histoire
du pèlerinage

Pourquoi pèleriner vers Chartres ?

LA RELIQUE DU VOILE DE LA SAINTE VIERGE Depuis le IXe siècle, LA VÉNÉRATION DU VOILE DE NOTRE-DAME RESTE LE LIEU ULTIME DE LA RENCONTRE DU PÈLERIN AVEC SA TENDRE MÈRE DU CIEL : Notre-Dame du pilier, Notre-Dame de la belle verrière et Notre-Dame sous terre accueillent leurs enfants pour alléger leur fardeau.

Notre-Dame de Chartres :
écrin d’une relique du voile
de la Sainte Vierge

En 876, Charles le Chauve, roi de France et empereur d’Occident, donne à Chartres une relique insigne qu’il tient de son grand-père Charlemagne : le voile de la Vierge Marie.

Selon la tradition, ce voile, porté par la sainte Vierge lors de l’Annonciation et de la Nativité, aurait été conservé à Constantinople, avant d’être donné par l’impératrice d’Orient… Il s’agit d’un morceau de soie crème unie de 5,35m sur 0,46m, daté du premier siècle. 

S’il est épargné par l’incendie de 1194 qui ravage la cathédrale et sera l’origine indirecte de la reconstruction magnifique que nous pouvons admirer aujourd’hui – en restant protégé par des moines pendant trois jours dans la crypte – il n’échappe que partiellement à la fureur révolutionnaire de 1793. Découpé, seuls deux morceaux sont parvenus jusqu’à nous, visibles aujourd’hui dans le grand reliquaire, dans la chapelle absidiale de gauche, ou le petit reliquaire, à la crypte.

histoire de la
cathédrale de Chartres

La cathédrale
de fulbert

À la suite de l'incendie de 1020 l'évêque fulbert décide de reconstruire la cathédrale selon un parti audacieux et novateur pour en faire un des principaux centre de pèlerinage de l'europe médiévale vers les trésors de chartres, sa statue miraculeuse, le voile de la vierge et le puits des saints-forts.

Le parti de la reconstruction est roman mais avec un parti original et des dimensions considérables pour l’époque. L’édifice fait 120 mètres de long et se termine par une abside à déambulatoire et chapelles rayonnantes, modèle de nombreux édifices ultérieurs.

L’architecte a judicieusement conçu deux églises en une : l’église supérieure plus classique à fonction de cathédrale et l’église souterraine encore visible aujourd’hui consistant en deux longs couloirs partant de la façade occidentale pour conduire les pèlerins dans le déambulatoire où se trouvaient le puits et les reliques.

La cathédrale
gothique

C'est encore un incendie en 1196 qui ravagea la cathédrale romane de Fulbert, épargnant la partie souterraine et qui motiva la reconstruction, pour en faire le modèle du gothique classique du début du xiiie siècle.

De nombreux éléments testés ici par le maître de Chartres devinrent iconiques dans l’architecture gothique : les piliers circulaires entourés de quatre colonnettes, l’élévation intérieure à trois niveaux jouant des contrastes entre l’ombre du triforium continu et la lumière des fenêtres hautes. De nombreux éléments conservés comme le portail royal montrant le Christ bénissant entouré du tétramorphe et des vieillards de l’Apocalypse, ou les peintures intérieures, trompe l’oeil d’appareillage de pierre, font de cet édifice un témoin précieux de l’architecture sacrée des XIIe et XIIIe siècle.

éclosion spirituelle de chartres

« nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants »

(Bernard de Chartres)

La fortune du pèlerinage de chartres vit aussi l'éclosion spirituelle et intellectuelle de la ville avec son école cathédrale.

Bernard de Chartres, philosophe du début du XIIe siècle est emblématique de cette renaissance. Par sa phrase devenue célèbre « Nous sommes comme des nains juchés sur les épaules de géants. », il concilie les grands auteurs antiques avec la philosophie chrétienne, mais également insiste sur la complémentarité entre Ancien et Nouveau Testament. Les vitraux des fenêtres sous la rose sud montrent les évangélistes juchés sur les épaules des prophètes qui ont annoncé la conception virginale du Christ.

naissance d'un
pèlerinage de
dévotion mariale

« Prie bien, ma chère petite, pour le succès du pèlerinage de Chartres dont je vais faire partie et qui groupera de nombreux pèlerins de notre belle France aux pieds de la très Sainte Vierge, afin d’obtenir les grâces dont notre Patrie a tant besoin pour se montrer digne de son passé. »

Louis Martin, père de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, 1872

Même s’il existe déjà depuis plusieurs siècles, le culte de Notre-Dame à Chartres prend très vite une ampleur gigantesque : les miracles qui se multiplient entretiennent la foi vive du Moyen-Age. Marie guérit des maladies, protège la ville, et… veille sur les femmes enceintes.

Au XIIie siècle, la dévotion de saint Bernard et de nombreux saints à la Vierge transforme l’Occident : des églises et des cathédrales sont érigées partout en son honneur.

