"Voltaire méconnu"

du Professeur Xavier Martin - un article paru dans "Présent"

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“Voltaire méconnu, mépris, haine et fanatisme

Un livre à lire (ou à relire) durant vos vacances :
Xavier Martin, "Voltaire méconnu, Aspects cachés de l’humanisme des Lumières (1750-1800)"

Editions Dominique Martin Morin, 350 pages, 26 euros.

Durant toute sa carrière universitaire Xavier Martin a eu souvent l’occasion de le constater : « Le discours officiel sur Voltaire (enseignement et médias) est gravement lacunaire : il tait en effet, ou estompe beaucoup ce qui chez lui dément l’image de l’inlassable promoteur de la tolérance et de l’humanisme. » Or les textes, nombreux, qui contredisent le postulat de l’apôtre de la tolérance et de la liberté, Xavier Martin, en tant qu’historien des idées politiques spécialisé dans l’exploration souterraine de l’esprit des Lumières et de la révolution de 1789, les connaît bien. Il les a souvent eus sous les yeux. Ce sont les facettes ordinairement cachées du « roi des philosophes » que l’auteur livre ici au grand jour, à l’aide de citations saisissantes, « strictement référencées » et qui stupéfieront ceux qui ne connaissent Voltaire qu’à travers l’enseignement officiel.
Il y a d’abord le mépris universel d’un homme comblé sur le plan de la fortune et de l’intelligence pour le reste de ses semblables. Ce reste qui pour le châtelain fortuné des Délices « n’existe pas ». Seule à ses yeux compte la petite élite des « êtres pensants » et fortunés. « Un homme sur mille est apte à penser. » Les autres sont « des bêtes brutes ». Très au-dessus de cette vile multitude qu’il désigne sous le terme de populace, et qu’il préconise de laisser dans son ignorance crasse, – « Il serait dangereux que l’on éclaire le peuple » –, Voltaire situe cette humanité « non pensante » « entre l’homme et la bête ». Juste bonne pour l’esclavage en quelque sorte ? « Portez-vous bien et méprisez le genre humain », recommande le chantre de la fraternité (entre gens du même cercle) à son collègue d’Alembert. A Mme du Deffand il prescrit de savourer « le plaisir noble de se sentir d’une autre nature que les sots ». Voltaire ne méprise pourtant « ni les honneurs ni les richesses, tout au contraire. Mais il se rattrape sur le genre humain. Il est alors, par excellence, l’homme du mépris. Le Ricanement est son oxygène ». Un oxygène acide, qui engendre vite la haine à très haute dose. Notre philanthrope qualifie en toute confraternité ses adversaires (Fréron, Le Franc de Pompignan, les jansénistes) de « bêtes puantes ». Les Français, qu’il trouve trop soumis aux prêtres, sont « la chiasse du genre humain ». Quant aux huguenots, le défenseur de Calas juge qu’ils sont « pétris de la même merde détrempée de sang corrompu ». Tirons la chasse…

