1ère méditation sur la responsabilité : les saints Louis et Zélie Martin

Le pèlerinage de Chartres est certainement une occasion de faire mieux connaître les saints Louis et Zélie Martin, parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face. La vie de ce foyer parle à toutes les familles du monde. Une famille « comme les autres », une maison, un commerce, une paroisse... Bienvenue chez les Martin !

Le mystère d’une rencontre

Le 22 août 1823, Louis Martin naît dans une famille profondément chrétienne. De son père soldat, il reçoit en héritage la foi et l’amour de sa patrie, la France. Sa mère lui écrit en 1842 : « Sois toujours humble, mon cher fils. » Louis fait d’abord un essai de vie religieuse. De retour à Alençon, il devient horloger, poursuivant une profonde vie spirituelle centrée sur le Christ. Rentré de l’atelier, il vit comme un moine, prenant un temps de silence et de solitude avec le Seigneur. Zélie Guérin naît le 23 décembre 1831. Souvent malade, elle reçoit peu d’affection de sa mère. Elle est marquée par le souvenir d’un oncle prêtre réfractaire, résistant à la barbarie révolutionnaire et ferme dans la Foi. Au seuil de l’âge adulte, elle nourrit le désir de se consacrer aux plus pauvres et prend contact avec les Filles de la Charité. La supérieure la dissuade de poursuivre sur ce chemin.

Zélie se lance dans la confection de dentelles, le fameux point d’Alençon. Elle va diriger jusqu’à une petite dizaine d’ouvrières. Sur le pont Saint-Léonard, en Alençon, elle aperçoit un jour Louis, venant en sens inverse. Sans le connaître, elle perçoit alors de manière certaine qu’il sera son mari. Louis et Zélie se sont vraiment rencontrés parce que, chacun de leur côté, ils avaient construit une relation vivante avec le Seigneur et Notre-Dame. Ils restaient disponibles, faisant chaque jour oraison et se donnant généreusement aux autres.

Ainsi ils ont pu découvrir la volonté de Dieu sur eux. Rien n’est le fruit du hasard : les âmes données au Christ savent assez vite se retrouver sur l’essentiel et donc peuvent s’engager en peu de temps. Le coeur ouvert aux autres, déjà, ils voulaient faire rayonner la doctrine catholique au cœur du monde.

Les causes du rayonnement de Louis et Zélie dans la cité

Dans les lettres de Zélie apparaissent trois appuis de la croissance spirituelle en famille :

la reconnaissance de la souveraineté de Dieu ;

la foi en sa Providence ;

l’abandon à sa volonté.

En bref, toute la vie du foyer s’organise en fonction de l’éternité. Rien de ce qui est terrestre ne doit occuper au point de faire oublier l’essentiel. L’aînée, Marie, écrira : «Mon père et ma mère avaient une foi profonde et, en les entendant parler ensemble de l’éternité, nous nous sentions disposées, toutes jeunes que nous étions, à regarder les choses du monde comme une pure vanité. »

L’amour pour la doctrine catholique et l’observance fidèle des commandements de Dieu et de l’Église sont source de liberté et de joie. Chaque matin, toute la famille se rend à la Sainte Messe, et, souvent dans la journée, la maison retentit de prières et cantiques.

Louis, un Chevalier soucieux du salut de ses compatriotes

Les Martin sont patriotes et royalistes. Mais ils sont avant tout soucieux d’étendre le règne social de Jésus-Christ. Ils n’hésitent pas à dénoncer la perversion de la franc-maçonnerie, la laïcisation de la société française. Louis enlèvera de force son chapeau à un mécréant qui nargue la procession du Saint-Sacrement.

Très impliqué dans la formation de doctrine sociale dans sa ville, il veut évangéliser toutes les couches de la société, sans oublier les ouvriers. Déjà les catholiques assument un combat. L’école et la mission de l’Église sont la cible des laïcistes. La franc-maçonnerie prépare l’offensive généralisée pour laïciser les institutions et expulser Dieu des consciences. Louis riposte par... sa conviction profonde, loyale, chaleureuse, et sa charité délicate et désintéressée. En d’autres termes, il comprend la foi comme unité et cohérence de tout l’être humain. Il perçoit aussi la force missionnaire irrépressible venue de l’Esprit-Saint.

Il ne connaît pas le respect humain. Il interpelle courtoisement les blasphémateurs qu’il rencontre. Il ne refuse pas une discussion quand le bien d’un homme est en jeu. Dans le cadre de son activité professionnelle, Louis est honnête et respectueux du dimanche chômé. C’est ainsi que ses affaires font de lui l’une des plus riches fortunes d’Alençon.

Son influence s’étend en ville, spécialement à tout un cercle d’amis regroupés autour de Vital Romet. Il s’attache à évangéliser les plaisirs mondains... Il entraîne ses camarades au Cercle Albert de Mun, mais aussi à la Conférence Saint-Vincent de Paul dans laquelle il est impliqué. Nombreux sont ceux qui participent avec lui à une oeuvre à laquelle il tenait

beaucoup : l’Adoration Nocturne. Chaque mois, Louis prend un long temps en pleine nuit aux pieds du Divin Maître. Il possède à un degré élevé « le charme contagieux de la charité ». Sa familiarité avec son saint Patron, le roi Saint Louis, est connue.

Zélie, au chevet de tous

Mère de famille, elle porte neuf enfants, dont cinq seulement parviendront à l’âge adulte. Zélie dirige son personnel de maison et ses ouvrières. « Il faut qu’ils sentent qu’on les aime », écrit-elle à son frère. Dans la maison Martin, la servante ne se sent ni étrangère ni mercenaire. De la même façon, les ouvrières sont choyées ! Zélie visite le dimanche après vêpres ses ouvrières malades et pourvoit à leurs besoins.

Il a été dit que le salut des âmes stimule l’ardeur des saints époux Martin. Zélie, quant à elle, se donne avec son coeur de mère, à ses enfants certes, mais aussi auprès de plus démunis. Souvent, elle est appelée auprès d’un mourant du quartier pour l’aider à se réconcilier avec Dieu... Et grâce à son intervention, beaucoup pourront recevoir le saint viatique. C’est parce

qu’elle est reliée quotidiennement à l’Eucharistie qu’elle sait reconnaître le Christ dans ses frères malades.

Le bien-être matériel de sa famille permet de ne pas compter lorsqu’on fait l’aumône. Après tout, cet argent est fait pour aider ceux qui sont dans le besoin et servir les justes causes. De son côté, Louis prend du temps pour aider les indigents dans leurs démarches administratives. Il conduit souvent les clochards qu’il rencontre à l’hospice de la ville. N’oublions pas les liens étroits de charité envers les grands-parents, qui seront reçus longuement au domicile même de la famille.

Conclusion

Les enfants Martin : Thérèse... mais aussi Léonie... et Marie, Pauline et Céline, feront des pas de géant devant un tel exemple. Plus largement, les voisins, les amis, les paroisses, la société alençonnaise goûteront la sainteté de Louis et Zélie. Ils grandissent dans cet esprit d’enracinement intérieur et doctrinal. La royauté sociale de Jésus-Christ est « le bain » dans lequel les saints époux voulaient plonger le monde…

Zélie mourra d’un cancer du sein le 28 août 1877. Quant à Louis, au terme d’une longue période de sénescence40, il finit sa vie le 29 juillet 1894. Plus d’un siècle après leur mort, leur rayonnement sur la terre ne fait que commencer…