Combattre pour la Famille

Homélie de Mgr. Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne le 15 août à Lourdes

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"La certitude de la victoire ne doit pas nous empêcher de combattre pour la famille"

Extraits de l'homélie prononcée par Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne le 15 août à Lourdes


"La prophétie de l’Apocalypse est très claire en effet : la victoire de la femme sur le dragon concerne autant l’Eglise que Marie. L’une est l’image, l’icône, l’incarnation de l’autre. Dans l’apocalypse, les images se bousculent et s’emboitent les unes dans les autres. L’enfant qui naît, bien sûr, c’est le Christ, mais ce sont aussi tous les enfants de l’Eglise. La femme c’est Marie, mais c’est aussi l’Eglise qui vit dans les douleurs de l’enfantement, dans le désert où elle se trouve, en ce monde sans lui appartenir. En Marie, et en Jésus, l’Eglise est déjà glorifiée et ressuscitée. En nous, elle vit encore la douleur et la souffrance du péché et de la lutte contre le mal et la mort. Victorieuse en Jésus et en Marie, elle est combattante en nous, tout au long de notre vie. Combattants et dans les souffrances du combats, nous sommes déjà vainqueurs. (...)
Mais la certitude de la victoire, n’est pas un appel à la passivité, bien au contraire. Parce que nous savons que la victoire est acquise, il convient que nous nous battions d’autant plus pour faire que tout soit sur terre comme au ciel ! Car la victoire appartient à celles et à ceux qui ont fait la volonté du Père. Ce ne sont pas ceux qui disent « Seigneur Seigneur ! qui entreront dans le Royaume de Dieu, mais ceux qui ont fait la volonté de mon Père » (Mt 7, 21) Ainsi donc, nous qui venons ici célébrer la victoire de Marie, préfigurant la victoire de l’Eglise et la nôtre, nous nous engageons, comme elle, à vivre les défis de notre temps non pas en les subissant mais en les relevant. C’est ce que traduit bien la prière du Notre Père !
Ecoutez d’ailleurs ce que disait Origène :
Notre Père qui es au ciel, Que, sur la terre comme au ciel, Ton Nom soit sanctifié, Ton Règne vienne, Ta volonté soit faite. Notre Père, fais la terre comme le Ciel !
En effet, les trois premières demandes forment une unique prière : On demande à Dieu de faire venir son Règne. Le ciel et la terre désigne la totalité (cf. Gn 1, 1 ; Mt 16, 19). Le ciel représente symboliquement le lieu où la volonté de Dieu est pleinement accomplie, Le lieu sur lequel il règne sans partage et où il est pleinement reconnu comme Père. Nous demandons donc au Père que la terre soit, à l’image du ciel, le lieu de sa souveraineté. Cette traduction a l’inconvénient de ne pas respecter la littéralité du texte, mais elle éclaire bien les vœux, et le catéchisme du Concile de Trente recommande de faire connaître cette interprétation aux chrétiens (cf. Cahier Evangile, Dieu notre Père, 68, p. 43).
(...) Il y a d’abord le défi de la famille. Je le prends à partir du rôle de l’Eglise, tel que l’Apocalypse nous le donne, et dans lequel nous avons vu aussi une image de Marie. Marie, l’Eglise dans leur rôle éducateur et protecteur : cette femme enceinte qui donne naissance à son enfant menacé par le dragon…
Nous sommes, en France, dans l’année de la famille. On ne saurait trop dire à quel point la famille est à la base de la santé de toute société humaine. Par la famille, l’enfant est protégé, éduqué, conduit vers la sagesse et le salut. Sans la famille, l’enfant est ballotté, sans repères et finalement sans espérance. Or l’idée se répand aujourd’hui que la famille traditionnelle est ringarde, qu’il ne faut pas se fier aux traditions antérieures, judéo-chrétiennes et autres. Qu’il faut être de son temps. Le résultat des courses est devant nous, mais beaucoup ne veulent pas le voir. Les gens n’ont plus de repères, et par voie de conséquence, ils n’en donnent plus à leurs enfants et ensuite, ils se plaignent que leurs enfants n’en aient plus. On se plaint de la violence des jeunes, mais sait-on que 90 % de gens qui sont en prison n’ont pas eu de vie de famille ? On se demande pourquoi les jeunes se suicident, mais sait-on que parmi les principales causes du suicide des jeunes il y a ait d’un côté le manque de vie familiale et de l’autre les relations sexuelles précoces ? Au nom de Dieu et au nom de ces enfants qui sont les nôtres et que nous aimons, apprenons de nouveau à faire le bien et à éviter le mal. Retrouvons le chemin d’une fie familiale faite d’amour, de fidélité et de pardon, pour que nos enfants apprennent, à nos côtés, l’amour, le pardon, le partage et la fidélité, qu’ils apprennent par nous que Dieu est fidèle et qu’il tire le bien du mal. N’ayons pas peur d’être, par notre vie, les témoins de la beauté du mariage chrétien, ce sacrement dont le monde a tant besoin, ce sacrement qui manifeste au plus haut point comment, ensemble, homme et femme, dans le don mutuel et sans retour, nous sommes image et ressemblance de Dieu, icône de la Trinité sainte ! Demandons à Dieu le courage de vivre, humblement, l’idéal qu’il nous propose."