Le voile, devenu dans la mémoire populaire « la chemise de la vierge », conservé sur l’autel de la cathédrale attire les foules, qui processionnent le plus près possible, dans le grand déambulatoire, dans un joyeux tumulte dont tenteront de se protéger toujours plus les chanoines de céans en s’enfermant dans le chœur… 

Cette affluence des pèlerins sera la source des dons qui ont permis la construction de cette cathédrale-reliquaire, où aucun prince ni clerc ne put jamais prétendre être enterré, en respect du mystère de l’Assomption de Marie.

Pourtant, humbles anonymes, malades ou pécheurs, bourgeois et seigneurs, rois de France et d’Angleterre – dont saint Louis, venu cinq fois à Chartres en pèlerinage, et Henri IV qui y fut sacré (au lieu de Reims comme le veut la coutume) – princes et prélats, fidèles de toutes conditions.

tous viennent se recueillir auprès de celle qui peut les guérir, mais surtout les aider à progresser dans le pèlerinage de leur vie terrestre jusqu’au ciel vers lequel s’élancent les flèches audacieuses.

charles péguy initiateur
du renouveau

Après un déclin puis les heures sombres de la Révolution, le pèlerinage renaît lors progressivement avec le couronnement de Notre-Dame du Pilier en 1855, l’anniversaire de la consécration de la cathédrale en 1860 suivi du millénaire de la donation du voile en 1876.

Les grands auteurs de la fin du XIXe s’y attachent ; Huysmans, en pleine conversion, publie en 1898 La Cathédrale, expression de l’union de l’esthétique et du spirituel qui fera dire à Mauriac qu’il « avait réintroduit Chartres dans la vie spirituelle française ». Suivront Jacques et Raïssa Maritain sur les conseils de Léon Bloy, Ernest Psichari, Paul Claudel, François Mauriac, Henri Massis, Robert Brasillach et tant d’autres qui ressentent tous le même accomplissement résumé par Guy de Larigaudie

“Lorsque tu seras seul à Paris, avec deux jours libres devant toi, va à Chartres, on en revient meilleur”.

charles péguy

Parmi eux, Charles Péguy trouve une place toute particulière : en 1912, son fils tombe gravement malade ; Péguy, harassé par des difficultés professionnelles et personnelles, part à Chartres avec son ami Alain Fournier alors en pleine écriture du Grand Meaulnes : c’est à pieds qu’ils feront les 144 km qui les séparent de la cathédrale, réactivant ainsi la pratique médiévale de la marche.

« J’ai fait un pèlerinage à Chartres. Je suis Beauceron, Chartres est ma cathédrale… Notre Dame m’a sauvé du désespoir »

C’est ce pèlerinage qui, par la suite, au-delà de l’œuvre poétique qu’il a inspirée, est à l’origine de la véritable reprise des pèlerinages de Chartres.

Dès 1935, Jean Aubonnet crée le grand pèlerinage des étudiants de Paris qui atteindra jusqu’à 15 000 pèlerins dans les années 60.

L’habitude se prit de marcher à la Pentecôte avec un thème de méditation. Ce pèlerinage connut ensuite un certain déclin avec la baisse de la pratique religieuse après le concile Vatican II.

En Juillet 1982, lors de la 3e Université d’été du Centre Henri Charlier, Bernard Antony et Rémi Fontaine ont l’idée de relancer le pèlerinage en imprimant leur propre style : ce sera la Pentecôte 83, le pèlerinage du Centre Charlier est né.

La conception est confiée à Rémi Fontaine et Alain Brossier, l’organisation matérielle à Max Champoiseau, la direction spirituelle est assurée par un aumônier. 

« France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »

En 1983, tous les catholiques avaient en mémoire les mots de Jean-Paul II, le 1er juin 1980, au Bourget devant les catholiques français : « France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »

Le 13 mai 1981, Jean-Paul II avait subi une tentative d’assassinat, jour anniversaire de la première apparition de Fatima le 13 mai 1917. Il en réchappait par miracle. Cet attentat avait lieu 6 ans après la dépénalisation de l’avortement par la loi Veil en 1974 sous Paul VI où l’Eglise de France était restée quasiment silencieuse devant une transgression majeure du Décalogue. Pourtant, le 25 juillet 1968, dans l’encyclique Humanae Vitae, Paul VI avait rappelé, contre beaucoup, la loi de Dieu sur le mariage et la régulation des naissances.  Tous ces faits étaient bien connus des fondateurs du pèlerinage en 1983. Ils voulaient réveiller la France, lutter contre la déchristianisation, contre le communisme. 

Devant les effets désastreux des nouvelles expériences liturgiques, catéchétiques, pastorales, … le pèlerinage traditionnel de chrétienté voulait dès ses premiers jours être une œuvre de conversion et de reconquête dans un temps de crise.

