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jeudi 27 mai 2021

Mot de clôture du 39e pèlerinage de Pentecôte - Abbé Garnier - Aumônier général

Merci Monseigneur, pour cette belle messe de clôture du pèlerinage de Pentecôte 2021. Merci de votre belle homélie.

Merci à Monseigneur Christory, Evêque de Chartres, pour son accueil paternel et bienveillant.

Merci à vous, Monsieur le chanoine Blondeau, recteur de cette cathédrale, pour votre disponibilité, votre joie, votre soutien au pèlerinage cette année encore.

Merci en direct mais aussi à distance, à tous les prêtres, diacres, religieux et religieuses, séminaristes qui ont accompagné la prière et la marche des pèlerins un peu partout en France et dans le monde.

Merci encore aux bénévoles de Notre Dame de Chrétienté qui ont aidé pour l'organisation de ces cérémonies des 3 jours.

Merci chers pèlerins de votre mobilisation, de votre souplesse, de votre adaptation et de votre discipline pour être, avec les conditions particulières de cette année, au rendez-vous tout de même, à Chartres, mais aussi en tant d'autres lieux. La prière n'a pas de frontières, disait un ancien. Comme il avait raison, comme nous avons pu l'éprouver durant ces jours de Pentecôte! J'ai une pensée particulière pour les anges gardiens non marcheurs qui ont jeté dans la balance spirituelle tout le poids de leur prière et de leurs sacrifices!

 J'espère qu'au terme de ces 3 jours de prière, de messe, de confession, de méditation et de formation, d'effort et de retrouvailles, nos âmes sont de nouveau jointes ; jointes au Christ d'abord, et ensuite les unes avec les autres, dans l'amour de l'Eglise Catholique, de la France, du sacerdoce et de la famille, de la Sainte Messe, de l'adoration et de la mission.

O Christ notre Voie, gardez-nous des déviances et des séductions mondaines.

O Christ Verité, gardez-nous de la contagion de l'erreur et du mensonge, plus dangereuses que toute autre.

O Christ Vie, rendez et augmentez sans cesse aux âmes cette vie de la grâce, semence de votre gloire. Vous êtes venu pour que nous l'ayions et en abondance.

Chers pèlerins, tenez bon, appuyés fermement sur les 3 piliers de notre cher pélé ; Chrétienté, Tradition, Mission !

A tous ceux qui le peuvent, je donne un « rendez-vous / rendez grâce », à l'église Ste Odile, jeudi 10 juin prochain, à 19h30. Comme nous venons de l'entendre, il est bon, équitable, salutaire de rendre grâce à Dieu, toujours, partout!

Maintenant, avant de retourner au service du règne du Christ, nous allons chanter comme 10. Ainsi, nous chanterons pour ceux qui n'ont pu venir à Chartres cette année, et nous leur serons unis dans la louange!

Chantons notre Sauveur victorieux et Notre Dame, Reine de France.


Homélie de la messe de clôture - Chartres - Mgr Rey - Evêque de Fréjus-Toulon

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,

Chers frères et sœurs,

Nous nous retrouvons en ce lundi de Pentecôte dans un contexte marqué par une crise sanitaire dont nous avons peine à sortir, qui signe la fragilité de notre monde, mobilisé jusqu’alors par l’idéologie du progrès sans fin. Certains parlent même de collapsologie, de signe de fin du temps, de fin du monde.

La question de la mort revient d’actualité dans ce climat anxiogène de psychose virale. Cette peur généralisée de mourir nous fait redécouvrir le caractère sacré de la vie humaine mais laisse transparaître la détresse des âmes, la perte de sens, l’extraordinaire solitude de beaucoup. On est à la fois victime et otage d’une hystérisation médiatique alimentée par les réseaux sociaux lorsqu’on nous matraque par exemple chaque jour le chiffre des morts.

Cet effroi collectif illustre le paradoxe de cette phrase terrible : « les hommes vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu ». La peur de mourir constitue aussi le terreau de toutes les formes de violence, de complotisme, mais aussi d’intrusion de l’état dans la vie privée et dans la liberté religieuse.

Cette crise révèle aussi une désocialisation ; la culture du masque nous habitue à une vie sans visage, sans percevoir l’unicité et la singularité de chacun ; les rues ont été investies par des clones oppressés qui rasent les murs et se réfugient dans l’anonymat et l’indifférence, posture hygiénique de l’immunité qui fait passer la communauté humaine vers son contraire, la distanciation, l’exclusion, l’atomisation, où l’on traite les humains comme des corps en oubliant l’âme, la relation à autrui qui fonde l’humain.

L’isolement conduit beaucoup vers le numérique, à cause en particulier du télétravail. Pour pallier la distance, chacun s’engonce dans le virtuel, parfois jusqu’à l’addiction. Une grand-mère confiait très récemment son désarroi : « la meilleure façon pour mes enfants et mes petits-enfants de me montrer qu’ils m’aiment est de ne pas me toucher ni de venir me voir ». Pour empêcher de mourir, on empêche de vivre.