Une tolérance très répressive

L’ami du genre humain exerce souvent sa haine sur ses confrères écrivains, de la part desquels il ne supporte pas le moindre irrespect à son égard. Voltaire, qui a des amis puissants, pousse le ressentiment, voire parfois la simple jalousie, jusqu’à faire embastiller ceux qui dans leurs écrits lui ont déplu. « Les spécialistes font silence à cet égard. Or il faut le savoir : Voltaire a œuvré à faire enfermer policièrement pour des durées par hypothèse indéfinies, des écrivains dont l’industrie le contrariait ; trois tentatives sont recensées à l’encontre du seul La Beaumelle. » Ce dernier avait notamment raillé dans un pamphlet : « Le roi de Prusse comble de bienfaits les hommes à talents, précisément par les mêmes raisons qui poussent d’autres à combler de bienfaits un bouffon ou un nain. » Impardonnable ! Voltaire s’était senti d’autant plus visé que ces lignes faisaient écho à une appréciation formulée par Frédéric II lui-même : « C’est bien payer un fou ; jamais bouffon de grand seigneur n’eut de pareils gages. » A ce simple rappel, le royal « bouffon » est pris, comme cela lui arrive souvent, de « pulsions répressives ». Contre ce « crapaud croassant » qui ose critiquer ses poèmes, le polémiste philanthrope réclame « deux ans de cachots ».
Xavier Martin donne de nombreux autres exemples de ces interventions et tentatives (dont certaines couronnées de succès), de la part du parangon de la liberté et de la tolérance, pour faire embastiller certains de ses confrères dont il ne supporte ni la concurrence ni l’impertinence, surtout quand celle-ci s’exerce contre sa personne ou ses idées. « Voltaire embastilleur : c’est un aspect de son talent dont la connaissance est peu diffusée. Par diverses fois il a écrit avec vertu ostentatoire contre les lettres de cachet, et il est rassurant, pour les voltairianistes, de s’en tenir à cela. » Mais ces lettres de cachet dont il demandait l’abolition dans ses écrits, le même Voltaire les réclamait à cor et à cri contre ceux qui lui manquaient de respect ou simplement contredisaient ses options politiques, esthétiques ou philosophiques. Ce libelliste qui l’a étrillé est un « maroufle, une canaille de la littérature, un scorpion. (…) Celui qui écrase un scorpion dont il est mordu n’a aucun reproche à se faire ».
Notre écraseur argumente : « La critique est permise sans doute, mais la critique injuste mérite châtiment. » Et comme le grand humaniste trouve injuste toute critique à son égard, châtions ces impertinents, qu’il qualifie de « calomniateurs et de falsificateurs de coins de rue ». « Nous avions autrefois besoin qu’on encourageât la littérature et aujourd’hui il faut avouer que nous avons besoin qu’on la réprime. » Après avoir fait incarcérer La Beaumelle il se justifiera ainsi : « C’était un chien enragé qu’on ne pouvait laisser dans les rues. » En fait de chiens enragés Voltaire pouvait prétendre au titre de chef de meute.
Certes, les haines d’écrivains ne sont pas circonscrites au seul XVIIIe siècle. Elles seront également très vives au siècle suivant où les petites phrases assassines seront tout aussi venimeuses. Mais elles ne seront que pugilat de littérateurs, sans autre conséquence que d’amuser la galerie. Voltaire, lui, ne se payait pas seulement de mots : ses souhaits de répression se traduisaient souvent en actes. La Beaumelle, Fréron et quelques autres, pour avoir entendu retentir à leurs oreilles l’atroce musique des clés et des verrous, en savent quelque chose. « On craint Voltaire encore plus qu’on le méprise. »

L’honneur de haïr

2011.06.24_Voltaire_buste_houdon.jpg Mme de Graffigny, « qui fréquente et admire l’écrivain mais supporte mal les bassesses de l’homme », commente dans une correspondance : « Revoilà toujours ce héros dans la boue : il est trop ridicule de prétendre que lui seul ne sera pas chansonné, quand les plus grands rois et les plus grands hommes l’ont été dans tous les temps. » Mme de Graffigny se déclare « scandalisée par l’infamie et les façons déshonorantes » de celui qui se dit passionné de liberté : « C’est une des choses affreuses que les continuelles persécutions de Voltaire contre la librairie, et la haine et le mépris que cela lui attire. Lui l’apôtre de la liberté. » Frédéric II, qui a jugé le grand littérateur sur pièce, pense de même. Il le trouve « méprisable pour son caractère. (…) Un homme vindicatif et entêté à la poursuite de ceux qu’il prend en haine. (…) C’est bien dommage qu’avec tant de talent ce fou soit si méchant et si tracassier ».
Voltaire réclamait « l’honneur de haïr ». Un honneur qu’il aura toute sa vie poursuivi « de façon intensive ». Notamment à l’égard de l’autre phare des Lumières, son vieil ennemi Jean-Jacques Rousseau, appelé par lui « l’excrément du siècle », dont « il ne faut pas seulement brûler les livres ». Mais jeter aussi leur auteur aux flammes. L’autodafé ne suffit plus quand il s’agit de Rousseau : il faut, pour faire périr l’auteur du Contrat social, un véritable holocauste… L’auteur nous dit : « Voltaire a opéré de toutes ses forces le mensonge pour faire condamner Rousseau ; pour le faire condamner à la peine de mort par le “Petit Conseil” de Genève. » Pour arriver à ses fins Voltaire n’était pas seulement un sycophante, mais il usait aussi, en maître faussaire, de la dénonciation calomnieuse. « Jean-Jacques sera charmé d’être pendu, pourvu qu’on mette son nom dans la sentence », ricanait-il. Le prophète de la tolérance universelle était aussi, lorsqu’il s’agissait de sa personne, celui de la tolérance zéro.

