UN DÉBORDEMENT D’AMOUR

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Qu’est ce que l’évangélisation ?

Si nous nous reportons à la Sainte Ecriture et aux emplois de ce terme dans le Nouveau Testament, c’est Jésus lui-même qui est le premier évangélisateur : que l’on se reporte à ce passage de S. Luc (IV, 16-21) ou Jésus, dans la synagogue de Nazareth, s’applique à lui-même les paroles du prophète Isaîe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction ; il m’a envoyé porter aux pauvres la bonne nouvelle, Evangelizare pauperibus misit me. (C’est bien là la « mission » du Fils Éternel, consacré par le Père dans l’onction invisible de l’Esprit, envoyé pour annoncer aux hommes l’évangile du salut : « Évangile », « bonne nouvelle » rendue efficace, « salut » devenu effectif dans le sang du sacrifice rédempteur). Retenons que la mission du Christ trouve sa source, en quelque sorte, dans ce trop-plein de l’Esprit dont le Père a comblé l’humanité de Jésus : Spiritus Domini super me.

De même dans la surabondance du don de l’Esprit-Saint que le Christ envoie à son tour les apôtres prolonger et parachever sa propre mission : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et dit : recevez l’Esprit-Saint… » (Jean, XX, 21-22). Il suffit de lire les textes des Actes des apôtres que la sainte Liturgie emploie pendant l’octave les Apôtres et les premières générations chrétiennes comprenaient que la mission évangélisatrice qu’ils avaient reçue du Christ était en eux, oeuvre de l’Esprit-Saint.

Devons-nous pour autant en déduire que l’appel à l’évangélisation est réservé aux bénéficiaires d’une grâce exceptionnelle, « infusion » toute particulière de l’Esprit-Saint ? Certes non, et il y aurait grand risque à prendre certaines de nos fantaisies pour des appels de l’Esprit-Saint. Mais le Seigneur, en fondant son Eglise dans les sacrements jaillis de son Coeur ouvert, a voulu que le baptême et la confirmation nous rendent, réellement, participants de la force de son Esprit ; l’Esprit invisible, reçu par l’onction invisible des sacrements, suffit à nous constituer « évangélisateurs », comme Jésus dans la synagogue de Nazareth : evangelizare pauperibus misit me.

Aussi le premier point de l’évangélisation, c’est pour chacun de nous, commencer par prendre au sérieux les exigences de son propre baptême. Pensons à la si belle phrase du P. de Foucauld : « Aussitôt que je sus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui.  » Chacun devrait pouvoir dire de même. Si nous ne sommes pas assez évangélisateurs, c’est que nous ne sommes pas assez évangélisés nous-mêmes, c’est que nous n’avons pas une conscience assez vive et assez forte de ce qu’a accompli en nous la grâce de notre baptême. Le reste vient toujours. Celui qui découvre en lui la présence vivifiante du Christ trouvera toujours sous quelle forme et de quelle manière Dieu entend se servir de lui pour poursuivre son oeuvre de salut. L’évangélisation commence dans nos propres coeurs dans notre propre vie antérieure. L’exemple des saints nous montre assez que l’évangélisation n’est pas une question de « plans d’action » ou de « méthodes d’apostolat », mais un débordement d’amour.


BRUNO MARTIN,curé

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