A propos de récents propos de Frigide Barjot ...

Un commentaire pertinent de Jeanne Smits

Un commentaire de Jeanne Smits dans Présent (extraits) :

"(...) Mercredi soir, invitée de l’émission « Des clics et des claques » sur Europe 1, Frigide Barjot a dit et répété son hostilité viscérale à ceux qui ne se reconnaissent pas dans les objectifs de « sa » manif (mais ce n’est pas sa manif !) du 13 janvier, et qui entendent se réunir en marge et ailleurs à l’appel de Civitas et de plusieurs autres mouvements, pour défiler sous des bannières explicitement catholiques.

Interpellée à répétition pour se désolidariser de ces « identitaires » intégroïdes, Frigide Barjot s’est engagée solennellement, jurant « sur la tête » de ses enfants, qu’il n’y aurait pas un seul « intégriste » dans la « Manif pour tous ». Elle sera « Nette de fachos », tout est prévu pour éjecter les mal-pensants, la préfecture de police a été sollicitée pour les tenir à distance. Comme quoi on peut annoncer une manif « pour tous » contre la dénaturation du mariage et dénaturer soi-même le sens des mots…

(...) Frigide Barjot a réitéré mercredi soir son discours d’opposition au « mariage » gay, fondé uniquement sur le fait que le mariage étant le cadre juridique de la filiation, il ne faut pas l’ouvrir aux couples homosexuels pour ne pas bouleverser ce cadre stable inventé pour la protection des enfants. Elle a raison d’évoquer la filiation. Elle a tort de s’arrêter là, et de souhaiter de meilleurs droits pour les couples homosexuels, comme elle l’a encore fait de manière appuyée, au motif que les amours homosexuelles sont belles et méritent un cadre juridique aligné – sauf pour la filiation – sur celui des couples formés d’un homme et d’une femme.

C’est méconnaître absolument le sens du mariage, qu’il soit chrétien ou naturel. C’est ouvrir – et c’est déjà largement fait – la porte à l’accusation d’homophobie (et l’« homophobie » est en droit un délit) à l’égard de tous ceux qui, ne partageant pas cette vision ahurissante, continuent de dire que l’union d’un homme et d’une femme, qu’ils soient païens, chrétiens, croyants ou non est une donnée de l’ordre naturel, la pierre de construction de la société, qu’ils aient d’ailleurs des enfants ou non : un mariage stérile n’est pas moins un mariage, image de l’amour divin, qu’une union bénie d’enfants.

Pire, c’est donner des armes à ceux qui dénoncent non seulement la ringardise ou le « fascisme » de ceux qui présentent les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés », mais qui les désignent comme coupables devant la justice, les médias, le monde.

Frigide Barjot ne représente qu’elle-même. Je ne crois pas un instant que ses déclarations emportent l’adhésion de la plupart des organisateurs de la « Manif pour tous ». Et c’est pourquoi il ne faut pas porter l’opprobre sur ce grand mouvement du 13 janvier.