Appel de Chartres

mardi 30 avril 2019

Appel de Chartres n° 231 - Le Christ est Roi

Le 11 décembre 1925, la pape Pie XI publiait l’encyclique Quas primas qui instituait la fête du Christ-Roi. En vérité, la Royauté du Christ n’était pas vraiment une nouveauté, et l’Eglise comme les autres sociétés – la famille et l’Etat ­­–, christianisées, manifestaient dans leurs lois, dans leurs mœurs, dans leur diplomatie, la souveraine domination du Christ, dont le nom signifie précisément « Seigneur ». Cela se nommait : « chrétienté ».

 

L’hymne de la fête du Christ-Roi le rappelle très opportunément : « [C’est] A vous, que les chefs des nations rendent les honneurs publics ; que vous confessent maîtres et juges, que lois et arts portent votre empreinte. Que, soumis, les insignes des rois brillent, à vous consacrés ; à votre doux sceptre soumets la patrie et les demeures des citoyens. [...] ». Disparue sous les coups de boutoir répétés de l’Ennemi du genre humain, par le biais des idées philosophiques et des révolutions successives qui renversèrent les trônes catholiques les uns après les autres, il fallait, la nature ayant horreur du vide, que l’on remplaçât cette chrétienté par autre chose, dont l’essence était, quelque forme que prît ce succédané, de reléguer la foi au domaine privé, de ne pas la favoriser par l’action de l’Etat, et, moyennant cette « prise en tenaille », s’assurer, à plus ou moins long terme, que le nombre de ceux qui croyaient non seulement au Christ, mais encore au Christ-Roi, s’amenuiserait, voire disparaitrait.

Car, n’en doutons pas, tenir que le Christ est Roi, c’est non seulement affirmer ce que croit l’Eglise, mais encore un des aspects les plus fondamentaux de la lutte que nous menons contre celui qui hait Dieu. Reconnaître la royauté du Christ, c’est corrélativement renoncer à ce qu’un autre souverain exerce sur nous son empire : pas de double nationalité pour un chrétien ! : « Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi disperse. » (Mat. XII, 30).

Le Catéchisme de l’Eglise catholique enseigne lui-même, au n. 2105 : « Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. C’est là "la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ ". »

Beaucoup, aujourd’hui, oublient cet enseignement, pourtant maintes fois réaffirmé : on ne peut se prétendre chrétien en cantonnant la foi et son expression au domaine privé. On ne peut s’affirmer chrétien en se prétendant « le levain dans la pâte » (Mat. XIII, 31-35), lorsqu’on limite la domination de Dieu sur un pan essentiel de notre existence, la communauté humaine, la vie en société.

Puisque nous parlons de royauté, il convient d’en préciser la nature : pour tout homme, il est une fin commune vers laquelle il doit orienter sa vie. Pour autant, cette orientation ne prend pas toujours, en raison des circonstances, des caractères, des formes identiques. Dans ces conditions, l’homme doit faire appel à sa raison et à sa prudence pour se gouverner lui-même. Puisqu’il convient que l’homme se gouverne lui-même dans sa conduite individuelle, il faut évidemment que cette nécessité de gouvernement se retrouve dans la vie sociale. « Nulle société n’est possible sans un chef qui l’organise et la dirige dans la poursuite de la fin qu’elle se propose. » Chaque individu composant le groupe poursuit, légitimement, des intérêts propres.

Le chef, qui, rien ne l’interdit, peut être en fait constitué de plusieurs individus auxquels l’autorité est dévolue, sera « un chef, un pasteur unique, qui cherche le bien commun de la multitude et non son propre avantage. » Le Christ est donc Roi. Il est roi universel : son dominion ne se limite pas aux baptisés qui croient en lui : il s’étend à tous les hommes de tous les temps, à toutes les créatures, à tous les ordres sociaux, dans l’ordre naturel comme dans l’ordre surnaturel : « D'autre part, ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu'elles soient:  il tient du Père sur les créatures un droit absolu, lui permettant de disposer à son gré de toutes ces créatures. » Et ce pouvoir royal, le pape le rappelle, le Christ l’exerce non seulement parce qu’il est Dieu, mais également parce qu’il est homme, parce que Dieu lui a donné la puissance : « [...] les anges et les hommes ne doivent pas seulement adorer le Christ comme Dieu, mais aussi obéir et être soumis à l'autorité qu'il possède comme homme ; car, au seul titre de l'union hypostatique, le Christ a pouvoir sur toutes les créatures ». 

 

Le règne que doit exercer le Christ, vrai Dieu, vrai homme, n’est donc en aucune manière un règne métaphorique, comme hélas, beaucoup le laissent entendre. C’est bien une royauté sociale et à vocation universelle dont il est question. Le Christ s’étant immolé pour le genre humain, il convient « qu’après avoir soumis toutes les créatures à son pouvoir, il procurât à votre immense Majesté un royaume éternel et universel, un royaume de vérité et de vie, un royaume de sainteté et de grâce, un royaume de justice, d’amour et de paix. ». 

C’est pourquoi également le devoir d’évangélisation n’est pas un simple conseil : il faut s’évangéliser soi-même, bien-sûr, mais aussi, par amour, le prochain : parce que l’on veut son bien, il faut agir afin que son âme soit remplie de Dieu et soumise à son joug, qui est « doux et léger ». La société dans laquelle ces âmes évolues doit elle aussi contribuer à cette évangélisation car elle n’existe que par et pour les âmes : la divinisation de l’Etat pratiquée par le marxisme, le fascisme, le nazisme, et aujourd’hui encore dans nos propres pays, ne produit que mort et désolation.

Le pape Jean-Paul II, depuis canonisé, parlait avec justesse de « structures de péchés » : ces sociétés, parce qu’elles sont étrangères à Dieu ne suscitent que l’impossibilité de faire le bien ou d’éviter le mal, ce qui est le B-A, BA de l’action morale. Sauvés par le Christ, élevés à la vie de la grâce, cela ne nous exempte cependant pas de notre fin humaine, « et l’organisation sociale qu’exige cette poursuite demeure requise. »  L’ordre temporel, et ses chefs, demeurent à leur place. Mais, l’irruption de la grâce dans le monde doit désormais incliner leur action vers le Christ. Chassant les marchands du Temple, le Christ ne se substitue pas aux chefs légitimes de la société juive.

Cette intervention dans l’ordre temporel n’est que le juste exercice d’une prérogative de la royauté spirituelle du Christ – et il faut dès lors bien comprendre que le caractère spirituel de la royauté n’exclut pas, et même exige parfois, une intervention dans l’ordre temporel, sans que la distinction Cæsaris Cæsari en pâtisse – qui exerce alors une puissance royale temporelle. Saint Thomas, commentant l’épitre aux Hébreux écrivait : « [...] ce règne n’a pas pour but les choses du temps, mais celles de l’éternité (Jn. XVIII, 36) : "Mon royaume n’est pas de ce monde", car si le Christ règne, c’est pour conduire les hommes à la vie éternelle. »

 

Et de fait, si le Christ possède bien la royauté temporelle en raison de sa royauté spirituelle, il est manifeste, à la lecture des évangiles, qu’il n’a pas souhaité exercer cette puissance temporelle. La royauté du Christ, dans la plénitude de ses pouvoirs et de son exercice comprend ainsi, outre une triple domination ­­– législative, exécutive et judiciaire –, un vrai pouvoir spirituel – l’influx de la grâce – par lesquels le Christ, en vertu de l’union hypostatique, est cause universelle de sanctification. Il est donc roi des individus, mais aussi roi des sociétés humaines, c’est là la fameuse, et trop souvent oubliée, « Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ ».

 

Chanoine Benoît Merly 

Institut du Christ Roi Souverain Prêtre 

 

jeudi 18 avril 2019

Appel de Chartres n°230 : « Détruisez ce temple, et en trois jours, je le relèverai », Jean 2, 19

« Notre-Dame de Paris ravagée par les flammes » ; « une tragédie marque le début de la semaine sainte » ; « la flèche de Notre-Dame s’est effondrée ». Les tweets fusent à la vitesse du son, ou du feu… Il est 22h22 et l’incendie commencé vers 18h30 n’est toujours pas éteint. Nous pouvons prédire par avance les discours apocalyptiques des prochains jours : le vieil Occident Chrétien, si peu fidèle à ses ancêtres, est en train de connaître un déclin semblable à celui de l’Empire Romain. Notre-Dame brûle comme Rome avant elle… et les Néron modernes ayant épuisé leurs ressources lyriques partagent leurs émotions sur Instagram. Cet incendie est aussi un rappel de notre passage limité sur terre. Memento mori ! Rappel de fin de carême que nous aurions bien aimé éviter : « Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière» (Gn 3, 19) et qui donne une amère résonnance à ces vers de Nerval:

« Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort ! »

L’UNESCO pleure son patrimoine, la France pleure ses racines subitement retrouvées, les catholiques pleurent… que pleurent-ils au fait ? Dieu ? Pourtant Dieu est immuable, Il est le Créateur de l’Univers ainsi que de ces pierres qui ont servi à édifier Sa Cathédrale ! Dieu ne disparaît pas en fumée comme des poutres du XIIème siècle ! Le symbole alors ? Cette flèche était un doigt pointé vers le ciel ; avec toute la Création, elle s’écriait au « chercheur de Dieu » : « nous ne sommes pas ton Dieu, cherche au-dessus de nous » ! Oui, nous sommes des êtres incarnés et limités dans notre intelligence et notre volonté, nous avons besoin de médiateurs, de rites, de signes pour prendre conscience de la présence aimante de Dieu, la recevoir et y répondre dans et par le même élan. Mais soyons francs, nous pleurons aussi notre participation au reniement de Saint Pierre. L’Église souffre par les scandales dont les médias nourrissent la foule, l’Église souffre par la profanation de ses cimetières, de ses églises, de ses tabernacles qui réactualisent les ignominieuses scènes de la Passion, enfin l’Église souffre dans l’absence complète de résistance aux attaques répétées du prince des ténèbres dont le monde nie l’existence ! Tous les jours, par notre mutisme, notre conformisme, notre relativisme, nous renions le Christ. Alors pleurons, pleurons bien car seules ces larmes pourront éteindre l’incendie.

« Réveille-toi ô toi qui dors » (Ep 5,14)… Notre monde sommeille d’un sommeil bien lourd, abruti par l’information de masse et le changement permanent, par le somnifère du confort, par la morphine du narcissisme universel. Pauvre de nous, le réveil devait être brutal… La Cathédrale est devenue le jouet des flammes et à travers elle, sont touchés les trois pouvoirs de l’Église qui réalisent « l’unité de son corps mystique, sans laquelle il n’y a pas de salut »:

  • Gouverner : la Cathédrale est le siège de l’évêque.
  • Enseigner : la chaire de l’Église est destinée aux prédicateurs qui par leurs sermons éveillent le cœur et l’esprit des fidèles et les orientent vers la Trinité.
  • Sanctifier : l’autel de l’église est le lieu du sacrifice du Christ ; le tabernacle est la tente de la Présence Réelle ; le baptistère contient les eaux qui ouvrent à l’amitié divine, les confessionnaux restaurent cette amitié.

Cette triple attaque blesse l’Église en son cœur et ne peut être l’œuvre que d’un seul ; cette triple attaque nous fait ouvrir les yeux sur les attaques isolées qui visent toujours un de ces trois pouvoirs : négation de l’autorité de l’Église, rejet de ses enseignements et de sa doctrine traditionnelle, banalisation du sacré. Ne sombrons pas dans le désespoir ! Il nous faut y répondre par un triple cri : cri de foi, cri d’espérance, cri d’amour vers le ciel. L’heure n’est plus à la mélancolie. La vie tient plus d’un concerto de Rachmaninov que d’une valse de Chopin ! Notre temps est un temps de purification qui doit nous aider à chercher la Vérité. Interrogeons-nous ? Qu’est-ce qu’un évêque ? Qu’est-ce qu’une cathédrale ? Qu’est-ce qu’une église ? Sans réponses, nous risquerions de reconstruire la voûte de Notre-Dame de Paris en bois recyclé avec intégration de panneaux solaires pour alimenter les illuminations touristiques…  Il nous faut également retrouver le sens de la noblesse de nos actes qui n’ont pleinement de valeur que lorsqu’ils sont gratuits, dépouillés, offerts : ainsi de l’édification d’une cathédrale dont le nom des bâtisseurs est un secret gardé par les pierres, ainsi de la vie – toute vie, ainsi du sacrifice salvateur du Christ pour les hommes de tous les temps.

Dans le Credo, nous affirmons « je crois à la communion des saints ». Entrons dans ce réseau d’amitié surnaturelle entre la terre et le ciel et cherchons particulièrement l’amitié des saints des temps de crise. Imitons avec la grâce de Dieu leur foi et leur force : Sainte Geneviève et sainte Clothilde, Saint Vincent Ferrier et Sainte Catherine de Sienne, Sainte Jehanne d’Arc et… Saint Michel Archange ! Au XIVème siècle, Sainte Catherine de Sienne a fait sienne trois grandes causes : la paix entre les cités (elle prêcha aux puissants de repartir en croisade dans le but de diriger leurs passions vers une cause sainte), le retour du Pape à Rome et la réforme du clergé embourbé dans la fange. L’actualité de ces trois causes n’est pas à démontrer, prions cette Sainte de nous aider dans cette nouvelle croisade : celle de la Foi dans nos cœurs et dans nos cités. Avec la Sainte Vierge au pied de la croix, tenons-nous debout car avec son regard de foi, d’espérance et de charité vers le Cœur ouvert de son Fils, nous deviendrons les pierres vivantes pour bâtir la cathédrale de la Jérusalem nouvelle (Ap 21,2) !

