Pèlerinage de Pentecôte
de Paris à Chartres

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LA DEFENSE DE L'EDUCATION - Michel Valadier (Directeur de l’Ecole Saint Dominique du Pecq(78))


Michel Valadier Pour écouter la conférence, cliquez sur le lecteur ci-dessous:



Quand vous avez la chance de participer à un banquet dont les mets sont succulents et abondants, lorsque arrive le dessert ou l’avant dessert, il n’a plus de place. J’espère qu’avec Eric que vous n’allez pas sauter le plat. Dans 15 minutes, nous avons terminer à tous les deux.

Je voudrais d'abord sacrifier quelques minutes pour remercier les dirigeants de Notre Dame de Chrétienté, remercier l’Abbé Pozetto en particulier de me permettre de m'associer à cette journée d’action de grâces. C'est une journée où on a pu croiser beaucoup de personnes, beaucoup de têtes, que l’on a plus vues ensemble depuis des années. Je pense aux présents bien sûr qui étaient là Bernard, Alain, Rémy, Marie-Louise, Marie-Alix, Jacques. Je pense aux absents aussi, Max, Nicolas de Ledinghen, Pierre-Yves Colcomb, Alain Rostand, Pierre Soleil qui étaient au bureau du pèlerinage de 1984 à 1986. Puis je pense aux invisibles, Monseigneur Bougaud a une très belle prière qui dit que : « les morts ne sont pas des absents, ils sont invisibles. »

Monsieur l’Abbé vous avez cité François-Xavier, je voudrais y associer mon fils Bruno qui a fait le pèlerinage 11 fois de l’âge de six à seize ans. Il a fait son dernier pèlerinage l’année dernière. Il est là, il nous écoute, il participe à notre action de grâces.

Venons-en à l'école puisque c'est ce sujet, il était aussi élève de Saint Dominique depuis le début. Notre école a été fondée en 1992 il y a 15 ans; nous avions 33 élèves. Alors pourquoi avoir fondé une école avec nos amis du Chalard, Jeaudeau, Martin, Marquant ? Et bien la question s'est posée parce que les écoles existantes étaient soit déficientes, soit pleines à craquer. Et nous avions deux questions, nous nous posions deux questions : peuton laisser nos enfants recevoir de mauvaises bases ? Peut-on laisser nos enfants être imprégnés des idéologies dominantes ? Et bien, nous avons répondu non, bien sûr. Mais pour fonder une école, il faut avoir de l'argent, il faut être riche. Eh bien, l'expérience nous a montré que l'argent n'est pas le vrai problème. Oh certes, nous ne sommes pas riches : un groupe de parents motivés, je ne parle pas des écoles fondées par les congrégations religieuses étant moi-même laïc, des enseignants chrétiens et compétents, des locaux, et puis une bonne dose de courage. Si vous vous mettez à fonder une école, ce que je souhaite puisque nous refusons chaque année beaucoup d'élèves et nous ne sommes pas les seuls. Et bien vous aurez moins de loisirs, mais beaucoup plus de consolations spirituelles. Alors fonder des écoles ! Nous manquons cruellement d’écoles. Saint Dominique, 15 ans plus tard, c’est 600 élèves. Le primaire chaque année, nous refusons 150 élèves. Chaque année, nous refusons 150 élèves, faute de place. Le collège, je vais vous parler de la sixième garçon.
Depuis le 30 septembre, nous avons 30 demandes pour rentrer chez nous en sixième l’année prochaine malgré tous les défauts de notre établissement. Nous n’aurons que 6 places. 30 demandes, 6 places. Alors, prier pour les écoles, donnez de l'argent, donnez encore, soutenez l’AES (Association Education Solidarité), fondée par Monsieur Marchadier. Aidez de votre temps, moi je n’ai pas d’enfant, je n’ai plus d'enfants, la belle affaire. Vous avez une école à côté de chez vous, allez- voir, sonnez on va vous trouver du travail, surtout si vous faites çà bénévolement.

