Gas : Venez adorer le Saint-Sacrement !

Chers pèlerins,

Ce soir, nous serons rassemblés pour une veillée d’adoration devant le Saint Sacrement exposé. Ce doit être, pour nous, un « temps fort » de ce pèlerinage. Et il le sera, si vous nous

y préparons soigneusement. Nul n’irait à un rendez-vous important sans s’être habillé en conséquence, sans avoir réfléchi à la conversation à tenir.

Eh bien, Sainte Thérèse d’Avila nous enseigne que l’oraison est « un entretien d’amitié, seul à seul avec ce Dieu dont nous nous savons aimés ». On n’improvise jamais une rencontre avec le plus grand des amis...

« On s’habille le coeur », comme dit Saint-Exupéry.

Mais qu’est-ce que l’adoration ? Est-ce si important ?

Oui ! C’est très important, car Dieu en a fait son premier commandement : « C’est le Seigneur, ton Dieu, que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte. » (Mt IV, 10)

Adorer est un acte de l’esprit qui reconnaît en Dieu son Créateur, et donc le souverain Seigneur de sa vie. Cet acte ne peut s’adresser qu’à Dieu, car tout, absolument tout, lui appartient de droit : nos personnes, nos biens, le temps qu’Il nous donne à vivre... nous avons tout reçu, nous recevons tout de Dieu à chaque instant. Sans lui, nous ne serions rien !

Nous ne nous appartenons pas, nous rappelle Jésus : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien car je le suis. » (Jn XIII, 13) L’homme moderne ne sait plus adorer ; il ne veut pas “perdre de temps” avec Dieu, car à quoi cela sert-il ?

Mais quand un enfant va se blottir auprès de sa maman, se demandet- il à quoi cela sert ? Regrette-t-il de perdre du temps ? Non. C’est pour lui le plus doux des moments. C’est un besoin de son coeur d’enfant et la plus grande joie qu’il puisse offrir à sa mère. Dans ces instants bénis, gratuits, se tissent des liens éternels.

Dieu lui-même, dans la Bible, se compare à une mère : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous caresserai sur mes genoux. » (Isaïe LXVI, 13-12)

Ou encore : « Une mère oublie-t-elle son petit enfant ? Est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. » (Isaïe XLIX, 15)

Que faire devant le Saint Sacrement exposé ?

Commençons notre adoration par un examen de conscience, sous le regard de Dieu. Demandons-nous loyalement si nous ne sacrifions pas aux idoles. Ne serions-nous pas esclave de l’un de ces faux dieux qui empêchent d’être totalement livrés au vrai Dieu : argent, télévision, internet, voiture, plaisirs défendus, loisirs effrénés, course au succès… etc. ?

Chers pèlerins, faisons alors un bon acte de contrition : brisons notre coeur. Puis, dans le silence, laissons la parole au Seigneur Jésus réellement présent dans l’Hostie. Il nous parlera au coeur, comme il s’entretient avec Moïse au Buisson ardent « Comme un homme parle à son ami » (Ex. XXXIII, 11).

Que nous dira Jésus ?

D’abord, il nous appellera par notre nom, car, nous avons beau être des milliards d’hommes, Il connaît chacun d’entre nous par son nom. Jésus est notre Bon Pasteur : « Il appelle ses brebis une à une. » (Jn X.3). Oui, Dieu a quelque chose de particulier à dire à chacun d’entre nous. Oui, Jésus a quelque chose à nous dire, à nous personnellement, qui que nous soyons : enfant, adolescent, fiancé(e), époux ou épouse, parent ou célibataire, souffrant ou bien-portant, pécheur ou disciple fervent, heureux ou malheureux. Répondons-lui alors simplement : « Parle, Maître », et tenons-nous à ses pieds, comme Marie de Béthanie qui écoutait sa Parole. (Lc X, 39)

Que pouvons-nous lui donner en retour ?

S’adressant à la Samaritaine, Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ! » (Jn IV, 7). Cette demande s’adresse aussi à nous. Mais, que veut dire par là le Seigneur ? Tout ne lui appartient-il pas déjà ? Ce que Jésus nous demande, c’est notre coeur : « Mon fils, donne-moi ton coeur. »

Car Dieu désire, d’un désir infini, cette réponse libre de notre amour. Ferons-nous la sourde oreille ? Refuserons-nous notre amour au Seigneur Jésus qui est mort sur la Croix pour le conquérir ? Si pauvres que nous soyons, nous pouvons faire la joie de Dieu en lui donnant notre coeur.

Dieu s’occupe du reste… Il purifie, Il sanctifie, Il verse sa Joie Divine dans nos âmes, parce que l’amitié est joie partagée. Par ce Coeur à coeur, nous entrons en effet dans cette intimité de l’amitié divine. « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis », disait Notre-Seigneur à ses apôtres au soir du Jeudi-Saint (Jn XV, 15). Cette amitié nous est ouverte.

En gage de quoi, Jésus nous fait le plus grand des dons : le don même de son Esprit-Saint, reçu par les apôtres au Cénacle, que l’Église fête en ce jour de Pentecôte.

Une démarche toute simple, qui apporte beaucoup

Chers pèlerins, vous le voyez, une adoration est quelque chose de tout simple. Et soyez-en convaincus, on y reçoit beaucoup… Plus nous y ouvrirons notre âme, plus Jésus y versera.

Montrons-nous donc très simples avec lui. Demandons-Lui tout ce dont nous avons besoin.

Disons-lui, par exemple, comme l’Abbé Berto le conseillait à une petite fille : « Jésus, j’ai telle démarche à faire ; comment faut-il que je la fasse pour qu’elle soit selon vous ? J’ai tel sentiment dans le coeur, cela vous plaît-il ? J’ai tel projet ; pensez-vous qu’il soit bon ? » Et, comme l’Abbé Berto l’assurait avec raison, « Jésus répond toujours…».

Et si nous ne savons vraiment quoi dire à Jésus, rappelons-nous l’histoire bouleversante de ce petit garçon philippin. C’était un de ces milliers d’enfants des rues qui vivent d’ordures ramassées dans les décharges ou de petits travaux. Un jour d’épouvantable épreuve où il avait été victime de violence, le père Thomas, missionnaire, entra dans la chapelle déserte.

L’enfant, se croyant seul, était monté jusqu’à l’autel et il tenait l’ostensoir embrassé. Il savait que dans son malheur, un seul pouvait le secourir : Jésus, son Dieu et son ami. Nous aussi, tenons embrassés les pieds de Jésus, notre Sauveur.

Chers pèlerins, méditons en silence cette histoire bien touchante et préparons notre coeur à cette rencontre de ce soir avec Jésus Hostie.