Chartres sonne, Chartres t'appelle, soyons encore plus nombreux cette année sous le regard de Notre Dame ! 

Pour vous inscrire, au pèlerinage de Paris-Chartres c'est ici

Sainte Geneviève, intercédez pour Paris !

Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat !

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !

La Direction des Pèlerins

 

 

vendredi 22 mars 2019

Appel de Chartres n°229: Contre la dictature du bruit

Mon Dieu, que de bruit !

Chaque jour nous apporte sa dose d’informations, à une vitesse de plus en plus vertigineuse, sur les sujets les plus variés. Près d’un Terrien sur deux (3,4 milliards de personnes) utilise un réseau social chaque jour. Nous disposons aussi de chaînes de télévision en continu, lesquelles doivent, hélas, remplir des heures et des heures d’antenne. Et, pour ce faire, elles sont prêtes à tout raconter, tout montrer, tout commenter. Sans laisser à quiconque le temps de réfléchir, puisque chaque info nouvelle chasse l’info précédente.

Tout ce bruit, est-ce vraiment de l’information ? Ne faut-il pas plutôt parler d’approximation, d’exagération, de désinformation, de manipulation, etc. Nous voilà dans le monde des « fake news »,  du complotisme et de l’anti-complotisme. Le gouvernement français veut même légiférer contre ces fake news. Chose assez cocasse quand on sait d’où vient le plus de surenchère dans les ‘coups de com’.

Qui ose encore parler de vérité ou même, tout bonnement, de faits. Charles Péguy nous a prévenus : « Il faut toujours dire ce que l'on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit » (Notre jeunesse, 1910).

Ne pas voir ce qu’ils voient, c’est le mal des politiques, des journalistes, des célébrités, de tous ces bavards. Parce que les faits, qu’ils voient pourtant, ne collent pas avec leur « politiquement correct ». Alors, ils préfèrent ignorer les faits, les tronquer ou les truquer. Le refus de regarder en face l’islamisme, un exemple parmi tant d’autres, en est une illustration flagrante. Et ils osent dénoncer les fake news…

Plus grave, ce déluge de news plus ou moins trafiquées remplit le vide existentiel de nombre de nos contemporains. L’homme ne contemple plus Dieu, alors il se réfugie dans le bruit.

Écoutons les mots forts du cardinal Sarah :  « L’homme post-moderne ne comprend plus l’éternité divine et mystérieuse (.. .). Il s’est accoutumé à un bruit de fond constant qui l’étourdit et lui apporte un réconfort » (La Force du Silence, contre la dictature du bruit). En réalité, le réconfort est de courte durée, car l’information continue est anxiogène. L’homme n’a plus le temps de digérer tout ce qu’il entend : c’est trop rapide, trop confus, trop compliqué.

En ce temps de Carême, nous Catholiques avons une immense chance : retrouver le silence, la force du silence, pouvoir contempler, méditer, prier. Et nous abstraire de ce bruit, de tout ce déluge. Un bruit pas si innocent, disons-le clairement : chaque fois que possible, c’est criant en ce moment, il s’agit de tenter de salir l’Église catholique. Bonne nouvelle : si on nous attaque, c’est que nous sommes porteurs de Vérité.

Stat Crux, dum volvitur orbis est la devise des Chartreux, qui savent mieux que quiconque la force du silence : la Croix demeure tandis que le monde tourne. Il tourne de plus en plus vite, de plus en plus fou, il donne le tournis : la Croix, elle, demeurera toujours.

Hervé Rolland
Délégué Général NDC

samedi 02 mars 2019

Appel de Chartres n°228: Les devoirs des autorités civiles

« Malheur à celui qui est seul, et qui tombe sans avoir un second pour le relever » (Ecclésiaste, IV, 10) La parole de l’Ecclésiaste nous rappelle une vérité observable par tous : un certain nombre de biens matériels et immatériels, ne sont accessibles à l’homme que dans la mesure où ils lui sont transmis par d’autres hommes. Personne ne peut prétendre être à l’état de l’art dans tous les métiers qui rendent la condition humaine à peu prés vivable. Qui aurait l’audace de prétendre être, à la fois et de manière pertinente : agriculteur, boulanger, cuisinier, maçon, électricien, plombier, tailleur, professeur, médecin, etc.

 

Il est de la nature de l’homme de vivre en société

C’est pour répondre à ces besoins, divers et variés, qu’il est de la nature de l’homme de vivre en société. Sans omettre une dimension supplémentaire, profondément ancrée au cœur de chacun : le besoin d’aimer et d’être aimé. Pour cela encore faut-il être, au moins deux !

Ainsi disposé, naturellement, à vivre avec ses « amis » (socius en latin) l’être humain organise la vie commune, les sociétés sont des amitiés nous dit Aristote. Cependant cette vie en commun n’est pas qu’une vie sociale, elle est une vie politique : l’homme est un animal politique. Cela signifie que ne pèse pas sur la vie des hommes en société le même déterminisme absolu que celui qui frappe les sociétés animales. Le mode d’organisation d’une fourmilière ou d’une ruche, aujourd’hui, est identique à celui qu’il était il y a des siècles ou des millénaires. Il n’en est pas de même de la société des hommes. Bien peu de points communs unissent, à travers le temps et l’espace, l’Athènes de Périclès, la Chine des Han, l’empire Monomotapa, la France de Louis XIV et celle d’Emmanuel Macron.

Destinés à vivre en société les hommes sont ainsi, et par ce moyen, appelés à parvenir à la plénitude de leur être, conformément à leur vocation. Or toute vie en société exige la mise en place de règles qui définissent les droits et les devoirs de chacun au service du bien commun. Les autorités civiles sont en charge de la mise en place de ces règles et doivent veiller à leur respect pour le bien de tous.

 

Les règles de la vie en société

Deux règles fondamentales sont alors en prendre en compte.

La neutralité de l’Etat et des autorités civiles est un leurre. Toute organisation de la vie sociale repose sur une conception de l’homme, une anthropologie, plus ou moins en accord, ou en désaccord, avec la réalité de la nature humaine. Il n’est pas anodin que l’homme soit considéré comme un simple amas de cellules, un consommateur, un loup pour l’homme (Hobbes), un homo festivus (Philippe Murray), un dieu tombé qui se souvient des cieux ( Lamartine), etc. ou une créature créée à l’image de Dieu mais blessée par le péché originel. A rebours du relativisme contemporain qui est un totalitarisme (la dictature du relativisme dénoncée par le cardinal Ratzinger) l’Eglise observe puis enseigne qu’il existe une loi naturelle que les autorités civiles doivent respecter car elles sont à son service et non l’inverse. (cf § 2235 CEC) Ainsi, enseigner que la vie commence à la conception est la simple observation d’une réalité irréfutable. L’autorité civile qui autorise la suppression d’une vie humaine innocente, voire promeut cette suppression, nie ce qui constitue sa propre légitimité : le service du bien commun et le respect de la loi naturelle.

L’ensemble des règles édictées, dans une société, doit permettre de conjuguer harmonieusement l’intérêt personnel de chacun avec celui de la communauté. Bien sûr, nous ne sommes pas dans un monde de bisounours et il peut arriver que l’intérêt de la communauté exige, de manière légitime, le sacrifice d’un intérêt particulier. Ainsi en est-il du soldat qui risque sa vie au service de la défense de son pays, ou de l’homme qui s’interpose pour éviter à une personne plus faible une agression. Cependant le sacrifice, régulier et constant, d’intérêts personnels légitimes à un hypothétique intérêt général, souvent sur l’autel de présupposés idéologiques largement discutables, crée un réel sentiment d’injustice, qui n’est pas toujours qu’un sentiment. Ainsi le bien commun de la société exige-t-il que celle-ci se perpétue par la génération naturelle. Pas d’enfants, pas de retraites ! Pas d’enfants, pas de visites dans les EPHAD ! Or la naissance de chaque enfant génère une baisse sensible du niveau de vie des parents qui n’est pas compensée par la modeste revalorisation des retraites liée au fait d’avoir élevé ces enfants. La réalité est qu’une famille qui, par sa progéniture, a assuré l’équilibre du système de retraite et l’avenir du pays, se trouve très largement défavorisée, matériellement, tout au long de son existence par rapport à un ménage sans enfants. En effet la mère de famille n’a généralement pas pu avoir de carrière professionnelle complète et la capacité d’épargne du ménage a été largement obérée par les frais liés à l’éducation des enfants. Est-il juste qu’un homme, ou une femme, qui a fait le choix volontaire de ne pas avoir d’enfants bénéficie d’une retraite payée par les enfants des autres ? A cette question il est généralement répondu par une, paraît-il, nécessaire solidarité. Elle semble s’apparenter à celle de la cigale sollicitant la fourmi afin de bénéficier du fruit de son labeur lorsque la bise fut venue. Si la cigale, qui a chanté tout l’été, et la fourmi, qui s’est affairée pendant ce temps là sont finalement logées à la même enseigne il y a fort à parier que la fourmi va rapidement se décourager et, elle aussi, profiter du bon temps plutôt que de travailler. Si la fourmi n’est pas mise en situation de profiter, paisiblement, du fruit de son travail elle sera démotivée et cessera de travailler ce qui sera dommageable à tout le monde.

 

Laisser décider celui qui assume les conséquences

La responsabilité des autorités civiles est, en respectant la loi naturelle, de laisser les communautés naturelles et les corps intermédiaires assurer la prospérité de la cité. Pas de tout régenter dans la cité au détriment du principe de subsidiarité qui consiste à laisser chaque échelon de la vie sociale décider et mettre en œuvre ce qui est de son ressort sans interférence de la structure supérieure trop souvent incompétente et essentiellement avide de pouvoir, bref le contraire de ce que l’on enseigne à l’ENA…

                                                                

Jean-Pierre Maugendre - Renaissance Catholique - février 2019

 

 

 

 

jeudi 21 février 2019

Appel de Chartres n° 227 : Debout ! La Mission vous attend !

« Le bonheur de certains appartient, par un mystère de charité, à tout le monde » écrivait Paul Claudel

Cette phrase me semble aujourd’hui particulièrement appropriée aux pèlerins de Notre Dame de Chrétienté : chaque pèlerin, quel qu’il soit, est en effet, si l’on suit le grand poète français, à la fois un « certain » et un « tout le monde », ou encore le bonheur de chaque pèlerin appartient à tout le monde, et le bonheur de certains appartient également à chaque pèlerin. Et ce, sans s’arracher les cheveux ni les couper en quatre, bien que la référence au génial écrivain du Soulier de satin puisse, j’en conviens, évoquer de telles tractations !

Remarquons tout d’abord que c’est bien « par un mystère de charité » que ce petit miracle de chaque Pentecôte s’accomplit. Le Saint-Esprit, troisième personne de la Sainte Trinité, est ce nœud d’amour qui unit le Père et le Fils, en procédant de Leur amour, et c’est bien Lui qui protège notre pèlerinage de Chrétienté. Sans Lui, nous ne pouvons rien faire ! Mystère de charité, aussi, qui est celui de l’Eglise, vivifiée par sa tête, le Christ, mort par amour pour nous. Sur des bases ainsi stables, voyons l’enseignement de l’écrivain.

Le bonheur de certains, dit-il, appartient à tout le monde. Le mois de février, qui s’allonge démesurément entre les joies de Noël et l’ascèse quadragésimale, paraît propice à la douce somnolence de l’hibernation. Mais les Français ne sont pas de la race des ours ! Ils sont de la race d’un saint Bernard, d’une sainte Thérèse de Lisieux, d’un saint Théophane Vénard ! Prêcher, prier, évangéliser et baptiser sans relâche, en un mot se sacrifier. La France est le pays qui a fourni le plus de missionnaires. Le cardinal Sarah, qui nous a tant honorés l’année dernière, aime à redire qu’il doit la pourpre de son cardinalat au sang des missionnaires français venus dans sa terre natale. « Seigneur, le zèle de ta maison me consume », dit l’Ecriture Sainte. En ces temps de vent, de froidure et de pluie, laissons-là nous aussi nos manteaux, pour nous vêtir de livrées jolies et de broderies. Un missionnaire, c’est d’abord un saint, un « contemplatif en action » (Redemptoris missio). C’est en ce sens que le bonheur de certains appartient à chaque pèlerin, à un « tout le monde » qui englobe aujourd’hui chaque marcheur et ange gardien de Pentecôte. Le sommeil en hiver est fatal au voyageur...

Amis pèlerins, debout ! Il est temps de réveiller votre entourage, de réfléchir au chapitre où vous pèlerinez, de le grossir par votre zèle apostolique, et de nourrir le dit zèle ! Comment ? C’est tout simple : participez aux récollections régionales, venez soutenir vos chefs de chapitre et vous rassasier de la bonne parole de nos aumôniers, venez préparer votre marche, et raffermir vos pieds par l’accroissement des connaissances.

Votre aimable région est dépourvue de chapitre ? Votre paroisse se meurt d’inexistence au sein du pèlerinage ? Faites advenir le printemps et les fleurs sur ces terres glacées et désolées ! Fondez votre chapitre, en écrivant à votre chef de région ! 

Que les esprits timides et débordés se rassurent : notre patronne des missions est bien la carmélite de Lisieux, qui depuis son couvent sut être une âme missionnaire d’élite. Et c’est bien le conseil de Dom Chautard « Qui ne connaît cette parole de saint Bernard aux apôtres : Si vous êtes sage, soyez des réservoirs et non des canaux (...). Le canal laisse écouler l'eau qu'il reçoit sans en garder une goutte. Le réservoir au contraire se remplit d'abord, puis, sans se vider, verse un trop-plein toujours renouvelé dans les champs qu'il fertilise. Combien qui, adonnés aux œuvres, ne sont jamais que des canaux et restent eux-mêmes à sec alors qu'ils s'efforcent de féconder les cœurs ! ». Depuis votre prière quotidienne, chaque pèlerin pourra assurer le bonheur de tous, puisque prier pour tout le monde !