C’est en faisant tous ces constats tragiques sur le temps que nous vivons, que nous nous rappelons cette définition que faisait Bernanos à propos de l’espérance : « L’espérance, écrivait-il, est un désespoir surmonté ». Oui, paradoxalement, nous chrétiens, sommes convoqués par le Seigneur pour témoigner à l’humanité de l’Espérance. Cette vertu théologale, fille de la Miséricorde, par laquelle Dieu constitue non seulement notre héritage le plus profond, notre présent le plus actuel, mais également notre avenir le plus sûr. Le Christ se trouve devant nous, Il nous précède sur le chemin du ciel par Sa victoire pascale, comme cette cathédrale surgissant de la terre à l’horizon vers laquelle vous avez dirigé vos pas en priant.

Les aléas actuels de l’histoire, les turpitudes et les incertitudes du présent nous convient à un sursaut d’espérance. Les crises comme les maladies sont révélatrices de dysfonctionnements ; elles nous poussent à repenser nos organisations de vie, nos styles de vie, à envisager différemment nos priorités, nos finalités, bref, elles nous pressent de nous convertir. L’histoire nous apprend que l’humanité comme toute croissance personnelle et humaine, avance par crises successives avec les peurs et les remises en cause qu’elles occasionnent. Et celle-ci nous oblige à reconsidérer les fondamentaux qu’on avait oubliés ou pervertis. Chaque crise appelle au dépassement, c’est-à-dire à trouver les ressources physiques, morales, intellectuelles et surtout spirituelles pour vivre un rebond, une résilience. Ainsi, comme Jacob blessé dans son combat avec l’ange et devenu boiteux, nous avançons vers Dieu de chute en chute.

N’oublions jamais que le christianisme surgit de la mort, jaillit d’un tombeau trouvé vide par les disciples. Un tombeau devenu berceau. Notre espérance ne se fonde pas sur des espoirs humains factices, ni sur des projections idéologiques ou technologiques, mais sur un évènement qui s’est produit il y a deux mille ans dans notre histoire, et par lequel Jésus-Christ est entré dans notre temps pour l’ouvrir à son éternité. C’est à partir de nos limites et de la mort qu’il a assumées en sa chair, qu’Il nous projette dans une espérance continuelle, éternelle, qui a sa source en la résurrection et qui nous est répétée à chaque messe. Cette tension de la terre jusqu’au ciel s’exprime architecturalement par l’élancement de cette flèche de cette cathédrale gothique qui traduit dans la pierre notre espérance. Cette flèche est une prière, un cri vers Dieu, auquel Celui-ci répond à chaque célébration du sacrifice eucharistique. Il descend en Sa miséricorde au milieu de nous, en nous, pour nous réunir, nous nourrir de Sa présence sacramentelle afin de nous relever sans cesse de nos affaissements.

Chers pèlerins, votre jeunesse incarne cette espérance dont le monde a besoin, à condition que celle-ci se grève en Dieu et non pas sur des rêves chimériques sans lendemain ou sur des utopies qui se terminent, l’histoire le prouve, dans la cendre et le sang. Espérer contre toute espérance, clame l’Epître aux Romains. Espérer dans la nuit, la nuit du doute, la nuit des sens. Ou encore, comme l’écrivait Gustave Thibon, « n’espérer qu’en Dieu quand on a désespéré de tout ce qui n’est pas Dieu ».

L’Esprit-Saint que l’on a accueilli en la fête de la Pentecôte, est l’âme de l’Espérance : par ses dons, l’Esprit nous arme d’ardeur, de courage, de fidélité, de « persévérance » comme le rappelle l’Epître aux Romains, afin de nous amener jusqu’au bout de cette espérance et en récolter le fruit. « On obtient Dieu autant que l’on en espère », disait Thérèse de l’Enfant-Jésus. Face à tant de vies rabougries, minées par l’illusion, alors que tant de nos contemporains sombrent dans le désespoir par le fatalisme ou la résignation, cette crise nous convoque comme chrétiens à porter l’espérance à notre monde qui traverse l’obscurité et à guetter l’aurore où Dieu advient. Il nous faut nous attendre à Dieu ; « C’est avoir Dieu que de l’attendre », soulignait Fénelon. Attendre Dieu de Dieu et de rien d’autre ; qui espère dans le Christ ne peut d’accommoder d’un monde qui le refuse.

Chers pèlerins, l’espérance chrétienne constitue le ressort de votre engagement. Pèlerins, pèlerins d’espérance, qui avez sous la pluie parcouru le chemin jusqu’à Chartres, vos pas se sont inscrits à la suite de tant d’hommes et de femmes qui à travers les siècles, ont emprunté la même route, bravé les mêmes intempéries, traversé les mêmes paysages de Beauce. Vous avez rejoint et prolongé leur quête de Dieu et leurs supplications, et dans cette cathédrale qui vous accueille, vous mêlez vos prières à toutes celles et ceux qui ont bâti cet édifice, l’ont habité de leurs larmes et de leurs actions de grâce.

Oui, le Christ est pour nous promesse, Il est l’avenir de l’homme ; sa prophétie. Mais il est aussi son héritage. L’histoire sainte qu’il a ouverte en partageant notre condition humaine se prolonge jusqu’à nous, tout à l’inverse d’une pensée amnésique, disruptive, progressive, qui bannit l’antécédence et l’antériorité, et prétend bâtir un monde nouveau, fabriquer un homme nouveau, robotisé qui s’affranchirait du passé, de ses limites, et de la nature, du réel.

