Bonne fête de l'Ascension !!!

Nous voici à l'Imbomon, ce lieu sacré au sommet du Mont des Olives, à l'Est de la cité sainte Jérusalem. Imbomon, en dérivé de l'araméen, c'est la hauteur.

De ce sommet, le regard plonge en contrebas, sur deux autres lieux sacrés. A mi-pente, celui où Jésus versa des larmes sur sa ville et son peuple infidèle. Dominus flevit. Et tout au fond, celui où Jésus versa de l'eau et du sang sur le péché du monde. Gethsemani.

Là Jésus fut à genoux, et même prostré, écrasé. Serviteur et souffrant.

Ici, Jésus est debout, et même élevé, exalté. Seigneur et triomphant.

 

En esprit, après tant de saints et de pèlerins, nous embrassons aujourd'hui la pierre où demeure marquée la dernière empreinte des pieds du Seigneur. Il s'est montré sur la terre, a passé faisant le bien, et a vécu en compagnie des hommes (Baruch, III, 8 - Actes X, 38).

 

Nous sommes sur la hauteur. Et dans l'Ascension du Christ nous mesurons la vraie hauteur de Jésus, son rang de Seigneur, Kyrios.

La première altitude est matérielle, elle se mesure en mètres.

La deuxième est spirituelle, elle se mesure en perfection de nature.

 

Cette double altitude est exprimée magnifiquement par le grégorien de ce jour ; quelle montée dans les textes et les notes ! D'ordinaire nos pensées précèdent et inspirent nos paroles et nos chants. Mais ici c'est l'inverse ; Mens concordet voci, dit St Benoit. Les paroles et chants sacrés que nous recevons élèvent nos pensées et nos cœurs. Viri Galilei de l'Introït – puis un peu plus loin, encore ce double Alleluia. Dieu monte dans la jubilation, le Seigneur au son de la trompette. Et l'offertoire reprend en vertigineuse élévation cette acclamation. Le Seigneur est en son Sinai (sa haute falaise), en son lieu saint. Enfin c'est l'interminable montée de la Communion.

 

Au sujet de Jésus, nous retenons surtout de cette Ascension ce qui commence.

Dans la gloire divine, le Christ se tient désormais à la droite du Père, « toujours vivant pour intercéder en notre faveur ». Cette médiation principale de Jésus est unique. Les autres sont multiples ; celle de Notre-Dame, celle des saints et saintes, celle de l'Eglise, du prêtre, des supérieurs, ...  Elles sont secondaires et dérivées de la médiation de Jésus.

Secondaire, ce n'est pas encombrant ni insignifiant. Elles ne sont pas rien. Mais elles ne lui enlèvent rien. Pas plus que des canaux n'enlèvent à une source.

 

Pour nous-mêmes, nous goûterons une grande joie.

Joie, état de l'âme qui possède un bien. Et parce que les amis mettent leur bien en commun, alors ce qui touche l'un réjouit l'autre. Nous sommes joyeux de voir Jésus tout irradié de la gloire divine, tout entier remonté dans l'éternelle béatitude. Et nous sommes joyeux aussi par l'assurance qu'Il est allé nous préparer une place.

Nous entendrons mieux désormais au Gloria de la Messe, ce Tu solus altissimus ; Vous seul êtes le Très Haut, Jésus Christ.

Nous comprendrons aussi, mais plus intimement, le Sursum corda de la Préface et de la vie intérieure. Sursum corda, élevons nos cœurs au-dessus de l'enchevêtrement de nos préoccupations, de nos désirs, de nos angoisses, de nos distractions. C'est un soulèvement d'âme dans la joie et la prière.

 

Une dernière leçon de vie chrétienne...

Le Seigneur a passé, faisant le bien. A Dominus flevit. A Gethsemani. A l'Imbomon.

Il nous y fait passer après Lui, à sa suite. Et pour faire le bien, toujours. Comme le rappelait Benoit XVI, « l'ascension à Dieu advient précisément dans la descente de l'humble service, dans la descente de l'amour, qui est l'essence de Dieu. Et donc la force purificatrice, qui rend l'homme capable de percevoir et de voir Dieu » (Jésus de Nazareth).

Quiconque essaye, pour de bon, de vivre intérieurement cela, sait ce qu'il en côute.

Combien il est difficile d'avoir l'âme haute sans être hautain, d'avoir le cœur humble sans être mesquin ou rétréci.

Combien il est délicat d'être exigeant avec patience, et patient avec exigence.

Combien il est rude de demeurer humble dans les succès, et confiant dans les échecs.

 

Mais pour tout ce qui est difficile, délicat et rude, il y a l'aide du St Esprit que nous pouvons demander avec confiance. La remontée du Christ au ciel est condition et annonce de sa descente sur l'Eglise et nos âmes. Dans la neuvaine qui commence aujourd'hui, appelons le à la rescousse ;

 Doux hôte de l'âme et père des pauvres que nous sommes,

Venez... assouplir ce qui est raide, affermir ce qui fléchit.

 

Inspirez-nous toujours

la joie de voir l'Ami élevé et glorieux,

l'espérance de le rejoindre,  et la force de le suivre !