Mais aussi, le bonheur de chaque pèlerin appartient à tout le monde. A savoir que « toute âme qui s’élève élève le monde ». Tout le monde, ce sont nos communautés religieuses amies qui, depuis leur cloître, font monter leurs prières vers Dieu pour chaque pèlerin. Tout le monde, c’est l’Eglise triomphante – et j’ajouterais française – qui, du haut du ciel, contemple ses descendants, ceux de chez nous, qui sont encore militants. Le missionnaire est un témoin de l’amour de Dieu, et dans ce sens, le bonheur que reçoit chaque pèlerin ne lui appartient pas, mais devient vitrail de l’amour de Dieu pour les autres, chacun étant coloré par la Grâce à sa façon.

Chacun reflète l’Aventure, qui est celle de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. Saint Grégoire écrit ainsi « L'apostolat ne consiste pas à courir après les âmes, mais à être tel que les âmes viennent à vous ». Saint Benoît-Joseph Labre, le mendiant missionnaire, saint François de Sales dans son évêché protestant, le Bienheureux Charles de Foucauld dans son ermitage sont, chacun à leur manière, des missionnaires-vitraux. 

Amis pèlerins, votre bonheur appartient à tous, et le bonheur de certains dépend de vous. C’est encore un écrivain français qui nous dit, fin connaisseur qu’il était des grandes vérités de la nature : « Et ce champ inculte où tu marches attend non pas que tu pleures sur sa mauvaise végétation, mais que tu le défriches pour y semer le bon grain. Là où il n’y a pas d’amour, mettez de l’amour et vous tirerez de l’amour ». A bientôt sur les routes de Chartres, dans cette campagne beauceronne qui n’attend que votre amour !

 

Vous voulez sortir de votre hibernation alors rejoignez-nous en vous proposant auprès de votre chef de région ! (http://www.nd-chretiente.com/index-site.php?file=pelerinage/contact-chapitres)

Vous voulez aider durant l’année et marcher durant le pèlerinage alors n’hésitez pas les anges gardiens ont besoin de votre aide dès maintenant ! (angesgardiens@nd-chretiente.com)

Vous voulez aider les pèlerins qui marchent auprès des chapitres familles alors écrivez-nous ! (familles@nd-chretiente.com)

Vous êtes à l'autre bout du monde et vous voulez nous aider à distance, nous avons besoin de vous ! (recrutement@nd-chetiente.com)

Vous l’aurez compris la direction des pèlerins (DIRPEL) recrute et vous invite dès maintenant à nous proposer vos talents ! (recrutement@nd-chetiente.com)

 

Sursum corda !

La Direction des Pèlerins

 

Lundi 04 février 2019

Appel de Chartres n° 226 : l’expérience de la Chrétienté !

Chers amis pèlerins,

 

Sans oublier la primauté du spirituel, de la vie intérieure et de la morale, bien au contraire – commencer par soi, le premier pays de mission ! –, c’est en tant que laïc en charge du temporel – et donc de politique au sens large et noble du terme – que je voudrais vous parler ici. Autour du thème de notre prochain pèlerinage : « La paix par le règne du Christ ! »

« Car, mon jeune camarade pèlerin, pourrais-je aussitôt ajouter selon le théorème de Jean Madiran inspiré de Péguy, c’est un grand mystère, il ne suffit pas d’avoir la foi. Nous sommes faits pour vivre notre temporel en chrétienté. Ailleurs, quand ce n’est pas le martyre physique, ce sont les âmes qui n’arrivent plus à respirer ! »

La chrétienté ? Ce sont parfois ceux qui l’ont d’abord refoulé qui l’évoquent le mieux. Après un salutaire retour au réel. La preuve par Jean-Marie Paupert avec ses Mères patries (Grasset, 1982). Progressiste adulé, fantasmant hier (1967) les « chrétiens de l’an 2000 » et fustigeant avec mépris les « vieillards de chrétienté » (Madiran, Ousset, Salleron, Saint-Pierre, Thibon…), il rédigea avec Péril en la demeure (France-Empire, 1979) une œuvre décisive de rétractation, livre de cœur et de mémoire, qui lui valu une relégation sociologique révélatrice.

Réactionnaire ou dissident

Avant ce tournant, la réponse de Paupert à sa fameuse question Peut-on être chrétien aujourd’hui ? (Grasset, 1966) allait quasiment en sens opposé de « l’option bénédictine » de Rod Dreher dans son essai récent Comment peut-on être chrétien dans un monde qui ne l’est plus ? (Artège, 2017). Et après ? « Je crois que le plus fier devoir de l’homme et plus encore du chrétien aujourd’hui (car le chrétien est en charge de l’homme) est d’être réactionnaire, c’est-à-dire retrouver sa vraie nature. »

Peu importe que Dreher, comme Soljenitsyne et Vaclav Benda ou Havel, parle plutôt de dissidence que de réaction. La démarche est la même : « Oui, le premier devoir chrétien aujourd’hui c’est, vomissant le monde, de garder précieusement d’abord au contraire tout ce qui peut demeurer du temps de la foi et de la chrétienté – nos prières et nos rites, nos coutumes et nos mœurs, nos pratiques et nos chants, nos dogmes et notre ferveur antique – au lieu de tout brader à la foire sacrilège où se vident nos temples… Puis, vomissant le monde, peut-être pourrons-nous recréer » (Paupert). Où l’on constate que les débats qui agitent encore les chrétiens aujourd’hui n’ont guère changé depuis le tristement célèbre et prescriptif Feu la chrétienté d’Emmanuel Mounier !

Loin d’être un désengagement, un repli frileux et un retrait de la politique, notre réaction ou notre dissidence chrétienne doit se vivre comme une présence citoyenne et totale à ce qui se fait dans la patrie et dans le monde. Elle renoue avec les principes politiques d’Aristote et de saint Thomas contre ceux de Rousseau et de Hobbes dans la dissociété individualiste et la décréation sociétale du monde moderne. Car notre dissidence est intrinsèquement ordonnée au bien commun. Comme la réaction vitale de l’anticorps est en vue de la régénération d’un organisme miné mortellement par les toxines.

L’hérésie de notre siècle : l’abandon de la loi naturelle

Que disait et redisait Jean-Marie Paupert en substance après sa singulière conversion, et que nous assumons à notre tour, à notre manière, comme militants de chrétienté ? Il dénonçait, comme nous, le mépris et l’abandon de la loi naturelle jusqu’au sein de l’Eglise par la contamination de la culture. C’est toujours l’intuition essentielle de Péguy, reformulée aussi par Benoît XVI à Ratisbonne et aux Bernardins : « Il y a une destination profonde de la culture pour la foi… Tout éternel est tenu de prendre une inscription charnelle… La parole de Dieu : grave en hébreu, intelligente en grec, en latin éternel… Le temporel fournit la souche ; et si le spirituel veut vivre, s’il veut continuer, s’il veut fleurir, s’il veut fructifier, le spirituel est forcé de s’y insérer… »

En méprisant la fusion des trois sels culturels d’où est né le sel évangélique de notre civilisation chrétienne – autrement dit les mères patries (Jérusalem, Athènes et Rome) sur lesquelles la foi chrétienne a pris racines par dessein divin – le (néo-)modernisme a peu à peu renié la souche sur laquelle se greffe mystérieusement le christianisme. Il menace ainsi la survie du spirituel. Un catholicisme sans piété filiale, sans sa culture, sa matière idoine, devient « immunodéficitaire ».

De la même manière que les décolonisateurs ont cédé en toute innocence (?) comme en toute inconscience des territoires entiers aux flux oppresseurs du communisme et de l’islamisme, de même un certain aggiornamento ecclésial a cédé sa foi à des mariages contre nature (à commencer par celui avec la modernité et son sécularisme), lâchant la possibilité de bien christianiser le monde. La formule de Chesterton fonctionne aussi à l’envers : « Ôtez le (droit) naturel (et le culturel qui va avec), il ne restera plus grand chose de surnaturel ! » L’adieu aux armes de la culture chrétienne signifie trop souvent l’adieu aux âmes par l’adieu à la loi naturelle incarnée dans cette culture propre héritée…

Gilets jaunes de l’Eglise ou l’option bénédictine !

Loin d’être des « hypophètes » (selon le néologisme de Rabelais), soucieux et nostalgiques d’un passé révolu, nous voulons être des prophètes de la chrétienté, soucieux du salut éternel des âmes et du monde et non pas seulement de conversion écologique pour sauver la planète ! Gilets jaunes de l’Eglise ? Oui, si nous sommes ainsi des marcheurs pacifiques de la Contre-Révolution qui n’est pas une Révolution contraire mais le contraire de la Révolution ! Misant sur des « ronds-points » de chrétienté – ces « oasis » ou ces « îlots de chrétienté » de Benoît XVI qui n’empêchent pas d’aller aux « périphéries » du pape François –, par un « pari bénédictin » analogue à celui de la première évangélisation par l’œuvre des monastères, nous voulons être des buttes-témoins et plus encore des lampes-témoins phosphorescentes d’une nouvelle chrétienté redonnant lumière, espoir et vie aux familles ainsi qu’aux corps intermédiaires, avec le secours de la grâce, pour le bien des personnes.

La chrétienté est une seconde nature, un art, disait Péguy. L’art des recommencements. Par un certain nombre de bouleversements subis, l’Eglise au cours de son histoire a déjà connu successivement cinq morts de la foi, selon Chesterton : « Mort plusieurs fois, le christianisme est chaque fois ressuscité ; car son Dieu sait comment l’on sort du tombeau. » L’appel à la nouvelle évangélisation ne se fait cependant pas ex nihilo mais justement avec des « minorités créatives », fidèles à l’héritage chrétien. Fidèles ainsi à l’alliance de la foi avec la sagesse des nations apportée notamment par ces trois capitales honorées par Paupert. Alliance illustrée en d’autres temps par cette « option bénédictine » qui a généré la première chrétienté. Clamons-le haut et fort à nos autorités temporelles et spirituelles : – Laissez-nous faire l’expérience de la chrétienté ! Cette connaturalité féconde du temporel et du surnaturel : la paix par le règne du Christ ! « N’ayez pas peur petit troupeau ! » (Lc, 12, 32).  Chrétienté ? – Résurrection !

 

Rémi Fontaine

• Pour aller plus loin :

- Pour qu’Il règne par Jean Ousset, DMM.

- Demain la Chrétienté par Dom Gérard aux éditions Sainte-Madeleine.

- Itinéraires de Chrétienté avec Jean Madiran par Rémi Fontaine aux Presses de la Délivrance, 2018.

 

mardi 22 janvier 2019

Appel de Chartres n° 225 : amis pèlerins, nous recrutons !!!

Cher ami pèlerin,

En ce temps de l’Epiphanie, comme les Rois mages, nous contemplons le Prince de la Paix, venu nous sauver. Et nous aspirons à vivre éternellement dans cette Paix du Christ, menacée chaque jour par le désordre ambiant. Et pour cela, il faut que le Christ règne dans nos sociétés.

Mais concrètement aujourd’hui ?

Sois Cadre de Chrétienté… pour qu’Il règne.

Dans ce monde sans Dieu, où le désordre règne, où la loi naturelle n’est plus considérée comme une référence de vie, nous pouvons travailler chaque jour à réinstaurer le règne du Christ autour de nous.

Comment ? par notre pèlerinage, évidemment.

Déjà, notre chapitre, notre pôle, notre service, est une micro chrétienté, qui nous permet de :

  • nous réhabituer pendant trois jours de pélé à vivre dans une Paix réelle, loin des tracas qui nous déstabilisent, et des sollicitations permanentes qui nous éloignent de la prière,
  • méditer un thème structurant, prier sans relâche, exercer avec assiduité la charité dans ces périodes de fatigue,
  • rayonner ensuite cette Chrétienté, devenue inhabituelle dans notre monde, par nos récits au bureau ou en famille, puis l’année suivante par notre préparation (recrutement de pèlerins, de bénévoles, réunion de préparation et de debriefing, …).

De plus, notre organisation est une communauté humaine au service du Beau, du Vrai et du Bien.

A l’opposé de ce que nous pouvons vivre dans trop de nos entreprises, notre communauté s’appuie sur des « Cadres de Chrétienté ». Nous retrouvons, ensemble, ce qu’entreprendre veut dire, ie le sens du concret, le modelage au quotidien d’une œuvre dans un but noble. En effet, organiser le pélé ensemble, c’est bien:

  • un difficile labeur, jamais achevé, qui nous occupe de septembre à juin,
  • un esprit d’équipe où les talents individuels doivent se conjuguer,
  • un résultat toujours tangible, mais beaucoup d’efforts et de sacrifices individuels aussi, rarement du réconfort,
  • une culture du bénévolat, pas du bénéfice.

