Dénaturation du mariage : le cardinal André Vingt-Trois appelle les parlementaires au courage

Lors de la messe annuelle de rentrée des parlementaires célébrée mardi 30 octobre en la basilique sainte Clotilde de Paris

Nous donnons ci-dessous le compte-rendu de Caroline Parmentier dans "Présent". On peut lire aussi celui du Salon beige.


Face au public de choix de la messe parlementaire, le cardinal archevêque de Paris n’a pas esquivé le sujet ni choisi de parler de l’accueil de l’étranger. Il a demandé aux députés et aux sénateurs de ne pas suivre les consignes de leurs partis sur le mariage gay.
Lors de la messe de rentrée des parlementaires et des responsables politiques (discrète incursion catholique dans la très laïque tradition républicaine à chaque début de mois d’octobre, elle existait déjà sous le Second Empire), Mgr André Vingt-Trois a rappelé la très claire opposition de l’Eglise au mariage homosexuel.
Devant un assez large parterre du personnel politique, tant par les responsabilités que par les engagements, rassemblé dans la basilique Sainte-Clotilde voisine de l’Assemblée nationale, il a exhorté les responsables politiques au « courage nécessaire ». Il a insisté sur leur « liberté de conscience personnelle » quand ils doivent légiférer sur des « grands enjeux » de société comme la « transformation législative du mariage » : « La liberté doit se gagner et se défendre face aux lobbies qui saturent les espaces de communication. La liberté doit résister au conformisme de la pensée “prête à porter” qui évite de trop s’interroger. Elle suppose de ne pas s’en remettre à l’avis de tel ou tel prétendu spécialiste. »
L’archevêque de Paris a insisté sur la vertu de « courage » si « nécessaire » quand « il s’agit pour le responsable politique de prendre ses distances par rapport à son entourage idéologique ou à son parti et d’exposer son image publique ».
Option sans doute difficile, a précisé le président de la Conférence des évêques, mais c’est souvent « ce à quoi l’on reconnaît les hommes et les femmes de conviction » : « Dans la vie d’un pays, il est des sujets qui engagent la vie personnelle des citoyens et qui ne dépendent pas simplement d’une majorité électorale, même si elle était importante. Au printemps dernier, les électeurs ont désigné le président de la République et les députés pour engager de nouvelles orientations politiques. Je ne pense pas que l’organisation des mœurs conjugales et de la transmission de la filiation fasse partie des éléments d’une alternance politique. Elle engage trop profondément l’avenir de la société pour n’être qu’une conséquence automatique d’une élection. »
Et le cardinal de justifier cette intervention de l’Eglise : « Certains de nos concitoyens contestent aux chrétiens le droit d’exprimer leur conception du mariage et les soupçonnent de vouloir l’imposer à toute la société. Pourtant dans le débat qui secoue notre société – bien que l’on nous eût dit qu’il était superflu puisque tout le monde était supposé d’accord – il est assez facile de comprendre qui est en train d’imposer une conception particulière du mariage à la société. »
« Ce n’est pas nous, a poursuivi Mgr Vingt-Trois, qui entreprenons de substituer au mariage un autre modèle qui empêchera les enfants d’identifier dans leur famille la dualité sexuelle d’un père et d’une mère, constitutive de l’humanité. (…) Ce n’est pas nous qui donnons prise à la revendication illégitime d’un “droit à l’enfant”. Ce n’est pas nous qui faisons la promotion d’une réforme de civilisation, sans permettre à ceux qui en subiront les conséquences de pouvoir y réfléchir et de donner leur avis. »
Au Parlement malheureusement, la messe n’est pas dite.

CAROLINE PARMENTIER
Article extrait du n° 7720 du quotidien "Présent" - jeudi 1er novembre 2012