Bossuet «Le Seigneur s’est cherché un homme selon son cœur.»
(I Reg., XIII, 13)
Second panégyrique de Saint Joseph
« Cet homme selon le cœur de Dieu ne se montre pas au dehors, et Dieu
ne le choisit pas sur les apparences, ni sur le témoignage de la voie
publique.
Le temps était arrivé que Dieu cherchât un homme selon son cœur,
pour déposer en ses mains ce qu’il avait de plus cher; je veux dire la personne
de son Fils unique, l’intégrité de sa sainte Mère, le salut du genre
humain.
Il laisse Jérusalem et les autres villes renommées ; il s’arrête sur Nazareth
; et dans cette bourgade inconnue il va choisir encore un homme
inconnu, un pauvre artisan, Joseph en un mot, pour lui confier un emploi
dont les anges du premier ordre se seraient sentis honorés, afin, que
nous entendions que l’homme selon le cœur de Dieu doit être lui-même
cherché dans le cœur, et que ce sont les vertus cachées qui le rendent digne
de cette louange.
C’est un vice ordinaire aux hommes, de se donner entièrement au dehors
et de négliger le dedans, de songer souvent tel qu’ils paraissent et de ne
penser point tel qu’ils doivent être.
C’est pourquoi les vertus qui sont estimées, ce sont celles qui se mêlent
d’affaires et qui entrent dans le commerce des hommes : au contraire les
vertus cachées et intérieures, où le public n’a point de part, où tout se passe
entre Dieu et l’homme, non seulement ne sont pas suivies, mais ne sont
pas même entendues.
La simplicité, le détachement, l’amour de la vie cachée sont donc les
trois vertus du juste Joseph. En ces trois vertus consiste le caractère de cet
homme de bien dont nous parlons ; c’est aussi en ces trois vertus que
consiste le caractère du juste Joseph.
Car cet homme de bien que nous considérons, pour être selon le cœur
de Dieu, il faut premièrement qu’il le cherche ; en second lieu, qu’il le
trouve; en troisième lieu, qu’il en jouisse. Joseph, homme simple, a cherché
Dieu ; Joseph, homme détaché, a trouvé Dieu ; Joseph, homme retiré, a
joui de Dieu ».