nous avons aidé, il y a quelques temps, certains amis argentins, anciens pèlerins de Chartres. Un grand pèlerinage traditionnel s’est ainsi développé en Argentine entre Buenos Aires et Notre-Dame de Lujan, sainte patronne de l’Argentine.

De nombreuses initiatives sont également encouragées dans le cadre du chapitre des Anges gardiens qui réunit tous ceux qui ne peuvent marcher avec nous lors du pèlerinage mais qui veulent être en union spirituelle avec nos pèlerins marcheurs. Ces pèlerins, près de 3 500 en 2019, sont pour partie des étrangers ou des français expatriés. Parmi eux les chrétiens orientaux sont nombreux et pour beaucoup organisent dans leurs pays des temps de prières, des messes…

Nous cherchons aujourd’hui à mieux organiser notre réseau des Anges gardiens et avons besoin de cadres pour cela nous représentant dans les différents pays. Si un de vos lecteurs veut s’engager, il est le bienvenu, il suffit de téléphoner au secrétariat de NDC (01.39.07.27.00). Pourquoi n’aurions-nous pas autant de pèlerins marcheurs vers Chartres que de pèlerins Anges gardiens unis spirituellement au pèlerinage ?

Pensez-vous que cette dimension internationale va se développer au cours des prochaines années ?

Jean de Tauriers - La croissance est régulière depuis maintenant plusieurs années. Pourquoi s’arrêterait-elle ? Les catholiques pérégrinent nombreux à Lourdes, Fatima ou Czestochowa.

Notre pèlerinage traditionnel de chrétienté a vocation à devenir le grand pèlerinage international itinérant pour tous les catholiques attachés à la messe en forme extraordinaire. Le nombre des vocations, les engagements de tous types et toutes les conversions nous donnent courage et confiance pour améliorer notre organisation de plus en plus complexe.

 

D’une manière plus générale assiste-t-on dans tout le monde catholique à un renouveau du concept fort ancien de pèlerinage ?

Jean de Tauriers - Il me semble que le christianisme renaîtra dans les anciens pays occidentaux à partir des sanctuaires, pèlerinages ou monastères de même que la chrétienté est sortie des monastères au début du Moyen Age.

Notre pèlerinage est une nécessité spirituelle pour les pèlerins qui nous le disent. Pour beaucoup le pèlerinage est leur retraite annuelle. Et pour certains le pèlerinage est l’occasion de rencontrer un prêtre. Il est également une source de réconfort pour les clercs. Un prêtre diocésain m’avait écrit pour me dire qu’au pèlerinage de chrétienté nous savions ce qu’était un prêtre. Quelle phrase terrible ! J’ai souvent pensé aux souffrances endurées par ce prêtre diocésain pour écrire ainsi.

Le pèlerinage de chrétienté est un lieu de mission dans un monde athée et dans une Eglise en crise. Nos pèlerins viennent pour entendre un enseignement catholique, ce qui n’est pas si courant de nos jours. Le pèlerinage avec sa jeunesse du monde entier, sa liturgie tridentine, son exigence doctrinale rappelle à contre-courant de notre société relativiste, laïcarde et athée que le Christ doit régner sur nos sociétés. Où nos pèlerins entendraient-ils cette vérité si ce n’est au pèlerinage de chrétienté ?

 

mardi 15 décembre 2020

Appel de Chartres n° 243 : Le syndrome du colonel Nicholson

Les situations de crise agissent comme des révélateurs. Les attentats, l’incendie de Notre-Dame, l’interdiction du culte public ont été pour des raisons variées des agressions contre les catholiques. Certes menées dans des contextes différents, elles restent des attaques contre la France catholique.

Les attentats terroristes ne sont pas une guerre contre la République. Non, le terrorisme attaque la France éternelle, la France catholique.

L’incendie de Notre Dame de Paris est l’image de notre Eglise en feu devant la stupeur du monde et les larmes des catholiques.

L’assentiment de la Conférence de l’Eglise de France devant l’interdiction du culte ne démontre-t-il pas la perte du sens de la sainte Messe au cœur de la foi catholique ? La Messe n’est pas un rassemblement, ce n’est pas un moment « pour-faire-église » qu’il serait possible de supprimer. La sainte Messe est le renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix. Elle est indispensable au salut des catholiques. Jean-Marie Guénois[1] dans un article récent du Figaro (23 novembre 2020) constate une « division profonde dans l’Eglise » sur ce sujet, conséquence de divergences théologiques majeures sur l’eucharistie. Ecoutons-le : « Une partie des théologiens, prêtres, évêques et certains cardinaux, a épousé les thèses du protestantisme qui considère la présence réelle eucharistique du Christ comme symbolique et non réelle. Donc non absolument sacrée au point de se battre pour elle. » Il s’agit donc bien d’une question de foi sur l’Eucharistie et la sainte Messe comme nous le disons depuis près de quarante années lors de nos pèlerinages. L’incapacité des catholiques aujourd’hui à savoir ce qu’est véritablement la sainte Messe est un des effets catastrophiques de la crise de la transmission, plusieurs générations de catholiques ayant été privées de catéchisme. La hiérarchie catholique est restée longtemps aveugle et sourde (pas tous les évêques, Dieu soit loué). Certains de ses membres semblent coupés des derniers fidèles pratiquants comme le dit Yann Raison du Cleuziou dans un article de La Croix[2] quand il écrit que « le mépris affiché (par la hiérarchie) pour les ultimes pratiquants est suicidaire ».

Bien sûr, nous nous réjouissons que les évêques de France aient fini par présenter un référé-liberté (même deux en l’occurrence) et ainsi montré un peu de caractère. Une prise de conscience a peut-être enfin eu lieu. Il faut encourager nos évêques pour ces actes d’autant plus méritoires qu’ils sont nouveaux et marquent un changement de position face au pouvoir civil. Un des effets heureux de la situation serait que les yeux et les intelligences s’ouvrent devant la gravité de la situation.

Nos évêques semblent être tombés dans le syndrome du colonel Nicholson (joué par Alec Guinness) pour ceux d’entre vous qui connaissent le film « Le pont de la rivière Kwaï ». Ce colonel veut montrer la qualité des soldats et ingénieurs britanniques devant le colonel Saïto et ira jusqu’à construire un pont stratégique en pleine jungle birmane sans comprendre qu’il est prisonnier, que son pays est en guerre contre le Japon et qu’il rend un grand service à son ennemi en construisant ce pont. Comme me le disait un ami, l’analogie avec nos évêques (heureusement pas tous) est assez criante.

Aucune réforme n’aura lieu sans que la vérité soit dite, sans que nous soyons capables de regarder la situation en face et de la décrire. La vérité est simple et compréhensible par tous. Nul besoin d’avoir fait des études de théologie. Une connaissance du catéchisme pour enfants remplacera avec bonheur tout le pseudo-intellectualisme relativiste de certains.

« L’homme ne vit pas seulement de pain » (Matthieu 4,4)

« Quel profit, en effet, peut avoir l’homme à gagner l’univers au détriment de son âme » (Marc 8,36)

« On offre le sacrifice de la messe pour 4 fins : 1° adorer Dieu ; 2° le remercier de ses bienfaits ; 3° implorer le pardon de nos péchés et 4° lui demander ses grâces » (N°461 Catéchisme du Diocèse et de la Province de Paris 1968)

« Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement » (article 2105 du Catéchisme de l’Eglise Catholique sur la doctrine du règne social de Notre Seigneur Jésus Christ)

L’homme est âme et corps, l’ordre surnaturel prime l’ordre naturel car le but de notre vie sur terre est de sauver notre âme. Notre fin surnaturelle est plus importante que notre santé physique. Nous ne demandons pas à nos politiciens athées de le croire, nous demandons à nos évêques de nous l’enseigner et de le dire aux autorités civiles.

Comment se fait-il qu’un catholique de base soit obligé de rappeler ces évidences ? L’Eglise doit s’efforcer de sauver les âmes avant de s’engager à suivre scrupuleusement les règles sanitaires. Nous comprenons que l’Eglise s’emploie bien évidemment à respecter des réglementations techniques mais elle ne doit pas oublier « Dieu premier servi » (Sainte Jeanne d’Arc).

Il ne s’agit donc pas « de petit business » mais de salut.

Devant l’ampleur de la crise et l’affaissement de la place de l’Eglise dans notre société française, nous pensons aux erreurs passées où notre hiérarchie a cru habile de se taire. Nous en payons durement le prix aujourd’hui car il y a un lien entre les abandons d’hier et les persécutions d’aujourd’hui. La loi Veil sur la dépénalisation de l’avortement de 1975 ne serait pas passée si la hiérarchie catholique s’y était opposée comme l’a dit Simone Veil[3]. Demain, si nous voulons nous redresser, il faudra accepter de reconnaître les fautes commises. Il sera aussi nécessaire d’unir les forces catholiques en France qui peuvent avoir un poids considérable dans notre pays si elles sont bien dirigées, si elles sont unies et si elles s’engagent. La jeunesse catholique a montré récemment qu’elle avait ce courage dans les manifestations pour la messe. Ces catholiques ont besoin de chefs ayant la force de caractère, le courage physique et intellectuel pour résister à un ordre totalitaire matérialiste. De grandes figures peuvent les inspirer comme les cardinaux Mindszenty, Wyszyński, martyrs du communisme, Saint Thomas Becket ou Saint Thomas More. Nous avons un pays à reconquérir, nous aurons besoin de foi, de force et de sainteté.

