Discours du Président de Notre-Dame de Chrétienté – Choisel – 5 juin 2022

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Nous sommes de simples familles catholiques voulant rester catholiques dans un monde qui ne l’est plus. Tous les pèlerins, marcheurs et anges gardiens, prieront aux intentions du Saint Père, de nos évêques et de l’Eglise afin que nous ne soyons pas privés des sacrements et que nos prêtres puissent exercer leurs apostolats dans la paix.

Chers amis pèlerins,

Quelle joie de vous retrouver aujourd’hui, en ce dimanche de Pentecôte, au pèlerinage de chrétienté !

Quelle joie de fêter avec vous notre quarantième anniversaire !

L’aventure du pèlerinage a traversé les années, les générations se sont succédées depuis 1983. Les anciens ont connu les persécutions puis la paix liturgique sous les papes Jean-Paul II et Benoît XVI. Les jeunes pèlerins découvrent avec stupeur la dureté glaciale du motu proprio Traditionis Custodes, les réponses de la Congrégation pour le culte divin, avec sa panoplie de restrictions, punitions, précisions bureaucratiques, menaces.

Il suffit de vous regarder, chers pèlerins :

Cela se voit : vous êtes nostalgiques d’une époque révolue !

C’est évident : vous voulez vivre en marge de l’Eglise dans des ghettos !

Soyons sérieux, la moitié d’entre vous a moins de 20 ans. Vos grands-parents n’ont même pas connu la période avant Vatican II.

Il faudra bien un jour que nos autorités regardent la réalité, celle toute simple qui saute aux yeux.

Nous sommes des catholiques ordinaires voulant pratiquer la forme extraordinaire.

Pèlerins de chrétienté, vous venez faire une retraite spirituelle de conversion pendant ces 3 jours de Pentecôte. Il s’agit de votre salut éternel et rien dans votre vie n’est plus important. Vous venez prier et vous voulez prier dans la liturgie tridentine, dans la forme traditionnelle d’où votre présence à ce pèlerinage. Vous venez également pour écouter et rencontrer les prêtres, religieux, religieuses et séminaristes en charge de l’accompagnement spirituel. Vous venez rencontrer la grâce de Dieu pendant ces 3 jours et « crier l’Evangile » comme le demandait Saint Charles de Foucauld.

Est-ce si compliqué de le comprendre ?

Les restrictions récentes qui ont empêché certains clercs diocésains de venir au pèlerinage sont désolantes et nous attristent profondément. Nous sommes en union de prières avec tous les interdits de pèlerinage de chrétienté.

Chers pèlerins, vous n’êtes pas responsables de la crise actuelle dans l’Eglise, de la disparition de la pratique religieuse, des séminaires vides, des catéchismes inconsistants, du relativisme ambiant.

Vous n’êtes pas responsables des compromissions avec la morale catholique, du désastre de l’enseignement. Vous n’êtes pas responsables des interdictions des messes publiques, des ordinations, des sacrements et même des interdictions de soutanes que ce soit pour cause de Covid ou Traditionis Custodes.

Vous avez hérité de cette société sans Dieu. Vous devez élever vos enfants et transmettre la foi pour leur salut ce qui engage le vôtre.

Comment dans la situation actuelle peut-on vous reprocher de choisir des paroisses, des prêtres, des catéchismes et écoles traditionnels ?

Nous supplions le Saint Père de regarder la vie quotidienne des catholiques.

Nous ne sommes pas des théologiens subtils, de grands exégètes des intentions cachées de Vatican II ni des liturgistes raffinés. Nous sommes de simples familles catholiques voulant rester catholiques dans un monde qui ne l’est plus.

Tous les pèlerins, marcheurs et anges gardiens, prieront aux intentions du Saint Père, de nos évêques et de l’Eglise afin que nous ne soyons pas privés des sacrements et que nos prêtres puissent exercer leurs apostolats dans la paix.

En cette belle fête de Pentecôte, je sais que vous ne manquez pas de cette espérance qui, comme nous le dit Saint Paul, « ne déçoit pas, parce que l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par le Saint-Esprit ».

Nous avons choisi cette année, si importante pour nous, de célébrer le Sacré Cœur, espoir et salut des nations. Le Sacré Cœur est une dévotion pour notre temps, il est le cœur de Dieu qui se penche sur l’homme, une descente de Dieu pris de compassion pour l’humanité.

