Petit rappel d'histoire d'une grande fête mariale

Contrairement à de nombreuses idées reçues, l’Immaculée Conception ne trouve pas son origine au XIXe siècle, même si l’apparition de la Sainte Vierge à Sainte Bernadette le 25 Mars 1858 marque la triple répétition de ce vocable par Marie elle-même.

On trouve la notion d’Immaculée Conception de manière implicite dans la Bible dans le "Protévangile" de Gen 3, 15 ou la figure de l'épouse mystique : "tu es toute pure et il n'y a pas de tâche en toi " (Cant 4, 7) et surtout dans la salutation angélique que nous chantons tant sur la route de Chartres !"Pleine de grâces" (Luc 1, 28) ? Exactement !  Le grec "Kecharitômènê" est intraduisible en un seul mot mais signifie que Marie est l'objet par excellence d'une faveur de Dieu. Les Pères de l'Eglise et les autres témoins de la Tradition parlent  de l'Immaculée Conception de plus en plus nettement au fil des siècles.

On trouve ainsi Saint Ephrem (+ 373) : "En vous Seigneur, il n'y a aucune faute et en votre Mère aucune tâche" ; le grand saint Augustin (+ 431) : "Il ne saurait être question de péché quand il s'agit de Marie." Le Concile de Latran en 649 appelle Marie "toujours vierge immaculée".

La fête de la Conception immaculée de Marie est d’ailleurs célébrée en Orient dès le VIIe siècle. Elle apparaît en Occident au Xe siècle en Angleterre et arrive en France par la Normandie au XIIe siècle. C'est une gloire de Lyon de la fêter le 8 décembre malgré les foudres de saint Bernard qui, en 1139, croit y voir une nouveauté ! Après l'efflorescence des poésies qui chantent l'Immaculée au XVe siècle, le Concile de Trente déclare au XVIe siècle, ne pas "inclure dans le décret relatif au péché originel la bienheureuse et immaculée Vierge Marie".

Tout s'accélère au XIXe siècle, notamment sous l’influence considérable des apparitions parisiennes de la rue du Bac en 1830. La médaille que la Vierge demande à sainte Catherine Labouré porte l'inscription "Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous." L'abbé Laurentin a calculé que cent millions de médailles miraculeuses avaient été diffusées entre 1832 et 1842 !

Bref, l'Immaculée Conception est sur toutes les lèvres avant d'être proposée comme une vérité de foi indiscutable devenue dogme le 8 décembre 1854. Beaucoup d'évêques et de fidèles demandaient cette proclamation. Le Bienheureux Pie IX fit examiner longuement la question par des théologiens et consulta les évêques du monde entier. Il définit enfin, infailliblement : "La doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie, dans le premier instant de sa Conception a été, par une grâce et un privilège spécial du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu et par conséquent elle doit être crue fermement et inviolablement par tous les fidèles." (Bulle Ineffabilis Deus).

La petite Bernadette ignorait toute cette longue histoire et de ces savantes approches théologiques lorsque, quatre ans plus tard, la Vierge de Massabielle vient confirmer Elle-même la déclaration du Pape à Lourdes !

Les Protestants, eux, récusent l’Immaculée Conception au nom de l'universelle gravité du péché originel. Or Marie, parce qu’elle est la Mère de Jésus, lui a donné son être et parce que le Fils est immaculé, la Mère doit l'être aussi. Marie doit tout, absolument tout au Christ, antérieurement à toute possibilité de mérite de sa part.

Les orthodoxes actuels, minimisant au contraire le péché originel, estiment que cette préservation du péché diminuerait l'exploit de la sainteté de Marie. Conçue sans péché, Elle aurait moins de liberté de lutter contre le Mal. Or c’est le contraire : le péché rendant esclave et Marie en étant préservée, elle devient plus libre  pour le combattre.