III – LA FONCTION PROPHETIQUE DE LA FAMILLE

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La famille chrétienne vit son rôle prophétique en accueillant et en annonçant la parole de Dieu; elle devient ainsi chaque jour davantage une communauté qui croit et qui évangélise (F.C. 51).

Pourquoi parler de mission prophétique ? Parce que l’enseignement prophétique est un enseignement qui ne s’appuie pas premièrement sur les compétences que l’on a mais sur la mission à remplir. Il ne s’appuie pas sur les propres connaissances ou sur l’expérience de celui qui enseigne, et celui qui le reçoit peut ne l’assimiler que partiellement. Le prophète est « envoyé » pour témoigner de la Foi, de l’Espérance et de la Charité.

TEMOIGNAGE DE LA FOI

Il y a d’abord un témoignage de la foi en famille. Les parents doivent comprendre dans la foi que les liens avec leurs enfants ne sont pas seulement naturels mais des liens divins. Ils sont auprès de leurs enfants des témoins du Christ et quelles que soient les circonstances, le ministère d’évangélisation qui leur revient est original et irremplaçable (F.C. 53). Bien plus, cette nécessité absolue de la catéchèse familiale émerge avec une force singulière dans certaines situations (F.C. 52).Là où une incroyance diffuse ou bien un sécularisme envahissant rendent pratiquement impossible une véritable croissance religieuse, cette sorte d’Eglise qu’est le foyer reste l’unique milieu où enfants et
jeunes peuvent recevoir une catéchèse authentique
(Catechesi Tradendae – 68 – Jean-Paul II).

Les parents sont éducateurs de la vie chrétienne et s’ils demandent à des catéchistes de les aider, parce qu’ils ont besoin de coopération, ils sont et restent les premiers responsables. Sur le contenu et la méthode de cette catéchèse on ne peut ici que renvoyer à l’exhortation « Catechesi tradendae » que tous les parents devraient connaître et avoir étudiée. Dans ce texte, après avoir rappelé l’importance du
témoignage de vie chrétienne, qui aide les membres de la famille à croître dans la foi, le pape ajoute : « mais il importe d’aller plus loin ; les parents chrétiens s’efforceront de suivre et de reprendre dans le cadre familiale la formation plus méthodique reçue ailleurs. Le fait que ces vérités sur les principales questions de la foi et de la vie chrétienne soient ainsi reprises dans un cadre familial imprégné d’amour et de respect permettra souvent de marquer les enfants de manière décisive et pour la vie. Les parents eux-mêmes profitent de l’effort que cela leur impose, car dans un tel dialogue catéchétique chacun reçoit et donne.
La catéchèse familiale précède donc, accompagne, enrichit toute autre forme de catéchèse. Aussi les parents chrétiens ne feront-ils jamais assez d’efforts pour se préparer à ce ministère de catéchistes de leurs propres enfants et pour l’exercer avec un zèle infatigable ».

Ce rappel de Jean-Paul II prend une force particulière à l’heure où, on ne peut le nier, règne un certain malaise engendré par les « voies nouvelles de l’enseignement Centre Henri et André Charlier Association Notre Dame de Chrétienté catéchétique, la liberté illimitée de recherche et d’expression théologique… le silence sur certains points plus délicats ou moins aisés à défendre : le péché originel, la virginité de Marie, la résurrection, la vie éternelle, le péché… « Ce sont là les termes du Cardinal Garrone, à l’époque préfet de la Congrégation de l’éducation catholique qui ne craignait pas dans son ouvrage « L’Eglise », de souligner et encourager la nécessité d’une saine réaction des familles, résistance qu’il « est, dit-il, impossible de considérer comme illégitime« .

La fonction prophétique implique un enseignement mais aussi des gestes prophétiques.
Le langage est insuffisant pour exprimer adéquatement l’amour et les vérités divines. Le Christ a enseigné par la parole mais aussi par les gestes : Cana, l’expulsion des vendeurs du temple… Les gestes de la famille doivent aider à se servir de la vie quotidienne comme d’un tremplin vers une présence invisible. On ne peut rien proposer ici de systématique, mais il faut rappeler que certains gestes sont des signes de la vie chrétienne : baiser le crucifix est un signe de reconnaissance de cette présence invisible, se mettre à genoux est l’attitude normale de la demande et de l’adoration…

Le ministère d’évangélisation et de catéchèse qui incombe aux parents doit accompagner la vie des enfants… La famille devient ainsi le meilleur séminaire de la vocation à une vie consacrée au Royaume de Dieu (F.C. 53). Il doit accompagner les enfants dans les
moments parfois difficiles. De même que, dans l’Eglise, le travail de l’évangélisation ne s’effectue jamais sans souffrance pour l’apôtre, de même dans la famille chrétienne, les parents doivent affronter avec courage et grande sérénité d’âme les difficultés que leur ministère d’évangélisation rencontre parfois auprès de leurs propres enfants (F.C. 53).

