jeudi 30 avril 2020

4ème jour de préparation à la Consécration à la Sainte-Vierge

Printemps 1916 : « Priez avec moi : "Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime.

Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas, qui ne Vous aiment pas."»

La prière enseignée par l’Ange

Les premières paroles de l’Ange de la Paix furent pour apprendre aux petits voyants une prière. Comme toute bonne introduction, cette prière donne l’essence de tout ce qui va suivre.

Or, quelle prière enseigne-t-il ? Une prière pour demander pardon pour tous les péchés commis par les hommes. Cette prière constitue le point essentiel du message de Fatima. Analysons-la.

 

Les vertus théologales

Comme toute prière, elle commence par un acte d’adoration envers notre Créateur auquel elle ajoute trois brefs actes de foi, d’espérance et de charité : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime. » L’Ange indique ainsi quel est notre premier devoir : l’adoration et l’exercice des trois vertus théologales. Ces vertus nous disposent à vivre en relation avec la Sainte Trinité. Elles ont Dieu pour origine, pour motif et pour objet. (Catéchisme de saint Pie X). Elles sont au sommet de toutes les vertus, car elles font précisément notre union à Dieu, tout particulièrement la Charité.

Parmi elles, la charité est la première ; elle est la perfection de l'homme et la plénitude de la vie chrétienne. Pourquoi ? Parce que « Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui ». (1Jn 4, 16).

Mais qu'est-ce que la charité ? C'est l'amour total envers Dieu et le prochain. Non un amour humain ou charnel, mais l'amour divin, l'amour qui vient de l'Esprit-Saint : « L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Rm. 5, 5).

Pour cette raison, il est triste de croire qu'on aime Dieu ou le prochain quand on a péché mortellement. Il est triste également de croire aimer vraiment quand cet amour ne prend pas sa source de l'Esprit-Saint, présent dans le coeur.

Que de mascarades et d'apparences de charité, de notre part, consciemment ou

inconsciemment ! Saint Paul le dit avec des paroles qui devraient rendre plus sage celui qui bavarde sans arrêt sur la "disponibilité", "l'ouverture aux autres", "la vie pour les autres" et ne veille pas à ce que tout soit fait avec la grâce de Dieu dans l'âme et provienne d'une consciente et amoureuse union avec l'Esprit-Saint dans le coeur ! Au lieu de vagues "disponibilité" et "ouverture aux autres", saint Paul parle très concrètement de distribuer tous ses biens en aumônes et de livrer son propre corps aux flammes pour conclure que « cela ne me sert de rien,

si l'on n'a pas la charité » (1Co 13, 3).

La charité est donc la présence de la grâce de Dieu dans l'âme ; c'est l'amour de Dieu dans le coeur et dans les intentions. Sans cela, on parle d'une charité qui frappe dans le vide (1Co 9, 26).

 

« L'amour du Christ nous pousse »

Quand on a l'amour de Dieu dans le coeur, la charité envers le prochain est rendue plus puissante jusqu'à l'héroïsme, comme saint François d'Assise qui non seulement ne fuit pas le lépreux, mais s'en approche et l'embrasse ; comme sainte Élisabeth de Hongrie qui met dans son lit un lépreux abandonné à la rue ; comme les missionnaires qui affrontent dangers et souffrances, mêmes mortelles, pour aider les païens ; comme sainte Thérèse qui se flagelle trois fois la semaine et Jacinthe de Fatima qui se fouette les jambes avec des orties pour la conversion des pécheurs ; saint Vincent de Paul, sainte Louise de Marillac, sainte Françoise-Xavière Cabrini, saint Jean Bosco, ... et tant d'autres saints, que d'actes héroïques de charité matérielle et spirituelle, animés de l'amour du Christ, n'ont-ils pas accomplis pour leurs frères ? Les paroles de Saint Paul : « L'amour du Christ nous pousse » (2Co 5, 14) avaient tout leur sens pour eux. Non un amour quelconque mais un amour de "feu dévorant" (Dt 9, 3) qui les portait à se "perdre" dans l'aimé pour n'avoir avec lui qu'un seul coeur et une seule volonté, prêts à aimer sans mesure, jusqu'à la mort.

C'est ainsi seulement que s'explique l'amour surhumain des saints. Quand le saint Curé d'Ars convertit l'épouse d'un riche juif, celui-ci, furieux, arriva à Ars. Il se présenta devant le saint curé et lui dit avec brutalité : « Pour la paix de ma maison que vous avez détruite, je suis venu vous crever un oeil. » - « Lequel des deux ? » lui demanda simplement le saint. Le juif fut déconcerté par cette réponse, puis il répliqua : « Le droit - Eh bien, il me restera le gauche pour vous regarder et vous aimer ! - Et si je vous les crevais tous les deux ? - Il me resterait le cœur pour vous regarder et vous aimer encore... ». Le juif fut troublé. Il tomba à genoux, pleura et se convertit. La puissance de l'amour du Christ !

 

« Non pas moi, mais Jésus »

La charité fraternelle la plus haute et la plus parfaite est celle qui nous fait aimer le prochain avec le coeur même du Christ. « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus », recommandait Saint Paul.

Voici le commandement nouveau et sublime de Jésus « Aimez-vous comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34). Parce que « À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13, 35). L'identification d'amour avec Jésus voilà la mesure de la perfection de l'amour. Seul, le saint aime parfaitement parce que seul il est transfiguré en Jésus par la puissance de l'amour et de la douleur. Seul le saint, par la mort mystique de son "moi", arrive à l'identification d'amour avec Jésus. Ce qui fait dire à saint Paul :

« Si je vis, ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi » (Gal. 2, 20).

Le saint, c'est donc celui qui aime Jésus "à la folie" et qui aime comme Jésus "à la folie". Il aime Jésus "à la folie" et sait qu'il le rencontre, le voit, l'embrasse, partout où il est, surtout dans l'Eucharistie, puis dans l'Évangile, le pape, les pauvres et les malades, les rejetés, les marginaux, avec lesquels Jésus s'est identifié (Mt 25, 31-45).

Il aime "à la folie" comme Jésus et pour cette raison il se vend lui-même au marché des esclaves pour prendre leur place, comme le fit saint Vincent de Paul. Il s'expose à la contagion de maladies mortelles afin d'aider les malades, comme le firent saint Louis de Gonzague et le père Damien. Il affronte les risques et les tourments extrêmes pour aider les frères, comme saint Jean Bosco pour les jeunes, sainte Françoise-Xavière Cabrini pour les émigrés. Il sait s'enfermer

pendant des heures dans un confessionnal pour guérir et consoler les âmes à la recherche de la grâce et de la paix, comme le Curé d'Ars, saint Léopold Mandic, saint Padre Pio... Que de bonté et de grâce dans le coeur des saints !

 

L'Immaculée : tout amour

Si les saints savent aimer admirablement, qu'en sera-t-il de l'Immaculée ? L'Immaculée est « pleine de grâces » (Lc 1, 28), autrement dit, remplie de la vie divine, de l'amour trinitaire.

Créée parfaitement pure, toujours vierge, l'Immaculée est semblable à un cristal très clair qui réfracte la charité divine. Elle nous a donné le Christ, son divin Fils et le trésor infini de son coeur, imitant ainsi totalement Dieu Père qui a tant aimé les hommes qu'il a « donné son fils unique » (Jn 3, 16).

Or celui qui aime vraiment la Sainte Vierge arrive à lui ressembler et produit des fruits merveilleux de grâces et de vertus, surtout dans l'exercice de la charité.

Un exemple littéralement éblouissant nous est donné par saint Maximilien Kolbe. On peut dire que l'amour fou envers l'Immaculée l'a rendu semblable à Elle dans le sacrifice le plus grand qu'il est possible de faire : immoler sa vie de prêtre, d'apôtre, de fondateur de la Cité de l'Immaculée, en demandant de mourir dans une sombre cave pour sauver un père de famille. Il savait qu'il choisissait une mort atroce et terrible dans les sous-sols d'Auschwitz ; mais l'amour devient immense au milieu des douleurs immenses. Et saint Maximilien, qui aimait follement l'Immaculée, alla vers Elle « rendu conforme à son Fils » (Rm 8, 29) avec un amour immense semblable à celui proclamé par Jésus : « Personne n'a un amour plus grand que celui qui sacrifie sa propre vie pour ses amis ». (Jn 15, 13).

Prier pour la conversion des pécheurs

Mais l’Ange ne s’arrête pas aux vertus théologales ; il poursuit : « Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. »

Cette demande est un des points essentiels du message de Fatima, peut-être même le plus important. Qu’y est-il dit ? Qu’il y a des gens qui ne plaisent pas à Dieu parce qu’ils ne L’adorent pas et ignorent les vertus théologales. Est-il situation plus triste ? L’Ange nous apprend que nous pouvons les sortir de cette situation en demandant pardon pour eux.

L’année suivante, Notre-Dame dira la même chose aux petits voyants avec des termes encore plus forts : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Car beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'elles n'ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

(Apparition du 19 août 1917). Phrase qu’il est possible de tourner positivement en disant : beaucoup d’âmes seront sauvées si des personnes prient et se sacrifient pour elles. C’est bien le sens de la prière de l’Ange. Et c’est aussi ce que Notre-Seigneur enseignera quelques années plus tard, le 25 février 1922, à soeur Josepha Ménendez : « Les pécheurs excitent la colère divine. Mais les âmes qui M’aiment, s’immolent et se consument comme victimes de réparation,

attirent la Miséricorde de Dieu et voilà ce qui sauve le monde. »

Réparer par nos prières et nos sacrifices les fautes commises par les pécheurs, « voilà ce qui sauve le monde » ! Un tel acte de réparation est une très belle façon d’exercer la miséricorde envers celui qui est dans le péché. Toutefois, il ne faut pas se méprendre sur la notion de miséricorde. Le christianisme n’exalte pas n’importe quelle forme de miséricorde. La

miséricorde dont l’Évangile fait une béatitude (« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront Miséricorde » - Mat. V, 7) est autre chose qu’un simple attendrissement indifférencié sur la faute d’autrui, ou sur sa souffrance. La miséricorde évangélique s’adresse à la misère et non au péché. Il convient de faire la distinction.

En effet, il y a deux formes de mal dans le monde : le mal voulu et le mal subi. Le premier est le péché, le second la misère. Saint Thomas parle de mal de coulpe et de mal de peine. Il y a une différence capitale entre ces deux notions qui s’opposent complètement, car un même mal ne peut pas être, à la fois et sous le même rapport, volontaire et involontaire. Ces deux formes du mal entraînent donc deux réactions différentes :

- Le premier, le mal voulu ou péché, parce qu’il est volontaire et dans la mesure où il est volontaire, appelle la réprobation et l’indignation.

