Saint Bernard de Clairvaux, moine et apôtre

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Il aura fallu 8 ans et toute la sainteté de Bernard pour sauver l’unité de l’Eglise.

Jeunesse et entrée au cloître

Bernard naît en 1091 au château de Fontaines près de Dijon, dans une famille distinguée par sa noblesse et par sa piété.

Troisième de Sept enfants (il a cinq frères et une soeur), il est dès sa naissance consacré à Dieu par sa mère Aleth qui a en songe le pressentiment de sa sainteté future. Très tôt, l’enfant apparaît porté vers le silence et la contemplation.

Le 21 avril 1112, en la fête de Pâques, Bernard entre au monastère de Cîteaux qu’il a choisi en raison de la rigueur avec laquelle y est observée la Règle, rigueur contrastant avec le relâchement qui s’est introduit dans toutes les autres branches de l’Ordre bénédictin. Il est accompagné de trente jeunes gens dont quatre de ses frères (le cinquième trop jeune y entrera quelques années plus tard).

Clairvaux

L’exemple de cette illustre jeunesse et l’accroissement de ferveur qui en résulte pour le couvent suscitent tant d’autres vocations qu’il faut faire de nouveaux établissements. Deux abbayes filiales sont fondées en 1113 et 1114.

En 1115, Cîteaux essaime pour la troisième fois. C’est à Bernard qu’est confiée la fondation de l’abbaye de Clairvaux dans l’Aube (diocèse de Langres).

La construction de son monastère et plus encore la direction spirituelle de ses moines exigent tous ses soins. On le voit s’adonner à une ascèse si rigoureuse que sa santé est menacée et qu’il faut le décharger pour un an de ses obligations abbatiales.

Le renom de Clairvaux s’étend : les recrues affluent toujours davantage. Ce monastère sera la source de cent soixante fondations dans tous les pays d’Occident du vivant même du Saint.

Commencement de la vie publique

Il vit depuis environ treize ans dans la solitude de Clairvaux lorsqu’il est amené à intervenir dans un conflit mettant aux prises les évêques de Paris et de Sens et le roi Louis VI. Désormais il se trouve de façon presque ininterrompue mêlé aux affaires de son siècle.

Partout où l’on a besoin de lui, il conseille, écrit, prêche, alors que de tout son être il n’aspire qu’au cloître et à la paix de l’oraison bénédictine. Lui qui n’a encore composé que des sermons, écrit que quelques lettres, va commencer une oeuvre littéraire considérable, oeuvre de circonstance exigée par les nécessités de l’action et l’appel d’autrui (plus de quatre cent lettres, des réponses à certaines questions doctrinales qu’on lui a posées…).

Bernard et le schisme d’Anaclet

En 1130, le Pape Honorius II vient de mourir. Or la ville de Rome est divisée en deux clans rivaux et cette division s’étend aux deux cardinaux eux-mêmes qui sont chargés de faire l’élection d’un Pape pour succéder au défunt. Aucun ne voulant céder à l’autre, il en résulte une double élection : celle d’Innocent II et celle d’Anaclet II.

Ce dernier, ayant à sa disposition la puissance des grands seigneurs romains, oblige Innocent à quitter Rome. Celui-ci se réfugie en France où Louis VI convoque un Concile à Etampes. Le Roi y appelle Bernard qui après avoir longuement prié et réfléchi, plaide et se prononce en faveur d’Innocent II.

Innocent est donc reconnu Pape en France grâce à Bernard. Mais il faut gagner les autres parties de la Chrétienté. Bernard va donc partir bien loin de son monastère, sur les routes d’Europe, pour convaincre les autres souverains. Cette terrible lutte des deux papes se termine en 1138 par la mort d’Anaclet. Son successeur, après avoir consulté Saint-Bernard, se soumet à Innocent.

Il aura fallu 8 ans et toute la sainteté de Bernard pour sauver l’unité de l’Eglise.