 

Alors,

Si tu veux contribuer concrètement au Règne du Christ autour de toi,

Si tu veux vivre au quotidien une expérience d’amitié chrétienne, dans la suite de tes engagements de scout, de routier, 

Si tu veux gérer des projets fous qui te dépassent, organiser l’inorganisable,

Si tu veux comprendre chaque jour que le Diable ne veut pas que ce pèlerinage continue,

Si tu veux faire comprendre chaque jour au Diable que ce pèlerinage continuera,

Si tu veux recruter des bénévoles, les former, et surtout les fidéliser, pour qu’ils prennent ta place demain, 

Si tu veux commander des hommes en t‘oubliant toi-même, les faire prier toute l’année dans ton chapitre,

Si tu veux t’entraîner à gérer ton stress dans des moments tendus, anticiper des situations de crise en coopération avec les autorités publiques,

Si tu veux organiser les plus belles cérémonies qui soient, dans des cathédrales de pierre et de verdure,

Si tu veux soigner, aider, participer à l’équilibre économique du pélé,

Si tu veux développer ton engagement, ton goût de l’effort, ton esprit d’initiative, ta créativité,

Si tu veux te former à des métiers inhabituels et les transmettre ad vitam aeternam

Si tu veux réaliser tout ce que tu ne réaliseras jamais dans ton entreprise, par un esprit catho,

 

Alors, rejoins les Cadres de Chrétienté…pour qu’Il règne !  Et clique ici->  : responsable.rh@nd-chretiente.com

Tu n’auras peut-être que peu ou pas de récompense sur cette Terre, mais en tout cas tu auras celle de savoir que tu feras Sa sainte volonté.

Et au Règne du Christ sûrement... tu contribueras. 

 

Denis Pinoteau

Directeur des Soutiens

 

 

mardi 04 décembre 2018

Appel de Chartres n° 224 : Changer ou demeurer ?

Chers amis pèlerins,

France Culture n’est pas souvent citée dans l’Appel de Chartres. Une fois n’est pas coutume, je vous invite à écouter l’émission Répliques du 24 novembre animée par Alain Finkielkraut (1). Un thème séduisant « Demeurer ou partir : quelle vision du monde à l'ère du mouvement perpétuel ? » et deux invités passionnants et de grand talent, François-Xavier Bellamy et Sylvain Tesson. Je serais bien étonné que le premier ne soit pas un pèlerin de Chartres. Le second est moins amateur de grandes foules, je l’imagine davantage pèlerin promeneur solitaire. Nous serions honorés de marcher avec eux vers Chartres en 2019 si Dieu le veut !

Le dernier livre de François-Xavier Bellamy, « Demeure, Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel » (Grasset), semblait contredire les choix du poète vagabond Sylvain Tesson comme racontés dans son livre « Eloge de l’énergie vagabonde » (Poche). C’était évidemment tout l’intérêt de l’émission de jouer sur cette opposition. Vous constaterez que celle-ci n’existe pas puisque les approches sont différentes. Sylvain Tesson ne parle pas de « Politique » mais d’itinéraire personnel ; il n’appelle pas au mouvement comme modalité d’organisation de nos sociétés. Le mouvement reste pour lui « un solfège ou un style de vie ».

François-Xavier Bellamy évoque la vie intérieure, « les droits de l’âme » pour prendre les mots de Simone Weil dans L’Enracinement (1949). Il s’oppose à la modernité dans sa « version liquide actuelle (2) » où tout est soumis à la passion du changement. Le plaisir, la consommation et la liberté individuelle forment ainsi le cœur de notre société post-moderne. Nous sommes en train de vivre cette « évolution permanente » où les mots de transformation, mobilité, changement, innovation, réforme, … possèdent une espèce de pouvoir magique sur nos esprits! Cette néo-société produit les fruits que nous récoltons : relativisme intégral, perte du sens du bien commun, individualisme roi, …

Alain Finkielkraut raconte l’histoire d’un hollandais de 69 ans exigeant de changer son âge et de rajeunir de 20 ans parce qu’il en avait envie. La révolte de l’homme devant Dieu prend ainsi la forme d’une révolte devant toute réalité : l’homme post-moderne nie, pour se venger, d’avoir été créé !

Nous ne devons pas craindre d’aborder l’écologie en tant que chrétien, comme le fait François-Xavier Bellamy. Nous parlerons d’ailleurs d’écologie intégrale afin de bien insister sur la protection de la nature prise dans son ensemble, y compris bien sûr l’écologie humaine. François-Xavier Bellamy traite trop rapidement ce sujet lors de l’émission mais les tragédies actuelles - le transhumanisme, les migrations, la théorie du genre, la marchandisation de l’homme, …– sont les conséquences de cette société du mouvement.

Vers la 20ème minute vous entendrez parler de pèlerinage. Pourquoi être en marche si nous n’avons pas de but ? Un pèlerin ne marche pas pour marcher, il marche pour prier mieux (le corps libérant l’esprit, Sylvain Tesson en parle magnifiquement) et aussi, pourrions-nous compléter, également par sacrifice et don de soi.

Quand on nous aura mis dans une étroite fosse, 
Quand on aura sur nous dit l’absoute et la messe, 
Veuillez-vous rappeler, reine de la promesse, 
Le long cheminement que nous faisons en Beauce (3). 

J’entends parfois certains de nos pèlerins ne pas (ne plus ?) comprendre quand Notre Dame de Chrétienté fait référence au mot de Tradition. Chers amis, réfléchissez avec François-Xavier Bellamy à cette société liquide en train de naître sous nos yeux avec son nihilisme absolu : comment l’Eglise n’aurait-elle pas été touchée par cette crise de l’intelligence et de la foi ? Notre attachement à l’Eglise, et donc à sa Tradition, a une histoire ; il conserve, aujourd’hui, tout son sens et son actualité. Notre Dame de Chrétienté tient d’ailleurs toute sa place parmi les mouvements de résistance contre cette sacralisation du changement pour le changement. La Tradition « demeure » pour un pèlerin de Notre Dame Chrétienté la certitude de ne pas errer, d’être fidèle à l’Eglise de toujours. Un pèlerin de Notre Dame de Chrétienté ne retrouve-t-il pas en entrant dans nos cathédrales « le bonheur du naufragé retrouvant la terre ferme » (Homère - L’Odyssée) ?

*

* *

Je termine cet Appel de Chartres de l’Abbaye de Fontgombault où nous suivons la retraite annuelle de Notre Dame de Chrétienté pour ce 1er Dimanche de l’Avent, prêchée par l’abbé Garnier. Nous avons prié pour vous tous, vos familles, nos disparus et Notre Dame de Chrétienté. Que les pèlerins soient protégés par la Sainte Vierge, que de nombreuses grâces soient données aux pèlerins marcheurs et non marcheurs pour la plus grande gloire de Dieu.

Enfin, un dernier mot sur les célébrants de notre prochain pèlerinage: nous aurons la joie d’accueillir en 2019 Monseigneur Leonard (ancien primat de Belgique et ancien archevêque de l’archidiocèse de Malines- Bruxelles) le lundi de Pentecôte et le Très Révérend Père Marc (Prieur du Monastère Sainte Marie de La Garde) le dimanche.

Je vous souhaite ainsi qu’à vos familles de douces et belles fêtes de Noël.

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !

Jean de Tauriers

Président NDC

 

(1) www.franceculture.fr/emissions/repliques/demeurer-ou-partir

(2) Concept de société liquide forgé par le sociologue Zygmunt Bauman (1925-2017). La société liquide s’oppose à la société solide où les structures de l’organisation sont créées collectivement. Dans la société liquide seul existe l’individu intégré par son acte de consommation. 

(3) La route de Chartres Présentation de La Beauce à Notre-Dame de Chartres par Charles Péguy

samedi 03 novembre 2018

Appel de Chartres n°223

C’est le moment de resserrer les rangs

Chers pèlerins,

Nous voici au temps de l’épreuve, celle qui a commencé à secouer l’Eglise catholique depuis les révélations d’actes immoraux, voire criminels, commis par des hommes d’Eglise, sans oublier ceux qui ont couvert ces actes de leur silence. Et certains de ces prédateurs ont été protégés, voire promus…

Un double sentiment nous envahit : colère et tristesse. Nous n’en sommes qu’au début de cette épreuve, l’actualité de mois prochains nous fera mal, mais il y aura un bien : il faut que justice soit faite et elle le sera.

Devons-nous baisser les bras ? Sûrement pas. Car l’Eglise est le Corps Mystique de Notre Seigneur, elle est sainte, même si certains de ses membres sont des parjures et des renégats.

Alors, dans ce temps qui s’annonce difficile, resserrons les rangs. Et tournons-nous vers ce qui est positif : votre pèlerinage croît chaque année, chaque année il apporte de nouveaux et beaux fruits. Deo gratias !

La première étape du pélé 2019, sur le thème ‘La paix du Christ par le règne du Christ’, sera notre journée d’université d’automne le samedi 17 novembre. Nous y présenterons l’édition 2019 et écouterons Bruno de Saint-Chamas, président d’Ichtus et Marion Maréchal, Directrice générale de l’ISSEP, nous parler de vocation, de formation et d’engagement.

Nous avons fait pour vous les choses en grand : Messe à ND du Lys et réunion au Forum de Grenelle, juste à côté. Alors, chers pèlerins, nous vous y attendons très nombreux : c’est le moment de montrer notre mobilisation, notre Foi et notre Espérance. Et notre amour de l’Eglise. Et notre volonté d’aller de l’avant, pour l’amour du Christ.

Car la faute de quelques-uns ne saurait nous décourager !

E ultreia, e suseia, Deus adjuva nos.

Hervé Rolland

Lundi 15 octobre 2018

Appel de Chartres n°222

Du passé faisons table-rase ?


xhennequart.png « Debout, les damnés de la terre
Debout, les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère,
C'est l'éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout, debout
Le monde va changer de base,
Nous ne sommes rien, soyons tout. »

Ce passage emprunté à l’Internationale(1) dont il constitue le premier couplet exprime d’une certaine façon les idées qui ont traversé le siècle précédent et l’ont en quelque sorte façonné, portées par les espoirs de toute une génération.
Aujourd’hui nous en voyons le résultat… Bonjour les dégâts !

Que sont devenues les âmes de la France et de l’Europe, toujours plus orientées vers la primauté de l’économique tout aussi matérialistes et prises dans la tourmente de la globalisation ? Trop pleins de nous-mêmes, nous en avons oublié Dieu.
On ne saura jamais assez que l’oubli de Dieu est à la racine de tout péché.

À l’époque des droits de l’Homme répétés et martelés, le bien-être animal passe avant le respect de la vie de l’enfant dans le sein de sa mère et l’accueil du prochain.

Si l’idée centrale d’Humanae Vitae – dont nous célébrons le 50e anniversaire cette année – de ne jamais séparer union des corps et procréation était respectée, nous n’aurions peut-être pas à lutter contre les idées mortifères et désordonnées qui agitent les enjeux :
- du devenir des embryons surnuméraires,
- de la chosification de l’embryon,
- de la P.M.A. , de la G.P.A.
- du bouleversement du droit de la filiation
- etc…

Est-ce l’économie qui est au service de l’Homme ou l’inverse ?

Il est temps d’arrêter cet énorme gâchis et de revenir aux racines chrétiennes qui sont à notre origine : « À qui veut régénérer une Société en décadence, on prescrit avec raison, de la ramener à ses origines » affirmait Léon XIII dans Rerum Novarum.

Écoutons Benoît XVI :
« L’Europe contemporaine est le fruit de deux mille ans de civilisation et elle plonge ses racines à la fois dans l’immense patrimoine d’Athènes et de Rome, et surtout dans le terrain fécond du christianisme(2)».
« Quand l’Europe écoute l’histoire du Christianisme, elle entend sa propre histoire. Sa notion de justice, de liberté et de responsabilité sociale, en même temps que les institutions culturelles et juridiques établies pour préserver ces idées et les transmettre aux générations futures, sont modelées par l’héritage chrétien(3).»

Depuis plusieurs décennies, notre société fait face à l’arrivée souhaitée ou subie de nouveaux arrivants. Comment leur transmettre l’amour de notre pays si nous passons notre temps à le critiquer ou à ne rien faire ? Si l’Islam est conquérant et progresse si vite, n’est-ce pas avant tout parce-que la France est victime de ses propres abandons ? Plutôt que de nous comporter comme de futurs dhimmis(4), comment pouvons-nous faire aimer la France et Jésus-Christ à ces déracinés, nous qui sommes parfois déracinés dans notre propre pays ?

Aimer ses propres racines est une condition pour les faire aimer aux autres.

Chacun peut agir là où Dieu l’a placé.

Nous récoltons ce que nous semons, rarement l’inverse. Arrêtons de perdre du temps à nous désoler de l’évolution de notre pays et sachons passer de la parole à l’action.

Œuvrer pour installer la chrétienté c’est travailler à un développement durable !
Et pour cela appuyons nous sur nos racines, comme nous le rappelle Chesterton dans Ce qui cloche dans le monde : « Tous les hommes qui, dans l’histoire, ont eu une action réelle sur l’avenir avaient les yeux fixés sur le passé. »

La chrétienté c’est lorsque les institutions, les lois civiles, les modes de vie sont respectueux de la loi naturelle, de la vie depuis son commencement jusqu’à sa fin. Seules ces conditions harmonieuses permettent à chaque homme de s’épanouir et de s’élever spirituellement. Il ne s’agit pas de subir en déclarant « On ne lâche rien », répondons à l’invitation du Christ qui nous appelle à le suivre.

« Une société perdure dans le temps : elle recueille le passé et prépare l’avenir. Par elle, chaque homme est constitué " héritier ", reçoit des " talents " qui enrichissent son identité et dont il doit développer les fruits…. A juste titre, chacun doit le dévouement aux communautés dont il fait partie et le respect aux autorités en charge du bien commun(5).»

Assumons donc pleinement notre double filiation :
- Fils de France, nous le sommes
- Enfant de Dieu de par notre baptême, nous le sommes

Serons-nous la génération de la rupture ou de la restauration ?