Nous cherchons à nous arrimer à un ancrage. Nous voulons nous relier à des permanences, à un patrimoine éprouvé, sûr. Nous osons retrouver et réassumer notre origine, qui soit pour nous un pivot ; et c’est ce que nous exprimons, et ce qui est honoré dans la liturgie, dont la sacralité et la beauté nous rapportent à Dieu. L’utopie progressiste développée depuis le XVIIIième siècle, induit la tentation d’un dépassement continuel de nos limites, le délitement d’un passé révolu, la subversion du réel, l’obsolescence programmée afin de valoriser l’inédit, la perpétuelle nouveauté. Comme chrétiens, nous sommes appelés à retrouver des lignes de continuité qui induisent un sens et permettent un engendrement à partir de ce que le Christ a réalisé en notre histoire. Les vraies nouveautés ne peuvent procéder que par un accouchement. Chaque mère de famille ici présente, pourrait en témoigner.

Rechercher cet enracinement ne signifie donc pas se figer dans le rétroviseur du passé pour y cultiver la nostalgie, la mélancolie du temps jadis, ou bien encore, répéter le même, reproduire l’identique ; mais en retrouvant nos racines, nous puisons la sève qui irrigue et féconde notre vie, et cette mémoire nous épargne de toute réapprendre, de tout vouloir réinventer. Elle nous permet de conduire l’histoire dont nous sommes les héritiers et les gardiens jusqu’à son achèvement dans le Christ. Nous bénéficions de tout ce que l’humanité a vécu, a appris, nous a légué pour le conduire à son terme, à ce Royaume de justice, de paix et d’amour que le Christ a inauguré et qu’Il a confié à Son Eglise.

La vogue de la mobilité absolue, du zapping, du clic informatique, du virtuel conduit à un perpétuel déracinement, à la mise hors-jeu de ceux qui par nature ou par statut, sont inaptes à se couler dans cette fluidité (et je pense en particulier aux personnes âgées). Nous devons nous déporter du projet culturel de la post-modernité qui mise sur le principe de l’accélération et de l’innovation perpétuelle dans l’espoir d’une vie plus réussie. Cette société liquide sacralise la mode et dévalue le modèle. Elle génère un individu nomade, itinérant, électron libre, aimanté par une perpétuelle fuite en avant technologique ou ésotérique et qui ne sait pas qui il est, ni où il va parce qu’il ne sait pas d’où il vient. Cette instabilité constitue une caricature de la liberté, une errance de soi au gré des caprices narcissiques et des prêts-à-penser médiatiques.

La force, la pertinence du christianisme, qui fréquente l’humanité depuis 2000 ans, est de nous rapporter au réel celui de la Création, à l’histoire, celle de l’Incarnation, à ces socles stables, à une origine commune qui nous explique, à une tradition vivante qui s’exprime dans la liturgie et qui nous porte et nous emporte vers l’avenir qu’est Dieu. Le christianisme est mémoriel et mémorial. St Paul lui-même rappellera aux Corinthiens « qu’il transmet l’Evangile tel qu’il l’a reçu » (1 Cor 15). Et chaque célébration du sacrifice eucharistique témoigne que le passé qui est rappelé enfante le futur qui y est annoncé.

Chers pèlerins, la meilleure manière de transformer le monde passe par l’enracinement de votre vie dans la foi de votre baptême. Le monde n’a pas besoin de ventres mous, de chrétiens lights, mais de chrétiens attestataires, confessants, qui assument pleinement leur identité baptismale et acceptent de sanctifier le monde en commençant par se sanctifier eux-mêmes. Des chrétiens non pas repliés sur eux-mêmes en vase clos, mais qui assument leur héritage, le déploient autour d’eux par leur rayonnement personnel, évangélique, et par le témoignage courageux de la Vérité, qui pour nous a le visage du Christ. Le Christ nous demandera compte de nos compromissions, de nos paroles creuses, de nos silences lâches.

Pèlerins d’espérance, prophètes enracinés dans l’Eglise, dans la vie et dans la foi de l’Eglise, vous devez être des chrétiens engagés. Rappelez-vous que l’Eglise existe pour ce qui n’est pas encore l’Eglise. Bénéficiaires du Salut, vous êtes des levains dans la pâte du monde ; appelés à rejoindre le monde non pas pour vous y dissoudre, mais pour l’imprégner d’Evangile. Témoins, d’abord par votre union personnelle au Christ. Seule une vie de prière, nourrie par la Parole de Dieu, sanctifiée par les sacrements, enrichie par le lien fraternel entre croyants et vécue en Eglise, peut soutenir durablement le témoignage que vous avez à rendre.

Que votre style de vie parle de Dieu ; que la cohérence de votre existence, que votre comportement atteste d’une unité de vie dont le Seigneur est le centre de gravité et son ressort. Les prêtres accompagnateurs sont là pour vous aider sur ce chemin. Votre témoignage doit reposer sur la charité, faite d’attentions, d’écoute vis-à-vis de tous et plus particulièrement des petits. Une charité qui n’est pas du sentimentalisme mais qui consonne avec la Vérité qui est pour nous le Christ et qui grâce à Lui devient vertu. Seul l’amour qui va jusqu’au don plénier de soi-même est capable de retourner le monde comme la charrue retourne la terre après le labour. Notre société, nos communautés, notre pays ont besoin de votre engagement pour proclamer la foi, pour la défense de la vie, de la famille, de notre Maison commune.

