Saint Benoît (3)

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Nombreux étaient ceux qui se confiaient à Saint Benoît, riches ou pauvres, clercs ou laïcs puissants ou manants. Parmi eux il y avait sa sœur Scholastique, qu’il voyait une fois par an : lors de leur dernière rencontre, elle lui annonça sa mort prochaine, et obtint de prolonger leur entretien grâce à un orage inattendu.

En 547, Benoît suivit Scholastique dans l’éternité, après que des pressentiments emplis de tristesse eurent envahi son âme lors du dernier jour de sa vie mortelle. Peu avant sa mort, il se fait transporter à l’ Eglise, reçut la Sainte Communion, et il rendit l’âme en priant entouré de tous ses frères, le 21 mars. Son tombeau devint immédiatement objet de vénération; et ses restes furent transférés à Fleury-sur-Loire en 672, si bien que ce monastère devint le centre de grands pèlerinages.

Saint Grégoire écrira :  » au milieu de tous les miracles, dont Saint Benoît a éclairé le monde, il en est un lumineux, qui est le texte de son enseignement  » . Si bien qu’avec un tel appui, la Règle allait être adoptée par les moines d’Occident. Ainsi dès l’an 600, les moines envoyés en Angleterre par Saint Grégoire, vivent sous la Règle et fondent leurs premiers monastères . Puis ce fut au tour de la France, et des autres pays de l’Europe.

En France, il était dans la tradition des Seigneurs de créer des monastères : c’ est ainsi que Charlemagne fut l’un des insignes bienfaiteurs de l’ Ordre, et qu’il fut à l’origine de la fondation de l’école claustrale chargée de répandre l’enseignement à la population comme aux érudits. Après le déclin de l’ Empire carolingien, le monachisme connut lui aussi un déclin important ; mais dès le X siècle – en particulier sous l’influence de Cluny – l’ Ordre rayonna sur toute l’Europe occidentale permettant ainsi une floraison extraordinaire du travail artistique et littéraire .Mais là ne se trouvait pas l’influence du monde bénédictin : toutes les grandes idées du temps sont sorties du cloître ; ainsi la pénétration de la vie publique par le christianisme, les croisades, la Trève de Dieu . On peut affirmer que le monde des XI et XII siècle a été bénédictin : ce n’est pas par hasard si l’allemand Wibald, le français Surger ou l’anglais Henry ont été mêlés de très près à la conduite de leur pays.

A la fin du XIV siècle – c ‘est – à – dire lors de la Renaissance – le monachisme bénédictin connaît un véritable renouveau, sous l’influence de Subiaco et de Saint Antoine de Padoue.
Mais la Réforme va ruiner en grande partie l’ Ordre, non seulement en Allemagne et en Angleterre mais en France . C’est grâce à Louis de Blois et au Concile de Trente que la vie bénédictine reprit, fortifiée et débarrassée de ses scories par cette tempête.
Avant la tornade révolutionnaire – et la grande sécularisation qui l’a suivie -, l’ Ordre connaît un nouvel apogée, pendant la période dite baroque, où de nouveaux cloîtres sont construits et décorés avec un soin tel qu’on les appellera des  » Châteaux pour Dieu « 

Mais à travers ces rudes épreuves où l’ Ordre connut de nouveaux martyrs, la Grâce continue à agir : les moines regagnent l’Angleterre après deux cents ans d’exil, relevant alors la grande tradition scolaire et universitaire – Puis c ‘est dom Guéranger qui relance Solesmes, deux moines de Metten qui partent en Amérique du Nord, Subiaco qui fondent plusieurs monastères en Extrême Orient – Tout ceci amène Léon XIII, en 1893, à confédérer toutes les congrégations bénédictines avec un Abbé Primat résidant à Rome :  » abattu, le vieux chêne (bénédictin) reverdit « .

Ainsi dom Gérard pourra écrire :  » le fameux adage ORA et LABORA signifie que la charité, assumant toutes les activités des moines respectera loyalement leur spécificité ; la primauté de la prière, loin d’empêcher, exigera plutôt que le travail soit un vrai, un honnête travail  » .

Et dom Forgeot conclura en rappelant que  » le meilleur principe d’unité est le Christ et la Foi qu’Il nous a enseignée . Là est l’âme de l’Europe  » .

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