- Le second, le mal subi ou misère, parce qu’il est involontaire et uniquement dans la mesure où il est involontaire, appelle la compassion et la miséricorde.

Le péché s’oppose à la Miséricorde de Dieu. Loin de la provoquer, il provoque sa Justice.

Mais dès que la volonté de faire le mal se retire, dès que le repentir s’installe, que le pécheur regrette sa conduite, il devient misère et alors objet de miséricorde. La plus belle illustration

nous en est donnée par Notre-Seigneur Lui-même dans les paraboles, en particulier celle de l’enfant prodigue et celle du pharisien et du publicain.

Dans la pratique, un mal peut être à la fois en partie voulu et en partie subi. Car, dans l’homme, la faiblesse est beaucoup plus fréquente que la malice. Dès lors, nous devons présumer que la faute du pécheur est plus due à la faiblesse qu’à la malice, et nous devons avoir compassion du pécheur, non pas en tant que pécheur voulant le mal, mais en tant que misérable, subissant le mal, même si au départ il y a (ou il y a eu) volonté de sa part. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la parole de l’Ange : « Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. »

Alors ayons ainsi une grande charité pour les pécheurs et récitons souvent pour eux la prière de l’Ange. Admirons-en la beauté, méditons-la et aimons la faire monter vers notre Créateur tout au long de la journée, comme le faisaient Lucie, François et Jacinthe. C’est la raison pour laquelle, chaque jour au cours de cette préparation, il nous est proposé de la réciter avec notre chapelet quotidien. Que cette préparation à notre consécration au Coeur Immaculé de Marie soit une occasion de nous y exercer.

 

NOTA BENE :

1. Prier le chapelet :

Pour les pèlerins qui prient le chapelet quotidiennement : avoir cette prochaine

consécration de soi-même au Coeur Immaculé de Marie comme intention générale ;

Pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de dire le chapelet quotidiennement : une

dizaine avec cette même intention générale de sa prochaine consécration.

2. Offrir à Dieu 1 sacrifice pour la conversion des pécheurs, et la nôtre en particulier.

3. Dire les 4 prières de l’Ange et de Notre-Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs :

a. (Prière d’oraison pendant la journée) : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, et je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas ». L’Ange de la Paix, printemps 1916.

b. (Prière d’oraison pendant la journée et après chaque communion) : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Coeur et du Coeur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». L’Ange de la Paix, automne 1916.

c. (Lorsque l’on fait un sacrifice) : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la

conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie, et pour le Saint-Père ». Notre-Dame, 13 juillet 1917 (et Jacinthe qui a rajouté

« et pour le Saint-Père »).

d. (Après chaque mystère du chapelet) : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, secourez surtout celles qui ont le plus besoin de Votre sainte miséricorde ». Notre-Dame, 13 juillet 1917.

 

Saints François et Jacinthe, priez pour nous !

Saint Michel Archange, gardien de la France, priez pour nous !

mercredi 29 avril 2020

3ème jour de préparation à la Consécration à la Sainte-Vierge

Printemps 1916 : « N’ayez pas peur. Je suis l'Ange de la Paix.

Priez avec moi. »

 

La prière de l’Ange de la Paix

Après être apparu trois fois sans rien dire l’année précédente, l’Ange apparut une

quatrième fois au printemps 1916 à Lucie qui était accompagnée cette fois de ses deux petits cousins, François et Jacinthe.

La date de cette apparition n'est pas connue avec exactitude, car les petits voyants n'en ont pas parlé tout de suite et il n'y eut aucun témoin. Dans son quatrième mémoire, soeur Lucie explique :

Je ne peux préciser les dates avec exactitude, car à cette époque, je ne savais pas encore compter les années, ni même les mois, ni même les jours de la semaine. Il me semble malgré tout que ce devait être au printemps de 1916 que l'Ange nous apparut la première fois à notre Loca du Cabeço.

Lucie rapporte l'événement de façon pratiquement identique dans les deuxième et quatrième mémoires. Voici la version du quatrième mémoire qui est un peu plus complète :

Ce jour-là, nous étions montés sur le versant à la recherche d'un abri, et après avoir goûté et prié, nous avons commencé à voir à quelque distance, au-dessus des arbres qui s'étendaient vers l'est, une lumière plus blanche que la neige, ayant la forme d'un jeune homme, lumière transparente, plus brillante qu'un cristal traversé par les rayons du soleil.

À mesure que l'apparition s'approchait, nous pouvions mieux distinguer ses traits. Nous étions surpris et à demi absorbés. Nous ne disions mot.

En arrivant près de nous, l'Ange nous dit : « N'ayez pas peur. Je suis l'Ange de la

Paix. Priez avec moi. » Et s'agenouillant à terre, il baissa le front jusqu'au sol. Poussés par un mouvement surnaturel, nous l'imitâmes et nous répétâmes les paroles que nous lui entendions prononcer : « Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas, qui ne Vous aiment pas. »

Après avoir répété cette prière trois fois, il se releva et nous dit : « Priez ainsi. Les Coeurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. » Et il disparut.

Voilà donc les toutes premières paroles du Ciel dans cette histoire de Fatima. On ne saurait trop les méditer tant elles sont riches d'enseignement.

 

L'Ange de la Paix

« Ne craignez pas. Je suis l'Ange de la Paix. » Il y a dans cette première phrase une résonance toute évangélique. En effet, la présence d'un ange saisit toujours les témoins de stupeur. Comme à Zacharie dans le temple de Jérusalem (Luc I, 13), à la Sainte Vierge dans la maison de Nazareth (Luc I, 30), aux bergers de Bethléem (Luc II, 10) ou aux femmes venues au tombeau (Mat XXVIII, 5 ; Mc XVI, 6), l'Ange commence par dire : « Ne craignez pas ».

De plus, ici, il donne son nom : « Je suis l'Ange de la Paix ». Dans notre monde

actuellement si tourmenté par les guerres et les troubles de toutes sortes, Dieu nous a envoyé l'Ange de la Paix pour nous enseigner. Ne convient-il pas, plus que jamais, de suivre les recommandations qu'il nous a données il y a maintenant cent ans ?

Et que demande-t-il ? « Priez avec moi ». Il réitérera sa demande juste avant de disparaître en disant : « Priez ainsi ». Un envoyé de Dieu est venu non seulement pour nous enseigner à prier, mais aussi pour prier "avec" nous. Or, nous dit l'Évangile, les Anges voient constamment la face de Dieu (Mat XVIII, 10). Est-il possible d'avoir un maître plus autorisé pour nous enseigner à prier ? Sa brève apparition nous instruit sur plusieurs points, en particulier l'attitude

convenable pour prier.

 

L'attitude de l'Ange

Comment prie l'Ange ? « S'agenouillant à terre, il baissa le front jusqu'au sol ». Il y a là un enseignement d'une grande importance : tout Ange qu'il est, malgré sa perfection, pour prier il n'hésite pas non seulement à s'agenouiller, mais aussi à baisser le front jusqu'à terre. Quelle humilité alors qu'il « était de lumière » selon l'expression employée par Lucie en réponse à une question du chanoine Barthas ! La première qualité de la prière est l'humilité. Nous le voyons parfaitement dans la parabole du pharisien et du publicain. L'Ange vient nous rappeler que, même pour un être aussi parfait qu'un ange, devant la majesté de Dieu, il convient d'adopter une attitude empreinte de la plus grande humilité en s'agenouillant, puis en s'inclinant le front jusqu'au sol ! Dès ce moment, les petits voyants l'imiteront. Lucie précise dans son deuxième mémoire : « Depuis lors, nous restions longtemps prosternés répétant ces prières, parfois jusqu'à en tomber de fatigue ».

 

L’exemple de la Sainte Vierge

Le plus bel exemple d’humilité qui nous soit donné est celui de Notre-Dame. Cette humilité est affirmée dès les premières pages de l'Évangile : « Voici la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Elle se manifeste dans la visite à sainte Élisabeth, qui justement s'écrit : « Comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? » (Lc 1, 43). Elle brille dans la naissance de Jésus qui se produisit dans une grotte. Elle s'entoure d'un épais silence durant les trente années à Nazareth : elle brille dans l'opprobre et l'ignominie du Calvaire où Marie était présente en tant que mère du condamné.

Si nous pensons à la grandeur unique de la Vierge, nous pouvons comprendre quelle immense humilité il devait y avoir en elle, « exaltée au-dessus des anges ». Qui plus que la Sainte Vierge aurait eu des raisons de paraître ? Au contraire, elle est restée mystérieusement silencieuse et cachée tout au long de l'Évangile ! Nous, par contre, pleins de stupidité et riches de misères, nous sommes brûlés par le désir de paraître ! Nous voir sacrifiés, humiliés, méconnus dans nos talents, écartés... quelle torture et que de ressentiments ! Mais pour devenir

humbles nous devons repousser vigoureusement les impulsions secrètes et les complaisances empoisonnées de l'orgueil.

L'humilité de la Sainte Vierge est égale à sa Royauté. Exaltation extrême parce que son humiliation fut extrême. C'est à cette école qu'il faut aller pour apprendre ce qu'est l'humilité.

 

L’exemple des saints

C'est également la manière d'agir des saints : s'anéantir pour faire resplendir, intacte, la grandeur de Dieu qui agit : « Ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages... ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu'aucune chair

n'aille se glorifier devant Dieu ». (1Co 1, 28-29).

Le Curé d'Ars était sans doute le prêtre le moins doué et le plus dépourvu de moyens intellectuels de toute la France ! Admis au sacerdoce par grâce spéciale de la Sainte Vierge (parce qu'il savait bien réciter le chapelet), il se maintint toujours dans son humilité, conscient de sa pauvreté en tout. Il pensait surtout à prier et à faire pénitence de toutes ses forces. Le reste, ce fut Dieu qui le fit. Et ce furent des choses extraordinaires qui mirent en échec l'enfer entier, impuissant face à ce prêtre très humble. Un jour, en frappant lourdement contre les parois de la chambre, le démon lui cria : « Fripouille, tu m'as déjà volé 80 mille âmes cette année : s'il y avait quatre prêtres comme toi, c'en serait fini de mon règne dans le monde »...

C'est la réalisation de la parole divine : « Celui qui s'exalte sera humilié ; celui qui s'humilie sera exalté » (Lc 14, 11). Et encore : « Dieu résiste aux orgueilleux ; Il donne au contraire la grâce aux humbles » (1P 5,5).

Saint Antoine de Padoue fut envoyé comme cuisinier dans un petit couvent perdu dans les Apennins. Il y alla, humble et soumis comme toujours. Pourtant il était très savant et deviendra docteur de l'Église.