Quelques mots enfin sur Notre-Dame de Chrétienté qui a connu une année difficile comme vous tous. La dernière Assemblée Générale, « confinée comme il se doit et dans le respect des gestes… », a montré une nouvelle fois la formidable motivation, l’engagement de tous ses membres. Je remercie tous ceux qui se sont dévoués cette année pour que le pèlerinage ait lieu sous des formats nouveaux qui auront réuni plus de 10 000 pèlerins.

Je compte sur vous tous en cette nouvelle année pour organiser un beau et grand pèlerinage de chrétienté avec comme thème « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie ». Suivez notre site pour la préparation d’un pèlerinage exceptionnel si Dieu le veut.

Enfin, je demande vos prières pour trois pèlerins très proches de Notre-Dame de chrétienté :

Hervé Pinoteau, historien, royaliste, pèlerin de Chartres de toujours, rappelé à Dieu le 24 novembre. Prions pour ce combattant vigoureux, courageux et valeureux dans des temps difficiles. Prions également pour son épouse, Herrade, décédée quelques jours après son mari et qui l’a soutenu toute sa vie. Prions pour toute sa famille très engagée dans Notre-Dame de chrétienté.

Notre ami, Daniel Hamiche, est décédé le 29 novembre. Il était fidèle du pèlerinage attirant la sympathie par sa grande gentillesse et sa constante bonne humeur. Il ne manquait jamais d’accueillir les chapitres à Chartres et nous ne l’oublierons pas. Homme de conviction et de foi, prions pour le repos de son âme.

Je vous souhaite à tous un joyeux et saint Noël, en espérant que pourrez le passer avec vos proches, en famille, dans la paix du Bon Dieu devant la crèche.

Notre-Dame de Paris, veillez sur nous

Notre-Dame de Chartres, veillez sur nous

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous

 

Jean de Tauriers - Président

 


[1]Jean-Marie Guénois est un vaticaniste et journaliste français spécialisé dans les questions religieuses internationales, rédacteur en chef pour le quotidien Figaro.

[2] Article de Yann Raison du Cleuziou dans la Croix du 25/11/2020 : « Le mépris affiché pour les ultimes pratiquants est suicidaire ». Yann Raison du Cleuziou, sociologue à l’Institut de recherche Montesquieu à l’Université de Bordeaux est l’auteur de l’ouvrage « Une contre-révolution catholique. Aux origines de La Manif pour tous », Seuil, 2019

[3] « Madame Veil aurait ainsi elle-même déclaré que si les médecins, les évêques et les prêtres avaient défilé en tête d’une manifestation nationale, le vote n’aurait pas été le même » par Docteur Patrick de Saint Louvent le 28 mars 2019 dans Tribune libre, site L’Homme Nouveau

samedi 05 décembre 2020

In memoriam Daniel Hamiche

Voici si longtemps que nous travaillions ensemble sur mille sujets – pas tous très sérieux – que j’ai encore du mal à réaliser que Daniel Hamiche nous a quittés. C’était mon plus vieux complice, dont je fus le collaborateur pendant des années à « Légitimiste » et Communication & Tradition, et qui devint le mien par un de ces détours dont la Providence a le secret dans la nébuleuse de blogues où nous sévissons (où nous exerçons notre capacité de nuisance selon l’expression qu’il affectionnait), notamment pour Riposte catholique et l’Observatoire de la christianophobie – mais, beaucoup plus qu’un collaborateur, il était le vieux sage capable de m’encourager à foncer ou de me conseiller la prudence et nous n’avions pas besoin de palabrer longtemps pour savoir ce que nous devions faire pour accomplir notre devoir de journalistes catholiques et (donc) contre-révolutionnaires.

Je l’ai rencontré en 1993, dans le contexte du bicentenaire de la Terreur – j’étais déjà médiocrement jacobin. Mais c’est surtout quand il lança Communication & Tradition vers 1995 que j’ai commencé à fréquenter assidûment sa merveilleuse boutique de la rue Didot – et la « Mangeoire », bistrot mitoyen qui nous servait d’annexe.

Nous avons été ensemble sur tant de combats que je ne saurais les évoquer tous : pour la messe, pour la défense des enfants à naître, pour les chrétiens persécutés, pour le roi – et toujours finalement, pour le dire d’un mot qui les résumait tous dans son esprit, pour le Christ-Roi. La manchette de notre cher « Légitimiste » – que je l’avais poussé, avec une inconscience qui m’effraie quand j’y repense, mais que je ne regrette pas le moins du monde, à transformer en hebdomadaire – était d’ailleurs tirée de la post-communion de la solennité du Christ-Roi : « Sub Christi Regis vexillis militare gloriamur ». Lui qui n’était pas latiniste était ravi du jeu de mots qu’il y lisait en tordant à peine le texte : non pas seulement nous sommes fiers de combattre sous les étendards du Christ Roi, mais aussi nous sommes fiers de combattre avec le roi sous les étendards du Christ.

Daniel avait découvert le combat politique à l’extrême gauche – là où le « non serviam » luciférien est le plus monstrueusement conséquent. Quand il revint à la foi de son baptême, il ne l’envisagea plus jamais autrement que comme un combat pour que le Règne du Christ advienne dans son âme, mais aussi sur la nation et sur l’humanité tout entière. Son amour de la messe traditionnelle tenait d’abord à cet amour de la Royauté du Christ : toute la messe traditionnelle est orientée (c’est bien le cas de le dire) vers l’adoration du Créateur, à qui le Christ rend par les mains du prêtre, admirablement effacé et pour ainsi dire invisible, le sacrifice parfait et digne de Lui.

Mais Daniel n’était pas seulement un valeureux combattant de la foi catholique, si piétinée et méprisée dans notre monde, il était aussi un homme de fidélité au plan tout simplement naturel. Quelle fête il faisait à ses amis qui faisaient escale rue Didot ou, plus tard, à « L’Homme nouveau » (qui l’avait très gentiment accueilli après le retentissant effondrement de notre toute petite maison d’édition, achevée par le grand combat pour la « Passion » de Mel Gibson) ou dans tous les « rades » que nous avons écumés autour de Montparnasse (le plus souvent tenus par des Coptes ou d’autres chrétiens d’Orient pour joindre l’utile à l’agréable : le soutien à des frères persécutés et une bonne bouteille de « rouge bien frais ») !

Moi qui étais alors un gamin dans la Légitimité et qui n’avais connu que de loin la grande époque du millénaire capétien et que l’impressionnante ascension du prince Alphonse, je fis connaissance avec Daniel, grâce à Daniel, de bon nombre de fidèles. Comment ne pas évoquer ici le cher Pinoteau, la mémoire du légitimisme contemporain, le chancelier à la plume acérée, qui nous a quittés une semaine avant Daniel (et une semaine avant son épouse, qui nous semblait pourtant indestructible) ? Comment ne pas évoquer le cher abbé Chanut ? Et tant d’autres que je ne nommerai pas mais qui sont restés dans les prières quotidiennes de Daniel jusqu’à la fin.

Cette fidélité allait de pair avec une générosité fascinante. J’ai toujours connu Daniel fauché. Mais aussi toujours prêt à offrir l’obole de la veuve. Il fallait le voir arriver rue Didot chargé comme un baudet de cadeaux pour les enfants d’amis qu’il allait voir le samedi suivant. Que de fois ai-je été témoin (ou bénéficiaire !) de cette générosité touchante. Que de fois surtout ai-je vu des étoiles dans ses yeux quand il offrait une babiole à un enfant. Bien que n’ayant pas lui-même d’enfant (même si, à sa grande hilarité, un journaliste de la große presse comme il disait, l’avait un jour affublé de 5 petits-enfants), il était très proche des plus petits – qui le lui rendaient bien. Comme sainte Thérèse qu’il vénérait tant, il cultivait avec amour l’esprit d’enfance.

Enfin, on ne peut pas parler de Daniel sans parler de l’excellent compagnon qu’il était. Je ne sais pas combien d’heures nous avons pu passer à discuter en buvant tantôt une « moussette », tantôt un « rouge bien frais », selon ses principes extrêmement précis. Mais il avait le talent de rire dans l’adversité, de jeter un calembour absurde capable de mettre les rieurs de son côté. Ou, tout aussi facilement, de se hausser jusqu’aux plus fines discussions de théologie ou d’exégèse. Et souvent les deux à la fois. Je me souviens d’une émission sur Dieu sait quelle chaîne de télévision aux ordres, pendant sa campagne homérique pour la « Passion » de Gibson, où l’un de ces insupportables « experts » de salon avait commencé à l’attaquer son prétendu intégrisme, en pontifiant du haut de ses titres universitaires. Et Daniel, avec un bon sourire, avec sa voix chaleureuse, lui avait répondu en plagiant Pascal : Mais, cher Monsieur, je vous parle du Dieu de Jésus-Christ, pas du Dieu des philosophes et des savants. Le pauvre « expert » était retourné à la niche, un peu penaud !

L’Eglise militante, la France, le roi légitime, ont perdu un fidèle serviteur et nous tous, ses amis, nous avons la douleur de perdre un frère d’armes, mais j’ai bon espoir qu’avec la grâce de Dieu, le paradis se soit enrichi d’un nouveau saint aussi enjoué que militant – et que l’esprit français, fait de familiarité et de respect, de gaieté et de sérieux, soit à l’honneur au banquet céleste !

A Dieu, vieux camarade, réservez-nous une place !

 

Guillaume de Thieulloy

Dimanche 22 novembre 2020

Nous sommes là parce que nous avons faim : rendez-nous la messe !

Mes chers enfants,

Quand le sujet de la tenue d’une manifestation ce dimanche est venu autour de la table du repas familial, rapidement les doigts se sont levés pour y participer. Mais pourquoi sommes-nous là ce matin ? Avons-nous trouvé un motif - valable - de sortie à plus de 1 km de chez nous ? Avions-nous envie d’apercevoir - de loin - quelques bons copains ?... Non !