Contre les juifs et les musulmans

Son « honneur de haïr », le grand humaniste va aussi l’exercer sur des entités. Notamment à l’égard des juifs et des musulmans. « Un juif n’étant d’aucun pays que de celui où il gagne de l’argent, peut aussi bien trahir le roi pour l’empereur que l’empereur pour le roi », assurait-il. Et d’insister sur « la facilité qu’ont les juifs d’être admis et d’être chassés de partout ». Ou encore : « Je sais qu’il y a quelques juifs dans les colonies anglaises. Ces marauds-là vont partout où il y a de l’argent à gagner. (…) Mais que ces déprépucés d’Israël qui vendent de vieilles culottes aux sauvages, se disent de la tribu de Nephli ou d’Issachar (…) ils n’en sont pas moins les plus grands gueux qui aient jamais souillé la face du globe. » Pour Voltaire les juifs n’étaient qu’une « horde d’Arabes voleurs ». Dans un passage il porte même des accusations parfaitement délirantes et abjectes de zoophilie à l’égard des femmes juives de l’Ancien Testament.
Voltaire proclame aussi bien haut son « honneur de haïr le croissant ». Sa pièce Le Fanatisme ou Mahomet le prophète, qu’il a écrite vers 1740, « s’applique à présenter le chef charismatique comme un charlatan, intrigant, ambitieux, tyran pétri de méchanceté, impitoyable conquérant ». A travers Mahomet, il est vrai que Voltaire visait tout aussi bien le christianisme. Il s’agit là d’une haine gigogne, dont les cibles sont emmanchées les unes dans les autres. Lorsque les Turcs entrent en guerre contre sa chère Catherine de Russie il écrit à cette dernière : « Plus vos succès sont grands, plus mon étonnement redouble (…) que la race des Turcs ne soit pas déjà chassée de l’Europe (…) ». Et il fait un vœu : « Que grâce à mon héroïne il n’y eut plus de Turcs en Turquie. » De l’épuration ethnique, sa rage glisse vers l’extermination. Comme à propos de Rousseau elle glissait avec la même rage torrentielle de l’autodafé à l’holocauste.
Dans une autre lettre à Catherine II notre poète humaniste déplore : « Vous vous amusez à négocier une trêve avec ces vilains Turcs. Tout ce que vous ferez sera bien fait ; mais je voudrais qu’ils fussent tous au fond de la mer Egée. » Heureusement qu’à cette époque le mot génocide n’existait pas encore. Mais certains disciples de Voltaire vont travailler à son apparition.

Contre le christianisme : la « sainte haine » !