« Que m’importe le passé en tant que passé », s’écriait déjà Gustave Thibon, « ne voyez-vous pas que, lorsque je pleure sur la rupture d’une tradition, c’est surtout à l’avenir que je pense ? Quand je vois pourrir une racine, j’ai pitié des fleurs qui demain sécheront faute de sève(6). »
La Tradition restera toujours une source d’espérance.

Prions pour la France,
Prions pour nos prêtres,
Prions pour nos âmes,
Formons-nous(7),
Engageons-nous dans la Cité,
Et soyons des vrais serviteurs.

Fidèle à ma Patrie,
Je le serai.
Tous les jours de ma vie
Je servirai (8).

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !

Xavier Hennequart
Responsable de la formation


(1) « L’internationale » : chant révolutionnaire dont les paroles furent écrites par Eugène Pottier en 1871 lors de la répression de la commune de Paris. Chant symbole entonné notamment par les communistes ou socialistes lors de rassemblements.
(2) Zenit, Les racines chrétiennes de l’Europe sont vivantes, constate Benoît XVI, 9 décembre 2008.
(3) Benoît XVI, Rencontre œcuménique, salle du Trône de l’Archevêché de Prague, 27 septembre 2009, Voyage Apostolique, République tchèque, 26-28 septembre 2009.
(4) « Dhimmis : nom donné, au cours de leurs conquêtes par les musulmans aux juifs et aux chrétiens, considérés comme inférieurs. Ayant perdu la totalité de leurs droits politiques et l’essentiel de leurs droits civils , les dhimmis doivent racheter leur vie chaque année par la jizia, un tribut spécial fixé par les musulmans. » Les 2 islams p 70-71 Jean-Jacques Walter.
(5) Catéchisme de l’Église Catholique n°1880
(6) Gustave Thibon, Notre regard qui manque à la lumière » – § le temps et l’éternité
(7) Visiter la rubrique formation de www. nd-chretiente.com, de nombreuses ressources pour vous former sont à votre disposition, c’est gratuit et cela peut rapporter gros ! Servez-vous !
(8) Couplet du Chant de la promesse des scouts. Père Jacques Sevin.

Lundi 17 septembre 2018

Appel de Chartres n°221

Edito de l'Aumônier Général de Notre Dame de Chrétienté.

abbe-garnier2018.jpg

CALME, COURAGE, CONFIANCE !



Chers amis pèlerins,

Les vacances sont une belle occasion de desserrer le temps, de le retrouver, de le reprendre. Pourquoi ? Pour l'essentiel. « Vacare Deo », prendre du temps en Dieu, pour Dieu. Les camps, sessions familiales, colonies, séjours et tournées diverses, les retrouvailles en famille, la visite d'un sanctuaire ou d'une abbaye nous permettent cela. Et nous nous exclamons avec crainte et émerveillement ;
« Dieu est ici, et je ne le savais pas ! » (Genèse, XXVIII).

De passage à Pellevoisin, j'ai pour ma part lu un sermon excellent (et court!), en 3 mots. 3 mots qui peuvent résumer l'esprit dans lequel nous attaquons cette rentrée, et la préparation du prochain pèlerinage.

« CALME, COURAGE, CONFIANCE! »

Nous avons besoin de cet encouragement marial, dans une période difficile pour l'Eglise ! Nous en avons besoin pour apaiser l'indignation, la stupeur, et (peut-être) la tentation de scandale que le démon jette contre nos âmes ! Nous en avons besoin devant ces faits accablants. Ils salissent le visage de l'Eglise. Ils rendent difficilement audible pour certains son message de salut et de vérité !

vierge-sacre-coeur2.jpg Sur ce sujet, certaines paroles éclairent notre jugement surnaturel, et notre sensus fidei :
« Les prêtres de mon Fils sont devenus des cloaques d'impureté (1) » - « L'Eglise est du côté des victimes ! (2) » - « Il est inévitable que des scandales arrivent, mais malheur à celui par qui le scandale arrive ! » Devant les infidélités des membres de l'Eglise, y compris haut placés, la sagesse populaire nous rappelle cependant que « Le bruit de l'arbre qui tombe ne doit pas faire oublier la forêt qui pousse ». Mais surtout, gardons le verset du psaume : « Seigneur, il y a beaucoup de paix pour ceux qui aiment votre Loi, et pour eux, point de scandale » (3)

Alors, oui, mes amis, le pèlerinage 2019 aura d'autant plus de sens ! Il sera une protestation amoureuse de nos âmes, une protestation de fidélité, un acte de réparation par les mains jointes et les pieds douloureux, par la grâce de la Sainte Messe, par la prière des enfants et des jeunes.
Car le Coeur de Dieu est blessé sur la croix par tant de crimes monstrueux.
Mais il est aussi consolé d'avance par les actes de charité envers Dieu et le prochain, par les pénitences acceptées et offertes (celles du devoir d'état), par les larmes du cœur pleurant sur ses péchés propres et sur ceux du monde. Ces larmes-là sont posées devant le Seigneur, in conspectu Domini !
Je vous souhaite à tous de bonnes rentrées, et vous donne rendez-vous ici ou là ; lors du petit pèlerinage de rentrée en vallée de Chevreuse (13 octobre), ou encore à l'Université d'automne le 17 novembre à Paris, ou à la retraite spirituelle ouverte à tous à Fontgombault, les 1° et 2 décembre prochains !

Calme, courage, confiance !

Vd abbé Alexis Garnier, Aumônier Général.

(1) Message de Notre Dame de la Salette.
(2) Abbé Pierre Hervé Grosjean, 15 mars 2016, plateau de Canal +.
(3) Psaume 118, v 165.

vendredi 15 juin 2018

Appel de Chartres n°220


Vous n’avez pas suivi le mariage d’Harry et Meghan ce samedi 19 mai 2018…


NDC2018-0404.jpg … car vous étiez, chers pèlerins, avec nous sur les routes de Chartres au pèlerinage de chrétienté et vous avez eu bien raison !

Rassurez-vous, nous n’évaluons pas le « succès » du pèlerinage par des chiffres, nous les prenons pour ce qu’ils offrent : une tendance, un indicateur.
Les chiffres cette année sont éloquents : 13 000 participants, 3 400 anges gardiens (non marcheurs), 7 000 personnes ont assisté à la messe du lundi de Pentecôte en direct sur internet et près de 34 000 en rediffusion les jours suivants. Et pour continuer à vous accabler de chiffres, chacune de nos vidéo-formations est regardée par près de 10 000 personnes.
Cette affluence montre l’enthousiasme, la ferveur que suscite notre marche-retraite de Pentecôte depuis 36 années. Le pèlerinage se développe et touche de nouveaux pèlerins tout en conservant les familles amies, fidèles de longue date, parfois sur plusieurs générations. Pour vous avoir rencontrés et avoir parlé avec vous pendant ces trois jours, j’ai observé que notre pèlerinage attirait aussi de plus en plus de catholiques découvrant les exigences spirituelles, intellectuelles et matérielles de la forme traditionnelle, liturgique ou pastorale. Le pèlerinage, votre pèlerinage, occupe désormais une place de premier rang parmi les mouvements de résistance aux décadences de notre temps.

Nous rendons grâce à Dieu d’avoir protégé les pèlerins. Nous sommes bien conscients des efforts immenses de beaucoup (et pendant toute l’année !) pour que « la colonne passe». Nous avons eu cette année quelques accidents de différentes natures. Nous félicitons et remercions les membres de l’organisation de leur courage pour assurer la sécurité des pèlerins.

La venue du cardinal Sarah a été un immense honneur et une grande joie. Il était très heureux de voir ces familles et ces enfants l’accueillir avec ferveur ! Relisez son homélie du lundi et priez bien pour lui, il me l’a expressément demandé quand je l’ai salué dans la crypte.

Le samedi, la messe de ND de Paris a été célébrée par le Père Zago avec une homélie de Monseigneur Jachiet, évêque auxiliaire de Paris, que je remercie pour ses mots : « Que nos cœurs s’ouvrent à l’Esprit Saint répandu sur l’Eglise au jour de la Pentecôte. Que nous recevions encore l’Esprit de Vérité que le monde ne peut recevoir parce qu’il ne le connaît pas ».

La messe du samedi à Amblainvilliers a été célébrée par le Père Louis-Marie, chanoine régulier de la Mère de Dieu, dont les mots sur le Saint Esprit auront touché les Familles et Enfants « En venant habiter dans nos âmes, il nous rend aimables à Dieu, de son amour à lui... et nous permet d’aimer Dieu, de son amour à lui. C’est ainsi qu’il nous console en nous conduisant à Dieu qui dépasse toutes nos limites ».

Je remercie également l’abbé Paul-Joseph, supérieur du district de France de la Fraternité Saint Pierre, pour la magnifique messe du dimanche aux Courlis. Vous aurez noté la nouvelle utilisation du terrain, très bien agencé par la Logistique de NDC avec un semi-remorque/velum de haute technologie !

Cette année aura également été marquée par la venue le dimanche après-midi du nouvel évêque de Chartres, Monseigneur Christory, qui a célébré le Salut du Saint Sacrement le soir à Gas. Je le remercie d’avoir marché avec nous le dimanche de Pentecôte, dès ses premiers jours comme évêque de Chartres.

Nous avons également une pensée de reconnaissance pour le Sanctuaire de San Giovanni Rotondo qui a autorisé la venue des reliques du cœur de Saint Padre Pio en présence de 4 frères capucins. Nous avons voulu encourager, stimuler la vie spirituelle de nos pèlerins par la Messe et le sacrement de Confession. Pour la première fois, les reliques de Padre Pio venaient en France lors de messes tridentines.

En arrivant à Gas, dimanche sur le bivouac, vous avez peut-être remarqué un regroupement inhabituel. Nous avions organisé un verre de l’amitié avec les cadres pèlerins des premières années, nos amis du Centre Henri et André Charlier. Ce sont eux qui ont créé le pèlerinage dans des conditions difficiles qui étonneraient les générations actuelles. Je remercie Bernard Antony de nous avoir parlé de Dom Gérard, fondateur de ce pèlerinage qu’il a voulu de chrétienté pour inspirer les hommes de notre temps. La réunion habituelle des chefs de chapitre a pris la suite de cette rencontre, une continuité en forme de symbole de ce que nous essayons d’entretenir.

Pour continuer la méditation de notre pèlerinage sur Saint Joseph, je vous engage cet été à prier pour les familles sous la protection de la Sainte Famille avec la prière suivante : « Sainte Famille de Nazareth, Petite Trinité sur la terre, Jésus Dieu sur la terre, Marie épouse de l’Esprit, Joseph ombre du Père, rendez-nous semblable à vous ! Petite Trinité sur la terre, Joseph mourant d’amour pour Marie, Marie mourant d’amour pour Jésus, Jésus mourant d’amour pour le monde, rendez-nous semblable à vous ! »

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !

Jean de Tauriers,
Président Notre Dame de Chrétienté

jeudi 12 avril 2018

Appel de Chartres n°219


En route vers Chartres avec Saint Padre Pio



padre-pio.jpgChers pèlerins,

Benoît XVI dans un discours du 20 août 2005 disait aux JMJ de Cologne « Les reliques nous conduisent à Dieu lui-même : en effet, c’est Lui qui, par la force de Sa grâce, donne à des êtres fragiles le courage d’être Ses témoins devant le monde. En nous invitant à vénérer les restes mortels des martyrs et des saints, l’Église n’oublie pas qu’il s’agit certes de pauvres ossements humains, mais d’ossements qui appartenaient à des personnes visitées par la puissance transcendante de Dieu. Les reliques des saints sont des traces de la présence invisible mais réelle qui illumine les ténèbres du monde, manifestant que le règne de Dieu est au-dedans de nous. Elles crient avec nous et pour nous : ‘Maranath (1 Cor.16:1)’ – ‘Viens Seigneur Jésus’. »
Pour la troisième année, le pèlerinage Notre Dame de Chrétienté offre aux pèlerins la présence d’une relique. Cette année, nous prierons devant les reliques du Saint Padre Pio dans les cathédrales de Paris et Chartres. Ce moment est également l’occasion de réfléchir à la vie de ce saint canonisé par Jean-Paul II le 16 juin 2002 dont l’œuvre, nous le verrons, peut aider à élever notre vie spirituelle.
2018 est le cinquantième anniversaire du rappel à Dieu du Padre Pio et le centième anniversaire de ses stigmates. La venue des reliques du Padre Pio en France est extrêmement rare (deuxième fois en cinquante années) ; nous tenons à remercier le Supérieur du Couvent de San Giovanni Rotondo pour son autorisation ainsi que les différentes autorités ecclésiales jusqu’au Vatican. Rien n’aurait été possible sans l’entremise experte, délicate et tenace de François Brunatto, pèlerin fidèle de Notre Dame de Chrétienté, fils d’Emanuele Brunatto, lui-même fils spirituel de Saint Padre Pio. Nous avions parlé de ce projet lors de la dernière retraite de Notre Dame de Chrétienté à l’abbaye de Fontgombault un premier dimanche d’Avent sans imaginer alors combien il était complexe de le réaliser.

Pourquoi le Padre Pio est-il si cher à Notre Dame de Chrétienté ?