Nous sommes là parce que nous avons faim.
Nous sommes là parce que la messe nous manque.

Nous sommes là parce que, nous le croyons, la messe manque à notre Seigneur.
Nous sommes là parce que nous voulons soutenir nos prêtres et notre évêque.
Nous sommes là… parce qu’on nous a privés de messe sans raison vraiment valable. Et que c’est (presque) une première dans l’histoire de France.


En tant qu’élève, on apprend à connaître aussi les sombres épisodes de l’histoire de notre pays : les invasions des Vikings, les guerres de religion, les ravages de la peste, les bombardements des nazis... et un tas d’autres batailles sanglantes ou épidémies. Mais jamais, en ces temps si différents, jamais la messe n’a été interdite. Même durant la Terreur révolutionnaire, la liberté de culte, sérieusement compromise, n’a pas été abolie ; seuls les prêtres qui refusaient la Constitution civile du clergé, la réforme de l’Église de France votée par l’Assemblée nationale en juillet 1790, seuls ces prêtres ont été persécutés et massacrés. Mais même là, même dans cette période douloureuse pour l’Eglise, la messe n’était pas interdite partout et pour tous.

La liberté de culte est essentielle. Les régimes politiques qui ont suivi depuis deux siècles n’ont jamais pu l’abolir. Notre Premier Ministre, Jean castex, l’a très justement rappelé le 7 novembre dernier, lors de l’hommage aux catholiques assassinés à Nice :
« La République ne transige pas avec la liberté de culte. C'est une liberté fondamentale. »
C’était il y a tout juste deux semaines…

Alors pourquoi sommes-nous là ce matin ? Nous sommes-là, parce que le soir-même de l’intervention du Premier Ministre, le Conseil d’Etat faisait goûter aux prêtres et catholiques la puissance de l’Etat en confirmant l’interdiction de célébrer des messes. Une interdiction réclamée par le Président de la République pour ce nouveau confinement.

Pour la deuxième fois en quelques mois, le gouvernement nous prive de messe. La première fois, au printemps, nous l’avions (un peu) mieux accepté, même si, souvenez-vous, il avait été douloureux de ne pas fêter Pâques. Cette première fois, nous l’avions un peu mieux acceptée parce que nous étions privés de presque tout :
- les écoles, collèges et lycées étaient fermés,
- la plupart des magasins étaient interdits,
- la plupart des entreprises étaient à l’arrêt,
- la plupart des trains et bus ne circulaient pas.
Et surtout il n’existait de protocole sanitaire nulle part. Rappelez-vous, c’était l’époque où le port du masque était… inutile !

Mais cette fois, mes chers enfants, les choses sont complètement différentes. Cette fois, les écoles, les collèges, les lycées sont ouverts.
Cette fois, nombre de magasins trouvent un moyen d’ouvrir.
Cette fois, les entreprises doivent continuer à tourner.
Cette fois, il est possible de s’entasser dans un bus de ville.

Mais, cette fois, les messes demeurent interdites. Vous le savez, pourtant, le port du masque et les règles sanitaires sont la norme depuis des mois dans nos églises. Mais rien n’y a fait : le gouvernement a considéré qu’il était plus risqué de de se trouver à 30 dans une vaste église pour célébrer la messe que de s’entasser à 50 dans un bus. Oui, c’est absurde.


En passant en ville, hier, vous auriez pu entendre au moins deux autres manifestations : pour la liberté de la presse, pour la liberté d’instruction. Nous ne sommes pas les seuls à manifester pour défendre la liberté. Parce que, oui, les libertés sont menacées chaque jour un peu plus dans notre beau pays. La liberté de culte n’y fait pas exception. Nous sommes là ce matin pour le rappeler.


Alors bien sûr, vous l’entendrez aussi : “Se priver de messe c’est un geste solidaire pour protéger les autres du Coronavirus.” Mais a-t-on pointé du doigt les églises comme étant des foyers de contamination ? Non.
Au contraire, les scientifiques qui conseillent le Président de la République ont bien noté dans leur rapport que “les églises n’étaient pas retrouvées parmi les lieux à risque d’infection.” Alors pourquoi nous interdire d’y aller pour la messe alors même que les écoles qui sont ouvertes représentaient, elles, dès septembre, le principal lieu de circulation du virus ?

Je sais que vous pouvez également entendre des amis vous dire : “Et puis après tout, pourquoi réclamer la messe en vrai, il y en a tant à la télévision ou sur l’Internet ? C’est finalement pas si mal… et en plus on n’a pas à sortir ! ”
Y croyez-vous ?
Un joli reportage sur le Puy du Fou... remplace-t-il un séjour en famille dans le parc ? Non !
Une émission de cuisine... remplace-t-elle le bon moelleux au chocolat de Maman ? Bien sûr que non !
La vidéo d’un nouveau-né à la maternité... remplace-t-elle un premier câlin avec ce petit frère ? Là encore, c’est non !
Eh bien, une messe à la télévision, n’en déplaise au gouvernement, ne remplacera jamais une messe vécue !

Voilà pourquoi nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation actuelle. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de nous entasser dans des bus, des salles de classe, des queues de supermarché… tout en étant privés de se réunir à quelques-uns dans une église, pour la messe !

Pour finir, je vous félicite, mes chers enfants, d’avoir tenu à être là ce matin, d’avoir tenu à manifester que la messe vous manque, que nos prêtres vous manquent, que notre évêque vous manque. Vous avez raison de vous faire entendre. Le Pape François vous y encourageait d’ailleurs il y a quelques années. Je me permets de lui laisser la conclusion de ce mot :

“Mettez le bordel ! Mettez le feu dans les diocèses ! Ne restez pas enfermés dans vos communautés. L'Église doit sortir dans la rue. Je n'apprécie pas les jeunes qui ne protestent pas."

“Nous ne voulons pas de jeunes mauviettes. Nous ne voulons pas de jeunes qui se fatiguent vite, qui vivent leur vie épuisés avec l’ennui sur leur visage. Nous voulons des jeunes avec de l’espoir et de la force.”

Limoges, dimanche 22 novembre 2020 - " Donnez-nous la messe"


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Dimanche 15 novembre 2020

Appel de Chartres n°242 : Il y a 500 ans, "Exsurge Domine", la condamnation de Luther

« Exsurge Domine, Levez-vous, Seigneur » ! C’est par ces mots que commence la bulle du pape Léon X dont nous fêtons cette année le 500e anniversaire. Texte qui reste d’une actualité brûlante, car certaines confusions sont toujours vivaces.

 

 

  1. Petit rappel historique 

Le sous-titre latin d’Exsurge Domine est clair : Bulla contra errores Martini Lutheri et sequacium - contre les erreurs de Martin Luther et de ses disciples. La bulle ne condamnait pas toutes les 95 propositions de Luther mais exigeait qu'il retire ses erreurs concernant 41 points précis.

Le temps alloué expire le 10 décembre 1520, jour où Luther brûle publiquement sa copie de la bulle. En accomplissant ce geste, il affirme que le pape était lui aussi condamné. En réaction, Léon X publie, le 3 janvier 1521, la bulle Decet Romanum Pontificem qui excommunie Luther.

Ainsi débute la révolte de Luther : contre le Pape et l’Église, contre le culte des saints et surtout contre l’Eucharistie. Luther s’écrie : « Quand la Messe sera renversée, nous aurons renversé la papauté » (Werke, t. X sec. II). Ainsi débute le protestantisme et la négation de la présence réelle dans l’Eucharistie.

Curieusement, un groupe de dialogue luthéro-catholique demande en 1989 l'abrogation officielle de l'excommunication (à laquelle les luthériens ne croient pourtant pas…). Le 6 juin, le Pape Jean-Paul II répond aux luthériens, lors d’une visite le Danemark : « Les événements entourant Luther ont laissé des blessures qui n'ont pas encore guéri après plus de 450 ans et qui, aujourd'hui encore, ne peuvent pas être guéris par un acte juridique. Selon la compréhension de l'Église catholique romaine, toute excommunication prend fin avec la mort d'une personne, car cela doit être considéré comme une mesure contre une personne au cours de sa vie ».

Luther est conscient du mouvement de rébellion contre l’Église qu’il a lancé : « Je dois confesser que mes doctrines ont produit de nombreux scandales. Oui, je ne peux le nier : souvent cela m’épouvante, spécialement quand ma conscience me rappelle que j’ai détruit la situation en place de l’Église, si calme et si tranquille sous la papauté » (Lettre à Zwingli).

 

  1. Est est, non non

Inutile de le cacher : on peut multiplier les « groupes d’étude », de « réflexion », les dialogues, les rencontres, les symposiums. L’Eucharistie demeure et demeurera toujours un point de séparation définitive entre catholiques et protestants.

  • Ainsi que les autres sacrements, en particulier le sacrement de l’ordre, la prêtrise, chose inconnue chez les protestants, chez qui il n’y a ni prêtre, ni évêque. Même si certains laïcs protestants s’habillent de cette façon,
  • Ainsi que le culte des saints, de la sainte Vierge en particulier,
  • Ainsi que la hiérarchie catholique, la primauté et l’infaillibilité de l’Église, etc.
  • Ainsi que la pseudo-prédestination, etc.

Soyons honnêtes : sur ces sujets fondamentaux pour les catholiques, tout nous sépare.

En ce qui concerne la présence réelle par transsubstantiation, dans la sainte hostie consacrée par le prêtre, de Notre Seigneur Jésus-Christ, Corps, Sang, Âme et Divinité, les positions sont absolument irréconciliables :

  • Soit on y croit et on est catholique,
  • Soit on n’y croit pas et on est protestant.