Quand saint Vincent de Paul entendait qu'on le louait, il devenait bavard sur ses propres défauts et sur son humble origine. Il disait être le fils d'un pauvre paysan, ignorant et incapable. S'il arrivait quelque désordre, il s'en attribuait toujours la responsabilité. De même, saint Pie X, quand on faisait son éloge pour ses discours inspirés, il tournait tout à la plaisanterie en répondant : « Babioles, babioles... ce sont des copies, ça ne vaut rien »... S'il faisait un miracle, il imposait le silence en disant : « C'est le pouvoir des clefs : moi je n'ai rien à y voir. C'est la bénédiction du pape. C'est la foi de celui qui demande la grâce ».

Sainte Gemma Galgani sut un jour trouver le moyen de s'humilier et d'être humiliée. Ayant su qu'un docte prélat était arrivé pour l'interroger sur les phénomènes extraordinaires qui lui arrivaient, elle prit sur ses genoux le petit chat de la maison et se mit à jouer avec lui sans donner la moindre importance aux demandes du prélat. Celui-ci, peu après, s'en alla, convaincu que cette pauvre jeune fille était démente.

 

La puissance de l’humilité

L'humilité écrase le démon. La très humble Vierge Marie « écrase la tête » du serpent infernal. Celui qui voulait être « semblable au Très haut » (Is.14, 14) a la tête sous les pieds de celle qui voulait seulement être « la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Et celui qui est humble participe au pouvoir de l'Immaculée pour frapper le démon à la tête.

Saint Macaire a été l'un des plus grands pères du désert. Il dût beaucoup lutter contre le démon. Un jour il le vit venir à lui avec une fourche enflammée à la main. Saint Macaire aussitôt s'humilia devant le Seigneur et la fourche tomba des mains du démon. Alors Satan dit avec colère et haine : « Écoute, Macaire, tu as de bonnes qualités, mais j'en ai plus que toi... Tu manges peu, moi pas. Tu dors peu, moi jamais. Tu fais des miracles, moi aussi je fais des prodiges. Il n'y a qu'une seule chose que tu sais faire et moi pas : tu sais t'humilier ! »

L'humilité est une force meurtrière contre Satan. Pour cette raison, d'après la vision de frère Léon, saint François d'Assise occupe dans le ciel la place de Lucifer. En effet, à qui lui demandait ce qu'il pensait de lui-même, François répondait qu'il se considérait comme l'être le plus abominable de la terre, un ver méprisable : et il ajoutait que si un autre que lui avait reçu les grâces que Dieu lui avait données, elles auraient fructifié beaucoup plus.

C'est l'essentiel de l'humilité : reconnaître que nous ne possédons que le péché. Tout le reste, tout ce qui est bien vient de Dieu (1Co 4, 7) et la plus petite chose que nous réussissons à faire en vue de la vie éternelle n'est possible que par sa grâce (1Co 12, 3 : 2Co 3, 5). Saint Padre Pio dit un jour : « Si Dieu nous enlevait tout ce qu'il nous a donné, nous nous retrouverions bien démunis ».

 

L'humilité, la clef qui ouvre le coeur de Dieu

Saint Ambroise dit que l'humilité est « le trône de la sagesse ». Rappelons-nous et inspirons-nous des trois épisodes évangéliques les plus expressifs qui concernent l'humilité.

Après la pêche miraculeuse, saint Pierre est troublé par le miracle opéré par Jésus et ne peut s'empêcher de se prosterner en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur » (Lc 5, 8). Et Jésus lui réplique : « Tu seras pécheur d'hommes » (Lc 5, 10). Le pauvre publicain se tenait au fond du temple et n'osait même pas lever les yeux, mais il murmurait humblement : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ». Jésus nous affirme qu'il sortit du temple pardonné et purifié, à la différence du pharisien stupidement orgueilleux.

Sur le Calvaire, le bon larron se confia humblement au Juste : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume » et il reçut une puissante grâce qui le disposa rapidement à pouvoir entrer dans le Royaume des Cieux. (Lc 23,43).

Nous devons demander avec insistance à la Sainte Vierge cette sagesse. Elle veut que nous la possédions, parce que « les autres vertus frappent à la porte du coeur de Dieu, l'humilité, elle, l'ouvre ». (Saint Augustin). L'humilité est véritablement une clef qui ouvre le coeur de Dieu !

Voilà pourquoi l’Ange se prosterne jusqu’à terre. Que la Très humble Vierge Marie veuille nous donner cette clef du Coeur de Dieu. Et de temps en temps, inclinons-nous le front jusqu’au sol pour nous humilier devant Dieu et Lui demander de nous accorder cette grâce de l’humilité.

 

NOTA BENE :

1. Prier le chapelet :

Pour les pèlerins qui prient le chapelet quotidiennement : avoir cette prochaine consécration de soi-même au Coeur Immaculé de Marie comme intention générale ;

Pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de dire le chapelet quotidiennement : une dizaine avec cette même intention générale de sa prochaine consécration.

2. Offrir à Dieu 1 sacrifice pour la conversion des pécheurs, et la nôtre en particulier.

3. Dire les 4 prières de l’Ange et de Notre-Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs :

a. (Prière d’oraison pendant la journée) : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, et je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas ». L’Ange de la Paix, printemps 1916.

b. (Prière d’oraison pendant la journée et après chaque communion) : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Coeur et du Coeur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». L’Ange de la Paix, automne 1916.

c. (Lorsque l’on fait un sacrifice) : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la

conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie, et pour le Saint-Père ». Notre-Dame, 13 juillet 1917 (et Jacinthe qui a rajouté « et pour le Saint-Père »).

d. (Après chaque mystère du chapelet) : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, secourez surtout celles qui ont le plus besoin de Votre sainte miséricorde ». Notre-Dame, 13 juillet 1917.

 

Saints François et Jacinthe, priez pour nous !

Saint Michel Archange, gardien de la France, priez pour nous !

mardi 28 avril 2020

Message de Jean de Tauriers, Président de Notre-Dame de Chrétienté

https://scontent-cdt1-1.xx.fbcdn.net/v/t1.0-9/90301188_1604456669728527_2781474409196552192_n.jpg?_nc_cat=101&_nc_sid=8024bb&_nc_oc=AQmv6lECL_D9UagCXk2M07d7oJ8Y1aa0GKnDbkcROz4zicXVu57V7m91BEwzHQ4xoX4&_nc_ht=scontent-cdt1-1.xx&oh=1c6d6608fb844b81f28ad789fa2dbc7e&oe=5ECAE7EC

Chers amis pèlerins

‌En 2019 nous étions 17 000 pèlerins à Chartres : 14 000 marcheurs et 3 000 anges gardiens.

Nous n'avions jamais été aussi nombreux !

Soyons en 2020 encore plus nombreux.

Nous sommes des militants de chrétienté. Ne soyons pas des catholiques confinés et enfouis.

Montrez votre attachement au pèlerinage de chrétienté en vous inscrivant maintenant avec votre famille sur cette page.

Choisissez un chapitre, vous serez contactés par votre chef de chapitre pour l'organisation du pèlerinage 2020 dans votre région.

Cette année, l'inscription est gratuite et, si vous le souhaitez, vous pouvez commander le livret, les deux images et l’autocollant pour 9 €.

En vous inscrivant, vous montrerez au monde que vous êtes des catholiques missionnaires !

Nous vous demandons de vous inscrire massivement et de vous unir spirituellement (ou physiquement dans les actions locales) pendant la Pentecôte au pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté.

“Il n’est permis à personne de rester à ne rien faire.” (Saint Jean Paul II)

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

2ème jour de préparation à la Consécration à la Sainte Vierge

13 juin 1917 : « Jésus veut établir dans le monde la dévotion àmon Coeur Immaculé. »

13 juillet 1917 : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion àmon Coeur Immaculé. »

 

La dévotion au Coeur Immaculé de Marie, une volonté de Dieu Lui-même, une volonté divine

À Fatima, lors de sa deuxième apparition, la Sainte Vierge confia à la petite Lucie :« Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le mondela dévotion à mon Coeur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. »

C’est ainsi que fut révélé le grand but des apparitions : Jésus veut établir dans le monde la dévotion au Coeur Immaculé de Marie. Ce point est si important qu’il fut répété presquemot pour mot le mois suivant, lors de l’apparition du 13 juillet. Après leur avoir montré l’enfer,Notre-Dame dit aux petits pastoureaux :« Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veutétablir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé. »

Le 10 décembre, 1925 à Pontevedra où elle était postulante chez les soeurs de SainteDorothée, soeur Lucie eut une confirmation qu’il s’agissait bien d’une volonté de NotreSeigneur, car, parlant des premiers samedis du mois, une des pratiques de la dévotion au CoeurImmaculé de Marie, Notre Seigneur lui confia : « … le Coeur Immaculé de Marie M’a inspiré de demander cette petite réparation et, en considération de celle-ci, d’émouvoir ma miséricorde ».

Et à chaque fois, il est précisé qu’à cette dévotion est attaché notre salut. « À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut ». Dieu veut établir cette dévotion dans le monde « pour sauver les pécheurs ». Notre Seigneur dit qu’elle a le don « d’émouvoir sa miséricorde ».

Comprenons bien l’importance de ces différentes paroles. Nous sommes en présence d’une volonté de Dieu Lui-même. Dieu a de multiples façons de manifester sa volonté aux hommes, mais Il le fait rarement de façon aussi explicite. C’est donc qu’il s’agit d’une volonté particulièrement importante pour notre époque. Or, le devoir de tout chrétien n’est-il pas de chercher à connaître la volonté de Dieu et de l’accomplir avec sincérité ? Aussi, Notre-Dame nous ayant fait connaître clairement une volonté de son Fils, nous devons faire tous nos efforts pour l’accomplir.

Mais revenons à l’apparition du 13 juin. Peu après avoir parlé, Notre-Dame ouvrit les mains. Voici comment, dans son quatrième mémoire, soeur Lucie décrit ce qui se passa ensuite : « Devant la paume de la main droite de Notre-Dame se trouvait un coeur, entouré d’épines, qui semblaient enfoncées. Nous avons compris que c’était le Coeur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui voulait des réparations. » À Fatima, ce fut la seule fois où Notre-Dame apparut ainsi.

Cette vision du Coeur Immaculé de Marie entouré d’épines ainsi que les paroles prononcées juste avant, ne furent assorties d’aucune demande particulière de la Sainte Vierge pour les garder secrètes, mais, par une intuition divine, les petits voyants sentirent qu’il fallait le faire.

