SE PREPARER AU MARIAGE LA PURETE

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« Le mariage est le sacrement de l’amour… Quand le mari et la femme s’unissent dans le mariage, ils ne forment pas une image de quelque chose de terrestre, mais de Dieu Lui-même », dit saint Jean Chrysostome.

I – SE PRÉPARER AU MARIAGE

1/ Le mariage : une icône.

Chaque mariage chrétien est comme une icône de Dieu.
Qui ne voudrait que son mariage fût une belle icône aux couleurs vives et durables, que l’âge ne vînt pas ternir ? Tel est le sens de la préparation au mariage.

2/ Préparation lointaine

a) « Cela ne nous regarde pas ! « 

Les parents, plus peut-être que les jeunes gens, sont concernés par cette préparation. « De fait, on ne peut nier que le solide fondement d’un mariage heureux et la ruine d’un mariage malheureux se préparent déjà dans l’âme des jeunes gens dès le temps de l’enfance et de la jeunesse. Car pour ceux qui, avant le mariage, se cherchaient égoïstement en toutes choses il est à craindre qu’ils ne restent, dans le mariage, pareils à ce qu’ils étaient avant le mariage ».9

b) Non au mariage « pochette-surprise » !

Beaucoup, une fois mariés, sont étonnés de découvrir ce qu’est le mariage. Heureux ceux pour qui cet étonnement est sujet d’admiration et non de mauvaise surprise ! A la lumière de la foi, nous savons que notre fin dernière est la béatitude éternelle. Or, dans la condition de ressuscité, on ne prend ni mari, ni femme (Mt; XXII, 30). C’est dire que l’état de mariage est un moyen pour atteindre cette fin bienheureuse. Cette conséquence ne rabaisse pas le mariage
mais l’élève à la hauteur de la fin à laquelle il est ordonné. Dire du mariage qu’il est un moyen a, au moins, deux conséquences :

1) Il peut y avoir d’autres moyens. De fait, il y en a d’autres. Ainsi, cacher à des enfants (ne serait-ce que par omission) ou se cacher à soi-même la réalité de la vocation religieuse ou sacerdotale, ne permet pas un choix libre. C’est la vérité qui rend libre le choix d’un état de vie, et heureuse la vie en cet état.

2) Le mariage est un moyen pour la vie éternelle en laquelle il n’est que des saints. C’est une école de sainteté et non le couronnement de je ne sais quelle carrière sentimentale.

Le réalisme nécessaire : On peut rester célibataire pour avoir attendu toute sa vie l’homme (ou la femme) idéal(e). L’idéal n’existe pas ! L’idéalisme apporte toujours la désillusion douloureuse. Le réalisme généreux, la joie vraie.

Connaissance de soi et respect de l’autre :

Connaître ses tendances, ses limites, ses fragilités, aidera à dépasser les inévitables froissements de la vie conjugale. Examen de conscience et direction spirituelle en sont les moyens privilégiés. Savoir déceler et apprécier chez le prochain ses richesses et donc ses différences. Une école : l’attention à autrui.

c) Se libérer de l’amour-tyran

« Le cœur, dit le Saint-Père, c’est l’ouverture de tout l’être à l’existence des autres (…) Aimer c’est donc essentiellement se donner aux autres. Loin d’être une inclination instinctive, l’amour est une décision consciente de la volonté d’aller vers les autres. (…) Cette dépossession de soi – œuvre de longue haleine – est épuisante et exaltante. (…) Elle est le secret du bonheur (…)10»

L’éducation de la volonté s’apprend par la prière. Monseigneur Ghika nous le dit : « Une heureuse surprise: celle de constater de quelle prodigieuse façon prier enseigne à vouloir» Nos sacrifices quotidiens, par amour des autres, nous apprendront la dépossession de soi.
Ainsi l’exprime G. Thibon: «Il faut que l’amour finisse par tuer le moi (égoïste). Sinon c’est le moi qui finit par tuer l’amour »

d) « Je sens, donc j’aime » ou « j’aime, donc je sens »?

