2023 

Chartres 2023 – Homélie du Lundi de Pentecôte à Chartres – Mgr Gullickson

Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Loué soit Jésus Christ !

Je pense que le passage de l’Évangile du lundi de Pentecôte, saint Jean chapitre 3, peut très bien nous aider à enrichir et centrer notre méditation sur le thème choisi pour le pèlerinage de cette année : « L’Eucharistie, Salut des âmes ». Lorsque j’ai été invité à prendre la place de notre cher défunt, le cardinal George Pell, il m’a été suggéré de m’inspirer, pour cette homélie, de ce que le pape Benoît XVI avait dit lors de son passage à Paris en 2008, sur la place centrale de la Sainte Messe dans nos vies : « Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde » avait dit le Saint Père.

L’année 2008 : pour un vieil homme comme moi, cela semble être hier ! Mais même pour les plus jeunes d’entre vous, les paroles du Pape Benoît n’ont rien perdu de leur pertinence. « Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde ». Oui, c’est une grande revendication ! On pourrait même dire que les paroles du pape Benoît XVI sont prétentieuses : « Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde ». Ces paroles du Pape de 2008 peuvent ou non correspondre à votre expérience de la Sainte Messe jusqu’à aujourd’hui. Je suppose qu’il est plus facile d’accepter son affirmation à l’occasion d’une grande célébration comme la nôtre aujourd’hui, à la fin d’une longue marche de Paris à Chartres. Les gens racontent souvent comment leur vie a été changée par l’expérience de la messe de clôture d’un grand pèlerinage comme le nôtre ou, peut-être, d’une messe papale à l’occasion d’une Journée mondiale de la jeunesse. Mais les paroles du pape Benoît XVI sont plus simples que cela. Ils parlent simplement d’une messe, de n’importe quelle messe. En ce sens, il peut être plus difficile d’appliquer ces mots à nos simples messes paroissiales ou à la messe silencieuse d’un bon prêtre. Pourtant les paroles sont vraies, elles s’inspirent de ce que nous croyons de la Sainte Messe et elles donnent le sens du thème de notre pèlerinage. « L’Eucharistie, Salut des âmes ».

« Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde ». En l’an 165 après JC, le martyr saint Justin s’est retrouvé face à son juge païen, pour répondre de sa profession de foi catholique contre la religion d’État de la Rome antique. Notre martyr Justin a tenu tête à son juge et a insisté sur la nécessité de la célébration de la Saint Sacrifice de la Messe comme seul moyen pour un disciple de Jésus-Christ de sanctifier le dimanche, il a dit très clairement que sans dimanche nous ne pouvons pas vivre. Sans Sainte Messe, nous ne pouvons pas vivre. « L’Eucharistie, Salut des âmes ». Objectivement, le christianisme était une réalité assez minuscule dans le monde encore majoritairement païen de l’époque de Justin. Cependant, que le christianisme fut grand ou petit n’était pas, et ce ne sera jamais le sujet. Le témoignage de saint Justin face à la mort n’était pas une stratégie mais plutôt une vérité avec laquelle lui et les premiers chrétiens ne voulaient pas et ne pouvaient pas transiger. Il a dit que sans dimanche, nous ne pouvons pas vivre. Il doit en être de même pour nous aujourd’hui. Tenir au Saint Sacrifice de la Messe est chose absolue pour les catholiques. C’est votre présent et ce sera votre seul avenir.

Comprenons ce que veut dire notre thème et énonçons-le le plus clairement, le plus fièrement, de la façon la moins équivoque possible. Saint Justin, Martyr en l’an 165 de notre ère, me comprendrait parfaitement quand je dis que la messe est l’œuvre par excellence des catholiques : c’est une question de bonté, c’est une question de vérité, c’est tout simplement la source de la vraie lumière. « Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde ». Tout le reste, sauf Jésus-Christ, est ténèbres et son sacrifice sanglant sur la croix est accompli une fois pour toutes. Ce sacrifice était nécessaire pour notre salut, pour le salut du monde. Le vrai bonheur, la lumière et la vie ne se trouvent nulle part ailleurs qu’en Lui. Rien d’autre ne compte, mais seulement ce qui peut être trouvé en Lui, personne d’autre que le Seigneur ne comble tous nos besoins.

