Je suis le cep, vous êtes les sarments

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Tout jaillit du bois de la Croix

Il y a, à Saint Clément de Rome, une mosaïque qui représente une Vigne luxuriante qui jaillit du bois de la Croix. Une inscription, au bas de cette mosaïque, explique : « Nous comparerons l’Eglise du Christ à cette Vigne qui jaillit du bois de la Croix. La Vigne desséchée par la Loi a reverdi grâce à la Croix ».

Cette vigne luxuriante et aimable enserre dans ses rinceaux les différentes activités de l’homme depuis les humbles travaux de la ferme (on voit une fermière jeter du grain à ses poussins) jusqu’au travail de la théologie sacrée (représentée par des religieux penchés sur un livre ouvert).

On voit aussi des personnages laïcs qui semblent de haut rang et qui symbolisent peut-être le gouvernement de la Cité. Et dans les étages supérieurs des petits génies ailés qui évoquent comme aux Catacombes la jeunesse et la liberté de l’âme. Enfin différents oiseaux représentent les différentes vertus de l’âme.

Sur l’arbre si fécond de la Croix figurent douze colombes qui sont les Apôtres. Entourant la Croix et la désignant d’un beau geste de la main, la Sainte Vierge et Saint Jean. Et au centre un beau Christ endormi sereinement dans la mort mais qui répand encore le sang de ses mains et de ses pieds. On date cette mosaïque du début du Xllème siècle. On ne peut pas habiter Rome sans revenir régulièrement contempler cette Vigne mystique qui, par la Grâce, vivifie toutes les activités de l’homme. Tout jaillit du bois de la Croix.

Saint Clément se trouve entre Saint Jean de Latran et le Colisée. A l’autre bout de la ville, il y a le tombeau de Pierre et son exaltation par la basilique souveraine où se manifeste tout l’enthousiasme de l’Art de la Contre-réforme. « Lorsque vous entrez dans la Basilique Vaticane vénérer et prier Saint Pierre……….. vous trouvez dans la majesté même de l’édifice, dans le décor et les œuvres d’art, dans les textes fondamentaux qui ornent la grande frise dorée des nefs et de la coupole un véritable traité « de Romano Pontifice » . Les voix les plus éloquentes de la Tradition vous invitent avec Saint Cyprien à aimer toujours plus cette chaire de Pierre et cette église principale, d’où l’unité du sacerdoce tire son origine. Plus près du foyer, la lumière est plus intense et plus pure. Près du gouvernement suprême de la Sainte Eglise, la sagesse séculaire qui doit présider à l’exercice du sacerdoce pénètre plus facilement les esprits et les cœurs ». (Pie XII aux élèves du Séminaire français, 16 avril 1953).

Deux grandes inscriptions courent sur la frise qui est au bas de la Coupole : « C’est d’ici que jaillit l’unité du Sacerdoce ». « C’est d’ici qu’une seule et même Foi brille pour le monde ».

Ne peut-on rapprocher ces deux visions de l’Eglise, celle de Saint Clément et celle de Saint Pierre, comme si l’on voyait jaillir du tombeau du Prince des Apôtres une Vigne féconde qui par d’immenses rinceaux enserrerait toutes les nations du monde pour les visiter par la grâce de la Rédemption ? Les magnifiques rinceaux enserrent et n’étouffent pas. Ils donnent la Vie et l’Unité en abondance. Ils forment « la grande union catholique dont Rome est l’instrument et le centre » ( Pie XII. Ibid).

« Divisés de races, de langages, d’intérêts, nous tous, enfants de l’Eglise nous sommes Romains dans l’ordre de la Religion; et ce titre de Romains nous unit par Pierre à Jésus-Christ et forme le lien de la grande fraternité des peuples et des individus catholiques ».

Dom Guéranger. Année liturgique. Au 18 janvier


Lorsque Clovis embrasse en toute connaissance de cause, la foi catholique au lieu d’opter pour l’arianisme il conquiert le cœur de ses sujets gallo-romains et facilite leur loyalisme. Que l’on pense, dans cet ordre d’idées à la « nécessaire » conversion d’Henri IV. Mais il ente son peuple sur la Vigne romaine et il est le premier chef « national » à le faire. Cette ouverture à la romanité est nécessairement une ouverture à l’universalité, à la catholicité. « Avant d’être Français, Italien, Anglais ou Germain l’homme du Moyen-Age fut citoyen d’une civilisation générale qui avait sa propre langue, son esprit, ses mœurs, sa foi, sa science, son art, ses façons de sentir, sans aucun souci de la borne des Etats. La vraie frontière, la frontière religieuse s’étendait jusqu’à la rencontre de la barbarie » (Maurras. Le Pape, la guerre et la paix. Préface, page 7). N’est-ce pas là, décrite par un Maître encore agnostique, la Chrétienté née de la vivification des peuples par la Vigne romaine.

La contre-épreuve a malheureusement été faite. Dom Guéranger dit justement que « les doctrines imprudentes qui tendent à amoindrir la somme des dons que le Seigneur a conférés à celui qui doit tenir sa place jusqu’au jour de l’éternité, ont trop longtemps desséchés les cœurs de ceux qui les professaient ; trop souvent elles les ont disposés à substituer le culte de César au service de Pierre ». (Année lit. Ibid.). Non, la vraie vie des nations comme des personnes est dans cette Vigne romaine verdoyante.

Abbaye Notre-Dame de Fontgombault

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