Bernard, défenseur de la chrétienté

Bernard est le défenseur de la Chrétienté contre les ennemis qui en menacent l’empire et jusqu’à l’existence, ennemis de 2 sortes : soit du dedans, soit du dehors.

Les ennemis du dedans

Ce sont ceux qui travaillent dans l’ombre et trompent les fidèles en répandant leurs idées. Bernard va dénoncer avec violence les erreurs des hérétiques. Il combat sans pitié l’hérésie qui est le plus grand des maux car elle tue la Foi et compromet le salut des âmes.

En 1140, il obtient de Rome la condamnation des thèses d’Abelard, professeur de philosophie dont l’enseignement s’éloigne de la doctrine catholique.

De 1143 à 1145, il prend le bâton de pèlerin pour combattre des sectes hérétiques à Cologne puis dans le sud de la France.

En extirpant l’hérésie, Bernard achève de rétablir et de consolider l’unité de la croyance sous l’autorité du successeur de Pierre.

Les ennemis du dehors

Ce sont les musulmans qui menacent les chrétiens en Terre Sainte. Saint Bernard n’y est jamais resté étranger.

L’ordre du temple

Depuis 1118, un petit groupe de chevaliers s’étaient voués au service des pèlerins qui venaient visiter les Lieux Saints en leur assurant une escorte sur les routes très peu sûres du Royaume de Jérusalem.

En 1128, Bernard assiste au Concile de Troyes qui confirme l’ordre des Templiers et en établit la Règle sur le modèle de la règle bénédictine.

Il commente ensuite cette règle dans le traité « De Laude Novae Militiae », où il expose la mission et l’idéal de la chevalerie chrétienne. Il montre comment un nouveau type d’homme se forge à la faveur des croisades, le Chevalier du Christ, capable de mener une vie religieuse, dans l’exercice d’un métier jusqu’alors considéré comme bien peu compatible avec les exigences évangéliques, celui des armes.

Il oppose dans son Eloge les Templiers, type accompli du Chevalier chrétien dont la devise pourrait être

« Combattre, avec une âme pure pour le suprême, et le vrai Roi » 

au chevalier féodal dont il critique le faste et les habitudes de mollesse.

Bernard, prédicateur de la second croisade

Dès 1145, Louis VII forme le projet d’aller au secours des principautés latines d’Orient menacées par l’Emir d’Alep : mais l’opposition de ses conseillers le contraint à en ajourner la réalisation et la décision définitive est remise à une assemblée qui doit se tenir à Vézelay pendant les fêtes de Pâques de l’année suivante. Eugène III, retenu en Italie, charge l’Abbé de Clairvaux de le remplacer à cette assemblée.

Bernard, après avoir donné lecture de la bulle qui convie la France à la croisade, prononce un discours qui fut la plus grande action oratoire de sa vie. Tous les assistants se précipitent pour recevoir la Croix de ses mains.

Encouragé par ce succès, Bernard parcourt les villes et les provinces, prêchant partout la Croisade avec un zèle infatigable. Là où il ne peut se rendre en personne, il adresse des lettres non moins éloquentes que ses discours. Il passe ensuite en Allemagne où sa prédication a les mêmes résultats qu’en France. Vers le milieu de l’année 1147, les armées française et allemande se mettent en marche pour cette grande expédition qui va aboutir à un échec pour de multiples raisons.

Si le but immédiat de la croisade n’a pas été atteint, on ne peut dire cependant qu’une telle expédition a été inutile et que les efforts de Saint Bernard ont été dépensés en pure perte. Car il y a à ce grand mouvement d’un caractère politique et religieux tout à la fois des raisons plus profondes dont l’une a été de maintenir dans la Chrétienté une vive conscience de son unité.