En ce sens, pour comprendre ces jours de marche, on pourrait dire que le week-end de la Pentecôte en tant que pèlerinage représente l’ensemble de notre vie. Elle est ou peut-être pour nous une intense expérience religieuse. Nous n’avons pas seulement voyagé de Paris, ou de partout où nous avons commencé notre voyage, vers la cathédrale de Chartres. Notre pèlerinage représente le cheminement de notre vie vers Dieu. Israël a marché hors d’Égypte, à travers la mer Rouge, se déplaçant par étapes à travers le désert jusqu’à la Terre promise. Par le Baptême, nous sommes appelés à tout abandonner et à nous lier au Christ. « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi le Fils de l’homme doit-il être élevé, afin que tout homme qui croit en lui, ait la vie éternelle. » [St Jean 3 : 14-15]. Christ élevé sur la Croix et attirant tout à Lui, voilà ce que nous sommes.

J’attire spécifiquement votre attention sur les derniers mots de l’Evangile d’aujourd’hui :

[“Omnis enim qui male agit, odit lucem, et non venit ad lucem, ut non arguantur opera ejus: qui autem facit veritatem, venit ad lucem, ut manifestentur opera ejus, quia in Deo sunt facta.”]

‘Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient condamnées. Mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce que c’est en Dieu qu’elles sont faites.’

Tout récemment, j’ai eu la joie de lire l’édition réimprimée et complétée en anglais [par Romanitas Press de 2022] du livre du moine bénédictin français, Dom Gaspar Lefebvre, O.S.B. « Catholic Liturgy : Its Fundamental Principles », initialement traduit en anglais en 1924, à partir de son ouvrage de 1920 : « Liturgie : Ses Principes Fondamentaux ». Au chapitre VI, intitulé Le Saint Sacrifice de la Messe, Dom Gaspar écrit ce qui suit, je cite :

« Dans tout l’univers, dit Bossuet : il n’y a rien de plus grand que Jésus-Christ ; et en Jésus-Christ il n’y a rien de plus grand que son sacrifice » ; et dans son sacrifice il n’y a rien de plus grand que le moment de sa mort, quand le Sauveur, criant d’une voix forte, dit : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Quand nous nous souvenons que l’Église est la continuation de la vie du Christ sur la Terre et que la Messe est la continuation du Calvaire, nous pouvons aussi dire que dans le monde entier il n’y a rien de plus grand que l’Église, dans l’Église il n’y a rien de plus grand que la messe et, dans la messe, il n’y a rien de plus grand que la transsubstantiation. Saint Thomas s’écrie :

« Peut-il y avoir quelque chose de plus merveilleux que ce sacrement ? En lui, il se produit que le pain et le vin ne sont plus du pain et du vin, mais à leur place, le Corps et le Sang de Christ » c’est-à-dire : « Le Christ lui-même est là, Dieu parfait et homme parfait, sous l’apparence d’un peu de pain et de vin. » (5e leçon des Matines de la fête du Très Saint Sacrement). page 45, in ‘Liturgie : Ses Principes Fondamentaux’, Dom Gaspar Lefebvre, OSB, Romanitas Press, 2022, Kansas City).

J’espère et je prie pour que ce pèlerinage et ce Saint Sacrifice de la Messe en particulier puissent vous fortifier, vous inspirer, oui, vous encourager sur votre chemin vers Dieu par le Christ. Car en effet, la question pour nos vies semblerait être : « Comment parvenir à Dieu ? » Et la réponse est très simple : « Soyez prêt à vous tenir aux côtés de Saint Justin ». Pourriez-vous finir comme saint Justin mourant en martyr pour la messe dominicale ? Il ne s’agit pas de réclamer le martyre ! Tenez-vous juste prêts avec Justin si on vous appelle et peu importe les conséquences ! « L’Eucharistie, Salut des âmes » : « Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde ».

Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Loué soit Jésus Christ !

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