Du Centre Charlier
à Notre-Dame de Chrétienté

Les fondateurs du pèlerinage du Centre Charlier ont naturellement plusieurs inspirations :

Celle des frères Charlier :  Henri, sculpteur et peintre, auteur très engagé sur les combats intellectuels de son époque, et André, directeur de l’école des Roches notamment à Maslacq pendant la guerre. Grand éducateur, il veut forger une nouvelle génération  permettant une reconquête morale, catholique et française.

Celles des traditions étudiantes, scoutes, des pèlerinages européens et de celui de Czestochowa

Celle de Péguy, « prier pour que France et chrétienté continuent », pour activer le réveil de la France, fille aînée de l’Eglise, et particulièrement de sa jeunesse.

1985 

les pèlerins entrent exceptionnellement dans la cathédrale pour y entendre Dom Gérard parler de « notre Czestochowa national » et leur proposer « demain la Chrétienté ». Le Cardinal Gagnon, préfet de la congrégation pour la famille, adresse au pèlerinage un message de soutien : « que ce pèlerinage composé essentiellement de jeunes soit le symbole de la Chrétienté en France » .

L’année suivante les pèlerins ne seront à nouveau plus autorisés à rentrer dans la cathédrale.

Le parvis et tout le pourtour de la cathédrale suffisent tout juste à accueillir les dizaines de milliers de pèlerins qui n’ont toujours pas le droit de rentrer dans la cathédrale. Il faudra attendre 1989, après la Lettre apostolique Ecclesia Dei de Jean-Paul II, pour que le pèlerinage de Chrétienté puisse enfin entrer dans la cathédrale pour la Sainte Messe. 

1988 

1990 

Le primat de Pologne, Mgr Glemp envoie un message d’amitié : « le chemin des pèlerins vers la nouvelle Europe Chrétienne va de Compostelle à Czestochowa, par Chartres ».

Création de l’Association Pèlerinage de Chrétienté ; pour la première fois les pèlerins sont accueillis par l’Evêque de Chartres, Mgr Perrier, en présence du Cardinal Mayer, président de la Commission Ecclesia Dei : « le Saint-Père m’a chargé de vous transmettre sa chaleureuse salutation et sa bénédiction qu’il accorde à tous les participants de ce pèlerinage » 

1991 

pourquoi
faire un pèlerinage ?

En juin 1912, Charles Péguy entreprend son pèlerinage à Chartres ; ses mots résument tout :

« DÈS QUE JE L’AI VU, ÇA A ÉTÉ UNE EXTASE. JE NE SENTAIS PLUS RIEN, NI LA FATIGUE, NI MES PIEDS. TOUTES MES IMPURETÉS SONT TOMBÉES D’UN SEUL COUP, J’ÉTAIS UN AUTRE HOMME, J’AI PRIÉ COMME JE N’AVAIS JAMAIS PRIÉ, J’AI PU PRIER POUR MES ENNEMIS ».

Si tout homme est spirituellement un pèlerin sur la terre, prendre la route de Chartres est une décision personnelle qui permet de rejoindre physiquement, même si ce n’est que pour un temps limité, cet état spirituel d’HOMME QUI MARCHE VERS SA DESTINÉE ÉTERNELLE.

Marcher, c’est terre à terre. Et pourtant cette marche-là nous mène aux portes du Ciel ! C’est, pour un certain temps, se mettre dans un état de pauvreté volontaire. OUBLIER L’ACCESSOIRE, PENDANT TROIS JOURS. RETROUVER DANS LA SIMPLICITÉ DES LYS DES CHAMPS, QUI, SELON LA PARABOLE DU CHRIST, bien qu’ils ne se préoccupent pas de quoi sera fait le lendemain, sont plus somptueusement vêtus que Salomon dans toute sa gloire !

Marcher, occuper le corps pour libérer l’esprit. Il faut avoir fait cette expérience pour savoir ce qu’elle représente : MARCHER, DANS LA PAUVRETÉ, PERMET DE SE RETROUVER SOI-MÊME, LOIN DES PRÉOCCUPATIONS DE TOUS LES JOURS. Pèleriner présente également un côté ascétique. A certains moments, il est difficile d’avoir abandonné tout confort, difficile de subir le froid de la nuit et la chaleur de midi, la fatigue de la route et la soif de tout le jour, difficile de dominer parfois sa douleur physique pour aller vers le but que l’on veut atteindre. Il est cependant possible, avec le Christ, d’entrer par cette petite porte dans le grand mystère de la souffrance

“IL DÉPEND DE NOUS QUE L’ETERNEL NE MANQUE POINT DE TEMPOREL, QUE LE SPIRITUEL NE MANQUE POINT DE CHARNEL, IL FAUT TOUT DIRE, C’EST INCROYABLE, QUE L’ÉTERNITÉ NE MANQUE POINT D’UN TEMPS, QUE L’ESPRIT NE MANQUE POINT DE CHAIR, QUE JÉSUS NE MANQUE POINT D’EGLISE DE SON EGLISE. IL FAUT ALLER JUSQU’AU BOUT : QUE DIEU NE MANQUE POINT DE SA CRÉATION”

Charles Péguy, le porche du mystère de la Deuxième Vertu.