Pèlerinage 2018 : Homélie de Mgr Denis Jachiet à Notre Dame de Paris

NDC2018-Mgr-Denis-Jachiet.jpg Homélie de Mgr Denis Jachiet, évêque auxiliaire de Paris, lors de la messe d'ouverture du 36e pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté le samedi 19 mai 2018 à Notre-Dame de Paris:


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Béni soit le Seigneur qui vous rassemble si nombreux, anciens et nouveaux de ce pèlerinage pour prendre ensemble la route de Notre-Dame de Chartres et cheminer vers le Seigneur ! Ce matin j’aimerais vous poser une question. Demandez-vous pourquoi vous partez en pèlerinage.

Bien sûr toutes sortes de réponses peuvent habiter vos cœurs. Ce peut être le désir d’une marche exigeante à travers la Beauce tout en faisant une démarche religieuse. On peut vouloir faire acte de mémoire et inscrire ses pas dans une tradition séculaire de nombreux pélerins.
On peut désirer recevoir une grâce particulière et venir la mendier auprès du Seigneur en se faisant pèlerin. Ce peut être pour soi ou pour un autre dont nous savons le besoin en le portant dans la prière d’intercession, comme le fit Charles Péguy en 1912.
Partir en pèlerinage c’est aussi un acte pénitentiel qui permet de reconnaitre nos péchés, de les confesser et de demander au Seigneur le pardon et la force de se convertir.
Quelle meilleure manière que de célébrer la fête de la Pentecôte en cheminant au milieu de pèlerins qui nous aident à percevoir le mystère de l’Eglise, peuple de Dieu en marche et Corps mystique du Christ.
Ce pèlerinage est aussi bien sûr un acte de dévotion filiale envers la bienheureuse Vierge Marie, celle qui siège en cette cathédrale et en celle de Chartres pour y accueillir ses enfants.

Tout cela est vrai, pourtant la raison la plus essentielle d’un pèlerinage surplombe toutes ces motivations.
En venant en ce monde, le Verbe éternel a partagé l’intégralité de notre condition humaine, sans le péché. Le Christ a marché sur les routes de Galilée et de Judée et a déclaré ne pas avoir « d’endroit où reposer la tête ». (Mt 8, 20) Il a sanctifié la terre qu’il a foulée.
En choisissant d’accomplir en tout la volonté du Père, le Seigneur Jésus est mort sur la Croix pour que nous ayons la Vie. A cause du péché, l’homme avait perdu l’accès à la vie éternelle ; à cause de l’offrande d’amour du Christ sur la Croix, il l’a retrouvé. Par sa mort librement consentie et par sa résurrection au matin de Pâques, le Seigneur Jésus nous a ouvert les portes de la Vie éternelle. Désormais notre vie humaine n’est plus bornée par l’horizon de la mort. Par la grâce du Baptême, nous avons reçu une vocation à la sainteté. Notre vie est un passage vers le Salut qui nous est promis. Notre Seigneur est parti nous préparer une place dans les demeures du Père, il a fait de nos vies, un pèlerinage vers notre destinée céleste.

Partir en pèlerinage, c’est se recentrer, avec son corps et son âme, sur l’essentiel de notre vie. Marcher ensemble en priant, dans la foi, l’espérance et la charité, nous rappelle le chemin de conversion à parcourir vers notre destinée éternelle. Le pèlerinage fait grandir en nous le désir de s’unir à l’Eglise du Ciel, à la Vierge Marie, à St Joseph, au St Padre Pio et à tous les saints du ciel.

Lorsque Dieu a choisi Joseph pour qu’il soit l’Epoux de Marie et le père, éducateur et protecteur, de Jésus, il ne lui a pas tracé une vie facile ni une route toute droite. Il a dû partir de Galilée vers Bethléem avec Marie enceinte de l’Enfant Jésus pour se faire recenser. Il a dû se lever dans la nuit, prendre l’Enfant et sa Mère et fuir en Egypte. Il a consenti à quitter son pays pour devenir, comme ses ancêtres, un émigré au pays d’Egypte. Sur l’ordre de Dieu, il s’est encore levé, prenant l’Enfant et sa Mère pour un long retour vers Nazareth. Que de pérégrinations, que d’exils, que de cheminements !
Saint Joseph, homme juste et obéissant s’est fait pèlerin non par goût mais pour remplir la mission de veiller sur le Fils de Dieu confié à sa garde ainsi que sur la Vierge Marie son Epouse.
Pèlerin de Dieu, Saint Joseph nous est donné comme modèle de toute vie chrétienne. En accomplissant la mission de protéger l’Enfant Jésus et la Vierge Marie sa mère, St Joseph, s’est vu confier les mystères du Salut, les biens les plus précieux de l’histoire du monde. St Joseph a reçu cette mission éminente de tout son être. Rien n’est jamais passé devant cette mission, rien ne l’en a jamais détourné.
Saint Joseph est le modèle de notre mission de chrétien. Tous ne sont pas époux, père, au service d’une vie professionnelle. Tout chrétien est cependant appelé à être gardien des mystères du salut qui ont été déposés en lui au jour de son Baptême.

Nous avons reçu la grâce des Sacrements, la Bonne Nouvelle du Salut, et la connaissance des commandements et du chemin des Béatitudes. Que faisons-nous de ces trésors ? Sont-ils remisés dans un tiroir dès nous arrivons au travail ou en présence de non-croyants ? Nous sentons-nous gardiens en ce monde des mystères de notre foi, de Jésus et de Marie, de l’amour dont ils nous remplissent ?
Demandons à Saint Joseph qu’il intercède pour nous. Qu’il nous aide à comprendre la mission de témoins du Christ qui nous est demandée en ce monde. Qu’il nous obtienne la force de l’accomplir. Qu’il nous aide à prendre chez nous Marie, notre mère dans la grâce.

En cheminant dans la foi vers le sanctuaire de Chartres, que nos cœurs s’ouvrent à l’Esprit Saint répandu sur l’Eglise au jour de la Pentecôte. Que nous recevions encore « l’Esprit de Vérité que le monde ne peut recevoir parce qu’il ne le connait pas ». C’est lui qui nous rendra missionnaires et clairvoyants, conscients des trésors de grâce déposés en nos cœurs pour qu’en répondant à notre vocation personnelle, nous servions le Christ notre Seigneur.