Cette capacité à haïr dont Voltaire se fait un honneur, se trouve généralement passée sous silence. En ce domaine, l’auteur de Candide, dont certains écrits vaudraient à leur géniteur d’être disqualifié, et d’attirer de nos jours sur lui les foudres de la police de la pensée, se trouve curieusement « protégé », exempté de tout soupçon inquisitorial de racisme. Pourquoi tant d’indulgence ? Ou plutôt de cécité volontaire ? La réponse coule de source. Parce que son « honneur de haïr » Voltaire l’a employé, en premier lieu et de façon la plus constante, à combattre le christianisme en général, et l’Eglise catholique en particulier. Un tel mérite vaut absolution pour tous ces « dérapages » qui attireraient sur d’autres l’opprobre, sinon éternel, du moins de la bien-pensance actuelle. Mais les droits-de-l’hommistes les plus pointilleux pardonnent tous ses excès de rage à celui qui a tant œuvré à « écraser l’infâme ». Celui qui a le mieux réussi à éradiquer « la superstition religieuse » chez nombre de ses concitoyens. Et même bien au-delà de nos frontières. « Il faut extirper l’infâme du moins chez les honnêtes gens. Elle est digne des sots, laissons-la aux sots. Mais rendons service à notre prochain. » Dans cette lettre à Frédéric II, celui qui « hait les églises, les prêtres et les messes » écrit également : « Je recommande l’infâme à votre sainte haine. » Pour Voltaire la religion chrétienne est bien de toutes « la plus absurde, et le plus abominable système qui ait jamais affligé la nature humaine ». Opinion que partagent ses disciples « en philosophie », et que Diderot résume ainsi : « J’avoue que je ne sais rien qui déshonore plus mon pays que cette infâme superstition faite pour avilir la nature humaine. (…) Cette religion est à mon sens la plus ridicule et la plus absurde dans ses dogmes ; la plus inintelligible, la plus métaphysique, la plus entortillée, (…) la plus funeste à la tranquillité publique, la plus dangereuse pour le souverain. »

À ses amis « en Belzébuth »

La conclusion s’impose donc : puisque cette religion est « la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde », alors « l’écraser » constitue, de toutes les entreprises, « la plus belle et la plus respectable qui puisse signaler l’esprit humain ». C’est pour cette « entreprise » dont il a été une sorte de PDG et le propagandiste le plus génial, que Voltaire a droit non seulement à l’admiration, à la reconnaissance et à la gratitude des élites laïques et républicaines mais aussi à toute leur indulgence. Il a été le magasin qui a fourni en idées antichrétiennes tout un siècle et même les siècles suivants. Sa haine contre l’Eglise était une haine juste (comme il existe des guerres justes) : la « sainte haine » que menèrent les philosophes des Lumières contre l’obscurité religieuse. Dans une lettre à son ami Damilaville, le sage de Ferney écrit : « Oh ! que j’aurais de plaisir en effet à crier avec vous dans un souper : “écrasons l’infâme”, et plus encore à l’enterrer bientôt. » Tant pis si cette haine grandiose mais bienfaisante a fait quelques dommages collatéraux. Elle aura tellement bien servi la cause de la secte philosophique.
Pourtant, celui qui commençait ses missives à ses amis les plus proches par cette formule un rien satanique : « à mes frères en Belzébuth » ou qui signait certains billets « Miso-priest » (celui qui hait les prêtres), bénéficiera toujours de la bienveillance papale, que ce soit avec Benoît XIV en 1745, Clément XIII en 1761, ou en 1771 avec Clément XIV qui estimera que Voltaire est « l’honneur des lettres et de notre siècle ». Il est vrai que l’ambassadeur de France à Rome n’était autre que le fameux cardinal de Bernis, ami de Voltaire dont il partageait beaucoup d’idées (pas toutes néanmoins) et qui se chargeait sans doute « d’enfumer » les souverains pontifes sur la nature exacte du grand écrivain dont il leur vantait les mérites.

