Chers pèlerins,
Qu’est-ce que la Messe, pour vous ? Une corvée, une rencontre sympa, l’occasion de chanter, un spectacle ? Ou bien, autre chose ? Écoutez cette histoire… Elle se passe à Francfort. Un homme très riche vient de mourir. Il n’a pas de parents et chacun se demande qui va hériter. Il a laissé deux testaments : l’un à ouvrir aussitôt après sa mort, le second après son enterrement. Le premier testament précise qu’il veut être enterré à 3 heures du matin. Ce vœu étrange est exaucé et seules cinq personnes en deuil suivent le cercueil. Puis on ouvre le second testament… On y lit alors avec stupeur : « Toute ma fortune sera partagée à parts égales entre ceux qui étaient à mon enterrement ».
Ces cinq vrais amis ont eu de la chance, ne trouvez-vous pas ? On serait presque tentés de les envier ; mais en fait, nous n’avons aucune raison de le faire : nous avons beaucoup plus de chance encore.
I. Jésus est présent
À la messe, nous honorons le testament nouveau et éternel de Jésus, qui nous a dit : « Faites ceci en mémoire de moi ». Mais nous savons que nous y recevons beaucoup plus qu’un million
en héritage car nous y recevons Jésus, et avec Jésus la vie éternelle : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour ».
« Notre-Seigneur est au ciel, disait le saint Curé d’Ars, il est aussi dans le tabernacle. Il est là ! Il est là ! Il est là ! Oh mes frères, quel bonheur ! »
On demandait, un jour, à un enfant de six ans en lui montrant l’hostie :
– Qu’est-ce que c’est ?
– C’est Jésus !
– Pourquoi dis-tu cela ?
– Parce que Jésus l’a dit !
– Et toi, tu crois ?
– Oui ! Jésus ne dit pas de mensonges !
Prenons donc bien garde au grand mystère qui s’accomplit à la Messe.
La Messe est le sacrifice même de Jésus. C’est un rendez-vous d’Amour. Par la messe, on touche au ciel.
II. Un sacrifice qui est l’œuvre de Dieu
Comme, le pape Benoît XVI nous l’a rappelé aux Invalides : « Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au cœur de l’Église. Jamais rien ne remplacera une Messe pour le salut du monde. »
Et avec le saint curé d’Ars, il insistait encore : « Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au Sacrifice de la Messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, tandis que la Messe est l’Œuvre de Dieu. » En écho à ces paroles du pape, écoutons le témoignage bouleversant d’Istvan Regöczi, prêtre hongrois, qui a connu les geôles communistes :
« Pour moi, la Messe avait toujours été ce qu’il y avait de plus important (…) À l’orphelinat, j’apprenais à mes enfants à honorer la Messe par-dessus tout. C’est pourquoi j’avais eu tant de peine de ne pouvoir célébrer la Messe dans ma première prison, faute de vin.
Mais je pus me procurer du vin et, dès l’aube, sur mon lit, quand mes compagnons de cellule dormaient encore, je célébrais le mystère de la Messe, l’offrande du Seigneur accomplie sur la Croix. Pour moi,
la Messe était une telle source de force et de consolation qu’elle se transformait en offrande personnelle (…) Quand je me rappelle ces Messes, je rends grâce au Bon Dieu de m’avoir fait comprendre vraiment en prison le sens de la Messe : un sacrifice, ce grand sacrifice que le Seigneur Jésus accomplit au milieu de terribles souffrances, dans une abnégation totale, dépouillé de tout et abandonné (…)
En prison, j’ai appris qu’il n’y a pas de plus grand événement, ni de plus grande valeur sur cette terre que la Messe, pour laquelle on doit être prêt à tous les sacrifices, même s’il faut aller jusqu’au bout du
monde pour une Messe. En prison, le but, le point central de ma prière, ce n’était pas de
pouvoir être libéré à bref délai, mais de pouvoir célébrer chaque jour le saint sacrifice ».
III. Valeur infinie de la messe
Le Bienheureux Karl Leisner nous laisse un autre témoignage de cette valeur infinie de la Messe. Tout s’est ligué pour l’empêcher de réaliser sa vocation sacerdotale. Pour commencer, il aime passionnément une jeune fille, et fonder une famille chrétienne avec elle lui semblerait une merveille. Ce n’est qu’au terme d’une longue lutte intérieure qu’il opte pour le sacerdoce. Dieu l’appelle ; il veut répondre.
En 1939, à peine a-t-il été ordonné diacre, qu’on doit l’hospitaliser : il a la tuberculose. Au sana où il achève de se remettre, il est dénoncé comme antinazi. Arrêté et déporté au camp de concentration de
Dachau, où se retrouveront 3.000 prêtres, il y atteint un sommet de sainteté, acceptant dans la joie les terribles ravages de la tuberculose qui le ronge peu à peu.
Divine surprise : le 17 décembre 1944, il est ordonné prêtre en secret, par Mgr Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, déporté comme lui. Tous, dans le camp, se sont mobilisés pour préparer cette cérémonie. Les moindres rites prévus par le pontifical sont respectés, jusqu’aux sandales liturgiques confectionnées avec l’aide d’un pasteur protestant. La cérémonie se déroule dans un immense recueillement. En grands ornements pontificaux, l’évêque français impose les mains au diacre allemand. Le silence règne dans la pauvre chapelle. Moment souverain : Karl devient prêtre pour l’éternité ! Neuf jours plus tard, en la fête de saint Etienne premier martyr, il célèbre sa première et dernière Messe. Comme le rapporte un témoin:
« Jamais je n’oublierai avec quelle ferveur et quelle émotion il offrit le saint sacrifice ».
Tout un camp de prisonniers prend ainsi des risques graves pour qu’un jeune diacre puisse devenir prêtre et dire la Messe, une seule et unique fois. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien de plus grand que la
Messe !
Chers pèlerins, méditons en silence ce mystère admirable de la Sainte Messe et demandons à NS de le graver pour toujours dans nos cœurs.