1ère méditation sur la dignité de la personne : Ste Jeanne Beretta Molla

Chers amis pèlerins, nous allons commencer cette journée de marche en méditant la vie de sainte Jeanne Beretta Molla. Nous pouvons tous, petits et grands, trouver chez elle de multiples exemples de sanctification. Même si nous n’avons pas été confrontés à l’épreuve qui fut la sienne : offrir sa vie pour sauver celle de l’enfant qu’elle portait.

  • Aux enfants, elle redit : fidélité dans la prière ;
  • Aux adolescents elle redit : apostolat ;
  • Aux médecins elle rappelle : « Le Christ se trouve dans chacun de vos malades. »
  • Aux mères de famille elle apprend le don sans compter.
  • À nous tous elle montre, à l’image du Christ, qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
  • Puisse son exemple toucher aussi le coeur de ceux qui ne respectent pas la vie dès son commencement.

Une enfance vraiment chrétienne

Jeanne naît le 4 octobre 1922 à Magenta, au nord de l’Italie. Dixième de treize enfants, elle grandit au sein d’une famille très pieuse et très unie. Ses parents sont tertiaires franciscains, engagés à vivre l’Évangile selon l’esprit et l’exemple de saint François. Ils assistent chaque jour à la messe et mènent une vie simple, de pénitence et de charité. « Le matin, maman nous accompagnait à la messe et nous

aidait par ses paroles à nous préparer à la communion ; papa nous aidait à prier pendant la messe de dimanche. Le soir, nous récitions tous ensemble le chapelet. Papa nous apprenait aussi à avoir grand soin des personnes âgées, abandonnées ou délaissées. »

Cette éducation chrétienne, bâtie sur la prière, le don de soi et le service des autres, est pour Jeanne une véritable école de sainteté.

Une adolescente à la foi rayonnante

Élève moyenne, Jeanne est plus attachée aux exigences de sa foi, à ses prières, à sa communion qu’à ses études. « Elle avait une foi si communicative, que tous ceux qui la fréquentaient se sentaient attirés à l’église. On voulait participer avec plus de ferveur à la vie chrétienne grâce à son exemple. Outre la messe du matin, elle retournait à l’église pour les vêpres l’après-midi, et le chapelet du soir », se souvient une de ses amies.

À 12 ans, Jeanne devient membre de l’action catholique italienne, une association de laïcs soucieux de reconstruire la société sur des bases chrétiennes, au sein de laquelle elle va mener un apostolat intensif.

La seconde conversion des 20 ans

En mars 1938, Jeanne participe à une retraite de saint Ignace qui donne un coup d’accélérateur à sa vie spirituelle. Elle y prend la résolution d’imiter le Christ, d’être son apôtre au milieu des autres, de prier chaque jour, d’éviter le péché, et de faire de nombreux sacrifices. Elle puisera dans cette retraite les forces nécessaires pour affronter les épreuves à venir.

À 20 ans, elle perd ses deux parents à quatre mois d’intervalle. La même année, en 1942, elle obtient son baccalauréat. Hésitant à devenir religieuse ou missionnaire au Brésil auprès de son frère capucin, elle s’inscrit à la faculté de médecine de Pavie. Malgré sa lourde charge de travail, Jeanne continue d’assister quotidiennement à la messe et de réciter chaque soir son chapelet comme ses parents l’y avaient habituée.

Elle entre également dans la période la plus fertile de son apostolat en s’impliquant dans la société saint Vincent de Paul et dans le patronage de sa paroisse. Pleine d’énergie et d’enthousiasme, elle organise pour les jeunes filles des excursions, des jeux, des pièces de théâtre et leur enseigne l’action dans une société déchristianisée. « N’ayez pas peur de défendre Dieu, l’Église, le pape et les prêtres, leur dit-elle. Contre cette campagne antireligieuse et immorale, nous ne pouvons rester indifférentes. Il faut entrer dans tous les champs d’action, social, familial, politique. Et travailler parce que toutes les forces du mal, obscures et menaçantes, sont réunies. Mais avant d’agir, élevons

notre âme à Dieu. C’est seulement quand nous serons riches de la grâce de Dieu que nous pourrons la répandre autour de nous, car on ne donne que ce que l’on a », leur dit-elle.

Médecin : plus qu’un métier, un apostolat

Jeanne décroche son diplôme de médecin chirurgien en 1949, puis sa spécialisation de pédiatre trois ans plus tard. Elle ouvre un dispensaire privé à Mesero, dans la banlieue milanaise. Là, elle s’occupe de tous ses malades avec un grand dévouement, ne refusant jamais de se déplacer, y compris la nuit. Elle apporte réconfort aux enfants, aux personnes âgées et aux futures mères pendant leur accouchement.