L’Eglise réclame votre créativité, votre générosité, votre esprit d’initiative, d’aventure, votre intelligence pour porter haut et fort le message du Salut. Rendez à Dieu tout ce qu’Il vous a donné : dans cette mission vous trouverez la vraie liberté, le plein accomplissement de ce que vous portez de meilleur, et la joie de connaître et de faire connaître un Dieu qui dans Sa miséricorde, sans cesse, nous fait grâce.

Amen.

 

+ Dominique Rey

Evêque de Fréjus-Toulon

24 mai 2021

 


Homélie de la Pentecôte - Abbé Garnier - Aumônier général de Notre-Dame de Chrétienté

Au feu, mes bien chers frères et sœurs ! Au feu du Saint Esprit!

Qui n'a pas allumé un feu, vu monter et descendre sa flamme vive, ignore un charme certain de cette terre. Le bienheureux Père Sevin a signé là-dessus une aimable Légende du feu que nous aimons chanter et danser à la veillée.

Ambivalent dans l'histoire et la vie des hommes, le feu est tantôt domestique tantôt atomique. Il forge , purifie et affermit, mais il détruit et pulvérise également.
Déjà pour nos anciens, le feu est subtil, quasi divin; il est un des 4 éléments, et certains sont tentés d'en faire l'origine du monde. A Rome, des vestales veillent à entretenir le feu sacré, sous peine de mort. 
Symboliquement il évoque le tempérament bilieux; mais aussi la sourde colère qui couve et monte devant l'injustice.

Or c'est bien de feu qu'il s'agit aujourd'hui. Un esprit véhément, un vent violent. Une nuée lumineuse. Un feu descendu, allumé sur la terre. Tels sont les noms et les images de l'Esprit Saint.

Mais c'est un feu tout divin que chante le Veni Creator . Il brûle sans commencement ni fin au foyer de la Trinité. «L'Eternel ton Dieu est un feu dévorant », dit l'Ecriture.
Dans l'Ancien Testament, le feu du ciel descend, pour consumer le sacrifice, faire reconnaître le vrai Dieu, et montrer le culte authentique qui lui est agréable . Plus rarement aussi, ce feu foudroie les persécuteurs . 
Dans le Nouveau Testament, St Jacques et St Jean proposent cette justice divine immédiate, ce châtiment instantané des opposants de Dieu. Peut-être avons-nous parfois ce genre d'impatience. Mais le Seigneur répond; Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes . A moi la vindicte, à moi de faire justice, à moi la rétribution ultime , et pour l'heure, l'appel à la conversion. 
Le feu éternel est réel. Cependant il est réservé non au pécheur en cette vie, mais au pécheur endurci dans l'autre: être salé par le feu , c'est à dire brûler toujours et ne se consumer jamais.

En attendant, le Christ appelle donc un tout autre feu du ciel sur la terre ! 
Ce feu brûle son cœur et s'en échappe déjà sur la Croix, par le côté ouvert.
Il se répand à la Pentecôte, se divise en flammes multiples, posées sur les disciples. Même après leur dispersion, ce feu éclairera leurs intelligences et réchauffera leurs cœurs aux 4 coins du monde.
Dans de multiples langues, ils proclameront les merveilles de Dieu. 
Ils garderont même cœur, même pensée et même langage dans la foi.
Le feu les protègera des périls d'apostasie ou de tiédeur. Le flambeau du Saint Esprit brille depuis dans l'Eglise par l'armée candide des martyrs; ceux de la foi, de la charité et de la pureté.

Nous avons attendu ce grand incendie de Pentecôte, nous aussi. La colonne de feu unique entre Paris et Chartres ne peut se tenir? L'incendie spirituel n'aura pas lieu? 
Qu'importe! 300 départs de même feu jaillissent ça et là, en ce moment. Au confinement du Cénacle succède la diaspora. Ainsi ce que la nécessité et la contrainte imposent, la Providence en dispose admirablement. Et nous gardons fidèlement même cœur, même pensée et même langage de foi. La dispersion géographique n'empêche pas l'unité de foi, d'esperance et de charité. 
La colonne n'est pas, nos 3 piliers demeurent; Chrétienté, Tradition, Mission. Cette année encore, quoi que différement, nous serons brûlés pour être brûlants.
Oui, le même feu de l'Esprit Saint veut prendre aux âmes, à commencer par la vôtre! Feu purifiant – par la confession. Feu élevant – par la prière. Feu réchauffant, par la communion eucharistique et la charité fraternelle qui en découle. Feu gagnant et communiquant, par l'apostolat. 

Au feu, mes bien chers frères et sœurs! Au feu du Saint Esprit!

Que serez vous pour la France et l'Eglise catholique? Extincteurs ou éclaireurs? Tièdes ou fervents? 
Mes frères, l'heure est au réchauffement, non pas climatique mais surnaturel. Dans vos chapitres, maintenant. Puis demain dans vos familles, vos écoles, vos entreprises, vos paroisses, vos groupes d'amis.
Ne dites pas «trop tard» ni même «plus tard». Dites comme Jehanne «plutôt maintenant qu'après, plutôt aujourd'hui que demain». 
Priez l'Esprit Saint avec Ste Thérèse Benedicte de la Croix; «Qui es-Tu douce Lumière qui me combles et illumines la ténèbre de mon cœur? (…) Toi, qui m'es plus proche que je ne le suis moi-même, qui m'es plus intérieur que mon propre cœur, et pourtant insaisissable, inconcevable, au-delà de tout nom, Saint-Esprit, éternel Amour!» 
Voyez l'image de St Augustin au cœur hier froid de vice et obscurci d'idéologie, aujourd'hui embrasé!
 


