3ème méditation sur la dignité de la personne : nous sommes créés et appelés à vivre en société

 «Seigneur, qu’est-ce que l’homme, pour que vous le connaissiez, et le petit d’homme pour que vous lui accordiez tant d’attention ! »

Ami pèlerin ! Merveilleuse vérité portée par ce psaume : Dieu fait attention à ce que tu es ! « Qu’est-ce que l’être humain ? » C’est bien cela que nous allons faire maintenant : redécouvrir qui nous sommes en vérité aux yeux de Dieu.

Un « Mowgli », enfant-loup, « bon sauvage » gêné par la société ? Un individu déconnecté et indifférencié, citoyen du monde ? « Consommateur producteur » interchangeable et jetable ? Non... C’est fondamental ! Nous sommes créés et appelés à vivre en société.

L’homme est un animal social, la société est voulue par Dieu

Dans la Genèse, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » et plus loin : « il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie ». Ainsi donc dès l’origine l’homme est créé pour vivre en société. Ce premier couple, société de l’homme et de la femme, est aussi la première communauté des personnes. L’homme est naturellement, profondément un être social !

Nous sommes créés et appelés à vivre en société.  Sans relation avec autrui , il ne peut vivre ni épanouir ses qualités. Il est la seule créature visible que Dieu a voulue pour elle-même. Et il ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même.

L’homme a une double dimension : personnelle et sociale

• Tous les hommes sont appelés à la même fin, Dieu lui-même. Comme enfant de Dieu, l’homme doit non seulement aimer Dieu mais aussi aimer son prochain comme soi-même. C’est la dimension personnelle.

• L’homme grandit selon toutes ses capacités et répond à sa vocation. Certes... mais comment ? Par l’échange avec autrui, la réciprocité des services, le dialogue avec ses frères. C’est la dimension sociale.

Retenons-en 3 mots-clés ; DÉPASSEMENT (ne pas rechercher seulement ou d’abord mon bien particulier), DÉVOUEMENT (chercher le bien des communautés auxquelles j’appartiens), RESPECT (avoir une juste relation à l’autorité qui est en charge du bien commun).

Ensuite, la société est un peu le reflet des personnes qui la composent.

L’équation est simple... Tôt ou tard, société d’hommes pervertis = perversion des structures + inversion des valeurs de références. Saint Jean-Paul II a dénoncé ces « structures de péché », fruits pourris des péchés personnels accumulés.

Le pape émérite Benoît XVI rappelait aussi que « sans Dieu, les droits de l’homme s’effondrent ». « L’idée des droits de l’homme ne garde en dernière analyse sa solidité que si elle est ancrée dans la foi en Dieu créateur. C’est de là qu’elle reçoit à la fois la définition de ses limites et sa justification. »

La société forme l’esprit des hommes, mais à leur tour les hommes forment la société. La société est donc un véritable trésor pour la personne.

On lui doit tout un patrimoine matériel et spirituel. Mais elle ne peut durer que si, ayant tout reçu d’elle, nous transmettons aux générations futures et améliorons ce patrimoine par notre travail.

Donc la société doit être au service de l’homme

« Sans doute, l’homme est, par nature, destiné à vivre en société mais, ainsi que l’enseigne la seule raison, la société est faite pour l’homme et non l’homme pour la société. »

La société est au service de l’homme et de son côté l’homme a des devoirs vis-à-vis de la société, qui en quelque sorte devient son image. Dès que les personnes sont réduites à de simples moyens en vue d’un but, il n’y a plus de limites, tous les désordres sont possibles. Vous avez tous des exemples en tête, citons-en quelques-uns:

• Les conditions de vie insalubres ou indignes : est-ce acceptable?

• L’esclavage : un marché des esclaves existe aujourd’hui encore en Libye par exemple ! la « traite des blanches » à des fins sexuelles aussi...

• L’exploitation des personnes au-delà du raisonnable dans le monde du travail : pensons au travail des enfants, ou aux burn-outs en augmentation dans nos sociétés dites civilisées...

Ainsi l’économie doit être au service de l’homme et non l’inverse.

Que faire chers pèlerins face à des situations de désordre

ou injustes ?

• Agir en chrétien, c’est-à-dire oeuvrer pour faire respecter une juste hiérarchie des valeurs.

Ne pas inverser fin et moyens mais au contraire faire reconnaître d’abord la valeur et la grandeur de la personne.

Alors seulement l’homme peut « jouir convenablement de son humanité, et entrer dans les relations de solidarité et de communion avec les autres hommes, pour lesquelles Dieu l’a créé. »

De la différence des personnes naît la vie sociale

Regardez maintenant votre voisin(e)... C’est une évidence; il (elle) est différent(e) de vous ! Les dernières découvertes sur l’ADN confirment ce que l’Église a toujours enseigné : il n’y a pas deux personnes semblables... Non seulement dans notre chapitre, notre colonne, notre famille, notre pays... mais encore sur terre !

Chaque personne est différente et unique mais possède la même dignité que toutes les autres. Elle est aussi d’une valeur inestimable en raison de cette dignité de créature « à l’image et à la ressemblance de Dieu ». Cette différence des personnes permet la vie sociale et est voulue par Dieu dès l’origine : « Je n’ai pas voulu que chacun possédât tout ce qui était

nécessaire pour que les hommes aient ainsi l’occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres. »

Nous avons besoin de l’autre parce qu’il va nous apporter quelque chose que nous ne possédons pas. Et nous, nous allons aussi lui donner quelque chose qui lui manque par réciprocité de l’échange. Nous sommes donc tous complémentaires car nous n’avons pas tous reçu les mêmes qualités ou dons du Créateur.

La personne est ordonnée à deux « touts »

Conformément à son origine et à sa destinée, chaque personne est appelée à rechercher son salut en Dieu. La recherche de ce bien propre ne se fait pas en restant centré sur sa seule personne (égoïsme) ; mais en étant ordonnée à deux « touts » inégaux mais nécessaires à son salut : ordonnancement horizontal à un « tout accidentel » qu’on appelle la cité ; c’est une société de familles, cause de notre salut temporel et condition de notre salut spirituel: « Rendez à César ce qui est à César... » ; Ordonnancement vertical à un « tout substantiel » qu’on appelle Dieu. La Révélation nous apprend qu’il est « Tout en tous ». Et Il invite les hommes à communier avec Lui par une société – une société de personnes – une société surnaturelle : c’est son Église ! « ... Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ! ». La sanctification passe ainsi par le devoir d’État qui varie selon la vocation propre à chacun.

Cher pèlerin, regardons ces deux grandes cathédrales de Paris et Chartres et ensuite, réfléchissons, décidons : comment vais-je réussir ma vie « horizontalement » et « verticalement »,  c’est à dire l’ordonner ainsi vers l’Église, la société et Dieu ? Comment vais-je élever le monde... à commencer par cette partie du monde que je suis ? Quelle « pierre vivante » puis-je apporter à la beauté de la création et au règne du Christ dans la société ?