En 2023, l’année prochaine, nous fêterons le 150ème anniversaire de la loi déclarant d’utilité publique la construction du Sacré-Cœur de Montmartre, sanctuaire de l’adoration eucharistique et de la miséricorde divine. Nous fêterons également le 100ème anniversaire de l’achèvement de sa construction en 1923.

Tout n’était pas mieux avant mais nous aimons ce temps où la République encourageait la construction d’églises et mettait Dieu au-dessus des lois humaines.

Nous comprenons mieux combien les mots de Saint Jean-Paul II étaient justes quand il nous disait qu’« une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois ».

Comme le Saint Père vient de nous en donner l’exemple avec la consécration de la Russie et de l’Ukraine au Cœur Immaculée de Marie.

Pourquoi les évêques de France ne consacreraient-ils pas l’année prochaine en la fête de l’Assomption leurs diocèses au Sacré Cœur ?

Rien ne semble plus urgent.

Je voudrais terminer en vous parlant de votre association, Notre-Dame de Chrétienté, qui organise le pèlerinage de Chartres.

Nous avons besoin d’abord de vos prières mais aussi de bras, de cerveaux et de soutiens financiers.

Chers pèlerins marcheurs, je m’adresse d’abord à vous. Pensez à remercier les formidables jeunes (et les moins jeunes d’ailleurs aussi) des différents services Soutiens qui permettent le pèlerinage.

Chers pèlerins de la Direction des Soutiens et des autres services de NDC, pensez, vous aussi, à remercier les pèlerins de leurs prières. Ce sont vos successeurs de demain, soyez de bons sergents recruteurs !

Soutenez Notre-Dame de Chrétienté. Suivez nos activités tout au long de l’année : retraites, formations, récollections, universités.

Soyez présents le 8 octobre à la messe d’action de grâce à l’église St Roch dans Paris pour notre quarantième anniversaire.

Engagez-vous comme évangélisateur au chapitre Emmaüs. Allez avec eux aux périphéries ! Vous ne serez pas seuls, 20 000 pèlerins prieront avec vous. Avec Saint Charles de Foucauld cet après-midi, prions pour qu’ils sachent toucher les cœurs.

Parmi les nombreuses intentions de cet après-midi, je vous demande de prier pour une maman, grande amie du pèlerinage très malade, pour Gaultier.

N’oubliez pas nos amis, très proches de NDC, récemment rappelés à Dieu : Madame Pozzetto, le Commandant Beth, Eric Angier de Lohéac, Christine Rudent, Dominique Neveu, Eric Van Rie, Jean-Pierre Hachard, Didier Raynal, Agnès Artur, Hervé et Herrade Pinoteau. Pardon pour ceux que j’aurais oubliés.

 

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous, Notre-Dame de Paris, priez pour nous, Notre-Dame de Chartres, priez pour nous,

Jean de Tauriers

Merci Monseigneur, pour cette messe d’envoi et votre homélie !

Merci au Père Henri de la Hougue, curé de St Sulpice, pour son accueil bienveillant en ce jour.

Bienvenue aux prêtres, consacrés, séminaristes qui prennent le départ et accompagnent le pèlerinage pour servir vos âmes.

Bienvenue aux cadres et bénévoles qui sont à leurs postes. A tous, bon courage.

Quittons avec calme et rapidité l’église ensuite, pour obliger ceux qui nous aident et nous accueillent ; cette paroisse, et les forces de l’ordre qui encadreront la colonne des marcheurs et véhicules.

Ami pèlerin,

Joyeux anniversaire, car c’est le 40ème pèlerinage de Chartres !

C’est aussi le 150ème anniversaire d’une loi des hommes en faveur de Dieu. La décision de bâtir un sanctuaire national au Sacré Cœur de Jésus.

Paris!

C’est Lutèce de St Denis (l’évêque, pas le stade)! de Ste Geneviève ! De St Louis, St Vincent de Paul, et tant d’autres ! Capitale de la France.

C’est aussi hélas, Babylone, terre de péché et de désordre[1]. « J’étends mes mains tout le jour vers ce peuple incrédule ; il me rejette et me contredit [2]»

C’est enfin Ninive[3], avertie rudement en 1870, convertie publiquement au Sacré Cœur en amende honorable. La basilique du vœu, sanctuaire d’adoration et de réparation sur le Mont des Martyrs est son point culminant, avant la Tour Effel.  « Et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tout à moi ». « Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé [4]» !

Pèlerin, écoute l’effigie du Sacré Cœur, relique de St Charles de Foucault; elle te parle au coeur…

Au Golgotha, je suis frappé, et ouvert. A Paray le Monial, à Montmartre, je frappe.