Envoi du samedi 22 mai - Abbé Garnier - Aumônier Général de Notre-Dame de Chrétienté

Comment saurions-nous le chemin?

Ami pèlerin, tu cherches et tu prends le chemin. On te l'indique clairement et facilement d'ordinaire. Cette année tu prendras seul ou en petits groupes la grand'route de Chartres ou d'autres sanctuaires. Avec humour tu apprends d'ailleurs que le nombre de 10 qui t'est imposé était cher au cœur des bâtisseurs de cathédrale! Parfois nous commandons aux évènements, parfois les évènements nous commandent. Toujours la Providence commande les évènements! Tu fais donc acte de foi et de force; force d'acceptation, d'adaptation, non d'inertie.


Cependant la question de l'Apôtre exprime aussi une désorientation, une inquiétude plus profonde. Et tu la partages légitimement.

D'abord il fait nuit. La confusion actuelle jette sur le mystère du Christ l'ombre et l'incertitude[1]. Désorientation, effacement radical des repères.

Laïcisme, hygiénisme, hédonisme, égoïsme, antispécisme et écologisme agressif, posthumanisme sont les veaux d'or postmodernes. Ces nouvelles idôles se disputent la place du Dieu dont on a proclamé la mort. Dieu, son Christ, son Eglise ne sont plus seulement rejetés par l'apostasie ; ils ne sont plus proposés et reçus.

 

C'est même l'ultime inscription de Dieu dans sa création qui est rejetée.

Rejet de l'être humain, son image et ressemblance. A l'image de Dieu Il les créa, homme et femme Il les créa.

Rejet des racines chrétiennes de la civilisation, la pensée du Christ et de l'Eglise irrigant la vie des hommes et des cités.

Rejet des fondations de la chrétienté, cette balise temporelle qui facilite aux hommes l'accès au Christ chemin, Voie de notre retour à Dieu.

Et tout cela avec une ardeur de catholique renversé. Une tendance d'anti missionaire et d'anticroisé qui se retourne contre la religion avec agressivité. 


Alors ce pèlerinage est ton cri.

Non un cri de lamentation et de soumission, un chant du cygne, mais un cri d'amour et de combat spirituel, un chant de résurrection. Tu rejoins l'académicien protestant de son attachement au christianisme par toutes ses fibres. A travers le message et l'exemple du Christ, la foi catholique a enrichi notre civilisation d'un apport exceptionnel[2].

Tu vas redécouvrir le mystère du Christ pour mieux l'aimer, en vivre, le transmettre. Il est l'Homme Dieu, l'Unique Médiateur principal entre Dieu et les hommes. «Il n'y a pas d'autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous soyions sauvés». La chrétienté n'est pas un rêve d'hier, une boussole obsolète. Elle demeure le GPS du ciel, même dans la nuit.


Je suis le chemin, la vérité et la vie.

La triple affirmation claire et paisible ne sera pas effacée.  Elle ne s'éteindra pas complètement dans l'Eglise.

Peux-tu te contenter de l'entendre?  Ce n'est pas rien, ce n'est pas assez. L'amour du Verbe Incarné... doit s'incarner. Il implique l'offfrande effective de soi-même à sa suite[3].

Entends donc que Jésus seul est la Voie, la Verité et la Vie. Fais-le entendre. Grave-le dans ton cœur et dans ta vie.  Fais-le entendre dans tes actes, ta conduite. Alors tu seras une de ces balises dans la tempête, par laquelle on retrouve le chemin du Christ, la voie du salut.

Pour cela, laisse d'abord le Christ purifier ton cœur par la bonne confession, et le visiter par la bonne communion. Comme St Paul au chemin de Damas et St Augustin au jardin de Milan, fais retour à Lui dans la prière et la pénitence qui préparent la joie du salut.


Que votre cœur ne se trouble pas!

Ami pèlerin, ces mots du Seigneur sont pour ses disciples, hier, aujourd'hui, demain. Ils traversent les siècles. Les saints les entendent, ils en vivent, ils les transmettent aux temps d'épreuve. Ils sont pour toi.

«Que rien ne te trouble, que rien ne t'épouvante.

Tout passe, Dieu ne change pas. Dieu seul suffit[4]».

Saint Paul, Saint Augustin, Ste Thérèse Bénédicte de la Croix,

priez pour nous !


[1]     Déclaration de la SCDF Dominus Jesus, 6 aout 2000, n° 4.
[2]     Jean Marie Rouart, Le Figaro, mardi 4 mai 2021, Le laïcisme n'est pas capable de répondre à l'Islam conquerant.
[3]     Catéchisme de l'Eglise Catholique n° 459.
[4]     Ste Thérèse d'Avila, notes de son bréviaire.


Homélie de la Messe d'envoi du pèlerinage de Pentecôte - Abbé Laurent

Bien chers pèlerins,

Nous allons cheminer, une fois de plus, sur cette route vers Chartres. Vous le savez, un Chartres étonnant cette année puisqu’au lieu d’avoir la joie d’être assemblés ici très nombreux, pour être encore plus nombreux à Chartres lundi, nous sommes répartis de part le monde, car Notre-Dame de Chrétienté réunit des pèlerins du monde entier. Réjouissons-nous d’être répartis partout en France et de par le monde, d’être envoyés comme les apôtres dans le monde.

