Vie de Saint-Bernard

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Le cloître, c’est Jérusalem sur la terre, c’est la Cité de refuge, c’est le chemin raccourci pour atteindre la Jérusalem céleste.

Bernard naquit à Fontaine-lès-Dijon en 1090. Son père et sa mère appartiennent à la haute noblesse bourguignonne. Il fut le 3ième de sept frères. A 20 ans, ses humanités terminées sous la direction des chanoines de Saint Vorles, il rêve la gloire des lettres et s’apprête à l’aller quérir dans les écoles allemandes, quand, sous l’action de la grâce, il se décide à entrer à Cîteaux.

Il n’y rentre pas seul : il emmène avec lui sept parents.

Dès lors, Cîteaux va voir affluer de nombreuses vocations : l’élite de la Bourgogne en attendant l’élite de tout l’Occident.

Au bout d’une année, Cîteaux déborde et en 1113 commencent les Fondations dont la 4ième sera Clairvaux (juin 1115) et dont l’Abbé sera Saint-Bernard qui a 25 ans et deux années de profession. Il commence par s’y sanctifier dans l’épreuve et l’austérité ; bientôt la sainteté brille, la prospérité de l’Abbaye vient avec elle, puis la gloire. Parmi les premiers novices de Clairvaux, on compte le propre père de Saint-Bernard et son plus jeune frère. Quant à leur sœur Humbeline, déjà mariée, elle se décidera bientôt pour le cloître et entra à Juilly.

Dès 1126, à la suite de quelques miracles obtenus par sa prière et son action, Bernard jouit universellement de la réputation « d’homme de Dieu ». Son influence devient du même coup universelle. Dans l’Ordre naissant, il est la colonne, l’arbitre à qui on confie les affaires générales. Les autres familles religieuses sont heureuses d’entrer en relation avec lui : Pierre le Vénérable, Abbé de Cluny, se félicite d’être son ami ; Suger, Abbé de Saint-Denis, Conseiller des Rois de France, accepte ses remarques et réforme son propre monastère sous sa direction. Les monastères du Nord de la France lui demandent des instructions pour la tenue de leurs chapitres généraux ; il visite la Chartreuse de Saint-Bruno ; il assure le Domaine de Prémontré à Saint-Norbert, pour la fondation de ses chanoines réguliers ; son influence pénètre partout dans l’ordre religieux et partout avec lui pénètre le nom cistercien.

Dans l’ordre ecclésiastique, il exerce la même influence : bien qu’il ait pris la décision de ne jamais sortir de son monastère, les évêques ont souvent recours à lui : il écrit à l’Archevêque de Sens – à sa demande – un petit traité « des mœurs et devoirs des évêques ». Il entre en relation avec l’évêque de Troyes, avec Gilbert l’Universel, Evêque nommé de Londres, avec Hugues Damien, Archevêque de Rouen, avec Hildebert de Tours, Geoffroi de Chartres, Geoffroy de Chalon, Alvise d’Arras…et bien d’autres. Puis il est appelé au Concile de Troyes (1128) : il ne se passe plus une affaire grave intéressant l’Eglise universelle que Bernard n’y soit convoqué : à Etampes, on s’en remet à lui pour prononcer sur la validité des élections simultanées des papes Anaclet II et Innocent II ; il est appelé en Aquitaine, en Italie, à Tours pour éteindre un schisme : il voyage dans les Flandres et jusqu’à Liège pour le même motif ; quand Abélard trouble les écoles et l’Eglise par ses doctrines subversives sur les dogmes chrétiens, c’est à Bernard que revient le soin de le confondre au Concile de Sens ; quand il y a une croisade à prêcher, c’est à Saint-Bernard d’en lancer l’appel.

A ces affaires religieuses se mêle toujours l’ordre politique et ainsi Saint Bernard entre en relation avec le Comte de Champagne, avec Louis VII, avec Robert de Sicile, avec le Comte de Poitiers, avec les Hohenstaufen, avec l’Empereur.

Et Saint Bernard parcourt l’Occident pour les affaires de l’Eglise : cependant, il reste moine, le «Moine de Cîteaux». Il prêche la vie monastique et il la veut dans toute sa rigueur : le cloître, c’est Jérusalem sur la terre, c’est la Cité de refuge, c’est le chemin raccourci pour atteindre la Jérusalem céleste.

Il écrit aussi, et dans un style qui a su capter avec leurs textes tous les charmes des Livres Saints. Il écrit pour ses moines un commentaire tout personnel, tout original de la règle de Saint-Benoît, dans son traité des degrés de l’orgueil ; il écrit l’apologie qui précise si bien la portée de l’ordre monastique et la valeur de chacune de ses branches, il donne des sermons (du temps, de carême sur le psaume 90, sur le Cantique des Cantiques). Pour l’extérieur, il écrit des lettres, lettres d’une touche si délicate que le cœur de Bernard y paraît à vif : lettres aux Abbés des monastères fondés par lui, lettres à la jeunesse qu’il aime comme on aime la vie qui s’épanouit ; il donne aux moines bénédictins de Saint-Pierre de Chartres des consultations sur les préceptes et les dispenses des règles, autrement dit, sur l’obéissance religieuse. Tous ses écrits constituent peu à peu la Somme de la science monastique et se passent de monastère à monastère. Par là, Saint Bernard devient le Docteur de l’Ordre de Cîteaux et même de l’Ordre Monastique tout entier : il le fût en son siècle, il le restera toujours, comme pour toujours il est le Docteur de l’Eglise Catholique.

Et il va mourir épuisé, le 20 août 1153.

D’après Don Anselme LE BAIL, Abbé de Chimay.

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