Oui, je frappe à la porte de chaque cœur, de ton cœur[5]. Ici, maintenant…

Mais pas seulement. Je frappe à la porte des nations, au cœur des Nations.

Ne suis-je pas leur seul, leur unique Roi[6]?

Oui, mon Cœur est l’espoir et le salut des nations ; hier, aujourd’hui et demain.

Pèlerin, entends-tu ? Alors regarde, regrette, répare!

Regarde !

Sous les pavés, le sable promis n’est pas celui de la plage, mais du désert.

Désert inhospitalier, hostile et stérile. Celui du monde sans Dieu.

« Les enfants gâtés qui ont fait mai 68 dirigent ce monde depuis 50 ans[7] ». Ils ont jugé, condamné, rejeté « l’héritage de siècles chrétiens, avec leurs prodiges de miséricorde et de sacrifice[8] »… Que reste-t-il à faire ? L’effacer totalement, s’il se pouvait ? Tu comptes en toi ou autour de toi les coups et blessures; la Cancel culture et le wokisme – le légalisme servile de masse, avec sa médiocrité et sa désesperance[9]… – la déconstruction, la pulverisation du mariage, de la famille et du couple – l’amour humain profané, animalisé – l’éducation et école ensauvagées – l’autorité profanée entre dureté et faiblesse coupable – enfin, le rejet du vulnerable déclaré inexistant, parce qu’indésirable; l’ancien, l’handicapé, l’incurable et l’enfant à naître. Pire que tout, l’incapacité à se défendre contre le mal, ne serait-ce qu’en l’appelant par son nom[10].

« Les œuvres de l’esprit humain, quand elles ne craignent pas Dieu, se révèlent être de terribles maîtres[11]».

Regrette !

Avant toi, tant d’autres ont mesuré l’avancée de ce désert en eux, autour d’eux. Le vide du cœur qui déserte le Sacré Coeur… La faim, la soif du cœur qui cherche.

« Un homme avait 2 fils… le plus jeunes s’en alla dans un pays lointain… Il gaspilla tout son héritage… Oui, jeune, je suis allé loin de vous, loin de votre maison, de vos autels, de votre Eglise, dans un pays éloigné, le pays des choses profanes, de l’incrédulité, de l’indifférence,… Oh! Qu’il est douloureusement loin de vous, ce pays-là ! J’y suis resté longtemps, 13 ans, dissipant ma jeunesse dans le péché et la folie[12]». Comme St Charles de Jésus, quitte ce désert, maintenant; frivolité, bruit, consumerisme, papillonage et curiosité, esprit de rébellion. Partage la lucidité retrouvée, la contrition, la confession qui ramène à Dieu, la joie profonde. Ces 3 jours sont une occasion unique de le faire, une oasis au désert ; ne passe pas à côté!

Répare !

Pas d’oasis sans une source. La source intarissable, c’est le Sacré Cœur. « Celui qui a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ![13] » Tu puiseras les grâces de pardon et réparation. Par ta confession, ta participation à la Ste Messe, ta communion, ton effort offert, ta charité fraternelle envers tous. Réparer, c’est aimer pour compenser le manque d’amour.

Ecoute et suis l’appel de Chartres, l’appel du Sacré Coeur; « appel profond de choses plus élevées, plus brûlantes et plus pures que celles offertes par la société de consommation, la publicité, l’abrutissement culturel et intellectuel, l’étourdissement du progrès technologique[14] ».

2 ans de restriction ont creusé ton désir spirituel. Tu sais le besoin, l’urgence salutaire de prendre ce nouveau départ! Allons, en route, de tous tes pieds, toute ta voix, tout ton coeur!

Procedamus in paceavançons dans la paix, au Nom du Seigneur!

[1] Isaïe, 21,9 et Apocalypse, XIV, 8.

[2] Romains, X, 21.

[3] Jonas III.

[4] Jean XII, 32 – et XIX, 37.

[5] Apocalypse, III, 20.

[6] Antienne O, 22 décembre, Bréviaire Romain. Pie XI, encyclique Quas Primas.

[7] Monseigneur David MACAIRE, Message pastoral d’Avril 2022.

[8] Alexandre SOLJENITSYNE, Discours de Harvard, 1975.

[9]  Idem.

[10] Ibidem.

[11] Ibidem.

[12] St Charles de Foucault, Commentaires sur les Evangiles.

[13] Jean VII, 37.

[14] SOLJENITSYNE, idem.

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