La famille et la nation

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Affirmer que la famille est la cellule de base de la société est une proposition qui se prête à deux lectures.

1. La famille, société imparfaite

Tout d’abord, contre l’individualisme révolutionnaire, affirmer que la famille est la cellule de base de la société, c’est observer que la société est constituée de familles et non d’individus. C’est par la famille, union d’un homme et d’une femme, qu’est assurée la pérennité de la société : en effet, c’est elle qui met au monde de nouveaux membres dont elle assure la socialisation, c’est-à-dire l’apprentissage de la vie avec les autres (en latin, « socius » signifie « compagnon, associé»).
Ensuite, c’est prendre acte que la famille est une société imparfaite, c’est-à-dire qu’elle n’a pas, toute seule, les moyens d’atteindre la finalité qui est la sienne et que Pie XI nous rappelle dans l’encyclique « Divini illius magistri » : « La famille a été instituée immédiatement par Dieu pour sa fin propre, qui est la procréation et l’éducation des enfants ». La famille trouvera des soutiens indispensables dans l’État, l’Église, l’école…

    2. La bonne santé d’une société est conditionnée par celle des familles

    Il n’est pas démagogique, mais au contraire très conforme à la réalité des faits, d’observer que la santé d’une société est à la mesure de la santé des familles qui la constituent et cela même d’un simple point de vue matériel et naturel.

    • si le premier des biens est l’existence, c’est la famille « traditionnelle » qui permet à la société de se perpétuer. Comme l’a affirmé le député Christian Vanneste, une société d’invertis (ou d’individus isolés) est biologiquement appelée à disparaître.
    • les dérèglements comportementaux (échecs scolaires, suicides, alcoolisme, délinquance…) sont deux fois plus élevés dans des familles dissociées que dans des familles stables (cf. Le Monde du 25 novembre 1998)
    • le célèbre démographe Alfred Sauvy a démontré que l’on ne connaît pas d’exemple de pays ayant assuré durablement son développement économique dans la stagnation démographique.

    Il est donc de la plus haute importance, pour sa survie même et pour faciliter en son sein des relations sociales apaisées, que la société civile facilite tout ce qui peut permettre à la famille de s’épanouir.

      3. Les attaques contre la famille

      Cependant, depuis deux siècles, quasiment sans discontinuer, c’est le contraire qui est mis en œuvre :

      • Le droit au divorce, qui s’apparente aujourd’hui à une forme de répudiation par simple rupture de la vie commune, est sans cesse élargi.
      • Les partisans du mariage homosexuel gagnent chaque jour du terrain dans l’opinion, le PACS n’ayant été qu’une étape. Or ce qui légitime la considération sociale et les avantages fiscaux du mariage, c’est que seule cette institution assure la génération et l’éducation des enfants. Les unions homosexuelles, bien souvent éphémères, ne jouent aucun rôle social.
      • L’avortement est intégralement remboursé, alors qu’une infime partie des frais liés à l’éducation des enfants est prise en charge par la collectivité.
      • Le niveau de vie des familles diminue avec le nombre d’enfants qui la constituent : il baisse de l’ordre de 10% en moyenne avec le premier enfant, puis de 6 à 10% par enfant supplémentaire. Ainsi le niveau de vie d’une famille de référence « ouvriers » avec 4 enfants est de 39% inférieur à celui d’un couple de la même catégorie sociale sans enfant. (cf Michel Godet et Evelyne Sullerot, « La famille : affaire privée et affaire publique« ).
      • Les gouvernements quelle que soit leur tendance, rognent régulièrement les valorisations de retraites accordées aux personnes qui ont élevées plusieurs enfants.
      • Le libertinage (sous couvert de libération sexuelle) est présenté médiatiquement comme le somment de l’épanouissement personnel.

      4. Les conséquences de la destruction de la famille sur la société

      Le modèle familial traditionnel a été mis à mal par une triple révolution : contraceptive, sexuelle et génétique. Cependant, si Dieu pardonne toujours et l’homme parfois, la nature, elle, ne pardonne jamais.
      La politique anti familiale menée depuis les années 1970 a produit les résultats que nous observons :

      • Le flot grossit sans cesse des jeunes non éduqués dont l’insertion sociale est toujours plus problématique.
      • Les générations ne sont plus remplacées. (Rappelons que pour assurer le renouvellement des générations il faut mathématiquement que chaque femme ait 2,1 enfants. En 2010 pour la France le chiffre est de 2,01 enfants par femme). Ce vide démographique constitue un puissant appel d’air pour des populations pauvres, jeunes et nombreuses, mais, malheureusement pour nous, étrangères à notre religion et à notre civilisation.
      • L’équilibre de notre système de retraite par répartition n’est plus assuré. Les enfants, que les générations d’après-guerre n’ont pas eus, ne seront pas en mesure de payer leurs propres retraites.