Ce qui nous rassemble, c’est l’amour de Jésus-Christ dans son Eglise, et c’est avec Notre-Dame, Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de partout où vous serez, que nous allons cheminer. Pèleriner c’est contempler et c’est agir, aussi est-ce à cette contemplation et à cette action que je vous invite un instant dans cette homélie.

Contempler et agir : la contemplation dans l’esprit de vérité, et l’action dans l’esprit du Christ

I - D’abord la contemplation.

A - Pour contempler il faut voir et connaître. 1°- Voir Tout d’abord. Demandez à Notre-Dame, qui est maîtresse de vie spirituelle, de vous donner quelque chose à voir, dans la méditation, dans cette marche, chapelet après chapelet, méditation après méditation, enseignement après enseignement, où notre prière s’approfondit Partout où vous serez, les pas que vous ferez s’alourdiront à foulée de la profondeur de Dieu. 2°- La méditation n’est pas un temps perdu ni un temps de repos, c’est profondément un temps d’ancrage en Dieu. Oui nous le savons, plus nous serons plongés dans cette prière, plus nous serons proches de l’œuvre de Dieu, qui est un échange perpétuel, un don qui se fait l’un à l’autre dans les personnes de la Trinité.

B - Et bien c’est à cela que nous sommes appelés ; si nous cheminons intérieurement, c’est avec Dieu que nous cheminons ; alors évidemment de votre méditation sortira le trop plein du cœur, et vos paroles, vos chants, exulteront pour chanter la gloire de Dieu. Il nous faut prier et goûter, goûter intérieurement « car ce n’est pas de savoir beaucoup de choses qui rassasie l’âme, c’est de sentir et goûter les choses intérieurement » nous dit St Ignace de Loyola. Oui, tout au long de vos routes, vous verrez l’œuvre de Dieu, vous entendrez le chant des anges, vous sentirez la bonne odeur du Christ, la pluie mouillée du bivouac, vous toucherez les limites de votre fatigue, vous goûterez la présence de Dieu qui se donne dans la délicate charité des frères ; oui, tout cela est prière mes bien chers frères, il s’agit de voir intérieurement avec les yeux du cœur, alors vous connaîtrez cet esprit de vérité dont parle St Jean, dont parle le Seigneur qui nous le départit. Il vous réjouira, c’est le signe que Dieu passe, la joie est le signe des chrétiens, cette joie que nul autre ne peut connaître. Comme le dit l’évangéliste, ce n’est pas la joie mondaine, ce n’est pas la joie crétine d’une jouissance matérielle, non, il y a une joie supérieure, c’est la joie d’être avec Dieu, c’est la joie d’être en Dieu. Voilà la joie des chrétiens, cette joie qui fait espérer contre toute espérance, espérer que, où que vous arriviez, vous sentiez les milliers de pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté vous épauler et vous guider, avec Notre-Dame, reine de votre intelligence à ce moment là, qui vous donnera la sagesse nécessaire de goûter Dieu présent au milieu de votre cœur.

Voilà pour cette contemplation, toute route est une contemplation car nous ne cheminons pas les yeux fermés, nous cheminons là où la porte s’ouvre pour pouvoir entrer en Dieu. Alors cette contemplation, bien sûr, se conjoint d’une action car l’abandon à la providence divine, l’abandon en Dieu n’est pas inaction, n’est pas passivité humaine mais passivité divine, c’est Dieu qui agit, laissez-vous agir par Dieu et vous allez devenir de véritables mystiques à la suite des saints.

II - C'est l’esprit nouveau qui va s’emparer de vous, c’est l’esprit qui nous est promis dans l’introït de cette messe que vous avez chanté, dit, prié déjà. Il nous faut donc partir pour arriver à bon port.

A - Oui il nous faut partir, il nous faut quitter, comme Abraham, le pays de nos pères, quitter nos petits conforts, quitter l’endroit où nous sommes, quitter pour aller quelque part, sac au dos, chaussures aux pieds, chapelet à la main, bâton s’il vous faut vous appuyer. Il nous faut partir et c’est une souffrance car c’est mourir un peu que de partir, comme le dit le poète, c’est laisser en tout temps en tout lieu quelque chose de se soi-même, mais nous voulons souffrir, non que nous aimions la souffrance, mais nous savons qu’il nous faut renoncer aux choses faciles car si le chemin n’est pas facile, c’est justement parce que c’est notre chemin ; c’est le difficile qui est notre chemin, c’est ça qui fait notre noblesse et notre grandeur.

Si vous avez des obstacles, si vous avez quoi que ce soit, des règles sanitaires, des empêchements divers, qu’importe ! Nous allons marcher quand même, nous allons marcher vraiment ! Renonçons alors à toute chose et nous serons prêts à nous abandonner. Comme l’indique le rituel du Départ Routier, « un routier qui ne sait pas mourir n’est bon à rien », nous ne voulons pas mourir certes, nous voulons vivre car nous nous souvenons qu’il est « parfois encore plus difficile de vivre que de mourir ». Alors dans ce renoncement auquel je vous invite, entrez dans le choix de Dieu et marchez avec Lui, découvrez près de vous cette reine des pauvres, Notre-Dame de la route, qui va cheminer en avant de vous. Notre-Dame de Chartres, la tête de la colonne, et chacune de vos colonnes sera forcément précédée de la Vierge Marie qui nous précède en paradis et qui nous précède sur la route.