Cela n’a pas empêché de maladroites tentatives qui butent toutes et buteront toujours sur cette évidence.

 

  1. Le temps des illusions

Difficile ici de ne pas citer Mgr Bugnini, dont Paul VI fait en octobre 1963 son théologien personnel et qu’il nomme président de la Commission spéciale pour la réforme de la liturgie.

Bugnini publie cette incroyable déclaration dans l’Osservatore Romano, le 19 mars 1965 : « Nous devons dépouiller nos prières Catholiques et la Liturgie Catholique de tout ce qui pourrait représenter l’ombre d’une pierre d’achoppement pour nos frères séparés, c'est-à-dire pour les Protestants ».

Rappelons que 6 protestants participeront à la commission de réforme conduisant à la nouvelle messe.

On en connaît le résultat, très semblable aux cérémonies protestantes : orientation de l’autel, plus de croix ni de tabernacle sur l’autel, suppression de l’offertoire, communion dans la main, etc.

Le document Institutio generalis Missalis Romani du 3 avril 1969 qui présente la nouvelle messe ne mentionne pas une fois le mot Transsubstantiation. La ‘présence réelle’ n’est évoquée que dans une note ! La définition de l’article 7 est même inouïe :

« La Cène du Seigneur ou Messe est la synaxe sacrée ou le rassemblement du peuple de Dieu sous la présidence du prêtre pour célébrer le mémorial du Seigneur ».

Tout y est : négation du sacrifice, de la transsubstantiation et du sacerdoce du prêtre. C’est un texte parfaitement protestant, si controversé qu’il sera remanié par le Vatican en mai 1970.

 

  1. La stupeur

Converti, avec sa sœur, du protestantisme, l’écrivain julien Greene découvre la nouvelle messe : « Ce que je reconnus était une imitation assez grossière du service anglican qui nous était familier dans mon enfance. Le vieux protestant qui sommeille en moi dans sa Foi catholique se réveilla tout à coup devant l’évidente et absurde imposture et, cette étrange cérémonie ayant pris fin, je demandai à ma sœur : ‘Pourquoi nous sommes-nous convertis ?»

Choquée par la nouvelle messe, Agatha Christie écrit au pape et obtient en 1971 une autorisation de la Messe catholique traditionnelle en Angleterre et Pays de Galles (surnommée « l’indult Agatha Christie »). La célèbre romancière était pourtant… protestante !

On sait le vent de folie qui s’est parfois emparé de certains, dans les années qui ont suivi l’introduction de la nouvelle messe.

 

  1. Le besoin d’une « réforme de la réforme »

Heureusement, dans les années 1990, le vent a tourné. Les abus, voire les folies, sont dénoncés, mais il existe toujours des extrémistes résiduels qui poursuivent leurs chimères.

La crise de l’Église, la brutale chute de vocations et de la pratique religieuse, surtout en Occident, est trop visible pour ne pas faire réfléchir.  A Rome est évoquée de plus en plus ouvertement l’idée

d’une « réforme de la réforme liturgique ».

Le Cal Ratzinger publie en 2002 un ouvrage au retentissement mondial, « L’esprit de la Liturgie », qui ouvre le débat des nécessaires révisions de la nouvelle messe. Il récidive en mai 2003 avec un nouvel ouvrage sur l’Eucharistie : « Un Dieu intime ». Il y écrit : « dans la crise de la Foi que nous traversons, le point névralgique devient de plus en plus une célébration correcte et une bonne compréhension de l’Eucharistie (…). Aujourd’hui, nous courons le risque que nos églises deviennent des musées ».

A cette même date, en mai 2003, est publiée l’encyclique de Jean-Paul II, « Ecclesia de Eucharistia » qui réaffirme que la Messe est au cœur de la vie de l’Eglise. Elle dénonce les « pratiques eucharistiques contraires à la discipline », les « innovations non autorisées et souvent de mauvais goût » : « les abus n’ont pas manqué et ils ont été des motifs de souffrance pour beaucoup ».

Plus récemment, en mai 2016, dans une interview dans Famille Chrétienne, le Cardinal Sarah invite appelle les prêtres à célébrer la messe face à Dieu. Plusieurs citations sont explicites :

  • « La liturgie est en danger »
  • « L’homme cherche à prendre la place de Dieu »
  • « La liturgie risque de devenir un simple jeu humain »
  • « Beaucoup de nos liturgies deviennent des spectacles » où le prêtre ne célèbre plus « l’amour du Christ à travers son sacrifice », mais « une rencontre entre amis, un repas convivial, un moment fraternel » 

Principale dérive de la liturgique actuelle, selon le cardinal Sarah : « la position du prêtre tourné vers le peuple », qui fait parfois de l’assemblée une «communauté refermée sur elle-même» et non plus «ouverte, ni vers le monde à venir, ni vers le Ciel». Le prêtre ne doit pas être « le centre, le protagoniste principal de la célébration eucharistique, car les fidèles ne sont pas venus pour parler au prêtre mais à Dieu ».

Pour « replacer Dieu au centre de la liturgie, le meilleur moyen est certainement de célébrer – prêtres et fidèles – tournés ensemble dans la même direction : vers le Seigneur qui vient».

Le cardinal dénonce les mauvaises interprétations du Concile Vatican II qui « n’a jamais demandé de célébrer face au peuple » et encore moins n’en a fait une obligation.

 

6. Et demain ?

On ne compte plus les commentaires qui vont dans le même sens.

Où est passé le « printemps de l’Église » ? Dans de nombreux pays autrefois catholiques, dont la France, tous les indicateurs : baptêmes, mariages, ordinations, pratique, confessions sont au rouge.

Benoît XVI a été clair : « La cause la plus profonde de la crise qui a bouleversé l’Église réside dans l’obscurcissement de la priorité de Dieu dans la liturgie ».

On aimerait que tout cela soit du passé. Ce n’est malheureusement pas le cas.

Les progressistes et modernistes ne renoncent pas à leurs chimères, dans leur aveuglement, ils en veulent encore plus. Les nouvelles du synode allemand, comme beaucoup d’autres signes négatifs sont sous nos yeux : messes scandaleuses, Pachamama, intercommunion (actuellement hebdomadaire, quoiqu’interdite), campagnes pour l’ordination de femmes (pourtant définitivement impossible), ‘bénédiction’ d’homosexuels, etc.

Du fait de ces nouvelles attaques, dans un futur proche, dès l’an prochain sans doute au terme du synode allemand, l’Église catholique va devoir affronter une crise en son sein. Et devra rappeler les vérités à propos de l’eucharistie, de la transsubstantiation et de la présence réelle.

Mgr Schneider demande même un nouveau Syllabus.

Exsurge Domine va redevenir d’actualité !

 

Hervé Rolland

samedi 14 novembre 2020

La pornographie...pas chez moi ?

Ingénieur de formation, Joseph-Marie Rouvière est l’auteur d’un site de plus en plus visité (1500 téléchargements à ce jour) : https://ensortir.fr/les-filtres-qui-marchent.

Soutenu par l’association stopauporno, il alerte sur la nécessité d’installer des protections efficaces sur les ordinateurs et smartphones…

Monsieur Rouvière, qu’est-ce qui vous a lancé dans cette entreprise considérable, fruit de 3 années de travail ?

Un triple constat :

1) La pornographie est très largement répandue dans les milieux catholiques pratiquants, toutes tendances confondues…La moitié des jeunes catholiques pratiquants de 15 à 17 ans ont déjà surfé sur un site porno…Il y a encore un nombre étonnant de parents qui s’imaginent que « leur enfant n’est pas concerné ». Et contrairement aux idées reçues, la pornographie touche également de plus en plus de filles et de femmes. Les personnes qui sont le plus réservées à aborder ce sujet se révèlent bien souvent aussi atteintes que les autres, voire plus…

2) La plupart des parents de ces jeunes ont plus de 40 ans. Un père de 40 ans en 2020 avait 15 ans en 1995, et à cette époque, internet n’avait pas encore pénétré dans les foyers, et encore moins le smartphone…Ces parents ne sont donc pas conscients du surcroît de difficulté que rencontrent aujourd’hui leurs enfants pour rester purs – particulièrement les garçons…Ces parents ne savent pas ce que c’est que de traverser les difficultés propres à l’éclosion de la sexualité en ayant à disposition des millions de photos et vidéos pornographiques.  

3) De plus en plus d’adultes, également fragilisés par la facilité d’accès à la pornographie, ont besoin de se protéger eux-mêmes en installant des applications fiables.

 

Que faire alors ?

Pour les adolescents, la première des protections est une éducation à la vie affective et sexuelle. De nombreux jeunes ne reçoivent toujours pas d’aide de leurs parents.

La deuxième protection concerne autant les adultes fragiles que les jeunes, elle est technique, et c’est l’objet de mon étude : quels filtres installer ?

Les parents ont le grave devoir d’installer des filtres. Peut-on laisser son enfant dormir dans une chambre où il y a des bandes dessinées pornographiques à côté d’autres B.D. innocentes ? Eh bien, si vous laissez à un jeune un smartphone sans filtre, ce n’est pas l’accès à quelques B.D., mais à des millions de photos et de video pornographiques…Si ça, ce n’est pas grave, qu’est-ce qui l’est ?

 

N’existe-t-il pas déjà des sites comparables au vôtre ?

De nombreux sites proposent des solutions, mais on voit que les testeurs n’ont pas fait leur travail sérieusement et la plupart des contrôles parentaux présentent des failles faciles à trouver pour un jeune d’aujourd’hui.