Après Frédéric II, un autre disciple germanique

Les héritiers de l’esprit des Lumières, dans toute sa force de mépris et sa haine à l’égard des hommes et de l’ordre divin, ce seront bien sûr les promoteurs de la Révolution de 1789, mais aussi, plus près de nous, les fondateurs des régimes totalitaires du XXe siècle. Ecoutons Adolph Hitler, successeur de Frédéric II, se confier à Martin Norman : « Mais le christianisme est une invention de cerveaux malades (…). Un nègre, avec ses tabous, écrase de sa supériorité l’être humain qui croit sérieusement à la transsubstantiation. (…) Le coup le plus dur qui ait frappé l’humanité, c’est l’avènement du christianisme (…). Si le monde antique a été si pur, si léger, si serein, c’est parce qu’il a ignoré ces deux fléaux : la vérole et le christianisme. » Propos tout à fait voltairien.
Autre trait voltairien du Führer : « Toute conversation avec lui, si banale fût-elle, semblait témoigner que cet homme était surtout possédé par une haine sans bornes (…). Il semblait que ce fût un besoin chez lui de haïr. » Hitler se réclama beaucoup, lui aussi, de « l’honneur de haïr »… Le 25 octobre 1941, le descendant de Fréderic II tenait devant Himmler et Heydrich le propos suivant : « On devrait répandre par millions le livre qui contient les réflexions de l’empereur Julien. Quelle merveilleuse intelligence, quel discernement, toute la sagesse antique ! C’est extraordinaire. Avec quelle clairvoyance les auteurs du XVIIIe siècle (…) ont critiqué le christianisme et jugé l’évolution des Eglises. » Le livre qui enthousiasme Hitler c’est évidemment La Défense du paganisme de l’empereur Julien l’Apostât, dans la traduction établie par un philosophe du XVIIIe siècle et dans laquelle Voltaire voyait la promotion d’un idéal de tolérance universelle, celle-ci marchant de paire avec la destruction du christianisme. « Il serait à souhaiter que tous les fidèles eussent ce bréviaire dans leur poche. » Hitler pensait de même…

Le parangon de la tolérance était aussi le plus intolérant des hommes

Voltaire déteste l’islam. Il en vante toutefois les mérites quand il s’agit, par contraste, de rabaisser le christianisme. Rien en dessous de ce dernier. « Ses comparaisons directes entre islam et christianisme tournent invariablement au détriment de celui-ci. » L’auteur analyse : « L’appel vertueux à tolérer l’islam est un moyen oblique de relativiser mentalement l’importance du christianisme, avec en prime la vraisemblable arrière-pensée qu’une islamisation de vieux pays chrétiens viendrait diminuer de façon tangible cette même importance. »
Un précepte que mit en œuvre, dès 1775, Frédéric II : « Pour moi en fidèle disciple du patriarche de Ferney, je suis à présent en négociation avec mille familles mahométanes auxquelles je procure des établissements et des mosquées dans la Prusse occidentale. Nous aurons des ablutions légales et nous entendrons chanter Hilli Halla sans nous scandaliser ; c’était la seule secte qui manqua dans ce pays. » On voit que l’esprit des Lumières règne toujours chez les dirigeants de l’Union européenne qui, dans leur poursuite acharnée de réduire le christianisme à la seule dimension « d’une secte parmi d’autres », demeurent fidèles à la ligne stratégique définie par Voltaire et Frédéric II.
Après avoir inspiré les massacres de la Grande Révolution et ceux des totalitarismes contemporains, la secte philosophique, sortie idéologiquement indemne des décombres qu’elle a contribué à provoquer, œuvre aujourd’hui à Bruxelles, travestissant toujours ses objectifs sous les oripeaux de la démocratie et des droits de l’homme. Et de l’idéologie « humanitaire ».
Autre trait du XVIIe siècle commun au nôtre : l’appétit de jouissance. « Dans ce milieu des philosophes, le viol étonnamment est un sujet qui prête à rire, à ricaner. » L’hédoniste Strauss-Kahn a-t-il actuellement des ennuis pour avoir été simplement un peu trop voltairien ?
« Etrange philosophie, à dire vrai, que celle du XVIIIe siècle (…), prenant du plaisir à tout dégrader, à tout avilir ! Quand on relit avec attention les ouvrages de cette époque, on n’est étonné ni de ce qui a suivi (la Révolution) ni de ce qui en résulte encore à présent. » A travers Voltaire, quintessence des dérives intellectuelles de son époque, Xavier Martin nous promène dans les arcanes souterrains de cette secte philosophique dont le message était celui, appelé à une grande postérité, de l’avilissement et de la culture de mort.

JEAN COCHET
Article extrait du n° 7377 de "Présent" daté du samedi 25 juin 2011