B - Alors nous arriverons à bon port, nous arriverons à l’Eglise car nous sommes membres du corps mystique du Christ répandu à travers tous le monde dans tous les temps jusqu’à la fin de ceux-ci. La rénovation de toute chose est en cours, cette rénovation de la foi, cette rénovation de l’Eglise qui commence par moi. Dans l’Église nous savons bien que ce qui est rénové c’est forcément ce qui est ancien, c’est pourquoi la tradition porte toujours ce qui est donné par ce qui précède. Ce qui est donné est vraiment ce qui peut être nouveau selon l’Esprit de Dieu, non pas une invention nouvelle, non pas une pratique incongrue inventée récemment, non mais bien ce qui est transmis, donné et reçu. A chaque pas que vous ferez, vous porterez la tradition avec vous, vous porterez ce qui vous a été donné. Si l’on m’avait dit qu’un jour je prêcherai à ce pèlerinage…à mon premier pèlerinage, je crois que l’on était 800, nous n’étions pas nombreux alors mais nous sommes maintenant plus de 14 000, et comment ne pas compter ceux de notre autre pèlerinage, nos frères ? Combien sont-ils ? Je ne sais pas, ils doivent être au moins 6 000, 8 000 ; bref, à l’unisson nous sommes devenus 22 000 et cela ne fait que commencer ! La fin des temps est en cours et la fin des temps c’est Dieu, alors le rassemblement de l’Eglise est en marche, oui, toutes les nations seront rassemblées , toutes les nations, dit l’Offertoire de cette messe, c’est Dieu qui rassemble en portant la foi de nos pères, en venant la célébrer comme elle nous a été transmise, la foi de tous les saints qui nous ont précédés, voilà ce que nous voulons faire humblement, entrer avec la reine du ciel dans ce pèlerinage où la terre préparait depuis le début du monde, depuis la première promesse de la Genèse, qui est apportée par le Christ à la suite de qui l’on marche et qui sera réalisée dans la Jérusalem céleste.

Voilà un pèlerinage intérieur, un pèlerinage qui vous donnera d’être rénové ; à chaque pèlerinage. Vous ne pouvez en manquer un sinon vous risqueriez de prendre un coup de vieux alors que nous devons sans cesse être plus jeune ; il n’y a pas de vieux dans l’Eglise et surtout pas à Notre-Dame de Chrétienté, c’est impossible ; qui a marché un jour à côté du Docteur Dor sait bien qu’il n’y a pas de vieux ; bien sûr, un jeune qu’on doit soutenir, qu’on doit porter, qu’on doit…quelle jeunesse ! Demandez cette jeunesse éternelle, celle qui n’est pas factice, celle qui ne viendra d’aucun secours médical, d’aucune pulsion de vie, mais qui vient de Dieu lui-même donné dans l’Eucharistie.

Voilà pourquoi nous avançons une fois de plus avec foi, c’est Notre-Dame qui nous guide, c’est Notre-Dame qui nous accompagne, c’est Notre-Dame qui nous donne d’être nourri par son Fils, c’est pourquoi elle nous tient dans ses bras.

Que Notre-Dame de Chartres accompagne tous les chapitres, que Notre-Dame de Chartres nous rassemble spirituellement dans la Jérusalem céleste que nous formons déjà comme des arrhes de la vie éternelle reçus ici-bas. C’est Bien aujourd’hui le jour de notre Salut.

Ainsi soit-il

 


Lundi 24 mai 2021

« Le grand témoignage que le christianisme peut apporter au monde, c’est celui de l’espérance » : entretien de Mgr Rey sur Bd Voltaire

« Dieu ne nous abandonne pas ! » rappelle l’évêque de Fréjus-Toulon en ces temps incertains. Il invite les chrétiens à témoigner de leur  face à l’islam.

 

Monseigneur, vous célébrez la messe de clôture du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté lundi. Quel message adresserez-vous aux pèlerins qui auront marché ce week-end de Pentecôte ?

En considérant cette magnifique flèche de la cathédrale de Chartres qui se dégage à l’horizon et qui entraîne le pèlerin marchant sur les routes poudreuses, cette flèche qui lui désigne le Ciel, je dirai que le grand témoignage que le christianisme peut apporter au monde, c’est celui de l’espérance. Dieu ne nous abandonne pas. Comme le disait Gustave Thibon, « pour n’espérer qu’en Dieu seul, il faut avoir désespéré de tout ce qui n’est pas Dieu ».

 

Notre société traverse de nombreuses crises entraînant des inquiétudes pour l’avenir. Comment garder la confiance dans un monde où la violence, l’, le chômage, la  du virus, les privations de  viennent troubler notre paix ?