Saint Padre Pio est le saint du XXème siècle de la Sainte Messe, de la Confession et de la Sainte Vierge. Reconnaissez qu’un pèlerin de Chartres ne peut qu’être sensible au Padre Pio ! Notre pèlerinage a mis au cœur de sa vocation missionnaire la messe tridentine, celle justement célébrée pendant toute sa vie par le Padre Pio.
Jean-Paul II le 17 juin 2002, lendemain de la canonisation du Padre Pio : « La messe de Padre Pio ! Il s’agissait pour les prêtres d’un rappel éloquent de la beauté de la vocation sacerdotale et pour les religieux et les laïcs, qui accouraient à San Giovanni Rotondo également très tôt le matin, il s’agissait d’une catéchèse extraordinaire sur la valeur et l’importance du Sacrifice eucharistique. » Dans notre temps d’apostasie du mystère de l’Eucharistie, Saint Padre Pio incarne le lien entre le sacrifice et la miséricorde, entre les sacrements de l’Eucharistie et de Pénitence, entre la messe et le confessionnal.
Notre pèlerinage est chaque année l’occasion de milliers de confessions donnant la grâce et le pardon de Dieu. Certains pèlerins viennent au pèlerinage de Chartres uniquement pour recevoir ce sacrement de pénitence d’un prêtre, instrument de la miséricorde et de la justice de Dieu. Le Padre Pio a été un très grand confesseur, passant souvent quasiment toute la journée au confessionnal. Il avait parmi beaucoup d’autres charismes celui de lire dans les âmes, rappelant à certains pêcheurs la gravité de fautes oubliées. Il savait aussi être sévère car on ne se moque pas du Bon Dieu.
Le Père Derobert, fils spirituel du Padre Pio, a beaucoup écrit pour raconter ses rencontres avec le Padre Pio (notamment Saint Pio de Pietrelcina, transparent de Dieu aux éditions Hovine) et je n’ai jamais oublié certaines de ses conférences (disponibles sur internet). Je vous engage également à lire le Hors-Série tout récent de l’Homme Nouveau (1) (« Padre Pio, une vie pour le salut de âmes »).
Le Padre Pio avait une grande dévotion pour la Sainte Vierge. Ecoutons les mots de Saint Jean-Paul II : « Padre Pio nous invite tout particulièrement à aimer et vénérer la Vierge Marie. Sa dévotion à la Madone se manifestait à tous les moments de sa vie : dans ses paroles et ses écrits, dans les enseignements et les conseils qu’il donnait à ses nombreux enfants spirituels. Il ne se lassait pas d’inculquer à ses fidèles la dévotion à la Vierge Marie, dévotion tendre, profonde et enracinée dans la plus pure tradition de l’Église » (Regina Cæli, 2 mai 1999) et Benoît XVI à l’Angélus du 21 juin 2009 : « Comme tous les grands hommes de Dieu, Padre Pio était lui-même devenu prière, corps et âme. Ses journées étaient un chapelet vécu, une méditation et une assimilation continues des mystères du Christ en union spirituelle avec la Vierge Marie. »

Pendant ces trois jours de pèlerinage nous réciterons cette prière du rosaire que le Padre Pio a tant aimée et nous demanderons au Padre Pio de nous protéger pour nous conduire au Ciel.

Enfin, nous ferons nôtre cette phrase qu’il répétait à la fin de sa vie terrestre : « Aimez la Vierge Marie et faites-la aimer » et qui résume toute la vocation de Notre Dame de Chrétienté.

Jean de Tauriers,
Président Notre Dame de Chrétienté

(1) www.hommenouveau.fr ou 01 53 68 99 77, Editions de l’Homme Nouveau, 10 rue Rosenwald 75015 Paris.


Le mot de l'Aumônier Général.


abbe-garnier.jpgLe culte des reliques ; un bel acte de foi et d’espérance !
OBJECTION !
« Comment prier devant un morceau corporel, un reste physique ? Je trouve cela effrayant ! » Une récente discussion avec des jeunes autour du culte des reliques m'a valu cette remarque. C'est partiellement vrai. En tout cas c'est stimulant, pour redécouvrir le fondement de ce culte des reliques. Merci de cette « provocation à rendre compte avec raison » !

FONDEMENTS DU CULTE DES RELIQUES.
Déjà dans les relations humaines, nous gardons un lien avec les absents par des objets qui leur sont familiers, et qui nous les rappellent. Et bien la religion catholique a intégré cette constante dans le culte rendu aux saints. Ainsi nous vénérons leurs « reliquia », restes. Non seulement des objets leur ayant appartenu, mais aussi leurs restes corporels.

Bien sûr, à travers cette partie d'eux-mêmes, nous vénérons leur « tout », leur personne. Notre acte de dévotion passe par ces reliques, mais il va jusqu'aux saints et saintes de Dieu. C'est une médiation entre nous et eux. Cela nous fait vivre la communion des saints.

APPELES AU SALUT ET A LA SAINTETE, … CORPS ET AME.
Plus encore, le culte des reliques des saints nous rappelle l'étendue et l'impact de la rédemption, du plan de salut de Dieu. Ce plan touche premièrement nos âmes rachetées par la grâce du Christ, mais il concerne aussi nos corps, unis à l'âme durant cette vie, avant de l'être dans l'autre. « Je crois à la résurrection de la chair ! », pouvons-nous redire devant les reliques. C'est tout notre être, corps et âme, qui est touché par la puissance de la passion et de la résurrection de Jésus. C'est tout notre être qui est appelé à le suivre.

Ainsi les reliques remettent devant nos yeux tout le mystère de l'éternelle vie et des fins dernières, vers lesquelles nous marchons. Le corps y est associé comme serviteur et frère de l'âme. A la mort, il connait ordinairement la dissolution et le « retour à la poussière ». En cette vie, il est dans un état passible et mortel, sujet à la fatigue, à la maladie, à la souffrance, à la mort. Il est appelé à suivre l'âme, à la rejoindre au terme de l'histoire. Il doit lui être réuni pour le « 2° » et dernier jugement, qui viendra confirmer le « 1° » jugement (particulier) prononcé au sortir de cette vie.

Nous en avons un avant-gout et une annonce en ce temps pascal, en regardant Jésus ressuscité lors des apparitions et aussi dans sa transfiguration. Il possède un vrai corps, non fantomatique, mais son état est changé ; il est glorieux. Il possède de nouvelles qualités ; agilité et rapidité – subtilité – clarté... Il reste marqué des stigmates, plaies de sa Passion. Ils sont non plus douloureux mais glorieux, comme l'exprime les 5 clous du cierge pascal. Per sua sancta vulnera... Que par ses saintes blessures glorieuses, le christ Seigneur nous garde et nous protège !
Dans le sillage du Christ, les saints martyrs, les stigmatisés voient leurs blessures et leurs souffrances glorifiées dans le ciel, au jour de la résurrection de la chair. Ainsi les stigmates du Saint Padre Pio seront glorieux, et brilleront au ciel comme une ressemblance spéciale avec Jésus crucifié.

Quels repères pratiques pourrons-nous en retirer ?

  • D'abord, accepter cette condition présente dans la foi, avec les conséquences du péché originel et la valeur rédemptrice des épreuves ; « Je complète en mon propre corps ce qui manque aux souffrances du Christ pour son Corps mystique qui est l'Eglise ».
  • Honorer le corps, vase de l'âme, temple du Saint Esprit... « Glorifiez et portez Dieu en vos corps ! »
  • En respecter le mystère de beauté et de pudeur... Le corps exprime l'âme. Dans les gestes de la prière, de la pénitence, de l'effort, de la charité fraternelle... Dans un sourire, une attention, un service rendu...
  • Exercer une juste maîtrise sur les mouvements de ce corps, par la tempérance et la pénitence...
  • Reconnaître ses lois, ses facultés, ses limites, ses rythmes... « Qui veut faire l'ange, fait la bête ! »
  • Désirer et espérer pour lui la résurrection glorieuse et la réunion à l'âme par la puissance divine ! « Je sais que mon Rédempteur est vivant !... Je verrai Dieu. Je le verrai, et il me sera favorable; Mes yeux le verront ! » (Job).


Ce sont des fondamentaux de la vie chrétienne. C'est aussi notre meilleure réponse aux 2 excès de l'histoire hier et aujourd'hui. Les mirages dualiste, mécaniste ou spiritualiste sur la créature humaine ont leurs tentations : adulation ou profanation, culte ou destruction du corps conçu tantôt comme une machine jetable, tantôt comme une idôle. Cor meum et caro mea exsultaverunt in Deum vivum !
Mon cœur et ma chair ont exsulté dans le Dieu vivant ! (Psaumes).

Abbé Alexis Garnier,
Aumônier Général de Notre Dame de Chrétienté.

samedi 24 mars 2018

Appel de Chartres n°218


ndc2016-ciel-14.jpg « Amis pèlerins, bonjour ! Nous sommes le 25 mars et je vois encore des pèlerins non-inscrits ! Il est temps de se lever, de se connecter sur le site, et de s’inscrire ! » Parce que – annuntio vobis gaudium magnum – les inscriptions sont ouvertes sur cette page!

Chers amis pèlerins, il existe plus de dix manières d’être pèlerins, mais toutes requièrent votre générosité, votre aide, votre enthousiasme : inscrivez-vous dès aujourd’hui, dès le 25 mars ! Entre les Rameaux et l’Annonciation, combien de protecteurs puissants vous y engagent !

25 mars, Annonciation (quoique reportée cette année) : les Anges gardiens vous attendent, si vous ne pouvez pas être physiquement présents, la prière vous donnera des ailes pour vous unir aux plus de 2500 anges gardiens (pèlerins des Antilles, prisonniers, religieuses, maisons de retraite, paroisses, etc.) qui nous portent sur tous les continents, avec le livret du pèlerin et la possibilité d’organiser la « radio des âmes » dont parlait Carl Leisner.

25 mars, Conception de Notre Seigneur : les chapitres enfants, « paratonnerres du pèlerinage », comme le rappelait l’abbé Coiffet, sont impatients de retrouver vos enfants, de 6 à 12 ans, pour une marche adaptée à leur âge, bien encadrée, et toute dédiée à eux pour leur permettre d’offrir à Dieu, eux aussi, leur marche de trois jours ! Ce sont nos meilleurs apôtres pour attirer leurs amis ou camarades, et donner ainsi à de plus en plus de gens l’occasion de vivre ce formidable élan de chrétienté !

25 mars, les Rameaux : les Pastoureaux font revivre cette jeunesse ardente et conquérante qui se presse et se bouscule autour de Notre-Seigneur. Un parcours un peu raccourci pour les adolescents de 13 à 17 ans, avec un appui spirituel d’aumôniers de choc et d’animateurs dévoués, au service de l’enthousiasme des hommes de demain, la relève !

25 mars, Conception virginale de Notre Seigneur Jésus-Christ en tant qu’homme au sein d’une vraie famille : si vous voulez marcher parents et enfants ensemble, les chapitres familles (1200 adultes et 800 enfants répartis dans 35 chapitres) attendent votre voix et vos prières pour faire grossir un nombre déjà croissant ! Devant un tel succès, un parcours spécifique vous offre le moyen de marcher tous ensemble vers la cathédrale !

25 mars, les Rameaux : quelle foule ne devait pas se presser à Jérusalem, hommes de toutes langues et nations, comme à la Pentecôte ! Notre-Dame de Chrétienté, c’est aussi 850 pèlerins de 16 pays différents, depuis l’Asie à l’Amérique, en passant par le vieux continent.

25 mars, les Rameaux et la foule en liesse qui acclame son Rédempteur : les pèlerins des 200 chapitres adultes (paroisses, mouvements de jeunesse, scouts, troupes de théâtre, grandes écoles, universités…), répartis en 13 régions, qui mettent leurs pas dans ceux de Péguy et d’Henri et André Charlier, depuis Paris jusqu’à Chartres, qui suivent leur Bon Maître jusqu’au bout – avec Sa grâce !

25 mars enfin, les Rameaux préparés par les disciples, ou la DIRPEL (direction des pèlerins) : plus de 700 héros de l’ordinaire, qui coordonnent (responsables provinces et Ile-de-France), organisent (chefs de région, mais également responsables des enfants, pastoureaux, familles et étrangers), animent (chefs de chapitre et adjoints : chant, sécurité, animation, accueil)... et sans qui le pélé ne serait pas le pélé ! La direction se dépense sans compter pour former ses cadres afin de transmettre l’héritage reçu à ceux de demain, et pour partager notre pédagogie d’animation de chapitre. Qu’il me soit permis de les remercier. Evidement notre travail ne serait pas possible sans le soutien de la DIRSOUT (direction des soutiens) et leur investissement pour que l’intendance suive ! (cuisines, toilettes, eau, pain, soupe, SO, Log, achats, secrétariat, etc…)

Notre pèlerinage est un grand corps, composé de cellules de base, les chapitres, avec à leur tête le chef de chapitre (CDC). Tout se tient, tout est hiérarchique, car nous marchons avec une seule âme et un seul cœur. S’il tend parfois au serpent de mer vu d’avion, notre pèlerinage se veut un semeur d’espérance, parce qu’enraciné dans la Tradition. C’est elle qui innerve notre action, car « la pensée mendie un point fixe, un port » disait Gustave Thibon.

Cette Tradition est au service de la Chrétienté, « civilisation où le temporel est sans cesse irrigué par l’éternel », dit encore le penseur ardéchois. Une chrétienté ne peut pas vivre si elle ne s’ancre pas dans le réel. Si nous voulons que « France et Chrétienté continuent », selon les mots de Péguy, nous devons fonder notre marche sur le roc de convictions solides, qui seul peut fendre le flot, le raz-de-marée plutôt, des dérives ambiantes.

Enfin, cette Chrétienté n’est pas réservée à une élite ! Elle a vocation à enflammer le monde. « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde » disait Sainte Catherine de Sienne. Amis pèlerins, si chacun d’entre vous ramène un collègue, un camarade, un voisin de chapelle, d’immeuble ou de village, nous croîtrons de 100% !
Nous devons être missionnaires, et la phrase du Cardinal Sarah, qui viendra célébrer la messe de clôture du pèlerinage, est une invitation, et même une exhortation, qui s’adresse à chacun d’entre nous : « Je suis certain que le rouge de mon cardinalat est vraiment le reflet du sang de la souffrance des missionnaires qui sont venus jusqu’au bout de l’Afrique pour évangéliser mon village ». Serons-nous missionnaires ? Oui ! 

