La charte de Vincent Peillon

« la Nation confie à l’Ecole la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République… ».

Le commentaire de Jacques Trémolet de Villers dans "Présent" (n°7940)


Qu’il est intéressant, le Vincent Peillon, avec sa Charte de la laïcité à l’école ! Il nous donne, sur une page coloriée de bleu et de rouge, ce qu’on pourrait appeler l’âme du socialisme, si ces deux mots ne juraient pas. Ame est un mot vraiment trop beau, pour être ici employé. Esprit correspond mieux, puisqu’il y a de bons et de mauvais esprits.

Tel est donc l’esprit qui nous gouverne.Il nous dit : « la Nation confie à l’Ecole la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République… ».

Il y a trois majuscules dans cette phrase, Nation, Ecole, République. Trois abstractions. Trois divinités mises au-dessus du commun des mortels.

Il y a une seule réalité humaine. Elle est en minuscule, au pluriel, ce sont « les élèves ».

Observons qu’il ne dit pas « les enfants », mais « les élèves », car l’enfant n’est appréhendé que dans sa condition de sujet de l’école. Et l’Ecole qui s’écrit en majuscule n’est aucunement au service de l’élève, mais elle est l’instrument de la Nation. L’Ecole a une mission, reçue de la Nation. Cette mission n’est pas d’enseigner le Vrai, le Beau et le Bien, mais de « faire partager les valeurs de la République ».

« Faire partager », c’est la version moderne « d’inculquer », ou « d’adhérer ». Cette version moderne, qui semble plus douce, est en réalité plus contraignante encore, car un partage est normalement un acte volontaire, accompli à l’initiative et selon la volonté de ceux qui se partagent la chose, le bien, l’héritage. Mais le partage imposé, « faire partager », ne peut exister sans une contrainte qui s’impose à tous. Si tu ne partages pas les valeurs que l’Ecole a la mission de te faire partager, tu es automatiquement et définitivement exclu.

La sanction logique de ce « faire partager », c’est l’exclusion de celui qui ne voudrait pas partager. On notera que l’hypothèse du refus de partager n’est même pas envisagée, tant il apparaît évident au rédacteur de la Charte qu’elle est impossible. D’où le caractère terrifiant de l’exclusion encourue.