Dans son quatrième mémoire, soeur Lucie rapporte : « Voici, Monseigneur, ce à quoi nous nous référions lorsque nous disions que Notre-Dame nous avait révélé un secret en juin. Notre-Dame ne nous avait pas encore demandé, cette fois, de garder le secret, mais nous sentions que Dieu nous dirigeait dans ce sens. » Ce secret est communément appelé le "petit secret" pour le distinguer du "grand secret" qui sera révélé un mois plus tard. Étant le premier à avoir été révélé par Notre-Dame, il est vraiment le coeur du message de Fatima.

Aussi, pour notre salut, pour sauver les pécheurs, pour émouvoir la miséricorde de Notre Seigneur, apprenons à pratiquer avec ferveur cette dévotion au Coeur Immaculé de Marie, puis répandons-la autour de nous afin que le plus grand nombre la connaisse et l’embrasse. Il faut le faire de toute urgence, car il en va du salut d’un grand nombre. Mais il faut surtout le faire parce que Dieu le veut !

Les prophéties, marque d’une intervention divine

Cette importance particulière du message de Fatima a de plus été marquée par des signes qui ne trompent pas. Déjà, à lui seul, le miracle du soleil survenu le 13 octobre 1917 donne aux apparitions de Fatima un caractère exceptionnel. Mais, ce n’est pas le seul élément à leur donner une marque singulière. Plusieurs autres caractéristiques distinguent ces apparitions de toutes les autres, en particulier les prophéties confiées par Notre-Dame aux trois petits voyants.

Ces prophéties sont importantes, car elles sont une marque absolument infaillible de l’origine divine du message. En effet, seul Dieu peut connaître l’avenir. Saint Thomas enseigne :

La révélation des événements futurs appartient de la façon la plus rigoureuse à la prophétie ; c'est même de là que semble venir le nom de prophétie. Saint Grégoire a donc pu écrire : « La prophétie, dont la nature est de prédire l'avenir, perd la raison de son nom quand elle parle du passé ou du présent ». (Somme théologique, IIa-IIae, q. 171, art. 3)

Connaître les événements futurs en eux-mêmes est le propre de l'intelligence divine, à l'éternité de laquelle toutes choses sont présentes ; aussi une telle connaissance de l'avenir ne peut-elle venir de la nature, mais seulement d'une révélation divine. (Somme théologique, IIa-IIae, q. 172, art. 1)

Or, à Fatima, non seulement la Sainte Vierge confia aux petits pastoureaux un nombre de prophéties très inhabituel dans les révélations privées, mais plusieurs se réalisèrent très vite après leur annonce. Voici les principales dans l'ordre chronologique de leur réalisation :

Les 13 mai, 13 juin, 13 juillet et 19 août 1917

- Les jours où Notre-Dame apparaîtrait.

L’annonce le 13 mai que Notre-Dame viendrait encore cinq fois le 13 du mois est une véritable prophétie, car il était impossible aux petits voyants de savoir par avance combien de fois et quels jours viendrait la Sainte Vierge. De plus, à chaque fois, au lieu indiqué, à la date et à l’heure dites, les témoins purent observer des phénomènes extérieurs exceptionnels.

Le 13 juin 1917

- La mort rapide (Nota : de la « grippe espagnole ») de François et Jacinthe alors qu'à l'époque des apparitions ils étaient tous les deux en parfaite santé.

- Une vie plus longue pour Lucie qui vécut effectivement jusqu'à quatre-vingts dixhuit ans.

Le 13 juillet 1917

- L'élection d'un pape portant le nom de Pie XI. Pie XI sera effectivement le successeur de Benoît XV qui était pape au moment des apparitions.

- L'annonce d'une lumière inconnue peu avant la deuxième guerre mondiale (elle se produisit durant la nuit du 25 au 26 janvier 1938).

- L'annonce d'une nouvelle guerre mondiale peu après cette lumière, guerre plus

terrible que la précédente.

- L'annonce que la Russie allait répandre ses erreurs dans le monde, autrement dit que le communisme allait avoir une expansion considérable alors qu'il naissait à peine à Moscou (les coups d'état contre le tzar sont de mars et octobre 1917).

Les 13 juillet, 19 août et 13 septembre

- Le jour et l’heure du miracle du soleil.

Dans les trois mois qui l’ont précédé, ce miracle fut donc annoncé trois fois.

Le 13 juillet et le 13 octobre

- L'annonce de la fin très proche de la guerre, tout au moins pour le Portugal.

En effet, suite à l'élection inattendue du président Sidónio Pais en décembre 1917 (3 mois après les apparitions), le Portugal retira ses troupes du théâtre des opérations à partir d’avril

1918.

Avec le recul du temps, la prophétie sur les erreurs de la Russie est littéralement stupéfiante, car elle a commencé à se réaliser seulement quelques jours après la dernière apparition. En effet, c’est le 6 novembre 1917 (24 octobre selon le calendrier russe) qu’éclata à Saint-Pétersbourg la "Révolution d’Octobre" qui permit aux bolcheviks de prendre le pouvoir. Or, à ce moment, la Russie n’évoquait rien dans l’esprit des petits voyants. Jacinthe pensa même qu’il s’agissait peut-être d’une femme très méchante. À l’époque, personne ne pouvait imaginer l’instauration du régime communiste, ni la création de l’URSS en 1922. Dans toute l'histoire des révélations privées, aucune apparition ne comporte un aussi grand nombre de prophéties, avec autant de précisions et s’étendant sur un laps de temps aussi court. De plus, plusieurs de ces prophéties se sont réalisées à la lettre. Le pape Benoît XVI l’a lui-même reconnu le 13 mai 2007, le jour du 90e anniversaire des apparitions : « Les apparitions de Notre-Dame de Fatima sont sans aucun doute les plus prophétiques des apparitions modernes ». (Cité par le père Gruner dans sa Supplique canonique au pape Benoît XVI)

Un tel nombre de prophéties, dont certaines se réalisèrent très rapidement après leur annonce, constitue une authentification absolument exceptionnelle de l’origine divine des apparitions. Le miracle du soleil et les prophéties donnent donc au message de Fatima une importance que l’on ne retrouve dans aucune autre apparition. Auparavant, jamais le Ciel n’avait pris un tel luxe de précautions pour authentifier l’origine divine d’un message.

Pour toutes ces raisons, il convient de bien saisir l’importance du message de Fatima et de bien comprendre que cette importance est à la hauteur du soin pris par le Ciel pour l’authentifier. Tout ceci manifeste l’importance que Dieu attache à l’instauration dans le monde de la dévotion au Coeur Immaculé de Marie, dévotion qui comprend entre autres la consécration au Cœur Immaculé de Marie.

Alors préparons bien cette consécration et réfléchissons aux efforts que nous pourrions faire pour la pratiquer et la faire connaître.

 

NOTA BENE :

1. Prier le chapelet :

Pour les pèlerins qui prient le chapelet quotidiennement : avoir cette prochaine

consécration de soi-même au Coeur Immaculé de Marie comme intention générale ;

Pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de dire le chapelet quotidiennement : une dizaine avec cette même intention générale de sa prochaine consécration.

2. Offrir à Dieu 1 sacrifice pour la conversion des pécheurs, et la nôtre en particulier.

3. Dire les 4 prières de l’Ange et de Notre-Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs :

a. (Prière d’oraison pendant la journée) : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, et je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas ». L’Ange de la Paix, printemps 1916.

b. (Prière d’oraison pendant la journée et après chaque communion) : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Coeur et du Coeur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». L’Ange de la Paix, automne 1916.

c. (Lorsque l’on fait un sacrifice) : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la

conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie, et pour le Saint-Père ». Notre-Dame, 13 juillet 1917 (et Jacinthe qui a rajouté « et pour le Saint-Père »).

d. (Après chaque mystère du chapelet) : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, secourez surtout celles qui ont le plus besoin de Votre sainte miséricorde ». Notre-Dame, 13 juillet 1917.

 

Saints François et Jacinthe, priez pour nous !

Saint Michel Archange, gardien de la France, priez pour nous !

Lundi 27 avril 2020

1er jour de préparation à la Consécration à la Sainte Vierge

La consécration au Coeur Immaculé de Marie

La pratique par excellence suggérée par les apparitions de Fatima est la consécration à Dieu par l’intermédiaire du Coeur Immaculé de Marie. Mais, diront certains, à Fatima, la Vierge n’a expressément demandé que la consécration de la Russie. Voici comment le père Alonso, un des meilleurs spécialistes de Fatima à son époque, répond à cette objection :

Il est évident que cette consécration de la Russie doit être précédée de la pratique généralisée et intense des consécrations individuelles et collectives. La consécration de la Russie n'arrivera que comme le fruit de la consécration généralisée et intense de tous les membres et de toutes les collectivités de l'Église. C'est pourquoi - ainsi que l'ont bien compris et exprimé le pape Pie XII et le pape Paul VI - il est nécessaire que les fidèles commencent par réaliser leur consécration personnelle et par la vivre intensément. C’est là le meilleur moyen de hâter l'heure du triomphe du Coeur Immaculé de Marie, et l'avènement du Royaume de Dieu sur la terre.

Qu’est-ce qu’une consécration ?

Mais que signifie se consacrer ? Le terme "consacrer" a plusieurs sens. Celui qui nous intéresse ici est celui de "réserver pour Dieu". Consacrer un objet, un édifice, un lieu, signifie que cet objet (un calice par exemple) ou cet édifice (une église par exemple) sont réservés pour Dieu, pour célébrer son culte et qu’ils ne peuvent plus servir à un autre usage.

On peut aussi consacrer une personne (ou un groupe de personnes). Dans ce cas, la personne garde sa liberté, mais elle promet de suivre Jésus et de vivre en suivant sa loi.

Lorsqu’une personne se consacre par exemple au Sacré-Coeur, elle se donne entièrement à Jésus : elle Lui donne son corps, son âme, ses biens extérieurs, ses biens intérieurs (vertus et mérites), tout ce qu’elle a dans l’ordre de la nature et de la grâce. Par son acte de consécration, elle reconnaît à Notre-Seigneur un entier et plein droit de disposer de tous ses biens pour le triomphe de son Église. Se consacrer signifie qu’on s’engage à être un instrument docile entre ses mains. On promet une obéissance sans faille à tout ce qu’Il nous demandera.

Voici comment Pie XII expliquait ce qu’était une consécration : « La consécration est un don total de soi, pour toute la vie et pour l’éternité : c’est un don non de pure forme ou de pur sentiment, mais effectif, accompli dans l’intensité de la vie chrétienne. »

Pourquoi se consacrer ?