Par exemple, Qustodio, réputé un des meilleurs, est en fait très facile à faire sauter sur un smartphone, sans compter que sa proportion de sites pornographiques bloqués n’est pas pleinement satisfaisante…

Autre exemple : l’application 4teens, pourtant lancée à grand renfort de publicité dans les revues familiales, se révèle inopérante.

 

Certains disent en effet qu’aucun filtre n’est efficace à 100 % et que donc cela ne sert à rien de mettre des protections ?

C’est une fausse excuse qu’on se donne pour céder au laxisme suicidaire en la matière…et ce raisonnement ne prend pas en compte une donnée psychologique : si une personne fragile doit passer plusieurs minutes pour trouver un contournement possible au filtre, sa conscience peut la travailler pendant ce temps-là. Alors que s’il n’y a pas de protection, il suffit d’un instant d’acquiescement à la tentation, et d’un clic, pour arriver à des images qui, par leur aspect envoutant, lui rendront difficile le fait de s’arrêter et de faire marche arrière.

 

Y a-t-il donc des programmes efficaces ?

Après avoir testé nombre de programmes existants, je recommande sans hésiter Boomerang parental control sur les smartphones, et Forticlient sur les ordinateurs. On peut télécharger sur le site des fichiers pdf expliquant comment installer ces applications.

 

Un mot de conclusion ?

3 règles d’or :

1) l’ordinateur doit être dans un lieu public (salon…) où on est vu de tous. Eviter de prêter la tablette qui peut être emmenée en chambre. La meilleure protection reste le regard d’autrui…

2) Par un mot de passe d’accès à l’ordinateur/tablette, rendre impossible aux personnes fragiles d’aller sur internet sans personne à côté.

3) Si un adolescent a vraiment besoin d’un téléphone, lui en donner un à touches, et non un smartphone.

mardi 10 novembre 2020

Catholiques de France, réveillez-vous !

Chers pèlerins,

Un grand mouvement se lève en France pour rappeler que nous ne sommes pas que des consommateurs : nous sommes âme et corps !

Selon la loi actuelle, il est aujourd'hui possible de faire ses courses, mais pas de participer à ce qui est le coeur et le sommet de la vie du chrétien : la Messe et l'Eucharistie.

C'est profondément inacceptable.

Notre-Dame de Chrétienté rappelle depuis sa création que la vie est harmonie entre le spirituel et le naturel. Nous appelons donc tous les pèlerins de Chartres à participer aux nombreuses initiatives lancées dans notre pays.

'Jésus-Christ n'est pas facultatif' !

samedi 31 octobre 2020

COMMUNIQUE DE LA FRATERNITE SACERDOTALE SAINT-PIERRE

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En lien avec l’association l’AGRIF, l’Institut-du-Christ Roi, l’Institut-du-Bon-Pasteur, la communauté Saint-Vincent-Ferrier et l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre dépose aujourd’hui une requête en référé-liberté devant le Conseil d’Etat contre le décret du 29 octobre 2020 interdisant toute célébration religieuse publique dans les églises, alors que les écoles, les transports en commun et de nombreux commercent restent ouverts. Depuis le début de la crise sanitaire, les catholiques français ont eu à cœur de respecter fidèlement les précautions sanitaires imposées par le Gouvernement, de sorte qu’on n’a jamais entendu dire que les églises aient été des lieux de contamination. L’absence de considération, de la part du Gouvernement, pour la dimension spirituelle de l’homme et la pratique religieuse, nous montre, une fois de plus, que notre société a escamoté toute transcendance et considère la religion à l’égal du tourisme ou des loisirs. Face à ce que nous estimons être une atteinte grave à la liberté de culte, dont le Conseil d’Etat avait pourtant rappelé l’importance lors de l’arrêté du 18 mai 2020, il nous semble juste de réagir pour que les catholiques français puissent, le dimanche, assister à la messe dans le respect scrupuleux des mesures sanitaires afin de protéger les plus fragiles d’entre nous.

Notre démarche est soutenue par les associations Notre-Dame de Chrétienté, Renaissance Catholique, Oremus, le blog Le Salon Beige et le journal L’Homme Nouveau.

mardi 27 octobre 2020

« On dit que la jeunesse est faite pour le plaisir ; en réalité, elle est faite pour l’héroïsme. »

Je reviens de Rome après avoir assisté vendredi dernier, le 23 octobre, à la sixième rencontre Summorum Pontificum organisée à l’Institut de patristique Augustinianum par l'abbé Claude Barthe, Aumônier Général du Pèlerinage Summorum Pontificum, et Christian Marquant, Président d'Orémus - Paix Liturgique. Le pèlerinage était cette année perturbé mais la journée de conférences a pu se tenir contre « vents et covid », elle était comme chaque année d’un grand intérêt.

Ces rencontres sont précieuses, elles permettent au petit monde traditionnel de se réunir, de briser son isolement, de réfléchir sur nos différentes situations nationales, d’envisager des actions communes pour demain.

Après une intervention de l’abbé Barthe, nous avons entendu une passionnante et brillante conférence du Docteur Shaw, professeur de philosophie médiévale à l’université d’Oxford et président de l’association « The Latin Mass », sur « le concept de Tradition ». Le cardinal Burke est ensuite intervenu sur le thème de la sauvegarde et de la promotion de l’Usus Antiquior du rite romain. Votre serviteur a présenté l’œuvre du pèlerinage dans sa dimension missionnaire et internationale. Enfin, Christian Marquant nous a parlé du développement de la liturgie traditionnelle dans le monde.

The Latin Mass est une association en Angleterre et au pays de Galles créée en 1965 dont le but est de voir s'étendre l'usage de la messe tridentine. Cette association organisa une pétition en 1971 que le cardinal John Heenan présenta au Pape Paul VI qui attribua un Indult cette même année. Souvent appelé « Indult Agatha Christie » parce que la romancière avait signé la pétition avec beaucoup d’autres grands noms scandalisés par le gâchis de l’abandon de la messe tridentine. Dans l’« histoire » de la Messe traditionnelle, cet « Indult Agatha Christie » fut le premier pas officiel de Rome envers les catholiques attachés à la Messe de Saint Pie V quelques mois après l’entrée en vigueur du Nouveau Missel. Il est tout de même amusant de noter, 50 ans après, qu’il était alors « plus efficace » d’avancer des arguments historico-esthétiques que doctrinaux (comme l’avait fait le Bref examen critique le 5 juin 1969) et qu’il valait surtout mieux ne pas être catholique pour avoir une chance d’attendrir les autorités romaines de l’époque.

Un extrait de la conférence du Cardinal Burke « Je préfère utiliser la terminologie d’Usus Antiquior et d’usus Recentior au lieu de la forme extraordinaire et forme ordinaire afin de souligner plus fortement que la liturgie romaine est et restera toujours une part significative de la vie de l’Eglise. Si le mot extraordinaire n’est pas bien compris, on peut comprendre que la liturgie classique romaine serait inhabituelle dans la vie de l’Eglise ce qui de temps en temps se manifeste ».

Enfin, vous me pardonnerez de me citer en vous rapportant la conclusion de mon intervention :

« Je citerai enfin deux allemands, un laïc et un clerc. Martin Mosebach, le grand écrivain allemand, était venu donner une brillante conférence en 2017 ici même à l’occasion du dixième anniversaire du Motu Proprio de Benoît XVI. « L’eau doit couler, et personne qui tient la liturgie pour une composante essentielle de la Foi ne peut se dispenser de cette tâche. La liturgie EST l’Eglise ». Monseigneur Schneider dans son livre récent « Christus vincit » demande « le renouveau du culte à travers la liturgie de l’Eucharistie, la doctrine catholique servie par une catéchèse saine et sûre et sa mise en œuvre dans la vie quotidienne ». Monseigneur Schneider résume en quelques mots ce pourquoi des dizaines de milliers de pèlerins de Chartres ont pèleriné depuis près de 40 années.

Je le répète, nos pèlerins ont vingt ans, ils sont exigeants, fervents et courageux. Ils ne demandent qu’à servir, se former, s’engager. Pourquoi choisissent-ils la messe tridentine ? Mais tout simplement pour la foi.

Je terminerai cette intervention avec deux citations. La première d’un évêque des antipodes : « Ce sont les moins de 30 ans qui veulent la Messe tridentine, les plus de 50 ans veulent la Messe des jeunes le samedi soir ». Et la seconde de Paul Claudel dans une lettre à son ami Jacques Rivière : « On dit que la jeunesse est faite pour le plaisir ; en réalité, elle est faite pour l’héroïsme. »

Jean de Tauriers, Président de Notre-Dame de Chrétienté

 

 

 

 

 

 

Dimanche 25 octobre 2020

Fête du Christ Roi : Quas primas, toujours d’actualité ?

L’encyclique Quas primas a été rédigée en 1925 par le pape Pie XI, soit il y a près d’un siècle ! Alors que vient d’être publiée tout récemment la dernière encyclique du Pape François Tutti fratelli, il s’agit dans cet article de nous demander si le texte de Pie XI dont cent ans nous séparent est toujours d’actualité... Ne serait-il pas finalement plus urgent, plus profitable pour notre temps, d’extraire de Tutti fratelli (un long texte de 216 pages !) les meilleures pensées du Pape François ? La vérité se situe ailleurs : la qualité d’une réflexion se mesure à sa force prophétique et à sa capacité à se situer au-dessus du temps. S’il est trop tôt pour l’affirmer de la dernière encyclique de François – l’avenir seul nous le dira –, il est possible en revanche de l’affirmer sans fard à propos de celle de Pie XI.  Alors que l’empire de la confusion sème son ivraie au milieu du meilleur blé, la lecture ou relecture de Quas primas aura l’avantage de remettre les pendules à l’heure et les idées à l’endroit pour un grand nombre. Et en ce sens, prouvera sans peine son étonnante actualité.