Quand les médicaments ne sont plus efficaces, elle aide les malades à se préparer et à accueillir la volonté du Seigneur. Elle vit sa profession comme un apostolat et en souligne la beauté. « Nous médecins travaillons directement sur l’homme. Dans ce corps, il y a un esprit immortel. Dieu a greffé le divin sur l’humain de sorte que tout ce que nous faisons pour l’homme prend une valeur plus grande. Celui qui visite un malade, c’est moi qu’il aide dit Jésus.

Ainsi nous touchons Jésus dans le corps de nos malades. Que Jésus se montre à travers nous, qu’il trouve tant de médecins qui s’offrent pour lui. » Elle dira aussi : « Notre mission, à nous médecins catholiques, n’est pas finie quand les médicaments ne servent plus ; il faut porter l’âme à Dieu. Tout médecin doit livrer le malade au prêtre. »

Épouse et mère de famille

Alors qu’elle pense encore rejoindre son frère en mission, Jeanne rencontre Pierre Molla, un ingénieur très pieux, lui aussi membre de l’action catholique. En pèlerinage à Lourdes elle demande à la Sainte Vierge de l’éclairer et revient avec la certitude qu’elle doit se marier.

« Les voies du Seigneur sont toutes belles pourvu que le but soit toujours le même : sauver notre âme et réussir à porter beaucoup d’autres âmes au paradis », écrira-t-elle. Le couple se marie le 24 septembre 1955.

L’épreuve et l’ultime don de soi

Jeanne est enceinte de son quatrième enfant lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur à l’utérus. Elle refuse catégoriquement l’avortement qui lui garderait la vie sauve. Au médecin qui doit l’opérer elle ordonne : « Si vous devez décider entre moi et l’enfant, n’hésitez pas, choisissez l’enfant je l’exige ! » L’opération réussit. La tumeur est enlevée et la grossesse préservée.

Mais lorsque celle-ci arrive à son terme, Jeanne sait que le danger n’est pas totalement écarté. Elle arrive à l’hôpital en disant : « Me voici, je suis ici pour mourir, il suffit que tout aille bien pour le bébé. » Les jours qui suivent la naissance de la petite Jeanne-Emmanuelle la voient sombrer dans d’atroces douleurs.

Jeanne rend l’âme le 28 avril 1962, à l’âge de 39 ans, après avoir répété « Gesù, Ti amo - Jésus je t’aime. » « Le choix de Jeanne, dira son mari, est le résultat cohérent de toute une vie : un progrès constant dans le don de soi. »

Et à ceux qui ne comprennent pas son sacrifice, il expliquera : « Tu savais que la place de la mère pour élever nos enfants n’a pas son pareil. Mais dans ton humilité et surtout dans ta pleine confiance en la Providence, tu étais persuadée de ne pas commettre une injustice envers nos trois enfants ; parce qu’en cette circonstance douloureuse, celui qui avait la première nécessité et qui dépendait entièrement de toi, c’était le fruit de ton sein […]. Je partageais ta foi et ne m’opposais pas à l’héroïsme de ta charité. »

Jeanne Beretta Molla est canonisée par saint Jean-Paul II le 16 mai 2004 en présence de son mari et de ses enfants. Retenons les paroles qu’il prononça à cette occasion : « À l’exemple du Christ, qui ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin (Jean 13, 1), cette sainte mère de famille resta héroïquement fidèle à l’engagement pris le jour de son mariage. Le sacrifice extrême qui scella sa vie, témoigne que seul celui qui a le courage de se donner totalement à Dieu et à ses frères se réalise lui-même.

Puisse notre époque redécouvrir, à travers l’exemple de Gianna Beretta Molla, la beauté pure, chaste et féconde de l’amour conjugal, vécu comme une réponse à l’appel divin ! »

Dix ans auparavant, lors de la sa béatification, le 25 avril 1994, le Saint- Père avait déclaré : « Jeanne Beretta-Molla sut donner sa vie en sacrifice, afin que l’être qu’elle portait en son sein – et qui est aujourd’hui l’un de nous ! – puisse vivre. En tant que médecin, elle était consciente de ce qui l’attendait, mais elle n’a pas reculé devant le sacrifice, confirmant ainsi l’héroïcité de ses vertus. Nous désirons rendre hommage à toutes les mères courageuses, qui se consacrent sans réserve à leur famille, et qui sont prêtes ensuite à ne ménager aucune peine, à faire tous les sacrifices, pour leur transmettre ce qu’elles ont de meilleur... »