Que pouvons-nous attendre d’une consécration ? Par son acte de consécration, la personne appartient à celui à qui elle s’est consacrée. En conséquence, elle sera son bien et peut donc prétendre jouir de la protection que tout propriétaire accorde à ce qu’il possède.

Ainsi, dans le cérémonial de consécration d’une famille au Sacré-Coeur, il est demandé à Dieu de « bénir nos entreprises spirituelles et temporelles, écarter nos soucis, sanctifier nos joies, soulager nos peines. »

Dans un radiomessage adressé à la Belgique, Pie XII déclarait : « En mettant sous l’égide de Marie vos activités personnelles, familiales, nationales, vous invoquez sa protection et son aide sur toutes vos démarches. »

En nous consacrant à Notre-Seigneur ou Notre-Dame, nous aurons ainsi un guide pour nous garder des faux pas, nous ramener dans le droit chemin si nous nous égarons. Nous serons protégés des dangers et des embûches du démon.

Un autre bien que procure une consécration est la paix (celle de l’âme en premier lieu, mais aussi la paix temporelle) ainsi que la conversion des pécheurs. Dans la consécration du genre humain au Coeur Immaculé de Marie faite par Pie XII le 31 octobre 1942, le pape demanda :

« Ô Mère de Miséricorde, obtenez-nous de Dieu la paix ! Et, surtout, ces grâces qui peuvent en un instant convertir les coeurs humains, ces grâces qui préparent, aménagent et assurent la paix ! »

Voici également ce qu’enseigne saint Louis-Marie Grignion de Montfort : « Ainsi, se consacrer à Marie, c’est très précisément la choisir comme Mère, non pas seulement pour la protection physique de nos personnes, mais plus encore et d’abord pour lui conférer en propre la plénitude de la puissance maternelle sur notre âme. La mère, dans la famille humaine, a pouvoir sur ses enfants. Elle les protège de deux manières : en écartant d’eux les périls et les menaces, sans même parfois qu’ils le sachent ; en les conseillant et en les guidant aussi, pour qu’ils fassent bon usage de leur liberté. »

Peut-on se consacrer à Marie ?

On se consacre en général à Dieu, au Sacré-Coeur, au Christ-Roi. Toutefois, les églises sont souvent consacrées à la Sainte Vierge ou à des saints. Mais la consécration à Marie fait parfois l’objet de débats. Par exemple, dans une préface à l’encyclique Redemptoris Mater, un théologien affirme : « On ne peut se consacrer qu’à Dieu créateur, non à une créature, car ce serait de l’idolâtrie. »

Se consacrer à la Sainte Vierge serait donc de l’idolâtrie. Toute la tradition dément cette affirmation malheureuse. De tout temps, de telles consécrations ont été faites et ont porté des fruits. Et jamais l’Église n’a émis la moindre objection. En effet, on se consacre à la Très Sainte Vierge lors des baptêmes, des mariages, des confirmations, des communions solennelles. Dans beaucoup de paroisses, par exemple, il est d’usage à la fin de la cérémonie du baptême de porter l’enfant à l’autel de la Sainte Vierge et là, de le consacrer à Notre-Dame.

Dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, saint Louis-Marie Grignion de Montfort nous incite à nous consacrer à la Sainte Vierge.

Le 1er avril 1836, le curé d'Ars consacra sa paroisse à Marie conçue sans péché. Le 11 décembre de la même année, l’abbé Desgenettes consacra la paroisse de Notre-Dame des Victoires au Coeur Immaculé de Marie.

Plusieurs pays ont été consacrés au Coeur Immaculé de Marie. Les évêques portugais consacrèrent le Portugal le 13 mai 1931, puis à nouveau le 13 mai 1938 et le 13 octobre 1942. Pie XII consacra le monde le 31 octobre 1942, puis à nouveau le 8 décembre. La Pologne fut consacrée en 1946 et l’Australie en 1948, etc.

Il ne fait donc aucun doute qu’il est possible de se consacrer à Notre-Dame et plus particulièrement à son Coeur Immaculé comme elle l’a demandé pour la Russie le 13 juillet 1917.

Toutefois, le terme "consécration" ou "se consacrer" n’a pas le même sens pour Dieu et pour un saint. Il est analogue. Seul Dieu peut posséder totalement notre personne. On se donne à Marie pour qu’elle nous donne à Dieu. Il est clair que la consécration mariale est relative à Dieu. Jamais la Très Sainte Vierge n'est l'étape terminale, ni même le passage, à proprement parler. Elle est le lieu où Dieu veut être trouvé.

Ce point a été remarquablement développé par saint Louis-Marie Grignion de Montfort dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge. Par exemple, au n°115, il recommande de « commencer, continuer et finir toutes ses actions par elle, en elle, avec elle et pour elle afin de les faire par Jésus-Christ, en Jésus-Christ, avec Jésus-Christ et pour Jésus-Christ notre dernière fin. »

Et un peu plus loin, au n° 120, il précise :

Marie étant la plus conforme à Jésus-Christ de toutes les créatures, il s’ensuit

que, de toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme le plus une âme à Notre- Seigneur est la dévotion à la très Sainte Vierge, sa Sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus-Christ. C’est pourquoi la parfaite consécration à Jésus-Christ n’est autre chose qu’une parfaite et entière consécration de soi-même à la très Sainte Vierge, qui est la dévotion que j’enseigne.

Le but final de la consécration à Notre-Dame est donc d’aller à son Fils. C’est d’ailleurs l’enseignement de Notre-Dame à Fatima. Le 13 juin 1917, elle dit à la petite Lucie : « Mon Coeur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »

En quoi consiste la consécration ?

La consécration consiste à donner à Dieu, par l’intermédiaire de la Vierge Marie, notre personne tout entière, avec tout ce qu'elle est et tout ce qu’elle a.

On peut dire que le baptême est notre première consécration, parce que c'est par lui que réellement commence le culte véritable et unique, seul capable d'être agréé par le Père céleste, qui voit, dans le baptisé, l’homme incorporé au Christ.

Mais comme le baptême est décidé, pour les jeunes enfants, par une autre personne et accepté ainsi par l’Église, il est nécessaire de renouveler cet acte à d'autres moments, afin qu'il soit une décision vraiment personnelle et consciente du chrétien. Ces moments peuvent être : la première communion, la confirmation, la profession religieuse, le mariage, l'ordination sacerdotale, etc.

Dans cet acte, qui s’adresse fondamentalement au Christ, nous faisons entrer la Vierge à un titre spécial, qui lui est propre : celui de Mère de Dieu et notre Mère, celui de Mère du Rédempteur ; et nous invoquons son intercession pour que nos actes personnels aient l'efficacité et la force nécessaires. Et comme le disait Pie XII dans le radiomessage adressé à la Belgique précédemment cité : « Nous lui promettons de ne rien entreprendre qui puisse lui déplaire et de conformer toute notre vie à sa direction et à ses désirs. »

Ainsi, la consécration consiste à promettre à Marie de recourir filialement et constamment à elle et de vivre dans une habituelle dépendance à son égard, pour arriver à une plus intime union avec Notre-Seigneur et par Lui avec la Sainte Trinité présente en nous. La raison en est, dit saint Louis-Marie Grignion de Montfort, que Dieu veut se servir de Marie dans la sanctification des âmes, après s'être servi d'elle dans l'Incarnation, et il ajoute :

Je ne crois pas qu'une personne puisse acquérir une union intime avec Notre- Seigneur et une parfaite fidélité au Saint-Esprit, sans une très grande union avec la Très Sainte Vierge et une grande dépendance de son secours... Elle était pleine de grâce quand elle fut saluée par l'archange Gabriel, et elle fut surabondamment remplie de grâce par le Saint-Esprit quand il la couvrit de son ombre ineffable ; et elle a [tellement] augmenté de jour en jour et de moment en moment cette plénitude double, qu'elle est arrivée à un point de grâce immense et inconcevable ; en sorte que le Très-Haut l'a faite l'unique trésorière de ses trésors, et l'unique dispensatrice de ses grâces, pour anoblir, élever et enrichir qui elle veut, pour faire entrer qui elle veut dans la voie étroite du ciel...Jésus est partout et toujours le fruit et le Fils de Marie ; et Marie est partout l'arbre véritable qui porte le fruit de vie et la vraie mère qui le produit.

Aussi, serait-ce un manque d'humilité de ne pas recourir fréquemment à la Médiatrice universelle que la Providence nous a donnée comme une vraie Mère spirituelle pour former le Christ en nous, ou pour nous former spirituellement à l'image du Fils de Dieu.

Il nous est ainsi conseillé de donner à Marie nos biens extérieurs, si nous en avons, pour qu'elle nous préserve de toute attache aux choses terrestres et nous inspire d'en faire le meilleur usage. Il convient de lui consacrer notre corps, nos sens, pour qu'elle les conserve dans une parfaite pureté, de lui livrer aussi notre âme, nos facultés, nos biens spirituels, vertus et mérites, toutes nos bonnes oeuvres passées, présentes et futures.

Dans la pratique, cette dépendance totale à l'égard de Marie est l'abandon fait à la Sainte Vierge de tout ce qu'il y a de communicable à d'autres âmes dans nos bonnes oeuvres, pour qu'elle en dispose selon la volonté de son divin Fils et pour sa plus grande gloire.

C’est dans ce but que nous allons nous consacrer au Coeur Immaculé de Marie le dimanche 31 mai au camp de Gas sur la route de Chartres.

NOTA BENE :

1. Prier le chapelet :

Pour les pèlerins qui prient le chapelet quotidiennement : avoir cette prochaine

consécration de soi-même au Coeur Immaculé de Marie comme intention générale ;

Pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de dire le chapelet quotidiennement : une dizaine avec cette même intention générale de sa prochaine consécration.

2. Offrir à Dieu 1 sacrifice pour la conversion des pécheurs, et la nôtre en particulier.

3. Dire les 4 prières de l’Ange et de Notre-Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs :

a. (Prière d’oraison pendant la journée) : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, et je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas ». L’Ange de la Paix, printemps 1916.

b. (Prière d’oraison pendant la journée et après chaque communion) : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Coeur et du Coeur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». L’Ange de la Paix, automne 1916.

c. (Lorsque l’on fait un sacrifice) : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie, et pour le Saint-Père ». Notre-Dame, 13 juillet 1917 (et Jacinthe qui a rajouté« et pour le Saint-Père »).

Dimanche 26 avril 2020

Pour une reprise des messes le 11 mai : lettre ouverte à Christophe Castaner

https://www.valeursactuelles.com/sites/default/files/styles/image_article/public/2020-04/063_1220888517.jpg?itok=9ib8u368

 

En plein étude des modalités de l’après confinement, l’attitude du gouvernement à l’endroit du culte catholique pose de graves questions pour l'Eglise. Dans une lettre ouverte au Ministre de l’Intérieur, le Père Danziec nous livre un coup de gueule retentissant. 