Lorsqu’il rédige l’encyclique Quas primas, le pape Pie XI se fixe un objectif principal : instaurer une fête liturgique du Christ-Roi le dernier dimanche du mois d’octobre. S’il était possible d’honorer la royauté du Fils de Dieu le jour de Son épiphanie et de l’adoration des mages, le Saint-Père souhaite marquer la chrétienté au moyen d’une solennité liturgique spéciale. Le choix du dimanche n’a rien d’anodin. Estimant qu’il n’y a pas mieux qu’une solennité liturgique annuelle pour imprimer dans le peuple des fidèles des leçons divines, il oblige ainsi tous les baptisés à entendre chaque dernier dimanche d’octobre un enseignement sur la théologie du Christ Roi des nations. Son ambition ? Combattre le fléau du laïcisme en rappelant la dignité royale de Notre Seigneur Jésus-Christ : le Christ est Roi, partout, pour tous les peuples, pour toutes les sociétés. Pour Pie XI, il ne saurait y avoir en effet de paix durable tant qu’il n’y a pas de reconnaissance de la souveraineté de la “royauté sociale du Christ”. « Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme » ? Autrement dit que sert à l’Etat de chercher à bâtir la paix dans la société sans reconnaître que le Christ en est le prince. Autant travailler à construire un hôpital sans y faire régner la médecine...

En matière de paix durable, le Saint-Père s’attache à caractériser trois types d’erreurs pour mieux les dénoncer :

  • Nier la souveraineté du Christ sur toutes les nations.
  • Refuser à l’Eglise son droit d’enseigner le genre humain en vue de la béatitude éternelle.
  • Assimiler la religion du Christ à toutes les fausses religions ou la placer sous l’autorité civile.

Finalement, à travers ces erreurs, on mesure combien le camp du bien et celui du mal ne se départagent pas en fonction d’un positionnement à droite ou à gauche au sein d’un hémicycle. La ligne de fracture ne se trouve pas sur un échiquier politique mais ailleurs... Dans son ouvrage L’empire du politiquement correct, l’essayiste québécois Mathieu Bock-Coté nous éclaire en citant le philosophe Paul Valéry : « Toute politique, même la plus grossière, suppose une idée de l’homme, car il s’agit de disposer de lui, de s’en servir, et même de le servir ». Oui ! La démarcation profonde entre les différentes façons d’ordonner la société se tire d’abord de la conception que l’on se fait de l’homme. Depuis le combat angélique, la chute de nos premiers parents et la trace du péché originel qui a poussé notamment Caïn à tuer Abel, on peut distinguer deux conceptions opposées de l’homme, une conception révolutionnaire et une conception contre-révolutionnaire.

Quas primas nous permet de prendre de la hauteur quant à la politique politicienne dans laquelle l’enthousiasme ou l’idéalisme peut se perdre. Le défi du règne du Christ ne dépend pas, d’abord, des jeux d’appareils ou de combinaisons électorales complexes. Il dépend d’une conception de l’homme. Depuis l’origine des temps, et la capacité d’organisation des hommes à s’établir en société, nous le savons avec saint Augustin : « Deux amours ont fait deux cités. L’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi ». Au-delà du génie de la formule, le paradigme de l’engagement du chrétien au service de la cité n’a pas changé depuis un siècle, et c’est justement ce qui rend l’enseignement sur le Christ Roi criant d’actualité.

La conception révolutionnaire de l’homme plonge ses racines dans deux traits lucifériens : la soif d’indépendance et le goût de la révolte. L’esprit de la révolution, fondamentalement, consiste à croire que la cité idéale est réalisable ici-bas. Croire que l’homme est indéfiniment en progrès grâce à la science et la démocratie. Au final, sa bonté naturelle n’est entravée que par des structures sociales inadaptées qu’il convient, selon les écoles, d’abolir ou de modifier. Alors seulement enfin couleront pour tous le lait et le miel et, dans un merveilleux vivre-ensemble, l’agneau se couchera en paix près du lion...

Monseigneur Gaume, né en 1802 et mort en 1879, avait ainsi défini la révolution : « Si, arrachant son masque, vous lui demandez : qui es-tu ? Elle vous dira : Je ne suis pas ce que l’on croit. Beaucoup parlent de moi et bien peu me connaissent. Je ne suis ni le carbonarisme, ni l’émeute, ni le changement de la monarchie en république, ni la substitution d’une dynastie à une autre, ni le trouble momentané de l’ordre public (...). Ces choses sont mes œuvres, elles ne sont pas moi. Ces hommes et ces choses sont des faits passagers et moi, je suis un état permanent. Je suis la haine de tout ordre que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout ensemble. Je suis la proclamation des droits de l’homme sans souci des droits de Dieu. Je suis la fondation de l’état religieux et social sur la volonté de l’homme, au lieu de la volonté de Dieu. Je suis Dieu détrôné et l’homme à sa place, l’homme devenant à lui-même sa fin. Voilà pourquoi je m’appelle Révolution, c’est-à-dire renversement… » : l’essentiel est dit ! La révolution, c’est l’homme qui se fait Dieu. C’est l’homme qui refuse tout ordre qu’il n’a pas lui-même établi, qui refuse tout déterminisme.

A l’inverse, la doctrine du Christ Roi part du réel, celui de notre condition humaine. Elle rappelle le sens des priorités et réaffirme en quoi consiste le juste ordonnancement d’une société. En ce sens, sans doute davantage encore qu’en 1925 hélas, Quas primas apparaît plus que jamais d’actualité dans la société liquide dans laquelle nous sommes noyés. A l’heure où beaucoup sont frappés par la perte de repères solides, l’encyclique vient redire aux hommes d’aujourd’hui, de façon saisissante, une vérité largement oubliée : la cause profonde des calamités humaines réside dans le rejet du Christ de la sphère publique, privée ou familiale. Abandonnant l’évangile et l’enseignement de l’Eglise, une large part de l’humanité a préféré se livrer à elle-même pour le résultat que l’on sait. Désormais, dans leurs décisions, Dieu n’a plus voix au chapitre.

Quas primas redit l’importance du combat contre-révolutionnaire : aller à contre-courant reste l’apanage du chrétien. Dans le tumulte du combat politique et du fracas des idées, il appartient donc aux fils de l’Eglise de ne pas s’égarer sur la méthode pour bâtir le règne du Christ. Selon la formule connue de Joseph de Maistre, dans ses Considérations sur la France publiées en 1797 : « La contre révolution ne sera pas une révolution contraire mais le contraire de la Révolution ».  Blessé par le péché originel, l’homme s’il est capable de Dieu et du sublime, n’en reste pas moins fragile individuellement. Et que dire socialement. Avec la conjonction des égoïsmes individuels, des passions et de toutes ses misères, le social reste par nature le décevant puisqu’il s’agit d’un corps de péché. L’art de rendre possible ce qui est nécessaire au Bien Commun, voilà le champ d’action de la haute et véritable politique. En rappelant la préséance de la royauté du Christ sur les sociétés, Pie XI n’ambitionne pas d’appeler à la construction d’un monde parfait mais plus modestement de remettre Dieu à la première place. Ce qui est, on en conviendra, un heureux commencement. Péguy disait très bien qu’on ne construira pas le Paradis sur la terre, mais que c’est beaucoup d’empêcher l’enfer de redéborder.

Le poète de la Beauce constatait encore que « Le spirituel fait son lit de camp dans le temporel ». L’oubli de la primauté du Christ sur la société a entrainé la sécularisation d’un nombre non négligeable de catholiques. Parmi eux, beaucoup ont fini par se convaincre que l’espace d’expression la parole de l’Eglise doit se cantonner aux sacristies ou aux chaires à prêcher. Tout au long des siècles, l’Eglise s’est pourtant toujours préoccupée de la vie des hommes. Il lui importe d’éclairer les consciences des uns et les jugements des autres parce qu’elle est désireuse de permettre à la personne humaine de vivre libre sous le regard de Dieu. Quas primas nous avait prévenu des incohérences du monde contemporain. L’encyclique offre encore pour notre présent le remède « pour qu’Il règne » ! Nous aurions tort de nous limiter à de seules considérations pieuses. Si notre monde va mal, c’est parce qu’il s’est affranchi du décalogue, des repères établis, tout au long des siècles, par la civilisation occidentale et chrétienne. Ora et labora, la prière et l’action culturelle : telle doit être notre réponse d’hommes de Foi face aux égarements de la postmodernité. « Malheur à l’insensé qui bâtit sa maison sur du sable ». Depuis le Christ, rien n’a changé. La parole du chrétien doit être celle qui donne du sens, qui revient au réel, qui s’inscrit dans le temps long parce qu’elle s’appuie sur le Christ Roi.

Le 1er juin 1941, le Pie XII rappelait, à l’occasion d’un discours prononcé le jour anniversaire des 50 ans de l’encyclique sociale du Pape Léon XIII Rerum Novarum, que « de la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le Bien ou le mal des âmes ». En appelant les baptisés à reconnaître et étendre le règne du Christ ici-bas, l’encyclique Quas Primas redit combien la politique, plutôt que de chercher à construire le paradis sur terre, consiste à endiguer le mal. Et, qu’en endiguant le mal, incontestablement le bien s’en trouve encouragé.

 

mercredi 21 octobre 2020

Annulation événement

Amis pèlerins, 

En raison de la situation sanitaire et des mesures de restriction, nous sommes au regret de devoir annuler notre Journée d'Amitié Chrétienne initialement prévue le samedi 21 novembre 2020.