C’est une immense joie d’accueillir le Cardinal Sarah. Ce prince de l’Eglise nous fera l’honneur de nous parler lundi : quelle meilleure préparation à l’écouter du fond de notre cœur, du fond de notre âme, que nos trois jours de marche et d’efforts ?

Tradition, Chrétienté, Mission ? Formation, Inscription, Invitation ! Au 19 mai à Paris : « La terre est comme les marches de l’église. Elle est pour monter au ciel comme les marches de l’église sont aussi pour monter et entrer dans l’église. Nous avons le droit que la terre soit le seuil de notre ciel » (Charles Péguy).

O Crux ave, spes unica.

La Direction des pèlerins

mercredi 28 février 2018

Appel de Chartres n°217


herve-rolland2012.jpgSPE GAUDENTES


La concision de la langue latine étonnera toujours.
En deux simples mots, Saint-Paul dresse le portrait-type idéal des Chrétiens dans son épître aux Romains (12, 12 : facile à retenir !) : spe gaudentes.

Espérance et joie. Joyeux dans l’espérance, espérance joyeuse…à chacun son expression. La Bible Crampon donne un joli texte en français à la fois plus long et plus lyrique : « Soyez pleins de la joie que donne l’espérance ».

Franchement, ne boudons pas notre plaisir pour une fois, c’est l’image que nos chapitres projettent à chaque Pentecôte, sur les routes de Chartres, comme nous le disent de nombreux observateurs extérieurs. Certes, l’âge moyen des pèlerins (21 ans !) et leur nombre croissant qui gonfle les chapitres en sont la raison. Le prochain pèlerinage ne dérogera pas à la règle.

C’est très important qu’il en soit ainsi car notre marche est missionnaire, pour chacun d’entre nous et pour tous ceux que nous croisons. Combien ont grandi, fortifié leur foi, affermi leur vocation, choisi leur état de vie, sur les routes de Chartres, souvent en revenant partager à nouveau ce qu’ils y avaient vécu une première fois.

Cette espérance joyeuse du « pélé de Chartres » et ce goût inimitable de revenez-y, malgré les fatigues, nous, anciens pèlerins, les connaissons tous.

Pourtant, joie et espérance ne sont pas données à tout le monde, ce sont deux biens précieux, au point que le Pape François, dans son adresse aux prêtres de Rome, le 3 mars 2017, n’a pas hésité à justement nous mettre en garde : ‘Le démon cherche à nous voler la joie et l’espérance’. Paroles fortes.

Nous les voler…. pourquoi ? Osons le dire, parce qu’ils nous sont propres à nous, Catholiques : nous seuls pouvons affirmer que nous possédons le secret de la vraie joie, humaine et surnaturelle en même temps, parce que portée par la vertu théologale de l’espérance.

Bien sûr et heureusement, beaucoup d’êtres connaissent des moments de joie naturelle, beaucoup cultivent des espoirs, même si ce n’est pas simple. Soyons réalistes : nous vivons dans un monde difficile où vacillent les valeurs fondamentales de l’humanité, où chaque année apporte son lot de menaces, contre la Vie et la Dignité de l’homme. Les mots lourds s’entrechoquent : avortement, manipulations biologiques, euthanasie, marchandisation du corps, transhumanisme, théorie du genre et tous ses avatars, esclavage, terrorisme, etc.

Mais justement, dans ce monde déprimé où l’ivraie côtoiera toujours le bon grain, qui d’autre que nous peut rappeler ouvertement et affirmer chaque jour qu’il y aura toujours, jusqu’à la fin du monde, des croyants joyeux, ‘Spe gaudentes’ ?

Car nous Catholiques savons que, quoiqu’il arrive, le Christ fera aboutir son dessein pour l’humanité.

Rendez-vous à Notre-Dame de Paris, le samedi 19 mai.

Hervé Rolland
Délégué Général NDC

Dimanche 21 janvier 2018

Appel de Chartres n°216


D-Pinoteau-chartres.jpg Notre pèlerinage se prépare sous le regard de Saint Joseph.

Tout juste sortis de l’émerveillement de la crèche, avec Notre Dame de Chrétienté, nous nous préparons à pèleriner cette année, pendant trois jours, en compagnie de St Joseph. Il a vécu avec la Sainte Famille trois exodes, trois étapes de pèlerinage. Voilà déjà trouvée notre première proximité entre lui et nous.

Chers amis de la Direction des Soutiens,
alors que la plupart d’entre nous sont déjà sur le pont depuis bien des mois, parfois dans ce silence que St Joseph nous enseigne, de quel meilleur modèle aurions-nous pu rêver pour nous inspirer pendant les 362 jours de notre pélé ? Entre deux Pentecôtes, Saint Joseph nous guide dans notre sanctification personnelle d’abord, dans notre vie de famille toujours, mais aussi dans la construction patiente, parfois humble et discrète des trois jours, par une résolution du moindre des tracas, par une prise en compte de quelque souhait de notre DIRPEL, et par une obéissance aux consignes contraignantes des pouvoirs publics.

Laissons, si vous le voulez bien, St Pie X exprimer pour nous dans sa très belle prière, notre humble dévotion à Saint Joseph, père, serviteur mais aussi modèle des travailleurs, nous montrant déjà que toutes ces vocations sont compatibles :
« Glorieux Saint Joseph, ….obtenez-moi de travailler en esprit de pénitence pour l’expiation de mes nombreux péchés, …mettant le culte du devoir au-dessus de mes inclinations… de travailler avec reconnaissance et joie, regardant comme un honneur d’employer et de développer par le travail les dons reçus de Dieu, ayant sans cesse devant les yeux la mort et le compte que je devrai rendre du temps perdu, des talents inutilisés, du bien omis et des vaines complaisances dans le succès…. ».

Notre travail quotidien, et en particulier celui au service de notre œuvre, n’aura pas la même saveur, accompagné par Saint Joseph. Alors prions-le chaque jour, et tout ira mieux pour nous. Tout ira mieux pour notre famille qui chemine avec nous pendant ces 362 jours, puis sans nous pendant les trois jours restants.

Chers amis pèlerins marcheurs,
sur le millésime 2017, nous avons dû clore, bien malheureusement, l’inscription à certains chapitres, déjà remplis. Sécurité, taille des bivouacs, nombre de cars, nombre de trains, tout s’anticipe de nombreux mois à l’avance (cf supra) et parfois nous savons ne pas être en mesure de recevoir plus de pèlerins. Cette année, nous avons pris de nouvelles mesures qui devraient permettre d’accepter le plus grand nombre, conformément à notre vocation. Mais pour cela, nous avons aussi besoin de vous. Je voudrais vous proposer trois axes majeurs pour que chacun trouve sa place :

  • Anticipez !, c’est-à-dire inscrivez-vous au plus tôt, bannissez définitivement les inscriptions sur place. C’est essentiel pour nous. Nous devons, de notre côté, anticiper le nombre de pèlerins à chaque étape du pélé. Plus de 700 d’entre nous sont dans l’organisation, et nous ne pouvons pas tout adapter au dernier moment.


  • Jouez collectif ! utilisez les tentes collectives (nous en aurons plus de disponibles cette année), ne gâchez pas l’eau en bouteille afin d’en laisser aux derniers, protégez vous des intempéries, aidez votre prochain à ne pas s’arrêter en dehors des haltes.


  • Engagez-vous ! aux Soutiens pour aider la construction de cette belle œuvre, quels que soient vos talents, nous les développerons ensemble, sous réserve d’être majeur. Une année sur trois peut être consacrée à rendre service, préconise notre aumônier général. Et nous lançons aussi régulièrement des demandes pour des compétences pointues, professionnelles, dont nous avons besoin. Soyez à l’écoute et n’ayez pas peur…


Quant aux valeureux chefs de chapitre et de région, nous vous remercions de votre investissement pour transmettre les consignes diverses, parfois surprenantes, mais jamais inutiles, quelle que soit la bouche qui les donne. Toute autorité vient d’en haut, à NDC aussi.

Chers amis Anges Gardiens,

  • Priez Saint Joseph pour nous. Qu’il nous accompagne dans notre dur labeur.
  • Priez Saint Joseph pour nos malades, qui manqueront sans doute à l’appel le 19 mai à 5h00 sur le parvis de Notre Dame et seront aussi nos anges gardiens. Nous pensons à Pierre, Alain, Erwan, et tant d’autres plus discrets. Nous y associons leur famille.
  • Priez Saint Joseph pour Charles, notre chef d’équipe tentes qui nous a quittés le 20 novembre dernier, à 21 ans, et qui veillera sur nous de là haut. La grand’messe du dimanche de Pentecôte sera célébrée à son intention, sur le pèlerinage.


Saint Joseph, modèle des travailleurs, priez pour nous !
Notre Dame de Paris, priez pour nous !
Notre Dame de Chartres, priez pour nous !
Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez nous !

Denis Pinoteau
Directeur des Soutiens

samedi 09 décembre 2017

Appel de Chartres n°215


cardinal-robert-sarah.jpg

Le cardinal Sarah sera à Chartres en 2018 !


Comme je l’ai annoncé lors de l’Assemblée Générale de notre association (le 17 novembre) et à l’Université d’Automne (le 18 novembre), Notre Dame de Chrétienté aura le grand honneur d’accueillir le cardinal Sarah lors de la Messe de clôture de notre prochain pèlerinage à Chartres, le 21 mai 2018.
Nous remercions infiniment le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, d’avoir accepté de venir pèleriner avec nous. Nous nous faisons une joie de préparer cet événement qui sera une date importante pour l’histoire de notre pèlerinage.


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Nous revenons juste de notre retraite annuelle à l’abbaye de Fontgombault où nous étions une cinquantaine de pèlerins, amis de Notre Dame de Chrétienté. La chaleur de l’accueil des moines nous a fait oublier la fraîcheur du microclimat bien connu des bords de Creuse ! Nous avons prié pour nos défunts, malades, familles et pour vous tous.
« Écoute, ô mon fils, les préceptes du Maître, et prête l’oreille de ton cœur » sont les premiers mots de la Règle de Saint Benoît. Nous avons écouté le silence rempli de Dieu de l’abbaye et « frappé sans fatigue à la porte du Dieu silencieux » (Benoît XVI). Le Père Abbé, Dom Pateau, nous a instruits sur la « lectio divina », et l’Abbé Garnier sur Saint Jean-Baptiste, « premier martyr du mariage et de la famille » (Cardinal Burke).
Cette retraite, année après année, se remplit de plus en plus vite. Nous allons la maintenir en remerciant encore l’Abbaye de Fontgombault et son Père Abbé. Cette retraite nous permet de donner à Dieu ce temps qui est la prière, peut-être en suppléance de celui que nous ne donnons pas suffisamment dans la vie de tous les jours.

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Joyeux temps de l’Avent !


En ce début de temps de l’Avent, je vous propose de lire un petit texte devant le tableau de La Nativité peint en 1622 par Gerrit van Honthorst. (1)

Honthorst.jpg

C’est un extrait d’un texte bien connu pour son auteur, Jean-Paul Sartre, écrit dans un camp de prisonniers français en 1940. Au second plan du tableau, dans l’ombre et la discrétion, vous découvrirez Saint Joseph père attentif et serviteur de Notre Seigneur à qui notre prochain pèlerinage sera dédié. Mais lisons le texte « … Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. Il se sent un peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu. Combien déjà elle est du côté de Dieu. Car Dieu est venu dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté, et toute la vie de Joseph, j’imagine, sera d’apprendre à accepter. Joseph ne sait que dire de lui-même : il adore et il est heureux d’adorer. »

Je vous souhaite, ainsi qu’à toutes vos familles, un saint temps de l’Avent et un joyeux Noël. Prions pour les défunts amis de Notre Dame de Chrétienté : Charles Houdet, Arnaud de Lassus, Gérard de Rosny, Jehan de Saint Chamas. Que la Sainte Vierge protège également nos amis malades, je pense tout spécialement à Alain Huser et Pierre Vouters.

Saint Joseph, priez pour nous.

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

Jean de Tauriers
Président

(1) En remerciant le site PRIXM, découvert au retour d’un récent pèlerinage en Terre Sainte, de nous avoir donné « involontairement » l’idée de cet Appel de Chartres.

Dimanche 12 novembre 2017

Appel de Chartres n°214


Vive la différence !


xavier-hennequart.jpgNotre époque tend à vouloir imposer un égalitarisme de plus en plus prégnant.
La non-reconnaissance de l’altérité entre un homme et une femme, la théorie du gender, le politiquement correct imposant un prêt à penser, la non-discrimination sont autant d’illustrations de ce refus de la différence.

Et pourtant, il suffit d’observer la réalité autour de nous pour constater que nous sommes tous habillés différemment, pratiquons des occupations différentes, avons des goûts divers pour ne prendre que quelques exemples.
Ne serait-ce pas la preuve que nous sommes tous différents?

Revenons au récit des origines.

Une égalité, une différence voulues par Dieu

Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu (1)

L’homme tient une place unique dans la création, il est « à l’image de Dieu » :
. Chacun de nous possède une infime partie des attributs divins. Il existe donc bien une part aimable chez chacun d’entre nous, comme chez la pire des crapules ou chez nos ennemis.
. Notre diversité dans les dons reçus, révèle la richesse infinie des dons de Dieu.