Monsieur le Ministre,
L’exercice, je le reconnais, s’avère tout à fait présomptueux. A minima cavalier. Qui suis-je pour vous écrire ? Prêtre de 35 ans dans une paroisse de province, j’appartiens avec mes confrères à une espèce en voie de disparition. Exsangue, parfois divisée, l’Église en France n’a ni le pouvoir ni l’influence qu’elle avait hier. Comment prétendre en ces circonstances atteindre vos oreilles ministérielles et gagner votre assentiment ? Je ne suis, après tout, le porte-parole de personne. Je n’ai ni mission officielle ni mandat canonique pour vous adresser ces lignes. Je ne compte pas d’amis dans votre cabinet ou de proches place Beauvau. Personne n’est en mesure de vous porter ma missive. Sitôt écrits, mes mots se perdront. Et très vite, je le sais, ils seront oubliés. La Foi a beau me susurrer qu’elle déplace les montagnes, la raison me rappelle que le fidèle Moïse n’a pas convaincu Pharaon, ni le Christ lui-même les grands prêtres. Alors, pourquoi prendre ma plume Monsieur le Ministre ? Je vous rassure tout de suite : en aucun cas pour vous demander, à partir du 11 mai et du déconfinement, le droit de célébrer la messe dans mon église en présence des fidèles qui voudraient y assister.

Vous en demander le droit ? Le droit ? Non merci ! Depuis de nombreuses années, l’habitude a été prise de s’adresser en haut lieu au nom de prétendus droits. Telle minorité réclame le droit à la diversité. Telle catégorie invoque le droit à l’enfant, telle autre le droit de l’empêcher de naître. Je ne me sens ni l’âme d’un syndicaliste en soutane, ni celle d’un révolté mal à l’aise avec son siècle. Je suis convaincu, du reste, que si l’Église ambitionne d’épouser son époque, elle risque fort de terminer veuve à la prochaine. Or je n’ai pas le goût du veuvage Monsieur le Ministre, j’ai simplement fait vœu de célibat.

 

En rédigeant cette lettre ouverte, je ne vous réclame rien. Je ne vous demande rien. Je n’implore pas votre mansuétude ou votre compréhension. Je me tourne vers vous, non pour faire valoir un droit mais mû par un devoir. Impérieux et grave. Le devoir de rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Le devoir de vous affirmer que l’assistance à la messe fonde la dignité de la personne baptisée, que l’Eucharistie est à la fois la source et le sommet de la vie chrétienne. Le devoir de vous dire qu’elle n’est pas d’abord un rassemblement de personnes mais une rencontre avec quelqu’un. Et que ce Quelqu’un, c’est Dieu lui-même. Le devoir enfin, de vous exprimer publiquement ma grande perplexité devant l’incohérence des décisions qui touchent l’après 11 mai et la liberté du culte public.

 

Depuis le mardi 17 mars, vous le savez, les catholiques français ont joué le jeu du confinement avec une loyauté parfaite. Un sacrifice immense a été consenti par des millions de croyants habitués à leur messe du dimanche. Je doute fort que vous mesuriez le prix qu’il nous en a coûté, vous qui aviez déjà du mal on s’en souvient à mesurer que Notre-Dame de Paris soit une cathédrale. Animés par un réel souci du bien commun, les fidèles des églises ont pourtant accepté de vivre la Semaine Sainte – le point d’orgue des célébrations annuelles – dans un dénuement liturgique total. Loin de s’apitoyer sur leur sort, un grand nombre de chrétiens engagés, de mères de familles, de jeunes de mouvements scouts, de communautés religieuses se sont mis au service de leur prochain en distribuant des repas dans les rues, en confectionnant des masques, en réalisant des blouses. Toujours gratuitement. Souvent discrètement. Généreux, priants, obéissants, prudents, gentils, les catholiques n’ont pas à rougir de leur comportement depuis le début du confinement. Mais soyons clairs Monsieur le Ministre, être bon ne commence pas par un « c ».

Alors que se dessinent peu à peu les mesures du décloisonnement, nous savons déjà qu’à partir du 11 mai prochain – étant entendus les gestes barrières – nous pourrons aller à l’école, prendre les transports en commun, participer de nouveau à l’activité économique du pays, faire de la trottinette, visiter des voisins, courir en forêt... Mais en revanche, aller à la messe nous serait interdit ? Et nous devrions rester cois, impassibles ? Les bons élèves seraient mis à la retenue et les catholiques auraient vocation à devenir les dindons d’une mauvaise farce ?

Devant tant d’incohérences, et d’injustices, il m’est difficile de ne pas voir de l’indécence. Comment ne pas s’indigner devant le mépris des éventuels appétits spirituels des hommes ? Ces derniers appartiendraient à la catégorie des besoins non essentiels. Il n’empêche Monsieur le Ministre, je suis prêtre, et dans une saine distinction des pouvoirs, je ne saurais me considérer comme membre d’une “Église Populaire hexagonale”. La liberté, l’égalité et la fraternité vous sont chères ? Sans que je les érige moi-même en dogmes, je suis prêt à les faire miennes pourvu seulement qu’elles soient vécues en vérité et non en Tartuffe.

La République parle de liberté ? Alors qu’un prêtre célébrait récemment sa messe dominicale en toute légalité, et conformément aux règles du confinement, des policiers armés se sont introduits dans son église pour y faire cesser la cérémonie. Et ce, en violation de la loi qu’ils prétendaient défendre. On a peine du reste à imaginer la même scène dans une mosquée à Colmar... Le dédain avec lequel sont traités les ministres du culte et leurs légitimes aspirations montre à quel point la laïcité républicaine s’est transformée irrésistiblement en un athéisme d’État, sournois puis menaçant.

La République nous parle d’égalité ? Les amendes à géométrie variable entre le jogger sur une plage et les rodéos dans les banlieues pouvaient déjà laisser pantois. Mais lorsque l’on constate que la police intervient dans les églises tandis que le préfet des Bouches-du-Rhône autorise la célébration du Ramadan entre voisins ou qu’une note interne appelle les policiers du Calvados à la retenue à l’endroit des musulmans, les bras nous en tombent. Certains verront une soumission de la République à l’Islam, liée à un rapport de force différent. Sans aller nécessairement jusque-là, il est au moins permis de voir, dans cette inégalité de traitement, l’aveu d’une injustice profonde. L’indifférentisme cultuel prôné par la République ne peut se départir de l’Histoire de France. Réduire une majorité déchue, le catholicisme, à une minorité parmi d’autres revient à refuser de prendre en compte ce que les différentes religions, présentes sur notre territoire national, ont effectivement apporté au corps social et à la patrie charnelle.

La République enfin nous parle de fraternité ? Un mot sublime qui aura sonné douloureusement creux tous ces derniers jours. Savez-vous Monsieur le Ministre, ce que cela fait de célébrer des obsèques dans les conditions qui nous ont été imposées ? Le drame indigne de voir des membres d’une famille contraints de rester à la grille du cimetière, les autorités ne permettant qu’à douze personnes d’accéder aux sépultures ? Ce qui est révoltant, ce n’est pas tant de subir ces contraintes pour des motifs sanitaires que de voir dans le même temps des supermarchés en libre accès ou des avions de ligne chargés de passagers. A la sortie, il y aura des comptes à rendre !

Monsieur le Ministre, la vie chrétienne n’est pas affaire de fricotage électoral ou d’opinion publique. Je suis prêtre, au crépuscule de ma vie il me faudra répondre de mes actes devant Dieu. C’est au nom de ces comptes à rendre que je vous écris ces mots. Ne vous méprenez pas, s’il vous plaît, sur leur vigueur. Le Christ n’invite pas ses disciples à devenir le miel de la terre, mais le sel. Or, comme le dit Bernanos, « du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir ! ». Le bien commun et l’intérêt général sont à ce prix-là. Un discours transparent, sans langue de bois. Que la vie ecclésiale puisse retrouver son rythme au même titre que la vie scolaire, sociale et économique du reste du pays à partir du 11 mai ne relève pas du lobbying mais du droit strict de l’Église et de la plus élémentaire des justices.

Il ne saurait donc s’agir ici, vous l’aurez compris, de vous quémander un droit, mais de vous rappeler à votre propre devoir. Un devoir d’État.

Puisse au moins ces quelques lignes vous le faire savoir.

Père Danziec

vendredi 17 avril 2020

Contamination : un autre ennemi invisible !

On se souvient du singulier appel à la mobilisation du Président Macron au soir du 16 mars dernier : « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, et qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. »

En omettant d’évoquer toute transcendance face à cette pandémie nouvelle, avec la nécessité d’une autre mobilisation, spirituelle celle-là, le chef de l’Etat prenait malgré tout des accents et des images évoquant par analogie cette autre mobilisation. On pense à saint Paul : « Nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances et les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l’air. » (Eph. 6, 12) Mais aussi à Rimbaud à sa manière : « le combat spirituel est plus rude que les batailles d’hommes. 

Car il y a aussi un autre monde invisible au sens propre, insaisissable, trop souvent méconnu, qui ne se divise pas entre les bonnes et les mauvaises molécules, entre les anti-corps et les toxines, mais entre les bons anges et les mauvais anges, ces êtres invisibles. C’est l’envers de notre décor terrestre qui imprègne notre monde visible, le plus souvent à notre insu.

La contamination virale ou bactérienne, autrement dit la maladie ainsi que le mal et la souffrance ne sont pas seulement le fruit du premier péché d’Adam. Car le péché de l’homme est aussi dépendant en quelque sorte du premier péché de l’ange, influencé et contaminé par lui. Selon notre foi instruit par la Révélation, l’orgueil de Lucifer, par son « Non serviam »,  est à l’origine de tout mal avant même la faute d’Adam et sa blessure fatale. Le péché de l’ange (du « frère aîné » céleste en tant que créature spirituelle) est en filigrane du péché de l’homme (du « cadet » terrestre en tant que créature spirituelle incarnée) et confère à l’humanité des conséquences mais aussi des circonstances atténuantes quant à sa culpabilité. C’est pourquoi, par miséricorde divine, l’homme est toujours pardonnable jusqu’à sa mort, à l’exemple du bon larron : « Souviens-toi de moi dans ton Royaume. »

Reste que, comme pour les contaminations matérielles, il existe un certain nombre de dispositions, d’attitudes barrières, de distanciation sociale, de réanimation ou d’incubation spirituelles qui nous permettent d’éviter la contamination diabolique ou d’en sortir. Après la somme du Père Jean-Baptiste Golfier – Tactiques du diable et délivrance chez Artège – deux nouveaux livres viennent opportunément nous le rappeler chez le même éditeur (1) : Libère-nous du mal, guide de discernement et chemins de délivrance des phénomènes diaboliques, du P. Jean-Christophe Thibaut ; et J’étais possédé, comment j’ai été libéré de l’emprise du mal, de Michel Chiron.