 

 

vendredi 09 octobre 2020

Ce qu'elle a vu a tout changé : un film au coeur de l'actualité

Unplanned

Jeune étudiante issue d’une famille catholique, Abby Johnson s’engage comme bénévole au Planning Familial américain pour aider les femmes en détresse et défendre leurs droits. Son ardeur, son professionnalisme et sa détermination vont la propulser dans une carrière brillante de directrice de clinique du Planning Familial et porte-paroles du mouvement, jusqu’au jour où tout bascule… après 22 000 avortements pratiqués sous son autorité, elle vit l’expérience d’assister en direct sur un moniteur de contrôle à un avortement par aspiration à la 13ième semaine. La violence de ce qu’elle voit la sort avec la même brutalité de sa méprise sur la vérité de ses combats : de militante des droits de la femme, elle deviendra une pierre angulaire des mouvements pro-vie aux Etats-unis.

De facture très américaine, ce film d’inspiration autobiographique, n’en reste pas moins bouleversant. Il illustre bien les déviations éthiques inévitables d’un droit des femmes aussi biaisé que sacralisé : « un enfant si je veux quand je veux », comme l’exprime parfaitement le titre.

Rien n’est caché au regard du spectateur de la violence de l’acte, les metteurs en scène ont d’ailleurs sollicité parmi leurs acteurs un chirurgien qui avait pratiqué plus de 1000 avortements au-delà du 2ième trimestre de grossesse et une infirmière spécialisée : ce film est destiné à un public d’une certaine maturité, et pour les grands adolescents il nécessite à l’évidence d’être accompagné.

Unplanned incarne parfaitement le paradoxe de la psychologie humaine dévoyée par la certitude et la volonté de faire le bien alors même qu’elle pose des actes intrinsèquement mauvais dont elle n’est même plus consciente, et c’est là bien tout l’enjeu du film.

« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » pourrait résumer Unplanned : Abby Johnson est victime de la manipulation d’autorités politiques à l’idéologie mortifère et au diktat économique qui base toute la captation et l’activisme de ses agents du crime sur le chantage affectif.

Nul ne peut regarder ce film sans penser au Docteur Dor qui nous a quittés cette année : la reconnaissance par la directrice du planning familial  de l’impact des prières et des mobilisations devant les mouroirs infantiles sur le taux de fréquentation des salles d’avortement ne peut que rendre hommage à ce qui aura été le combat de tout une vie pour le Docteur Dor. Ne pas juger les femmes sous emprise mais les accompagner, combattre les instances supérieures seules responsables, sauver les enfants.

En ces jours de vote de l’allongement des délais de l’avortement, ce film est à promouvoir pour réveiller les consciences : il n’est jamais trop tard, le combat doit se poursuivre.

Unplanned, sorti en salle le 1er octobre, disponible en e-billet, ici

 

 

jeudi 08 octobre 2020

J'en avais rêvé, les moines me l’ont donné...

Samedi 3 Octobre, il est 10h, il pleut, il fait froid, je ne sais plus très bien pourquoi j’ai pris cette décision de faire une retraite : est-ce le sentiment d’une dette à honorer pour n’avoir pas marché vers Chartres à la Pentecôte ? Le besoin de fuir une lourdeur ambiante ? La soif d’autre chose ? Deux jours de silence… est-ce vraiment ce dont j’ai envie ?

« Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints » ! L’Abbé Garnier n’y va pas de main morte pour introduire ces deux jours de retraite prêchée sur la sainteté. Nous sommes loin des considérations sur les contraintes sanitaires qui submergent notre quotidien : l’objectif n’est pas ici de prendre soin de soi, mais de prendre soin du Bon Dieu, de le rejoindre dans la confiance qu’Il place en nous pour réaliser ce à quoi Il nous a appelés. C’est tout simplement ça la sainteté : un chemin d’amour, né et enrichi de l’attirance envers Dieu comme source première du Bien, de l’immensité de Sa bienveillance paternelle, de la volonté de faire non seulement ce qui est bon, mais encore mieux, ce qui Lui plait et de fuir le péché comme l’instinct de survie répugne à la maladie.

« Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit » : portables coupés, pas d’internet, ni sms, whatsapp, ni réseaux sociaux, l’on s’abandonne peu à peu… «  Vous êtes reçus ici comme le Christ » nous dit en souriant le Père Hôtelier en ouvrant grand ses bras pour nous inviter à rejoindre pour les femmes et les couples, de jolies petites maisons qui bordent l’abbaye, et pour les hommes qui le souhaitent, l’hôtellerie des moines. Les deux jours seront rythmés par des enseignements entrecoupés d’offices ; le temps est suspendu, en silence nous oscillons entre l’abbatiale, le confessionnal, la librairie, l’atelier de poterie, les enseignements de l’Abbé et la Lectio Divina de Dom Pateau qui témoigne ainsi de son accueil profondément paternel. Soigner l’âme sans négliger le corps : les nuits sont profondément reposantes et les repas savoureux, servis à table en même temps que quelques bonnes vies de saints !

Des enseignements concrets dans un langage très imagé : l’Abbé Garnier semble féru de voiture… « on ne monte pas en voiture pour rester du bon côté de la ligne jaune mais pour avancer, atteindre le but (l’amour de Dieu), avec du carburant (le Saint Esprit), un bon GPS (une conscience chrétienne bien formée dans la lumière de la Vérité), avec un volant (la prudence), une boite de vitesse (la tempérance), des rétroviseurs (la justice), un accélérateur (la force et la patience), un moteur (la charité), des phares (la foi, avec une fonction anti brouillard), des essuie glace (la contrition, la componction et la pénitence), des amortisseurs (l’Espérance théologale pour absorber les chocs), une bonne assurance (la Vierge Marie) et des dépanneurs / panneaux indicateurs, les prêtres ». La finalité et le mode d’emploi sont autrement plus simples et engageants que celui du port des masques et du respect des distances sociales assurant le grade de bon citoyen…

Mais la route est-elle fiable ? L’Eglise est-elle vraiment sainte et donc à suivre malgré tous les scandales qui l’ont éclaboussée, la baisse des vocations, la ruine du culte, la fermeture des églises et le refus de la communion par peur de la maladie…? « Oui !, nous répond l’Abbé, le Christ a promis l’indéfectibilité de l’Eglise mais n’a jamais promis que tous les hommes d’Eglise prendraient les meilleures décisions possibles. L’Eglise est donc bien sainte car son fondateur Jésus-Christ est Saint : elle est sainte par sa doctrine, par son culte, sa loi de charité, de justice et de miséricorde, la sainteté de certains de ses enfants », rappelant les propos de l’Abbé Coiffet : « Ce n’est pas nous qui sauvons l’Eglise, c’est l’Eglise qui nous sauve ». Devant les imperfections de sa gouvernance, il suffit donc de rester lucide sans devenir amer. Le chrétien n’est pas un mouton de panurge mais une brebis du troupeau du Seigneur, et même s’il se doit d’être respectueux, il est libre !  Quelle bouffée d’oxygène que de l’entendre dire …

Les saints français sont ceux de la confiance (Brasillach), les saints du XXIIème siècle seront ceux de l’Espérance. En soldats du Christ (Peguy), sachons être de paisibles insatisfaits, capables de bousculer mais aussi d’accueillir les épreuves comme des purifications pour la vie théologale lorsque les choses ne dépendent pas de nous : la sainteté est un don de Dieu, elle est la confiance absolue dans la plénitude des bienfaits qu’Il nous donne. Pratiquons l’écologie spirituelle en cultivant des zones de sainteté comme nous y invite Benoît XVI : des espaces pour la liturgie, des exercices de piété, des pèlerinages qui sont autant des forces de résistance que des zones de protection et de rayonnement du Bien.

Quel meilleur remède à la morosité que de se retirer du monde pendant 48h pour tourner les yeux vers le Ciel ? Nous étions particulièrement nombreux cette année à tel point que les inscriptions ont été assez vite fermées : le vide anesthésiant que nous imposent nos gouvernants n’y est sûrement pas pour rien. La main de Dieu est omniprésente à Fontgombault : du murmure de ses chants grégoriens à la lumière tamisée de ses vitraux, de la chaleur si paradoxale de ses murs glacés à la douceur paternelle de ses confessions. Tant de grandeur et de simplicité donnent des ailes, celles de devenir saint ! 

Un retraitant

 

mercredi 07 octobre 2020

In Memoriam Dom Antoine Forgeot.

Le 15 août dernier, nous réapprenions l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie. Et nous apprenions le départ de Dom Forgeot à l'éternité.

Il est difficile d'écrire sur un Père Abbé, un religieux dont la première caractéristique est l'humilité et le «retrait du monde». Autant gloser sur la vie cachée du Seigneur à Nazareth... Toutefois nous avons les Evangiles dont celui de St Luc sur cette période de la vie du Seigneur. De même nous avons quelques aperçus sur la vie monastique bénédictine. Et quelques confidences recueillies nous permettent de saluer d'ores et déjà la mémoire du Père Abbé émérite. En attendant, s'il plait à Dieu, la parution d'une biographie plus ample et détaillée.

Dom Antoine Forgeot est né au sein d'une famille basque, comptant plusieurs militaires[1]. Il avait fait profession dans l'ordre de Saint Benoit, le 15 août 1955, et avait été ordonné prêtre en 1964. 3 attitudes nous retiendront surtout ici ; douce fermeté, humilité et joie.

Douce fermeté

Comme ses prédecesseurs, Dom Forgeot eut à cœur de maintenir une « via media », dans la double fidélité aux traditions monastiques bénédictines et au Saint Siège. Il rejoignait là-dessus la pensée et l'action du Cardinal Ratzinger, qui était venu présider un colloque sur la liturgie à l'Abbaye, en 2001. Devenu pape, et recevant Dom Pateau et son prédecesseur, Benoit XVI avait seulement dit au nouveau supérieur; « Demeurez fidèle à l'héritage du cher Père Abbé ».