« L’espérance est un désespoir surmonté », écrivait Bernanos. Ces moments anxiogènes de culture hygiénique sont l’occasion de prendre de la hauteur, de rapporter tout cela à Dieu pour essayer de trouver un sens dans ce qui n’en a pas beaucoup aux yeux de nos contemporains. Comment cette crise, avec cette question de la mort et de la fragilité qui nous éclatent en pleine figure, nous amène à du réalisme et de l’humilité. C’est toute la question de l’espérance chrétienne qui est en jeu. Nous avançons vers Dieu quand nous sommes mis à terre. Cette crise que nous traversons est une opportunité de revenir à des essentiels. Le christianisme est né de la mort, il est sorti d’un tombeau. Le christianisme a changé le tombeau en berceau. Dans un monde qui manque d’horizon, le christianisme, en nous ramenant à l’essentiel, nous offre une perspective.

 

La France, fille aînée de l’Église, est en proie à un double phénomène de déchristianisation et de montée de la L’islam, une menace ou un défi ?

C’est d’abord un défi et cela peut devenir une menace. Un défi parce que géographiquement, sociologiquement, démographiquement, une réalité s’impose à nous incontestablement. Comment se frayer un chemin entre un relativisme et un fondamentalisme qui soumet Dieu à une image de violence ? C’est sur cette ligne de crête que se situe le témoignage chrétien, qui est pour nous un défi et une crainte si on ne prend pas l’exacte mesure de notre identité chrétienne et de notre mission de pouvoir témoigner à travers l’annonce et le dialogue.

 

Certaines voix politiques s’élèvent pour reléguer le religieux dans la sphère privée pour lutter contre le séparatisme. Que pensez-vous de cette conception de la laïcité ?

C’est une très mauvaise réponse car le religieux a une dimension publique. Être chrétien, ce n’est pas simplement dire sa prière ou faire son examen de conscience en privé. On veut soumettre le christianisme à l’individualisme ambiant. Le christianisme fait partie de la conscience personnelle, de l’intime de l’âme, mais il implique une relation à l’autre et il s’exprime, c’est sa vocation. Ce serait renier le christianisme que de le reléguer à la conscience individuelle. Ce serait l’amputer de son expressivité et, donc, de cette dimension de mission. Dans notre patrimoine, le grand nombre d’églises est une manifestation de cette foi dans la pierre. Il ne faut pas oublier que l’ADN du christianisme, c’est d’aller dans toutes les nations faire des disciples.

Propos recueillis par Iris Bridier


jeudi 20 mai 2021

Bon pèlerinage aux anges gardiens dont la communion de prière est si précieuse

Chers « anges gardiens » du pèlerinage,

Notre pèlerinage de Pentecôte connaîtra cette année un éparpillement géographique : les marcheurs eux-mêmes ne formeront pas une seule colonne entre Paris et Chartres, mais, à travers toute la France et même à l’étranger, des « pèlerins de Notre-Dame » chemineront unis dans la Communion des saints par la prière. Et vous aussi, chers « anges gardiens » du pèlerinage, vous participerez comme chaque année à ce grand élan de prière, de pénitence et de formation, là où vous vous trouverez, seuls ou en groupe.

Le thème de ces trois jours sera justement l’occasion de former notre unité et de nous « centrer » sur le Christ ; de fonder sur lui seul nos vies. « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6) : la plénitude de la vérité divine est révélée en Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme. Il faut nous en souvenir alors que nous sommes immergés dans un relativisme ambiant qui semble affirmer que « toutes les religions se valent », qu’en matière de foi « il y a plusieurs vérités » ou encore que Jésus est « un sauveur parmi d’autres » et qu’il est certainement possible d’être sauvé « par un autre » que lui. À ces erreurs, sachons opposer ces paroles de Jésus : « Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27) ou encore : « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1,18).

Car il est faux de penser que la Révélation de Jésus-Christ, c’est-à-dire ce que Notre-Seigneur a enseigné et que l’Église transmet fidèlement, aurait un caractère limité ou imparfait, ou que cette révélation pourrait être complétée, notamment par de nouvelles « révélations » ou par d’autres « religions ». Bien au contraire, la Révélation sur Dieu et sur le salut de l’homme resplendit dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui est la plénitude de toute la Révélation.

Mais il nous faut aller plus loin. Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est pas seulement venu apporter à tous les hommes la plénitude de la Révélation, il est également venu sauver tous les hommes. Jésus-Christ, Fils de Dieu, est l’unique Sauveur de tout le genre humain. Par son Incarnation, sa mort et sa Résurrection il a accompli l’histoire du Salut, dont il est la plénitude et le centre, et il nous a donné accès à la Vie éternelle.

Le Nouveau Testament en témoigne clairement : saint Jean nous dit que « le Père a envoyé son Fils comme sauveur du monde » (1 Jn 4,14) et saint Jean-Baptiste désigne Jésus par ces mots : « Voici l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Dans son discours devant le sanhédrin, pour justifier une guérison réalisée au nom de Jésus (cf. Ac 3,1-8), saint Pierre proclame : « Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,12). Le même apôtre ajoute en outre que Jésus-Christ est « le Seigneur de tous » ; il est « le juge établi par Dieu pour les vivants et les morts ». Et ainsi « quiconque croit en lui recevra, par son nom, la rémission de ses péchés » (Ac 10,36.42.43).

« Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » : la volonté de Dieu de sauver tous les hommes est manifestée et accomplie, une fois pour toutes, en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Que ces trois jours nous aident, sous l’action du Saint-Esprit, à ouvrir notre intelligence à cette vérité de foi et à ouvrir notre âme pour que nous vivions de la Vie même du Christ.

Bon pèlerinage à tous !

Abbé Arnaud Evrat FSSP
aumônier des «
 anges gardiens »