Si une bonne médecine naturelle peut nous guérir des pièges du virus, une bonne médecine spirituelle peut nous délivrer radicalement des griffes du mal(in). « Comme il est fou celui qui se laisse mordre par un chien enchaîné ! », disait saint Césaire d’Arles à propos de celui qui succombe au démon vaincu par le Christ-Rédempteur. Le premier des gestes barrière, en l’occurrence, c’est d’éviter les occasions de tentation, en cultivant les vertus morales et surnaturelles par une certaine ascèse et la pratique des sacrements. « Fuis [ces tentations] si tu veux être victorieux », recommandait à ses jeunes Don Bosco en citant saint Augustin. Mais, à côté de cette médecine préventive à l’école de Notre-Dame et à l’aide de nos anges gardiens, il y aussi la médecine réparatrice avec les prières de délivrance et les exorcismes, par lesquels une guérison est toujours heureusement possible.

Rémi Fontaine

(1)- P. Golfier : Tactiques du diable et délivrance, Dieu fait-il concourir les démons au salut des hommes, 1055 p., Artège, 2018.

- P. Thibaut : Libère-nous du mal, guide de discernement et chemins de délivrance des phénomènes diaboliques, 383 p., Artège 2019.

- Michel Chiron : J’étais possédé, comment j’ai été libéré de l’emprise du mal,  167 p. Artège 2020.

mardi 07 avril 2020

In memoriam - Agnès Artur

https://www.nd-chretiente.com/dotclear/public/.Capture_d_e_cran_2020-04-06_a__12.39.34_s.png

  In Memoriam

 

Agnès Artur, née Agnès Romillat, nous a quitté le 24 mars 2020, je jour de la fête de l’archange St Gabriel, à l’âge de 87 ans. Elle était oblate o.s.b. de l’abbaye Ste Madeleine du Barroux.

Epouse de Jean-Pierre Artur, qui l'un des fondateurs de l'Association Notre-Dame de Chrétienté et pendant de très nombreuses années le trésorier de l’association en charge du pèlerinage de Chartres, Agnès était elle-même très impliquée dans la préparation du pèlerinage et le fonctionnement du secrétariat tout au long des trois jours, aux côtés de Marie-Louise Prévost, secrétaire général de Notre-Dame de Chrétienté.

Avec un dévouement inlassable que ne rebutait aucune tâche, elle donnait sans compter et dans la bonne humeur, comme elle l’avait toujours fait dans ses nombreux engagements, que ce soit le catéchisme des enfants, à commencer par les siens, l’aide aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale St Pierre, la rédaction du bulletin des Associations Familiales Catholiques des Yvelines, dont Jean-Pierre avait la charge, ou sa participation aux séances du Bureau de l’Action Familiale et Scolaire.

« Persévérante dans le combat spirituel… dans la prière et les sacrements…Persévérante dans la bonne humeur… l’esprit toujours clair, le cœur ardent, remplie de l’esprit de piété mais sans superstition, rigoureuse mais sans rigorisme, profondément affectueuse mais sans fusion… » ce sont quelques-unes des qualités que son fils Guillaume, moine au Barroux sous le nom de Père Luc, lui  attribuait dans la remarquable homélie qui fut lue au cours de la messe de funérailles célébrée  le lundi 30 mars à Versailles, dans la chapelle de l’Immaculée Conception dont elle était une fidèle depuis l’origine.

Retenu par les exigences de la clôture monastique et du confinement généralisé, le Père Luc ne put présider cette cérémonie comme il l’aurait souhaité, mais Jean-Pierre eut le réconfort d’être accompagné, pour ce dernier adieu, par ses deux filles, Christine et Laurence, leurs époux et ses petits-enfants… et aussi par la foule de leurs amis qui, devant l’écran de leur ordinateur, participèrent à distance (confinement oblige) à cette belle cérémonie .

Merci Agnès pour ce que vous étiez et ce que vous avez fait au service de la Chrétienté. Nous prions pour vous et assurons votre époux, Jean-Pierre, vos enfants et petits-enfants de nos sentiments les plus amicaux.

En union de prières.

Notre-Dame de Chrétienté

Lundi 06 avril 2020

A Dieu, cher Docteur !


A Dieu, cher Docteur !

Le Docteur Xavier Dor nous a quittés.

Peut-être son nom ou sa figure évoquent-ils peu de souvenirs pour les plus jeunes parmi nous.
Il est parti à l'éternité « sur la pointe des pieds », sortant par en-haut de notre monde confiné.
Bien des voix et des plumes lui rendent hommage valable. Elles évoquent, mieux que je ne saurais faire, son souvenir et son œuvre.
Pour ma part, je crois pouvoir dire qu'il fut un chevalier souriant dans un monde de brutes. Le rencontrer sur les routes de pèlerinage chaque année était toujours une rencontre forte.

Chevalier souriant.

            L'ADN du chevalier sans armure, casque, épée, monture, c'est la noblesse du cœur. Et la noblesse du cœur n'est pas une prétention, mais une attitude. Elle se manifeste entre autre dans le fait de mettre sa force, « celle du bras, de l'esprit, du cœur », au service des plus petits et des plus faibles que le « droit » élimine.

            Avant que la formule si belle retentisse dans les rues et les réseaux, il a été la « voix des sans-voix ». Le Docteur Dor a appliqué « l'option préférentielle pour les pauvres » en faveur de ces plus petits encore invisibles, que sont les enfants à naître. Comment cela ?

« La prière nous relie au surnaturel. Elle nous unit à Dieu. Elle est force et refuge. Elle est la respiration de l'âme et à ce titre, ne peut cesser sous peine de mort spirituelle.
L'information est importante car l'avortement doit beaucoup à l'ignorance scientifique sur les débuts de la vie, sur ce qui la précède ( l'hérédité ), et ce qui la suit ( le développement ). Le plus frappant, c'est la continuité de l'être humain depuis la conception jusqu'à l'achèvement de l'individu. La connaissance scientifique renforce la connaissance morale, philosophique, politique, démographique ».
Ce sont ses mots, ses actes, ses seules « armes ».

Il distinguait (sans les opposer d'ailleurs) deux formes d'engagement pour défendre la vie ; la charité individuelle de ceux qui agissent sur les effets des lois sur l'IVG (comme on recueille les victimes d'un naufrage en cours), et la charité politique ou collective de ceux qui luttaient contre les lois elles-mêmes (comme on se porte vers la voie d'eau du bateau pour la boucher ou la réduire).

Ce « gêneur » était un chevalier souriant. Au bout d'années de procès, d'emprisonnement, de condamnations, d'insultes, d'abandons, … Il avait conservé le sourire de l'espérance. Ce sourire-là avait un prix. Ce sourire n'est pas celui de l'abandon chic des principes... Mais celui de la cohérence. J'en ai été frappé, « irradié » à chaque pèlerinage où il était là.  Incarnation de ce que veut dire ; « Bienheureux les persécutés pour la justice »... Ou encore du « gaudium de veritate », cher à St Paul et St Thomas, la « joie de la verité » même désarmée, effet d'une authentique charité. Motif de confiance, pour toutes les causes belles et grandes qui rejoignent et touchent le règne du Christ. Hier, aujourd'hui, demain ! Par ce regard et ce sourire, son âme de chevalier venait au-devant de vous.

Chevalier souriant dans un monde de brutes. Simple hyperbole romantique et subversive ?

Une férocité (remarquable et constante) l'a souvent qualifié de « croisé anti-IVG ». On l'a accusé de violence (je m'interroge encore sur le sens et le contenu du mot). Il a été poursuivi, verbalement, médiatiquement, juridiquement, physiquement parfois... Pour avoir manifesté la malice d'un monde de brutes.

Brutalité d'un mensonge qui est une violence faite à l'intelligence.

Brutalité d'une pratique, comme de la répression de l'objection ou de l'opposition à cette pratique.

Brutalité de l'élimination du semblable par le semblable.

Sainte Mère Teresa, avec la même fermeté souriante, avait déjà prophétisé que cette pratique était «le plus grand destructeur de la paix» entre les hommes.


Il n'est pas de notre compétence de canoniser, et de fabriquer des « santo subito ».
Il est de notre espérance de demander pour lui le repos éternel, par les mérites infinis du Miséricordieux Jésus.
A sa famille et ses proches endeuillés, nous présentons de tout cœur nos condoléances sincères.
Nous devinons aussi ce que le confinement peut ajouter de pénible à la célébration de son enterrement.
Nous invitons à offrir au Tout puissant des messes et des prières pour le repos de son âme.

Miséricordieux Jésus, donnez-lui le repos éternel, et que pour lui brille votre lumière sans déclin !


Abbé Alexis Garnier,
Aumônier Général de Notre Dame de Chrétienté.

 

Lettre de Mgr Gilles Wach aux amis et bienfaiteurs de l'Institut

/dotclear/public/.Wach_s.jpg

 

À l’occasion de la Semaine Sainte, je souhaitais m’adresser à vous, pour vous assurer des prières de la communauté en ces heures tragiques, et vous transmettre quelques nouvelles de notre Institut, de ses prêtres, de ses séminaristes et de ses sœurs.

Suite aux mesures gouvernementales arrêtées en Italie peu après le début de la crise sanitaire, notre Maison-Mère et séminaire à Gricigliano sont entrés en confinement total voici maintenant presque un mois. N’étant pas une paroisse, mais une maison de formation indépendante de notre apostolat florentin, il était nécessaire de protéger les nombreux séminaristes et prêtres qui y vivent, afin qu’ils puissent continuer comme à l’ordinaire leur vie de prière et d’étude. Nous avons donc maintenu la vie de prière, le chant de l’office choral, et ajouté aux offices habituels des supplications à vos intentions, l’adoration quotidienne et une procession pénitentielle hebdomadaire dans l’enceinte du séminaire, afin d’implorer la miséricorde de Dieu.

Dans nos prieurés, églises, couvents, missions, œuvres et fondations, nos chanoines répandus à travers le monde font au mieux pour demeurer à vos côtés, tant les réconforts de la Sainte Église sont précieux en de tels moments. En fonction des restrictions imposées par les lois civiles ou ecclésiastiques, ils tentent de vous permettre un accès aussi large que possible aux trésors de la vie sacramentelle.