      Le cœur de tout cela est que la peur de l’avenir, l’individualisme exacerbé et la recherche du confort matériel ont pris le pas sur le désir de transmettre.
      L’avenir des générations futures passe au second plan des préoccupations, ce que confirme le taux d’endettement de notre pays. Afin d’assurer leur niveau de vie, les générations actuellement adultes ou retraitées ont emprunté des sommes considérables, que devront rembourser leurs enfants…
      Les propos de Pie XII sont toujours d’une brûlante actualité « De la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend le bien ou le mal des âmes… ».
      Les systèmes et les orientations politiques jouent un rôle considérable sur le comportement des hommes et des peuples, ce qui est l’évidence même.
      Il y aura plus d’avortements s’il est légal que s’il est interdit. Qui pourrait le nier ?

      5. La nécessité de créer un environnement politique favorable aux familles

      L’épanouissement de la famille exige donc, pour le salut du plus grand nombre, que la société civile lui facilite l’atteinte de sa fin. Or, c’est aujourd’hui par un héroïsme de tous les instants, à contre-courant des modes médiatiques et du discours dominant, que des familles de France restent fidèles aux engagements pris le jour du mariage : amour, générosité au service de la vie, secours, soutien, fidélité réciproque…
      Il appartient donc aux laïcs de s’attacher à créer les conditions politiques qui faciliteront l’accueil de la vie et l’éducation des enfants par leurs parents.

      • Pour l’accueil de la vie, il est un fait incontestable que les femmes qui ont une activité professionnelle hors de chez elles ont en moyenne moins de deux enfants, et que les femmes au foyer en ont plus de 2,5. Or, le consensus médiatique est qu’une femme ne peut s’épanouir que dans une activité professionnelle extra familiale. C’est la raison pour laquelle, les hommes politiques, afin de soutenir la natalité, ne préconisent que d’augmenter le nombre de places de crèches. Le salaire maternel est un tabou ! Une femme, qui reste chez elle pour s’occuper de ses enfants, ne touche aucun salaire et ne cotise pas pour sa retraite. Contrairement à celle qui travaille en crèche pour s’occuper des enfants des autres. Cette injustice explique que les femmes françaises n’ont pas le nombre d’enfants qu’elles souhaiteraient avoir (entre 3 et 4 au lieu de 2) (cf. enquête Sofres in « Parents« , juillet 2005). La liberté rhétorique qui ne s’incarne pas dans une liberté matérielle réelle est au mieux une illusion, au pire une tartufferie.
      • Pour l’éducation des enfants, la problématique est la même. Les parents ont le choix théorique entre :
         l’école publique laïque (en fait athée), livrée aux pédagogistes de tous poils et, en bonne part, aux jeunes issus de l’immigration,
         un enseignement catholique qui n’a plus la maîtrise ni de ses programmes ni de ses professeurs,
         un enseignement hors-contrat, effectivement libre mais intégralement à charge des familles.
        De même que les enfants des familles nombreuses paieront la retraite des adultes qui n’ont pas voulu avoir d’enfants, de même les familles qui ont des enfants dans les écoles hors contrat paient des impôts pour financer l’école publique où ils n’ont pas d’enfant. « Liberté-Égalité-Fraternité » ne semble guère rimer avec justice.
      • Fondamentalement les associations familiales ne pèsent guère face aux groupes de pression syndicaux ou autres. De plus, si les retraités votent, les enfants n’ont pas cette possibilité. Chaque vote engageant l’avenir, un vote familial, accordant aux parents la voix de leurs enfants, serait un geste politique fort et gratuit, manifestant que la société est constituée de familles et non d’individus, et que chaque scrutin électoral engage l’avenir des générations futures.
        Il serait donc légitime d’associer la voix des enfants aux choix engageant leur avenir.

      * * *

        S’il apparaît que les familles ont besoin d’un climat favorable pour s’épanouir, c’est à la fonction politique de créer et d’aménager cet espace. Il ne sera pas un don gratuit de la Providence, mais la récompense d’un véritable engagement des catholiques en politique, avec comme base les trois points non négociables définis par notre saint Père Benoît XVI :

        • le droit à la vie,
        • le droit de la famille à être constituée d’un homme d’une femme et de leurs enfants,
        • le droit à la liberté d’éducation des enfants par leurs parents.

        L’engagement des catholiques en politique, au service du bien commun, n’est pas une option libre mais un impérieux devoir.

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