Mais au fait, qu'est une école catholique ? Alors une école catholique, c'est une école où il y a des crucifix au-dessus du tableau, c’est bien. C’est une école où on dit la prière de temps en temps, le matin, pas très longue mais un petit peu quand même, c’est bien, c’est mieux même. C'est une école où les enseignants sont catholiques pour la plupart. C'est aussi une école où il y a une présence sacerdotale, où les élèves reçoivent les sacrements, où les élèves peuvent assister à la sainte messe. La Providence a mis sur notre route l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, un an après notre naissance. Notre succès est le leur car le supplément d'âme de notre école est venu des prêtres, des Abbés Crozat, Direz, Jayr, Cristofoli, et des séminaristes qui sont en stage chez nous. L’Institut nous a ouvert les trésors de sa spiritualité : saint François de Sales, l'apôtre de la douceur, de la civilité, de la bienveillance, on pourrait dire de la civilisation, saint Benoît, la chapelle qui est belle, elle ne l’était pas il y a 15 ans. Une liturgie magnifique, bien préparée, et Saint Thomas d’Aquin, l'amour de la vérité. Nous souhaitons que nos élèves cherchent à comprendre. Et puis l’Institut nous a donné également cet amour de l'Eglise, esprit d'Eglise que nous pensions posséder depuis le MJCF mais avec les travers que le combattant acquiert au combat. Alors une école catholique, c'est tout ça ? Et bien non, il manque encore quelque chose. Le Vatican vient de le rappeler dans un document qui est sorti il y a 10 jours. Une école catholique, c'est une école qui forme la personne dans son intégralité, la formation intégrale de la personne. Alors concrètement qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire qu’au primaire il faut donner les fondamentaux sous le regard de Dieu avec des méthodes qui marchent, avec réalisme, le Père de Blignières citait Charles Maurras en parlant de la tradition qui critique. Toutes les méthodes traditionnelles ne marchent pas. Combien d’entre vous parlaient anglais à la sortie de leur secondaire ? mais les méthodes traditionnelles qui marchent, oui, nous les adoptons, nous les gardons. Savoir améliorer les choses.

Le collège. Au collège nous visons l'apprentissage de l'autonomie. Nos élèves dans le collège grandissent dans un cadre non mixte qui nous paraît important. A côté des cours, et bien, nous développons des équipes projet, nous avons lancé les équipes cette semaine, calquées complètement sur l’approche d’André Charlier avec ses capitaines. Nous étudions les « Lettres aux capitaines » dans les grandes classes. Nous faisons du théâtre, trop peu hélas, nous en faisons tout de même.

Au lycée, nous essayons d'ouvrir, de travailler l’intelligence des élèves et leur esprit critique. A quoi cela sert-il de critiquer les idéologies dominantes si c’est pour proposer une contre-idéologie où chaque jour nous répétons aux élèves, c’est comme çà, ne posez pas de question, Apprenez, c’est comme ça. Nous essayons, nous avons cette ambition. Il y a beaucoup de parents dans la classe, dans la salle, pardon lapsus ! Beaucoup de parents dans la salle disent : « tiens cette école, elle n’est pas comme ça. » ça, c'est la plaquette publicitaire !

Donc les aider à réfléchir, à se poser les bonnes questions. Nous n’avons pas peur de la vérité. L’intelligence mène au réel. La vérité c'est l'adéquation de la pensée au réel donc il n'y a pas problème. Les résultats scolaires sont au rendez-vous. Il nous arrive d’avoir quelques bacheliers en bout de ligne, la majorité, la quasi-totalité. Nous avons en général 50 % de mentions. Les plus beaux fruits de notre école, ce n’est pas ça. Je suis parent d’élèves moi-même et j'espère que mes enfants auront tous le bac puisqu’il faut bien continuer après. Le plus beau fruit pour nous ce sont les vocations. Depuis quatre ans, le bon Dieu nous en envoie deux par an. Depuis quatre ans deux garçons quittent chez nous le lycée pour des classes qui sont chez nous de 18 -20 élèves en moyenne, et donnent leur vie ou se préparent à devenir prêtres ou religieux. Je terminerai par un petit clin d'oeil si vous me le permettez messieurs les abbés, mes Révérends Pères. J’ai retrouvé dans mon missel ce matin, en assistant à la messe l'image du pèlerinage 2004 où il y a cette belle formule : « un seul Seigneur, une seule foi, seul baptême. » Puisque j’ai parlé des vocations, je voudrais parler d’une petite souffrance que, en tant que laïc, je ne suis peut-être pas le seul à partager, qu’il m'arrive de supporter, j’aimerais bien que l’on puisse dire un seul clergé. Non pas qu’il y ait une unification des communautés religieuses mais que l’on ait dans notre famille de pensée un plus grand respect des autres communautés et de ce qu’elles font et du bien qu’elles font : un seul baptême, une seule foi, un seul Seigneur, un seul clergé, merci !

Michel Valadier



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