Il me semble qu’une épidémie d’une telle envergure peut être interprétée comme un signe permis du Ciel, ayant pour fin de nous ramener à l’essentiel, ainsi que le soulignent nombre de commentateurs. Mais quel est cet essentiel ? N’est-ce pas Dieu lui-même ? Dans les Saintes Écritures, Dieu donne des avertissements semblables pour stimuler à la conversion. « Un Jésus qui est d’accord avec tout et tous, écrivait Benoît XVI, un Jésus sans sa sainte colère, sans la dureté de la vérité et du véritable amour, n’est pas le vrai Jésus comme le montre l’Écriture, mais sa misérable caricature. Une conception de l’évangile où le sérieux de la colère de Dieu n’existe plus n’a rien à voir avec l’évangile biblique » (J. Ratzinger, Regarder le Christ).

De nos jours, on entend si peu parler des péchés, des fautes, des offenses que l’homme aurait pu commettre contre son Dieu et que la société contemporaine aurait pu promouvoir à son échelle. À peine reconnaît-on le Créateur comme le Maître absolu, et de la vie, et de la mort. L’expérience de la maladie et de la peur nous offre un double enseignement : la richesse et la grandeur de notre monde ne sont que vanité, puisque la petitesse d’un virus suffit à le mettre à genoux ; par ailleurs, nous devons redécouvrir le sens de notre humaine condition, l’amour du plus petit, du plus fragile, du plus vulnérable, et le sens rédempteur de la souffrance. Nous fêtons ces jours-ci le quinzième anniversaire du rappel à Dieu de saint Jean-Paul II, et, début mai, nous célébrerons le centenaire de sa naissance. Ce que le serviteur de Dieu nous a légué comme ultime témoignage, c’est une souffrance transfigurée par l’amour du Rédempteur, les impératifs de sa mission apostolique et la divine charité. Dans sa lettre encyclique Salvifici Doloris, dédiée au sens de la souffrance, il écrivait : « La souffrance est quelque chose d’encore plus ample que la maladie, de plus complexe et en même temps plus profondément enraciné dans l’humanité elle-même. L’ampleur de la souffrance morale et la multiplicité de ses formes ne sont pas moindres que celles de la souffrance physique… Pour découvrir le sens profond de la souffrance, il faut surtout accueillir la lumière de la Révélation, non seulement parce qu’elle exprime l’ordre transcendant de la justice mais parce qu’elle éclaire cet ordre par l’amour, source définitive de tout ce qui existe. L’amour est aussi la source la plus complète de la réponse à la question sur le sens de la souffrance. Cette réponse a été donnée par Dieu à l’homme dans la Croix de Jésus-Christ. »

Vendredi Saint, l’Église revivra les grandes heures de la Passion et de la Mort du Sauveur ; puissions-nous unir aux souffrances de la divine Victime nos propres croix, les maladies, la solitude, l’angoisse, les privations matérielles et spirituelles que nous impose cette longue quarantaine. Soyons bien convaincus que Dieu, si bon, si aimant, si miséricordieux, « ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. » (Ézéchiel, XXXI, 11)

Il me semble que certaines autorités ecclésiastiques ont trop rapidement et facilement décidé la fermeture des églises et la limitation – voire la suppression – de l’accès aux sacrements. Comment envisager de telles mesures quand les supermarchés et les banques restent ouverts ? La vie surnaturelle aurait-elle une valeur de moindre importance ? Serait-elle accessoire ? L’âme n’a-t-elle pas besoin d’être régulièrement nourrie, purifiée et soutenue, plus spécialement quand des épreuves sans nombre fondent sur elle ? Si l’on peut consulter notre médecin, toutes précautions prises, pourquoi ne peut-on pas, restant sauves ces précautions, rencontrer le prêtre, véritable médecin de l’âme ? Les dispositions prises dans les supermarchés et autres espaces de première nécessité, ne pouvaient-elles pas être mises en œuvre dans nos églises ? Les moyens actuels permettent de mettre en place des systèmes de précaution, même rigoureux, dans nos églises. Les évangélistes nous ont montré quel amour de prédilection le Christ portait aux infortunés de la vie et plus spécialement aux malades, leur accordant la rémission physique, comme simple gage de la guérison spirituelle : « Va, ta foi t’a sauvé ! »

Je remercie chaleureusement nos chanoines qui font ce qu’ils peuvent pour vous aider et, à travers vous, servir Notre-Seigneur, par leurs visites ou la retransmission des offices liturgiques. Dès à présent se profile une crise économique et humaine de grande envergure : nous devrons courageusement faire face à des pénuries de toute espèce. Je sais que, dans certaines maisons de l’Institut et couvents de nos sœurs, nous avons d’ores et déjà commencé à distribuer des vivres et à aider les familles qui font face à des difficultés alimentaires. Nous continuerons à développer et à organiser cette charité bien nécessaire. Mais convaincus que « l’homme ne se nourrit pas seulement de pains, mais de toute parole qui vient de la bouche du Très-Haut », nous pourvoirons également aux nécessités spirituelles, assurant, sans enfreindre les restrictions, la continuité de la vie sacramentelle. Car nous savons bien que le plus grand danger qui menace aujourd’hui notre société est d’ordre spirituel, plus encore que social ou économique.

Je me demande quelle théologie peut avoir un clerc qui se permet d’interdire l’accès aux sacrements, et qui, en même temps, préconise une meilleure coopération dans le domaine des réalités naturelles. Que l’une et l’autre des deux subsistances – matérielle et spirituelle – s’adaptent au contexte et respectent scrupuleusement les précautions d’usage, nul n’en disconviendra. Pour autant, la suppression des canaux ordinaires de la grâce n’est jamais une bonne solution. Si l’accès aux sacrements n’est pas un droit absolu des fidèles, le prêtre n’a-t-il pas quant à lui pour devoir d’en faciliter l’administration et de porter Dieu aux plus fragiles, aux plus esseulés, aux plus malheureux ? Que signifierait le sacrifice, la consécration pleine et constante de sa vie, sans cette perspective ?

Je remercie tous nos fidèles pour leur indéfectible soutien, que reflètent vos nombreux messages, et nos chanoines, nos sœurs et nos séminaristes pour leur dévouement et leurs prières.

Bientôt nous entrerons dans la grande Semaine Sainte, apogée du cycle liturgique et centre de la vie chrétienne. Actuellement à Gricigliano, je vous suis bien uni par la prière. Chacun d’entre nous aurons à cœur de déposer au pied de la Croix vos intentions, et de prier pour les malades, les mourants, les familles qui sont dans la douleur, l’angoisse ou l’affliction, le monde hospitalier dont nous saluons l’exemplaire héroïcité et les services nécessaires à la vie qui continuent courageusement à assurer leurs obligations. Que Dieu les protège et les bénisse !

Et vous, chers fidèles, soyez bien unis à nous par la prière. Je me permettrai de revenir vers vous pour vous transmettre quelques nouvelles, car les événements de l’Institut prévus pour les semaines à venir seront annulés ou ajournés, suivant les échéances. Je vous invite à invoquer plus spécialement la Vierge de Pompéi, saint Roch et saint Sébastien, dont la charitable intercession en période d’épidémie n’a jamais été démentie. À Gricigliano est exposée une relique de la vraie Croix qu’entourent d’autres reliques de saints patrons et protecteurs.

Je vous souhaite une bonne Semaine Sainte, vous invitant à intensifier votre vie de prière dans vos maisons, par de plus fréquentes dévotions. Gardez l’espoir en voyant Pâques approcher, puisqu’en ce jour solennel, Jésus-Christ nous montre comment, au milieu des tracas et des épreuves de la vie, il demeure vainqueur de la mort et du péché.

In Christo Rege,

Mgr Gilles Wach
Prieur Général de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre

jeudi 02 avril 2020

Compte rendu de la recollection des chapitres Nord-Normandie

/dotclear/public/FSTS1523.jpeg

Samedi 14 mars a eu lieu, à Rouen, la récollection de préparation du pèlerinage pour les régions Nord et Normandie.

Cette journée s’est tenue dans le contexte inédit que connaît la France, frappée par l’épidémie de Covid-19 ? Nous rendons grâce d’avoir pu maintenir cette journée, quelques jours avant l’annonce du confinement de notre pays.

 

Pour la 5ème année consécutive, les portes du presbytère Saint Patrice nous ont été ouvertes. Le Chanoine de Beaurepaire, de l'Institut du Christ-Roi, nous a encore une fois chaleureusement accueillis, nous permettant de nous retrouver pour cette journée de formation en vue du 38ème pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté (NDC).

 

Les cadres de NDC présents ont eu la chance d’être entourés de l’abbé Bonechi (FSSP – aumônier NDC pour la Normandie), du chanoine de Beaurepaire ainsi que du Directeur des soutiens de NDC, Denis Pinoteau, venu spécialement nous rencontrer. Nous avons regretté l’absence du chanoine Pinoteau malheureusement retenu par ses obligations liées à l’épreuve que nous connaissons tous.

 

Les chefs de chapitres et leurs adjoints ont pu profiter d’une présentation du pèlerinage et de l’association NDC, rappelant l’histoire et les fondements de notre pèlerinage. Cette présentation de Guillaume Roland-Gosselin (CDR Nord) est venue compléter le propos de Denis Pinoteau nous présentant la direction des soutiens, son fonctionnement et ses besoins. D’un point de vue plus spirituel, notre journée s’est déroulée autour des 3 topos des prêtres présents sur le thème de notre prochain pèlerinage, « Saints anges, protégez-nous dans les combats ! » Conférences éclairantes sur les mauvais anges et les bons anges, notamment nos anges gardiens et leur rôle, avec une présentation plus précise des 3 Archanges. Quelques conseils et rappels pratiques pour organiser au mieux nos trois jours de marche ont également été donnés.

 

Moment convivial qui a donné l’occasion de se retrouver, cette journée avait pour charnière la messe le matin en l’église Saint Patrice et le chapelet médité dans la chapelle du Saint Sacrement de la Cathédrale Notre-Dame de Rouen. 

 

Nous remercions particulièrement nos prêtres qui ont permis l’organisation de cette journée, Denis Pinoteau de sa présence et tous ceux qui se sont rendus disponibles pour notre récollection.

Aujourd’hui confinés, privés de la messe et des sacrements, nous sommes plus que jamais unis par la prière, pour nos malades et ceux qui œuvrent pour l’éradication de cette épidémie. Gardons l’espérance ! Animés de cette confiance, nous vous donnons rendez-vous le 30 mai prochain pour prier sous le regard de Notre-Dame ! La Normandie et le Nord seront présents !