« L’Eglise domestique est appelée à être
un signe lumineux de la présence du Christ et de son amour également pour ceux qui sont loin, pour les familles qui ne croient pas encore, et même pour les familles chrétiennes qui ne vivent plus en cohérence avec la foi reçue. »

Le témoignage de la Foi en famille consiste également à manifester que la vocation de la famille chrétienne s’accomplit dans la vérité. « Consacre les dans la vérité » (Jean 17 -17 et 19) et l’on sait que seule la vérité délivre. Il y a une consécration dans la vérité qui est
propre à la famille et qui est très exigeante : être vrai dans ses gestes et ses paroles. Enfin, il est un rôle missionnaire de la famille, au-delà de son propre horizon. Le sacrement de mariage établit les époux et les parents chrétiens comme témoins du Christ « jusqu’aux confins de la terre » (Actes des Apôtres 1-8), comme missionnaires de l’amour et de la vie… L’Eglise domestique est appelée à être un signe lumineux de la présence du Christ et de son amour également pour ceux qui sont loin, pour les familles qui ne croient pas encore, et même pour les familles chrétiennes qui ne vivent plus en cohérence avec la foi reçue. L’Eglise domestique est appelée par son exemple et par son témoignage à éclairer ceux qui cherchent la vérité (F.C. 54). Le premier de ces témoignages est la fidélité comprise comme directement liée à l’Alliance de Jésus et de son Eglise.

TEMOIGNAGE DE L’ESPERANCE

On a dit que les parents étaient les grands aventuriers du monde moderne. Dans la vie chrétienne l’esprit d’aventure témoigne de l’Espérance, dont le fondement est la parole de Dieu, non pas celle qui enseigne (domaine de la Foi) mais celle qui promet.
Dans le monde d’aujourd’hui, il est un témoignage très actuel de cette espérance que doit donner la famille : il concerne le respect et le développement de la vie. Le mystère de la fécondité est lié à l’espérance; la fécondité est une bénédiction de Dieu.

Au désir des parents, Dieu répond en créant l’âme spirituelle au premier moment de la conception. Dieu fait à l’homme une confiance étonnante. La famille devient gardienne de la vie. Puis, Dieu laisse aux parents le soin d’éveiller la conscience de l’enfant. C’est à eux d’éveiller le véritable sens de la vie. Témoins de cette confiance pour le développement de la vie, les parents sont témoins d’espérance.
Il est aussi une espérance plus intérieure, l’espérance des époux qui doivent accepter de ne pas avoir d’enfant et sont appelés à une fécondité spirituelle.

TEMOIGNAGE DE LA CHARITE

La famille chrétienne est oasis d’amour. Une de ses tâches est de former les hommes à l’amour. Elle vit et proclame que l’amour est fidèle, qu’il réclame d’être sans faille, indissoluble. De nos jours, témoigner de la valeur inestimable de l’indissolubilité du mariage et de la fidélité conjugale est pour les époux chrétiens un des devoirs les plus importants et les plus pressants… Enracinée dans le don plénier et personnel des époux, requise pour le bien des enfants, cette indissolubilité trouve sa vérité définitive dans le dessein que Dieu a manifesté dans sa Révélation : c’est Lui qui veut et qui donne l’indissolubilité du mariage comme fruit, signe et exigence de l’amour absolument fidèle que Dieu a pour l’homme et que le Seigneur Jésus manifeste à l’égard de Son Eglise (F.C. 20). L’indissolubilité du mariage témoigne des exigences du véritable amour. Elle est signe de la bonté de Dieu. Ce témoignage met sur la voie de la véritable charité qui nous fait aimer Dieu parce qu’il est la Bonté même.

Que la famille soit le lieu et doive être le modèle de la charité fraternelle, saint Paul (Ephésiens, 5) le précise : il faut que l’amour de l’époux et de l’épouse ait l’absolu de l’amour du Christ pour l’Eglise. L’amitié humaine si grande soit-elle n’ira jamais jusque là.
Seule la charité le permet. Il faut que l’épouse et l’époux soient liés jusqu’au plus intime de leur esprit, il faut que cet amour s’incarne dans toute leur vie commune et notamment dans l’oeuvre commune qu’est l’éducation des enfants.

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