La famille, lieu de conversion et de pardon

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Chers pèlerins,

Souvenons-nous de la parabole de l’enfant prodigue (Lc 15, 11-32). L’un des deux fils quitte la maison paternelle après avoir réclamé sa part d’héritage, dépense tout son bien en vivant dans la débauche, puis tombe dans l’indigence. Alors il se convertit, revient vers son père, qui lui accorde avec joie son pardon.
Cette parabole exprime bien le lien entre famille, conversion et pardon.

La famille, lieu de conversion

Se convertir, c’est « se tourner vers » Dieu : on se convertit en rétablissant la vraie relation avec Dieu.
Le Christ-même nous appelle à la conversion : « Parce que le temps est accompli, et que le royaume de Dieu est proche, faites pénitence et croyez à l’Évangile » (Mc 1,25).
La conversion s’accompagne aussi d’un renouvellement : ainsi, la conversion de saint Pierre, qui avait par trois fois renié le Christ, le conduit, après la Résurrection du Seigneur, à la triple affirmation de son amour envers Lui.

Conversion permanente par la famille.
La famille, par l’affermissement de la vie chrétienne (prière, exemple et éducation), permet de faire face aux situations de rupture :

  • la puissance de la prière ouvre la famille à Dieu, pour qu’Il y soit le premier servi. La pratique régulière du sacrement de pénitence Lui permet de nous convertir.
  • la force de l’exemple imprègne tous les membres de la famille. Quel enfant n’est pas touché de voir ses parents prier ? Comme nous le demande Notre Seigneur Jésus-Christ, soyons la lumière du monde : grands-parents, parents, grands frères et sœurs, donnons l’exemple ! Le bon exemple chrétien
    est le plus précieux patrimoine que nous puissions transmettre.
  • toute éducation chrétienne vise à permettre aux enfants de gagner leur salut. Ici, la pratique de la correction fraternelle apporte un soutien solide à la conversion permanente.
    Enfin, dans les cas graves, lorsque l’un des membres de la famille s’éloigne de Dieu, la famille l’aide par l’écoute fraternelle et par la ferveur de sa prière. C’est la prière d’un époux pour son conjoint infidèle, la prière d’une mère pour son fils (à l’exemple de sainte Monique pour saint Augustin), la prière de l’enfant en cas de mésentente de ses parents, la prière entre frères et sœurs pour celui qui a cessé de prier… Dieu peut alors se servir de notre prière : « (Dieu le Père) dans son grand amour, toujours et de toute façon, veille sur notre existence et Il nous attend pour offrir à chaque fils qui rentre chez Lui, le don de la pleine réconciliation et de la joie ». Benoit XVI
Le fils prodigue change de vêtements-Abraham Bosse-Californie-1636

La famille, lieu de pardon

Pardonner (du latin per donare = donner complètement) signifie remettre complètement une dette, abandonner complètement l’idée de vengeance.
L’Évangile nous donne des exemples fameux : l’enfant prodigue, la femme adultère (Jn 8, 3-11), et le bon larron (Lc 23, 40-43).
Ainsi, celui qui pardonne décide, par un acte libre qui demande une grande maîtrise de soi, de faire comme si la faute n’avait pas été commise et de ne pas infliger de châtiment.
Ce n’est pas une injustice, c’est le recours à une justice plus profonde, qui combine les deux vertus de miséricorde et d’équité, comme le pardon de Dieu. La prodigalité du pardon de Dieu nous sert d’exemple.
À cet égard, le pardon intérieur de l’homme raisonnable se distingue de la punition extérieure (qui restaure l’ordre perturbé). Il n’oublie pas la réalité de l’offense, mais en rectifie le souvenir, pour la transformer en occasion de purification, avec l’aide de Dieu.
Pour pardonner facilement, il faut donc faire appel à l’amour miséricordieux du Seigneur, et nous mettre avec humilité dans la main de Notre Père. Le pardon a alors pour effet de renouveler l’autre et de nous renouveler nous-même, à nos yeux et aux yeux de Dieu : « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons… ».

Comment pardonner en famille.
Le pardon humain ne survient que dans les fautes envers le prochain. Or, ces fautes peuvent être multiples : infidélité, négligence, manque d’attention, méconnaissance des mérites, manque de considération, mensonges, mesquineries, brutalités, injustice, paroles blessantes… La famille étant une microsociété, elle est alors un lieu privilégié où s’exercent la charité fraternelle et le pardon.

Qui peut avoir besoin d’être pardonné ? Chacun d’entre nous est concerné :

  • moi-même (on accuse parfois les autres d’un défaut que l’on possède soi-même et que notre orgueil ne voit plus),
  • mes parents, mes beaux-parents (cf. la patience de la Bse Anna-Maria Taïgi),
  • mon conjoint (ne jamais s’endormir sur une dispute),
  • mes enfants (cf. parabole de l’enfant prodigue !),
  • mes frères et sœurs (dans notre enfance ou après… cf. les querelles d’héritage).

L’art de pardonner.
Tout d’abord, prendre du recul pour chercher (à froid) les causes de l’incident ou du différend : que ces causes soient psychologiques (fatigue, différence de caractère, susceptibilité, égoïsme) ou intellectuelles (manque d’information ou d’explication, défaut de communication, incompréhension, maladresse)…
Ensuite, envisager trois scénarios possibles :

  • j’ai totalement raison : je fais le premier pas ; je sais parfois renoncer à mon point de vue pour le bien plus grand de la charité et de l’unité. À l’égard des enfants, je choisis prudemment si je dois me contenter d’un pardon intérieur (accompagné de punition) ou d’un pardon extérieur (sans sanction). À cet égard, la Bienheureuse Maria Beltrame Quattrocchi nous donne des exemples à suivre ;
  • j’ai totalement tort : alors je demande pardon. Pour ce faire, je choisis le moment opportun et les mots pour un pardon extérieur total et sincère ; j’exprime mes regrets : «Je suis désolé(e) », je reconnais ma responsabilité : « J’ai eu tort », je répare : « Que puis-je faire pour arranger les choses ? », je manifeste mon ferme
    propos : «J’essayerai de ne pas recommencer», je demande pardon : « Je te demande pardon », y compris pour les multiples « petites » offenses qui chaque jour détruisent l’amour…
  • les torts sont partagés : (cas le plus fréquent !!) je reconnais les miens…

Chers pèlerins,

Le rôle de la famille chrétienne, comme école de conversion et de pardon, est primordial. Nous y apprenons que la vengeance ne rend pas heureux, mais que le pardon n’a pas de limites.
À l’instar de Dieu qui peut tout pardonner au confessionnal, pardonnons généreusement, comme le Christ, qui en a fait une condition même de notre propre pardon : « Pardonnez-nous nos péchés comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés» (Mt 6, 12). Et dès lors, la famille sera le lieu premier de l’Espérance.

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