Méditation sur le temps présent à la lumière de St Paul

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« Nous sommes fous à cause du Christ, vous êtes sages dans le Christ. »

Corinthiens, IV, 9-13

Devenir fou… c’est tout un programme.

Hier on entendait; Ils sont fous ces romains… Aujourd’hui on entendra (peut-être); Ils sont fous ces tradis…

Mais au fait, qu’est-ce qu’un fou?

«Un fou n’est pas quelqu’un qui a perdu la raison.

Un fou c’est quelqu’un qui a tout perdu, excepté la raison», disait Chesterton.

Et bien oui, nous sommes fous.

Et ce n’est pas la première fois que l’injure est relevée en titre d’honneur dans l’histoire, celle de l’Eglise comme celle de notre civilisation. Permettez-moi donc un nouvel éloge de la folie.

Fous, nous voulons l’être à la manière de St Paul. Fous, oui, mais à cause du Christ.

Si l’on nous objecte l’obéissance, ou la sainte indifférence… Nous n’esquiverons pas.

Nous demeurerons dans l’obéissance éclairée, celle qui s’appuie et s’éclaire sur l’instinct de la foi, inséparable du sens de l’Eglise..

Nous demeurerons dans la sainte indifférence, qui n’est pas n’importe quelle indifférence ou  apathie.

Nous voulons rester dans la folie de la pleine et vivante Tradition, qui construit par transmission et fidélité. Nous avons trop vu le mal de détruire ou laisser détruire, par rupture et lâcheté.

Donc oui, Ils sont fous, ces tradis… Et nous en sommes.

Quel « spectacle » donnerons-nous à Dieu, au monde, aux anges et aux hommes?

Celui d’enfants de l’Eglise, ce que nous sommes et voulons demeurer. Nul parmi nous ne regarde comme négligeable l’appartenance «de corps et de coeur», visible et invisible, à l’unique Eglise de Dieu. Ce n’est pas nous qui la sauvons, c’est elle qui nous sauve.

Enfants, oui… mais pas puérils, pas serviles. Soyez des enfants, des innocents pour ce qui est de la malice, mais soyez des adultes, des prudents sous le rapport du jugement[1].

Brebis du troupeau obéissants aux pasteurs légitimes, mais pas moutons aveugles atteints du syndrôme de Stockolm.

Vous n’avez pas reçu un esprit de timidité, mais d’amour, de force et de sagesse[2].

Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez courageux, soyez forts[3].

Pour ce temps-là, mais aussi pour notre temps, entendons le Seigneur nous redire; Ne craignez pas, petit troupeau. Ne craignez pas… La crainte ou la prudence simplement mondaine, terrestre, nous y sommes exposés. Comme nous risquons, à l’inverse, l’imprudence ou la témérité. Saint Pierre le premier est passé par ces 2 travers, de Césarée à Gethsemani.

Mais au milieu et au sommet reste l’abandon qui vient de piété et de force. C’est une corde raide, certes – mais c’est là que nous voulons tenir et nous tenir, avec la grâce de Dieu.

« Ce n’est pas pour vous faire honte que j’écris cela… »

« Vos noms seront voués au déshonneur…

Nous n’avons qu’un honneur au monde, c’est l’honneur de Notre Seigneur. (…)

Nous n’avons qu’un amour au monde, c’est le Coeur de Notre Seigneur. »

Nous avons souventes fois chanté cela aux clartés de la flamme, à la veillée.

Et bien peut-être le temps viendra-t-il de le chanter dans les actes, dans la conduite.

Et pour «chanter juste», pour «sourire et siffler dans les difficultés[4]», tournons-nous maintenant vers le Seigneur qui vient. Adorons-le, reprenons souvent cette « attitude de verité » devant notre Créateur.

Avec les Impropères du Vendredi Saint, comme au fil du chapelet de la Miséricorde divine, et ici au pied de l’autel, nous implorons votre pitié, «Dieu saint, Dieu fort, Dieu immortel».

« Je suis faible tu m’aimes, je servirai,

Ta force est dans mon âme, je maintiendrai.[5] »


Abbé Garnier

[1]     I Corinthiens, XIV, 20.

[2]     II Timothée, I, 7 et Romains, VIII, 15.

[3]   I Corinthiens, XVI, 13.

[4]     Baden Powell, Loi scoute.

[5]   Chant de la promesse.

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