Bernard, réformateur

Passant de l’individu au groupe, il réforme les communautés bénédictines, les autres ordres religieux, les évêques trop versés dans le siècle, les clercs trop peu soucieux de leurs devoirs, les maîtres et les élèves trop épris de nouvelles doctrines en un mot l’ensemble des Chrétientés d’Occident soit dans leurs pasteurs, soit dans leurs fidèles.

Bernard, apôtre de la très sainte Vierge Marie

Saint Bernard voit plus clairement que n’importe qui en son temps que toute la plénitude de l’amour de Dieu pour nous est renfermée dans le mystère de l’Incarnation : toute la bonté, et tout l’amour de Dieu sont manifestés en Jésus. Mais St Bernard contemple Jésus de préférence dans les bras de Marie.

C’est pourquoi il voit que, en définitive tout le mystère de la miséricorde divine est renfermé en Notre Dame, la médiatrice de toutes grâces. Elle est la voie par laquelle nous pouvons monter vers Lui, le canal, l’aqueduc par lequel toutes les eaux du ciel viennent en nous.

C’est dans le cycle des sermons et homélies prononcés à Clairvaux à l’occasion des principales fêtes liturgiques de la Mère du Christ que l’on trouve la doctrine mariale de St Bernard.

« La volonté, de Dieu a été que nous n’ayons rien qui ne passât par les mains de Marie ».

[In. Vig. Nativ. Christi sermo III,10)

Saint Bernard de Clairvaux en quelques dates

1091

1095-99

1108-37

Pâques 1112

1115

1117-21

1118

1120

1122

1124-25

1128

1130

1131

1132

1135

1137

1137-80

1140

1143-45

1144

1145

1146

1147-48

1152

20 août 1153

Naissance de Bernard.

Première Croisade. Bernard fait ses études à Châtillon.

Louis VI règne en France.

Bernard entre à Cîteaux.

Fondation de Clairvaux.

Fondation des trois premières filiales de Clairvaux.

Rédaction de la Charte de charité, qui consacre l’existence de l’ordre cistercien.

Fondation de l’ordre du Temple.

Concordat de Worms, qui met fin à une lutte d’un demi-siècle entre le pape et l’empereur.

De graves scandales éclatent dans l’ordre bénédictin : Pons, abbé démissionnaire de Cluny, essaye de reconquérir son ancienne abbaye avec l’aide d’une troupe de soudards.

L’existence de l’ordre du Temple est reconnue par le Concile de Troyes. — Bernard intervient dans un conflit entre les évêques de Sens et de Paris et le roi de France.

Schisme d’Anaclet

Bernard obtient du roi de France qu’il reconnaisse la légitimité d’Innocent II.

Date probable de la composition de l’Eloge de la Nouvelle Milice. – En chapitre général, les moines de Cluny décident d’adopter certaines réformes que leur inspire le spectacle de Clairvaux.

Bernard, à la Diète de Bamberg, réconcilie Frédéric de Hohens- taufen et Lothaire, qu’il amène tous deux à rompre avec Anaclet — Il passe en Italie pour y soutenir la cause d’Innocent II.

II accompagne Innocent II lors de son retour à Rome, parcourt en réformateur villes et couvents de l’Italie méridionale.

Louis VII règne en France.

Controverse avec Abélard. Bernard obtient de Rome sa condamnation

Missions de Bernard, appelé à Cologne, puis dans le Midi de la France pour combattre les sectes hérétiques.

L’émir de Mossoul s’empare de la Principauté chrétienne d’Edesse, l’un des Etats fondés à la suite de la première Croisade.

Bernard Paganelli, moine de Clairvaux, devient pape sous le nom d’Eugène III.

Pâques : Bernard prêche la Croisade à Vézelay. — Noël : il la prêche à Spire. — Il intervient pour empêcher les massacres de Juifs que s’efforçait de déchaîner un moine de Mayence.

Seconde Croisade.

Frédéric Barberousse empereur.

Mort de Bernard. (Canonisé en 1174, proclamé docteur de l’Eglise en 1830).

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