Amer, c’est aimer selon sa nature, avec tout son cœur, dans ses deux dimensions, spirituelle (vouloir le bien de l’autre) et corporelle (sentiments et gestes de l’amour). Toute la question (qui n’est pas encore un problème) est de bien comprendre que les gestes de l’amour sont l’effet de l’amour spirituel, comme les larmes sont l’effet de la tristesse de l’âme (je pleure parce que je suis triste, je ne suis pas triste parce que je pleure). Ainsi, les gestes de l’amour doivent être
proportionnés à l’amour qui les cause. Par exemple, l’union des corps (expression du don total et irrévocable de deux êtres l’un à l’autre) hors mariage n’a pas de proportion avec l’amour qui la cause, l’engagement spirituel des cœurs n’étant pas pris.

La difficulté commence avec le péché originel. L’une de ses suites, dit Saint Thomas, porte la sensibilité au plaisir déréglé (Somme théologique, la Ilae, q-85, a.3). Nos propres péchés accentuent cette tendance. Une réserve réelle, intérieure et extérieure, protégera la fragilité du cœur humain. Réserve des gestes, de l’imagination et du regard, si prompts à éveiller la sensualité :


«Puisqu’il n’est de joie et de bonheur que dans l’amour, rien n’est plus délicat. (…) Il importe seulement, mais fermement, d’empêcher qu’en s’égarant, en s’animalisant, cet amour ne se corrompe, ne se détruise, ne s’épuise en désordre jusqu’au dégoût».11

Eduquer la sensibilité a un nom : la mortification du corps et des sens. Cette réalité est d’autant plus nécessaire à rappeler qu’elle est essentielle à la vie chrétienne On la médite au moins trois fois au cours de notre pèlerinage, lors de la récitation du Rosaire. Puisse cette méditation être suivie d’effets pratiques ! Cette réalité, loin d’être « ringarde », est libératoire. L’Église nous réserve des temps de jeûne chaque année. Sachons en profiter avec générosité.
Le temps du pèlerinage est aussi un temps favorable. Exemple : ne pas chercher à « peaufiner » son bronzage (intensivement… et extensivement).

e) « Charité et amour humain : rien à voir ! »

L’erreur consiste à croire que « charité «et « amour humain » étant de deux ordres différents (vrai) n’ont rien à voir entre eux (faux). Plus l’amour de Dieu habite tous les actes d’amour de nos vies, plus le bonheur essentiel qui est en Dieu se communique à ces actes.
La vie surnaturelle, en particulier sacramentelle, par l’accroissement de la charité, fortifie donc puissamment les amours humaines.

3) Préparation prochaine : les fiançailles

a) Les fiançailles ? Un mot BCBG ?

Non ! Le temps des fiançailles n’est pas réservé à quelques-uns. Il est nécessaire :

1- Il fait envisager au concret le projet d’une vie commune. Un jeune homme ne se marie pas avec « la femme en général » mais avec UNE jeune fille, qui a telle ou telle habitude de vie, telle façon de voir les choses, d’envisager l’avenir. Les fiançailles sont alors un temps « d’ajustement », d’accord, comme s’accordent le violoncelle et la flûte pour l’harmonie musicale.
Le violoncelle ne doit pourtant pas exiger de la flûte qu’elle joue sa partition à lui. Une réelle liberté doit être laissée à l’un et à l’autre pour que l’accord soit « vrai ».
2 – Les fiançailles posent les plans et les fondations de la cathédrale du foyer à venir. Une fois mariés, les jeunes époux ont tout à faire. Trop souvent ils se croient « arrivés ». Les fiançailles préparent cette vie à deux dans la prière commune, le respect, l’écoute, le pardon de l’autre.

b) « Les fiançailles : un jeu, un essai… ou une promesse ? »

C’est une promesse de mariage. Les fiançailles sont donc orientées vers le mariage, elles ne consistent pas dans la seule joie d’être ensemble. Deux fiancés ne sont pas seulement deux amis. La Liturgie, par la bénédiction qu’elle leur réserve, donne même à cette promesse une dimension sociale, au cœur de l’Église visible.
Il est donc une intimité légitime chez les jeunes fiancés, se témoignent par des gestes d’affection qui ne seraient, entre amis, qu’une recherche désordonnée de soi-même. Mesurés par le principe donné plus haut, ils doivent être proportionnés à l’engagement de l’amour mutuel. Les gestes orientés vers l’union des corps (certaines caresses, certains baisers,…) ceux qui sont une occasion de péché, blessent la fragilité de l’amour naissant et sont illégitimes.