Il les créa ; homme et femme, Il les créa. (2)

Créés et voulus par Dieu dans une parfaite égalité et une même dignité « à l’image de Dieu » (3), le Créateur nous a volontairement créés différents à commencer par l’homme et la femme mais aussi dans les dons prodigués à chacun.
Chacun d’entre nous est un être unique et a sa place dans le plan de Dieu. Dieu nous a donné le pouvoir d’être cause du bien qu’il veut réaliser (4).

Pourquoi Dieu nous a-t-il créés différents ?

La réponse nous est donnée par Dieu le Père à sainte Catherine de Sienne :

« Mes dons sont temporels ou spirituels. J’appelle temporels toutes les choses nécessaires à la vie de l’homme, et ces choses je les dispense avec une grande inégalité. Je ne les donne pas toutes à un seul, afin que des besoins réciproques deviennent une occasion de vertu et un moyen d’exercer la charité. II m’était très facile de donner à chacun ce qui est utile à son corps et à son âme ; mais j’ai voulu que tous les hommes eussent besoin les uns des autres pour devenir ainsi les ministres et les dispensateurs des dons qu’ils ont reçus de moi. Que l’homme le veuille ou non, il est forcé d’exercer la charité envers son prochain : seulement, si cette charité ne s’exerce pas par amour pour moi, elle ne sert de rien dans l’ordre de la grâce. »

« … C’est pour organiser la charité que j’ai rendu les hommes mes ministres, et que je les ai placés dans des états et des rapports si différents. (5) »

La réponse est claire, personne ne possède ni toutes les qualités ni tous les dons divins. Les échanges avec Dieu, source de tout bien, et autrui bénéficiaire d’une partie de ses dons, constituent une vraie source d’enrichissement.

Pourquoi ne pas faire jouer les complémentarités entre les personnes et mettre en pratique la communication mutuelle des biens (6) ?

C’est par cette complémentarité nécessaire des dons de chacun que nous œuvrons ensemble pour accomplir le bien.

Plusieurs exemples l’attestent :
- l’entraide dans une famille entre les enfants disposant de qualités ou de tempéraments différents.
- Le scoutisme développe le sens des autres. D'ailleurs, le salut scout ne matérialise-t-il pas la protection du faible par le fort? - Les mondes de l’entreprise ou associatif sont des communautés de personnes et sont aussi des lieux privilégiés d’exercice de la charité.

Œuvrer pour restaurer la chrétienté

Chrétien, disciple de Jésus-Christ, mettons en pratique la devise du grand pape Saint Pie X : « omnia intaurare in Christo » « tout restaurer dans le Christ (7) »

C’est notre mission ! Nous n’avons pas reçu la foi pour garder notre lampe sous le boisseau mais pour faire connaître la Vérité de Jésus-Christ : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».

A la question posée sur le premier des commandements, Jésus-Christ répond :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force ! Voici le second : "tu aimeras ton prochain comme toi même". Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » (8)

Etre missionnaire c’est parler de Jésus-Christ.

Pour bien en parler il faut le connaître. C’est pour cela que Notre Dame de Chrétienté met à votre disposition un ensemble de ressources dans la rubrique formation de son site www.nd-chretiente.com, profitez-en!

En ce mois de novembre, pensons à nos défunts et prions aussi à l’intention des âmes du purgatoire, la charité c’est aussi cela.

Rappelons nous les paroles de la Sainte Vierge en cette année du centenaire des apparitions de Fatima :

« Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d'âmes vont en enfer, parce qu'il n'y a personne qui se sacrifie et prie pour elles. (9) »

Quoi qu’il en soit de la vocation de chacun, la parole de saint Jean de la Croix nous concerne tous :

« Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l'Amour »

Xavier Hennequart
Responsable de la formation


(1) Genèse 1,27 La Bible – Chanoine Emile Osty
(2) Genèse 1,28 La Bible – Chanoine Emile Osty
(3) Catéchisme de l’Eglise Catholique n°369
(4) St Thomas d’Aquin - Somme théologique Ia, q103, a.6
(5) « Le dialogue » - Don de la discrétion Chp VI - Sainte Catherine de Sienne – Editions Tequi
(6) Exercices spirituels de Saint Ignace n°231 : « L’amour consiste dans la communication mutuelle des biens. »
(7) Devise de Saint Pie X - verset de Saint Paul, Ephésiens 1, 10, "Instaurare omnia in Christo"
(8) Mc 12, 29-31
(9) Apparition de Notre Dame aux 3 pastoureaux de Fatima le 19 août 1917

mercredi 18 octobre 2017

Appel de Chartres n°213

On a tous droit à un portable !



abbe-garnier2017.jpgBien chers amis pèlerins,
Anciens et nouveaux,
Chers confrères prêtres et religieuses,
Chères sœurs,

J'appelai un jour un paroissien, qui décrocha et me dit qu'il récitait son chapelet avec ses proches. J'ai proposé de le rappeler, malgré son obligeance et sa disponibilité... Au fond, il était déjà « en ligne « !

Le rosaire, (ou le chapelet qui en est une partie), c'est... notre indispensable !
La culture pub, la science de la consommation a réinventé et multiplié les « indispensables » : besoins, dépendances consenties ou non, et avec la peur de perdre, de ne pas avoir, de manquer...
Voici un exemple; la « nomophobie »... Ce mot valise, curieux mélange d'anglais et de grec, désigne la peur panique de perdre son portable... et la sensation d'être coupé du monde, privé de communication lorsque cela arrive... « coupé du réel » !!
Je vous propose une autre dépendance connue, acceptée, entretenue ; la « noprayphobie »... ni peur, ni scrupule, mais plutôt crainte aimante de perdre la prière quotidienne... et d'être coupé de Dieu, privé de communication, d'échange, de conversation avec Lui.

Et maintenant, je vous présente ce portable, cet indispensable d'un nouveau genre.
Existe en plusieurs modèles; 10 touches – 50 – 150 ! Peut-être ne les utiliserez-vous pas toutes en un seul jour...
Il capte partout, en très haut débit... En l'utilisant on est connecté au plus grand réseau social qui soit; la communion des saints.
Pas besoin de cable et de batterie. Il ne se décharge jamais! Au contraire, il gagne en efficacité à mesure qu'on l'utilise !
Les forfaits possibles:150 SMS + 15 MMS + 15 Tweets – mais il y a aussi le forfait 50, et 10.
Le volume? On peut l'utiliser sur différents modes – haut parleur ou silencieux... On passe d'ailleurs ordinairement et progressivement de l'un à l'autre.
Les applis? Il donne accès à la 3C; CONNAISSANCE de foi plus intime du Seigneur et de la Sainte Vierge – CHARITÉ plus ardente – CONFORMITÉ plus grande.
Les mises à jour? Pas besoin... La Sainte Vierge, les souverains pontifes, les saints s'en sont occupés.
En cas de perte ? Il se remplace aisément, et peu importe le modèle, les fonctionnalités sont toujours les mêmes. Pas besoin de le faire sonner pour le retrouver.
Les précautions d'emploi ;
Il s'utilise en voiture (et sans perdre des points) – en marchant - en repassant – ou mieux, en ne faisant rien d'autre. Il y a un kit mains libres, en comptant seulement sur le bout des doigts.
Il tient dans le sac à main,... et si les enfants l'utilisent en cachette, surtout, laissez les faire ! Mieux encore, montrez-leur comment ça marche !
Il se glisse facilement dans les poches ; s'il passe au lavage, ce n'est pas bien grave ; il marche encore !
Sur la table de nuit ; en cas d'insomnie, c'est un excellent passe temps.
Au réveil, où se soulèvent (durement parfois) l'âme et le corps... c'est un « pense bête à prière ».
Dans le sac de vacances, de camp, de WE scout ou louveteau... Il complète avantageusement la panoplie de Carrick et Decathlon.
Conseils d'utilisation...
Si vous trouvez que « cela fait beaucoup », même en partie, que c'est du « déjà vu »... Economisez du temps sur les autres portables (écran ou téléphone), pour pianoter sur celui-ci. Comparez seulement le nombre de tweets, mails et sms envoyés (bien légitimement, parfois) – avec le nombre de Pater et d'Ave consentis chaque jour...

Oui, merveilleux portable – authentique indispensable
Vous y trouverez non seulement le son, mais encore l'image !
Car on y apprend, non plus seulement à voir, mais à regarder le Seigneur
non plus à l'entendre, mais à l'écouter
non plus à le sentir, mais à le gouter.
Pédagogie spirituelle ordinaire, mais féconde.
« Voilà ce que j'aime dans le chapelet, c'est qu'il est simple, dit Dieu (1)».

O rosaire, (ou chapelet, ou dizainier), douce chaine qui nous relie à Dieu,
nous ne te lâcherons plus!
Et tu seras sans doute le secret de bien d'autres fidélités
choisies, tenues ou reprises dans l'Eglise, dans la cité, dans nos âmes.

Abbé Alexis Garnier,
Aumônier Général de Notre-Dame de Chrétienté.

(1) Charles PEGUY.

mercredi 27 septembre 2017

Appel de Chartres n°212


En marche... vers Notre Dame de Chartres !

ndc2017_0365.jpg
NDC a fait sa rentrée le 8 septembre et nous avons préparé les grands projets de l’année qui arrive dans notre QG favori.

D’abord, et je vous en avais parlé le dimanche de Pentecôte, nous devons adapter le pèlerinage au nombre grandissant de pèlerins. Nous avons, cette année, dû fermer les inscriptions des chapitres Familles, Enfants, Pastoureaux plusieurs semaines avant le pèlerinage. Comment améliorer cela et tenter de concilier notre vocation missionnaire avec les exigences de sécurité ?
Le renouvellement de postes importants sera également une de nos préoccupations. Certains postes sont très exigeants (toute l’année !) et il est bien légitime de faire tourner les responsables qui donnent beaucoup de leur temps. N’hésitez pas à proposer vos services à NDC. Parlez-en à votre Chef de Région, au cadre de la Direction Soutiens que vous connaissez. Ecrivez-nous, au secrétariat

ou à mon attention. Nous avons besoin de vous, quel que soit votre âge ou votre lieu d’habitation.


La formation reste une des priorités de NDC. Les vidéo-formations vont continuer mais il nous faut faire encore davantage car les besoins actuels des pèlerins sont immenses.
J’aimerais que, cette année (en 2018), les chefs de chapitres et leurs adjoints, sans oublier la direction des Soutiens, participent largement aux récollections que nous organiserons au premier trimestre de l’année prochaine. Je sais combien il est difficile de s’engager aussi tôt dans l’année mais cet effort est nécessaire pour préparer ces 3 journées qui peuvent changer une vie !

Nous avons noté les imperfections de notre organisation. Nous avons écouté vos remarques, lu vos courriers. Des décisions, selon nos moyens, seront prises pour améliorer matériellement le pèlerinage. Les équipes Soutiens font un travail magnifique, difficile par sa technicité. Ces équipes sont la vitrine du pèlerinage et nous comptons encore et toujours sur elles.

Parmi les rendez-vous de rentrée, merci de noter sur vos agendas l’Université d’Automne le 18 novembre et la retraite à Fontgombault les 2 et 3 décembre 2017 prêchée par l’abbé Garnier et les moines de l’Abbaye. Ces événements sont ouverts à tous, il suffit de vous inscrire. Regardez sur notre site le programme de l’Université d’Automne. Venez nombreux, c’est une belle occasion de nous rencontrer.

Je termine ce premier éditorial de l’année avec quelques mots sur le Congrès Summorum Pontificum dans le cadre prestigieux de l’Angelicum à Rome (université pontificale Saint-Thomas-d'Aquin) où j’ai assisté le 14 septembre au cycle de conférences de la journée. Ce Congrès fêtait les 10 années du Motu Proprio signé par Benoît XVI, le 7 juillet 2007. Avec l’abbé Garnier nous avons pu rencontrer les cardinaux Burke, Sarah, Müller, Monseigneur Pozzo entre autres, leur parler de notre dernier pèlerinage, de notre histoire et de nos projets. De nombreux supérieurs de communautés amies étaient présents ainsi que beaucoup de pèlerins. Il est toujours émouvant de réaliser combien notre pèlerinage est connu et son rayonnement considérable.

Le cardinal Sarah nous a rappelé que l’« on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » (Matthieu 5,15). Il pensait aux fruits du Motu Proprio Summorum Ponticum et il compte sur nous, pèlerins de Chartres, pour participer à l’effort missionnaire dont la France a tant besoin.

Nos politiques de tous bords ont voulu effacer la religion dans notre pays. Nous voyons les fruits de cette société sans Dieu. Au risque de répéter ce que je vous disais en introduction de la dernière Université d’Automne 2016, la Vème République héritière de la IIIème République refuse la dimension religieuse de l’homme, l’histoire chrétienne de la France, la culture catholique. Pourquoi cette hystérie ? Pourquoi cette haine envers Dieu ? Il faut remonter à la Révolution française pour le comprendre. Contre ces mensonges et ces outrances Notre Dame de Chrétienté appelle à la Chrétienté, vocation de notre pays. Nos longues marches, nos prières, nos chants, notre histoire crient justice contre cette société sans Dieu.
Commençons notre année avec Dom Pateau, en espérant que vous lirez sa conférence (texte à lire ici) donnée à l’Angelicum, rappelant Benoît XVI dans son discours du 9 septembre 2007 à l’Abbaye de Heiligenkreuz : « Célébrez la sainte liturgie en ayant le regard tourné vers Dieu dans la communion des Saints, de l’Église vivante de tous les lieux et de tous les temps afin qu’elle devienne l’expression de la beauté et de la sublimité de ce Dieu ami des hommes ! »

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

Jean de Tauriers
Président de Notre Dame de Chrétienté