L'abbaye était une de ces micro-chrétientés devenues aujourd'hui vitales[2], des «zones de protection et de résistance[3]» évoquées par le Saint Père. Cette fidélité étant indissociable de la fécondité spirituelle, Fontgombault deviendra sous son abbatiat « mère » de 3 abbayes filles ; Randol, Triors[4], Clear Creek, Gaussan (puis Donezan).

Humilité

Elu et installé en 1977 comme 3Ème Abbé de Fontgombault[5], après Dom Edouard Roux et Dom Jean Roy, il se voulait héritier de Dom Gueranger, Dom Delatte, et Mère Cécile Bruyère.

La bénédiction abbatiale est constitutive (donnée une fois pour toute, perpétuellement, à une personne), l'exercice de la charge est transmissible. Ceux qui ont exercé une charge et l'ont transmise ensuite connaissent le dernier temps de l'autorité; l'effacement. Dom Forgeot a connu cet effacement. Il faut une vraie maturité spirituelle pour reprendre alors sa place dans un ensemble que l'on a conduit auparavant. Maturité d'autant plus grande que l'on a plus intensément exercé cette charge. En effet, le rayonnement d'une abbaye et de son supérieur, en temps de crise dans l'Eglise et la  vie religieuse, dépasse souvent la clôture. Combien de communautés naissantes ou éprouvées, de familles, de clercs et de fidèles ont trouvé une oasis à l'Abbaye, et un conseil, un encouragement, une lumière auprès de son Abbé...

Cette humilité transparaissait peut-être spécialement chez lui dans la célébration de la messe. Il était tout en même temps effacé derrière le Christ Prêtre en la Personne duquel il agissait – et pleinement absorbé, appliqué, imprégné du Saint Sacrifice qu'il offrait.  «Lorsqu'on voyait le Père Abbé célébrer, on était frappé à la fois par sa grande fidélité aux rubriques liturgiques, et aussi par son intériorité, par son effacement pour être le plus transparent possible au mystère. Il était comme une fenêtre ouverte sur Dieu[6]».

Joie

Cette allégresse spirituelle qu'évoque la Règle, il en était irradié, et irradiant, notamment dans son regard pétillant et vif. Il avait dit simplement, avec un air malicieux, en donnant l'accolade à un frère nouvellement entré ; «Ah, enfin... Depuis le temps que je vous attendais!»

Oubli de soi.

Dans les derniers jours, Dom Forgeot avait dit comme en passant, à qui demandait des nouvelles de sa santé; «Oh, ça ne va pas...» Puis, tout juste après, il avait repris un autre sujet. Comme si parler de soi lui avait échappé.

2 jours avant son décès, il a été hospitalisé pour des difficultés respiratoires. Après plusieurs réanimations, il s'est éteint. Son corps transferé à l'abbaye a été veillé par ses frères de la communauté, de son retour à ses funérailles. En effet, la charité des moines « fait corps » visiblement dans la prière autour de chaque membre lors des étapes majeures de sa vie religieuse – et notamment au jour de son entrée à l'éternité. Ce jour, nos anciens dans la foi, éclairés et affermis par l'esperance et les fins dernières, l'appellent « dies natalis », anniversaire de naissance.

 

Touchante coincidence, Dom Forgeot a été rappelé à Dieu le 15 août. « Assomption de la Ste Vierge Marie... Fruit du Mystère ; la grâce d'une bonne mort », dit-on au fil du Rosaire...

Cette expression parle-t-elle encore ? L'instant ultime ne nous appartient pas absolument ; « on ne connait ni le jour ni l'heure ». Or l'enjeu est de taille, puisqu'à cet instant, l'âme se sépare du corps. Et dans cet état fixe et définitif, elle paraît devant Dieu son souverain juge. Moment clé donc, qu'on ne peut assurer complètement par soi-même. Mais par une autre, bien et mieux placée que nous. « Priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort »... Oui, c'est bien Notre Dame qui prie pour que l'instant où l'âme se sépare du corps soit aussi l'instant où elle est unie par la grâce à son Créateur.

Il avait développé cette demande de l'Ave Maria dans une belle prière inspirée, pleine de tendresse filiale et virile;

« Notre-Dame du Bien-Mourir, Mère de Jésus et notre Mère, c’est avec la simplicité des petits enfants que nous venons à vous pour vous confier nos derniers instants et notre mort. (…) Mais pour que nous puissions affronter dans la paix cette ultime épreuve, si rude à notre nature, soyez aussi pour nous Notre-Dame du Bien-Vivre. » Parmi les milliers de personnes qui la récitaient chaque jour, j'ai connu un colonel de troupes de marine qui avait souvent cotoyé de près ce passage à l'éternité.

Le chrétien ne devance pas l'heure de Dieu, et le temps de l'Eglise. Il laisse place à son jugement. Mais il peut demander, dans l'esperance, « le lieu de rafraichissement, de lumière et de paix » pour l'un de ses frères. Et il peut prier Dieu de manifester selon sa volonté aux hommes l'union achevée d'une âme avec Lui. De manière privée, individuelle et discrète, mais de tout cœur.

Nous confions le repos de l'âme de Dom Forgeot à la Mère de Miséricorde. Il achevait aux pieds de cette Reine du ciel chaque jour de sa vie terrestre... Alors, achever le « jour de cette vie ici-bas » le 15 août est sans doute  l'ultime regard miséricordieux de Notre Dame posé sur son fils, comme un clin d'oeil maternel et providentiel. Requiescat in pace, amen !

 

 


[1]            Auguste Forgeot (1874-1927), lieutenant-colonel d'artillerie et maire-adjoint d'Anglet, lui-même fils du Colonel d'artillerie Lucien Forgeot.

[2]            L'Homme Nouveau rapporte judicieusement les mots de Dom Forgeot sur l'institution monastique « qui donne l’exemple d’une petite société chrétienne, dans laquelle tout est organisé pour que soit reconnue la Royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ : saint Benoît ne veut dans son monastère que des gens décidés à militer pour le Seigneur Christ, le vrai Roi, il le dit dès le début de sa Règle. »

[3]    Benoit XVI, Le sel de la terre. Entretiens avec Peter Seewald.

[4]            La fondation a demeuré sous Dom Jean Roy. Elle fut conclue par Dom Antoine Forgeot, qui procéda à la nomination et l’installation de son premier Abbé en la fête de l’Annonciation 1981.

[5]            Depuis 1948, date de la reprise de la vie bénédictine à l'Abbaye.

[6]    Dom Jean PATEAU, Article in memoriam à Famille Chrétienne.

mercredi 30 septembre 2020

Le pèlerinage Feiz e Breizh a encore été un succès !

Les bannières de la chrétienté bretonne ont quand même vibré en cette fin septembre 2020 !

L’amoncellement chronique des mesures restrictives, s’alignant avec toujours plus de zèle et de vigueur, aura eu raison de notre engagement à maintenir la troisième édition de Feiz e Breizh, qui s’annonçait pourtant comme une réussite après des mois de diète de vie spirituelle en plein air.

Alors, pour porter les désillusions des pèlerins, leurs prières, et vivifier notre foi, fidèles à la piété bretonne, nous avons marché, oriflamme en tête, le cœur vaillant toujours tourné vers sainte Anne. Ainsi, une trentaine de membres de l’organisation du pèlerinage Feiz e Breizh, accompagnés par leurs familles, ont-ils pu pèleriner, sous un soleil de circonstance, sur les chemins de Bretagne, pour plaire à Dieu et perpétuer dans la Tradition notre œuvre missionnaire.

Bertrand de TINTÉNIAC - Président du Feiz e Breizh

 
 
 
 

mardi 29 septembre 2020

9ème et dernier jour de la Neuvaine à St Michel en l'honneur des Anges

Glorieux Archange Saint Michel, vous êtes le grand zélateur de la gloire de Dieu et protecteur de l'Eglise universelle.

Le Tout-Puissant vous a confié la mission de recevoir les âmes à la sortie du corps, pour les présenter au très juste Juge. Daignez me secourir dans mon dernier combat.

Accompagné de mon bon Ange gardien, venez à mon aide, et chassez loin de moi tous les esprits infernaux.

Ne permettez pas qu'ils m'épouvantent alors. Fortifiez-moi dans la Foi, l'Espérance et la Charité, afin que mon âme portée par vous à son juge, soit introduite aussitôt au lieu du repos, pour y régner éternellement avec son Rédempteur. Amen.

Saint Michel Archange, vous introduisez les âmes dans la lumière éternelle. A chaque seconde, des âmes quittent cette terre d'exil, soyez auprès des agonisants qui livrent le dernier combat contre le prince du mensonge et du mal, qui voudrait les entraîner dans l'abîme. Avec la Vierge Marie, soyez auprès de nous pour nous assister à l'heure du grand passage vers l'éternité. Présentez notre âme au Dieu de Miséricorde et d'Amour. Amen.

Me confiant en l'intercession de votre Bienheureux Archange Saint Michel, je vous supplie, Seigneur, de m'accorder la grâce que le pèlerinage de Chrétienté 2021 se déroule dans de bonnes conditions selon la volonté de Dieu, pour l'extension du règne du Christ, la liberté de l'Eglise, le maintien de la chrétienté, de la tradition et de la mission, et la conversion des nations.

Saint Michel Archange, de votre lumière éclairez-nous. De vos ailes, protégez-nous. De votre épée, défendez-nous.