On parle à juste titre d’une purification de l’amour dans ce temps où la sensibilité, frustrée, gémit de n’être pas encore totalement à l’unisson des sentiments. Elle se prépare alors à réaliser cette difficile exigence du mariage :


« Les époux doivent s’élever, non en renonçant à la chair comme les ascètes, mais, ce qui est peut- être plus difficile, en entraînant la chair dans l’ascension de leur âme. » (G. Thibon) «


Le véritable amour dévore celui qui aime mais respecte celui qui est aimé. Alors que la plupart du temps, dans les travestissements de l’amour, c’est le contraire qui a lieu. » (P. Molinié) Le respect de l’autre reste sans aucun doute le signe d’un amour authentique.

c) Dernière étape : les « starting-blocks » ou « le bon départ »

Concluons enfin à la nécessité de se préparer au mariage par l’étude de ce sacrement à la lumière de la doctrine de l’Église. Le prêtre sera, là encore, un conseiller précieux. Dernière étape : la retraite de mariage qui fonde résolument en Dieu le futur foyer.

II – LA PURETÉ

1- Parler pureté ? shocking !

« Pour éduquer la prudence des enfants et des jeunes, ne commencez pas par refroidir leurs aspirations à l’héroïsme, mettez plutôt ces êtres bondissants sur le chemin de la pureté de l’amour, et vous les mettrez ainsi sur le chemin de la prudence héroïque. » (Père Calmel)

Parler de pureté, ce n’est pas d’abord dénoncer, en creux, l’impureté. La pureté est comme l’harmonie entre des notes aussi voisines que transparence, simplicité, innocence, beauté, clarté, sainteté. La pureté à l’état pur, pour ainsi dire, n’existe qu’en Dieu.


L’âme la plus proche de Dieu est aussi la plus pure. Telle est l’Immaculée, la Vierge Marie.

Pur et dur ? Non ! Les saints ont la pureté du diamant, ils n’en ont pas la dureté. Ils sont à l’image du Maître :


« (…) L’attitude du bon Jésus, écrivait l’abbé Berto, est bien digne d’attention : pour son propre compte, en exemples et en enseignements, la pureté la plus exigeante et la plus délicate, à l’égard de ceux qui ont le malheur de tomber dans le vice contraire, une indulgence incroyable »


Pureté du corps ou pureté de l’âme ? Pureté de l’âme d’abord. Pureté du corps aussi.« C’est du cœur que viennent intentions mauvaises, meurtres, adultères et inconduites. » (Mt XV, 19) L’âme pure fuit l’équivoque, le mensonge, la flatterie et toutes les contrefaçons de l’amour, parce qu’elle est éprise de beauté et que la beauté est sœur de la vérité (vérité des choses, des paroles, des sentiments, des gestes).

Le « combat pour la pureté » (CEC n, 2520-2533) est nécessaire, à la suite de notre tendance au péché (cf. supra). L’âme, tentée par les apparences de beauté, s’y blesse souvent. Ne nous étonnons pas de la vigilance maternelle de l’Église : «Si l’Église veille avec une telle passion sur l’amour aujourd’hui, c’est pour sauver les enfants de demain. Elle semble exigeante, mais c’est de l’ordre de la jalousie de l’amour. » (Daniel-Ange)


C’est une lutte de longue haleine, Saint Augustin en témoigne : « Bien dure est la lutte que soutiennent les jeunes gens ; nous en savons quelque chose, nous qui l’avons affrontée. »


« Sentir » n’est pas « consentir », la tentation n’est pas le péché, rappelle Saint François de Sales : «Laissez le démon frapper et crier à la porte de votre cœur (…) Puisqu’il ne peut entrer que par la porte du consentement, tenez-la bien fermée et soyez en paix. »


Et : « Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces. Avec la tentation, il donne le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » (I. Cor. X, 13.) Vous devrez ici développer le rôle capital de la prière.


