SAINT AUGUSTIN

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« C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce en moi n’a pas été vaine ».

Celui que nous vénérons dans l’Église comme le Docteur de la grâce, Augustin, est né le 13 novembre 354 à Thagaste, aujourd’hui Souk Ahras, en Algérie. L’Afrique d’alors était terre romaine et la langue maternelle d’Augustin fut le latin. L’église était celle de Tertullien et de saint Cyprien. Son père, païen, se convertira à la fin de sa vie. Sa mère, Monique, sainte Monique, le fit marquer dès sa naissance du signe de la croix et purifier par le sel ; il était donc, suivant l’usage du temps, catéchumène. Or, le baptême, Augustin ne le demandera qu’à trente-deux ans. Pourquoi ?

Le jeune homme est intelligent, ses parents lui font faire des études. Écolier à Thagaste, Madaure et Carthage, il est professeur en 373 à Thagaste, puis à Carthage et à Rome. Enfin, aidé par ses amis manichéens, il est nommé professeur et orateur officiel à Milan. Une belle carrière !

Adhérer à la religion catholique, Augustin ne le peut. Difficultés d’ordre moral : lié a une femme, il en aura un fils ; mais surtout, difficultés d’ordre doctrinal. A 18 ans, Augustin cherche la vérité dans la Bible, mais il y trouve le scandale de la croix ; rebuté de plus par le style qui n’a pas la majesté cicéronienne, il se tourne vers Mani. Celui-ci se présente comme le Paraclet promis dans l’Evangile ; Mani se dit en Iran successeur de Zarathustra, et en Chine successeur de Bouddha. Cette religion révélée se veut scientifique, rationnelle. Il y a les élus d’une part ; quant aux autres adeptes de la secte, ils ne sont pas tenus à une morale exigeante. Durant neuf ans, Augustin est simple auditeur, et lorsqu’enfin il rencontre Fauste de Milève, le grand homme des manichéens d’Afrique, il est déçu par son ignorance. Le manichéisme pour lequel il y a deux principes de l’être, celui du bien et celui du mal, se révèle aux yeux d’Augustin comme une mythologie échevelée. Déjà le don de Science lui fait voir que la créature peut nous détourner de notre but.

Lentement, Augustin se retourne vers la religion de sa mère. A Milan, il est assidu à écouter comme elle l’enseignement de l’évêque Ambroise à son peuple. Saint Ambroise lui aussi sera inscrit au nombre des Docteurs de l’Église. Les manichéens n’ont pas convaincu Augustin, les philosophes néoplatoniciens lui ont seulement fait sentir l’impossibilité de posséder la Sagesse. A trente-deux ans, dans les Épîtres de saint Paul dont il fait une lecture assidue, il découvre le mystère du Christ. « Comme
je n’étais pas humble, je ne comprenais pas l’humilité de mon Dieu, Jésus-Christ, et je ne comprenais pas ce qu’enseigne sa faiblesse. Je voulais apporter à l’étude des divines Écritures l’esprit de subtilité plutôt que l’esprit de piété ». Augustin hésite toujours : la vie parfaite ou les honneurs, l’argent, le mariage… Dans les Confessions, expression parfaite du don de Piété, il fait le récit du dénouement de sa crise d’âme. Dans le jardin de sa maison, une voix d’enfant chantait : « Prends et lis ». C’était un commandement divin, dit-il, d’ouvrir le manuscrit sacré. Il ouvrit les Épîtres de Paul, et trouva : « Ne vivez ni dans les excès de vin,
ni dans ceux de la bonne chère, ni dans l’impureté et la débauche, ni dans un esprit de contention et de jalousie, mais revêtez-vous de notre Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez pas à contenter les désirs de la chair ». « Une lumière calme et sereine se répandit dans mon cœur et dissipa toutes les ténèbres de mes doutes, je fermai le livre et, d’un visage tranquille, j’appris à Alypius tout ce qui venait de m’arriver. Sans tarder nous allons trouver ma mère et lui tout raconter, elle est au comble de la joie, elle triomphe ». On doit voir dans cette radicale conversion l’effet merveilleux du don de Force et du don d’Intelligence.

A l’automne 386, Augustin démissionne de son poste, se fait inscrire pour le baptême qu’il reçoit à la Vigile Pascale avec Adéodat son fils et Alypius son fidèle ami, des mains d’Ambroise. De cette époque date la rédaction des Dialogues.

Augustin quitte Milan, et l’on sait l’entretien qu’il eut avec sa mère à Ostie sur le bonheur du ciel, où, quelques jours plus tard, celle-ci devait entrer. Là, pacifiés par le don de Sagesse qui a ordonné en eux la charité, il leur semble toucher un instant la vie éternelle. Assurément, le don de Sagesse est le plus élevé, il nous fait contempler les choses d’en-Haut.

En 389, Augustin rentre en Afrique à Thagaste et là, avec quelques amis, ayant vendu ses propriétés, il organise une sorte de communauté monastique. Adéodat meurt en 389 ; « Son intelligence – confesse son père – m’effrayait; tu l’as ravi à ce monde, et mon souvenir s’en fait plus paisible, n’ayant plus rien à craindre pour son enfance, pour son adolescence et pour toute sa vie ». Augustin désire la retraite et la solitude. Mais un jour de 391, la main de Dieu le conduit à Hippone. Il entre dans l’église, l’évêque Valérius demandait alors à son peuple de lui proposer un prêtre pour le seconder dans la prédication ; une
clameur s’élève : « Augustin, prêtre ! ». Il accepte malgré sa répugnance ; il a trente-six ans. Sacré cinq ans plus tard évêque coadjuteur de Valérius, Augustin sera jusqu’à sa mort attaché à l’église d’Hippone – c’était en importance la seconde ville après Carthage en Afrique du Nord -. Évêque, Augustin veut rester moine : il vit avec son clergé sous une règle stricte, à l’ombre de sa cathédrale. Cette règle est l’une des quatre approuvées depuis par le Saint-Siège. On peut y voir à l’œuvre le don de Conseil. Le don de conseil est en rapport avec la béatitude des miséricordieux ; or la plus belle œuvre de miséricorde n’est-elle pas l’enseignement de la vérité ? Pasteur vigilant, Augustin défend son troupeau contre les manichéens, les pélagiens, les donatistes et autres hérétiques dont il réfute les erreurs ; il prêche, il écrit. Nous avons de lui les Commentaires sur les psaumes, le Traité sur saint Jean, le Traité sur la Trinité, et La Cité de Dieu.

Au printemps de 430, les destructeurs de l’Empire Romain, les Vandales, assiègent Hippone. Le vieil évêque fortifie ses collègues : « II ne faut pas abandonner l’église que nous devons servir, Dieu soit notre protecteur et le lieu de notre refuge ! ». Le troisième mois du siège, malade, il dit : « Je n’ai pas peur de mourir, car nous avons un Seigneur bon ». Le 28 août, il s’en alla en paix, au royaume du ciel. De la Crainte de Dieu, premier des dons du Saint-Esprit, Augustin a écrit : « Le chaste amour, pour ses services, ne veut pas d’autre récompense que Dieu même ; la crainte servile désire tout, sauf de voir la face de Dieu ». Il semble bien
qu’Augustin n’eut d’autre crainte que de ne pas connaître Dieu, et l’exclamation de saint Paul peut résumer sa vie :


« C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce en moi n’a pas été vaine ».

ABBAYE NOTRE-DAME DE L’ANNONCIATION

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