C’est aux environs de l’an 470 que Benoît naît à Nursie, dans l’ Empire romain d’Occident, alors sur son déclin du fait des Hérules et autres Barbares, qui avaient envahi et plus ou moins soumis les provinces romaines.
Ce V siècle finissant était le siècle des catastrophes : Rome a été dévastée à trois reprises, et il a fallu que le Pape lui-même aille au camp du vainqueur demander que les églises soient épargnées et que le droit d’asile leur soit accordé ; les Barbares pillent tout sur leur passage, mettant en fuite toute l’administration; les populations sont repoussées « déplacées »; le pouvoir de Rome sombre.
Seule l’ Eglise – dominée par la figure de Léon le Grand (440-461) – parvient à conserver l’unité catholique par son courage, sa prudence et son efficacité.
Les parents du futur Saint Benoît, appartenant à l’ancienne noblesse provinciale et étant de riches propriétaires du pays, envoient leur fils faire des études à Rome, comme c’était alors l’usage. Nous savons peu de choses du milieu familial du jeune Benoît, sinon qu’il eut une sœur, la future Sainte Scolastique, – qui fondera le Second Ordre – après avoir été, dès son enfance , consacrée à Dieu par ses parents; et dans la Règle, Saint Benoît insistera beaucoup sur la paternité de l’Abbé, ayant à l’esprit son propre père.
A Rome, notre futur Saint acquit rapidement la connaissance des sciences sacrées, de la Bible et des Pères de l’ Eglise. Deux choses retiennent déjà l’attention : il recherche déjà la solitude et s’abstient ainsi de participer à la vie estudiantine ( toujours agitée quelque soit l ‘ époque ) ; il étudie avec le plus grand soin la règle monastique dont la première a été codifiée par Saint Pacôme, reprenant les expériences des premières écritures , puis des cénobites .
Il quitte Rome – avec sa nourrice qui l’y avait suivi – et va s’établir à Affile, située à 50 kms à l’est de Rome, auprès d’une petite communauté chrétienne ascétique : il y accomplira son premier miracle ( crible ) , mais il l’abandonne assez vite pour aller vivre seul à Subiaco, situé dans une libre vallée sauvage. Là il rencontre le moine Romain, qui fut un père spirituel pour notre Saint, et qui lui donna l’habit monastique . Benoît vivait seul : cependant un prêtre , puis des bergers, puis d’autres moines vinrent demander conseil à l’ermite dont la réputation grandissait . Et il fut tenté de regagner le monde : il prévint le danger en se roulant dans un buisson de ronces et d’orties , préfigurant les rigueurs corporelles qu’il indiquera dans la Règle pour avoir raison du péché.
Non loin de notre ermite , une colonie d’ermites s’était établie , qui demanda vite à Benoît d’être leur Père : ce fut un échec qui faillit lui coûter la vie . Il se retira alors à Subiaco , où il fonda une douzaine de monastères , groupant chacun une dizaine de moines , sous la conduite d’un ancien; l’ensemble de ces cloîtres se trouvant sous l’autorité spirituelle du Saint. Le rayonnement de ces monastères suscita bien des jalousies dont celle d’un prêtre , dont les multiples persécutions obligèrent Benoît à quitter Subiaco.