Enfin : «Ne soit pas dur avec l’homme qui est tenté, mais réconforte-le comme tu voudrais être toi- même réconforté », dit l’Imitation. Votre exposé, durant la marche, apportera ce réconfort.

2- Le « pastoralement correct »

Citons ici quelques points concrets qui, au cours de notre pèlerinage, manifestent une perte du sens de cette pureté chrétienne : les tentes mixtes, la tenue vestimentaire12, la tenue sur les lieux de campement et aux pauses, les familiarités garçons-filles dans les gestes13.

Sans doute ne pourrons-nous pas éviter tous les débordements liés aux grands rassemblements de foules. Mais il est étrange que l’évocation de tels « détails » suscite parfois un rire indulgent.

Nous avons ici un apostolat réel à mener : « Police des tentes » ? « Morale du centimètre » ? ou bien plutôt… Charité fraternelle ?

3 – Entre « vulgarité » et « langue de coton »

Ces sujets sont délicats. L’improvisation dans les méditations, au cours de la marche, serait particulièrement présomptueuse. L’humour lui-même, nécessaire en la matière, doit être mesuré, évitant ambiguïtés et vulgarité. Mais ces questions devraient pouvoir être abordées.
Quelques remarques :

Il y a « public » et « public ». Parle-t-on à une troupe de scouts comme à un chapitre d’adolescents des deux sexes, à des étudiants comme à des jeunes de 14-15 ans ? Garçons et filles n’envisagent pas ces questions de la même façon. Le dire peut aider les uns et les autres à se comprendre et à se respecter.

Le mal des mots. Le « flirt », la « drague », c’est dépassé (Exquise délicatesse de ces expressions !). Aujourd’hui, on dira : « sortir ensemble », « être ensemble », « avoir un(e) petit(e) ami(e) », etc. Que signifient ces expressions apparemment anodines ? A quel genre de « relations » font-elles références ? La jeunesse est particulièrement bien disposée envers ceux qui leur montrent qu’on les trompe. Elle a une certaine exigence de « vérité ». On peut donc ici dénoncer
l’ambiguïté du langage, ses causes, ses effets.

Le « parler » et le « vivre ». Parler « pureté » dans le cadre du pèlerinage, c’est aussi parler de charité, particulièrement de charité fraternelle,… et en vivre. L’exemple change les cœurs plus que les paroles.

Quand les paroles sont nécessaires, l’amour du prochain doit encore en être le principe. Cette charité attentive trouvera les mots justes et le moyen de les dire : un entretien discret est parfois préférable à un « topo » public ; l’amitié aide aussi à dire certaines choses ou à les recevoir (d’où son importance dans un chapitre) ; une jeune fille sera souvent plus à même d’éveiller à la pudeur une autre jeune fille, etc.

« Pour en finir avec l’amour » ou « pour finir avec l’amour » ?

Evoquer le mariage, la pureté, c’est parler d’amour. Parler d’amour, ce n’est pas se dire tout bas des choses sales, c’est s’entretenir, avec délicatesse, de réalités élevées :  » N’ayez pas peur ! Jésus n’est pas venu condamner l’amour mais libérer l’amour de ses équivoques et de ses contrefaçons. (…) Que vos gestes, vos regards soient toujours le reflet de votre âme. Adoration du corps ? Non, jamais ! Mépris du corps ? Pas davantage ! Maîtrise du corps ? Oui !
Transfiguration du corps ! Plus encore !
» disait le Pape à la jeunesse de France. Vous êtes ces jeunes !

LES CHANOINES REGULIERS DE LA MÈRE DE DIEU
(OPUS MARIAE)

9.Pie XI, Encyclique Casti Connubii

10. Jean-Paul II, Message aux jeunes de France, 01/06/80

11. Permanences n° 310, La pudibonderie n’est pas catholique

12. Particulièrement celle des femmes. Ce n’est pas du « machisme », mais une vérité élémentaire : la
sensualité des hommes, plus précise et violente, est aussi plus rapide à éveiller.
13. Ce sujet est lié à la purification du climat social dont parle le CEC, n° 2525

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