L'Etudiant libre

À l’appel de Notre Dame, 20 000 pèlerins se sont élancés sur les routes menant de Paris à Chartes, et inversement, lors du week-end de Pentecôte, à la suite de Charles Péguy, dont les poèmes nous ont réveillés chaque matin, nous arrivons vers l’autre Notre Dame, de celle qui s’élève au cœur de la cité, dans sa royale robe et dans sa majesté, dans sa magnificence et dans sa justesse d’âme.

Tous ces pèlerins ont donc pris la route alors que toutes les raisons du monde auraient dû les en dissuader. Ces pèlerins dont la jeunesse inquiète ceux qui veulent faire table rase du passé, prouvent qu’il existe encore une France attachée à sa Foi, à son Eglise, à son esprit de Tradition et surtout, il reste une France qui croit en La France.

Les pèlerins refusent la facilité offerte par le monde, ils économisent les moyens techniques afin d’assumer pleinement leur condition d’Homme. Ces 3 jours ne sont-ils pas idéals pour nous mettre à l’épreuve, refuser le confort et la facilité, rendre le lever du matin difficile dans le but de retrouver pleinement le Christ en l’approchant quelque peu de son agonie lui qui est tombé si bas dans l’abîme pour partager notre condition ? Monseigneur Leonard l’a très bien rappelé dans son homélie finale à Chartres, la mortification de nos sens par l’effort de la route nous permet d’approcher le Christ qui a connu ces souffrances. Plus proche du Christ nous sommes plus fort pour affronter les combats qui nous attendent pour le monde et pour notre Eglise.

Le pèlerinage de Chartres est une bonne école de formation contre l’esprit du monde. Quoi de mieux qu’un pèlerinage pour s’élever contre ce monde ? Le choix de se détourner durant 3 jours de ce monde, du confort, du repos ne peut être que motivé par un esprit qui va à contrecourant de la société. Quand bien même quelqu’un irait au pèlerinage dans un esprit mondain ou pour se montrer, il saura au fond de lui que le contexte original de la chose porte à rendre unique ces rencontres et qu’au cœur de la douleur, c’est la véritable image de nous même qui transparait. L’écologie est intégrale dans ce pèlerinage et elle montre à quel point la société a perverti la création en l’appauvrissant et en comblant le vide par des faux semblants, du mensonge et de la tristesse. Le Cardinal Sarah, invité l’an passé au pèlerinage dit dans son nouveau livre qu’un chrétien doit toujours être joyeux alors même que Dieu ne nous promet pas le bonheur sur la terre. Le chrétien doit être joyeux car son bonheur se trouve dans l’au-delà. La terre est une passerelle où nous devons chercher Dieu en toute chose, et puisqu’il a créé toute chose nous devons la respecter. L’effort, la douleur, le temps et la distance son autant de chose auxquelles nous devons nous soumettre pour retrouver véritablement Dieu. C’est là la vraie écologie que nous offre le pèlerinage. Cette écologie n’est pas celle prônée par l’esprit du monde qui voudrait économiser les ressources nature utilisée par l’Homme car celui ne pourrait prétendre la dominer. Non, le chrétien doit avoir ses mains au travail et son cœur à Dieu, l’écologie chrétienne que nous détaille le magistère et dont le pèlerinage de Chartres nous permet de vivre, est une écologie où la nature est une ouverture sur la réalité divine. A la messe, en contemplation face à la nature où dans la douleur, le cœur du pèlerin doit être tourné vers Dieu et le voir dans chaque chose. Ces 3 jours doivent nous rappeler à quel point en tout lieu, en tout temps et dans chaque chose Dieu est présent, « je l’avise, il m’avise » dit le curé d’Ars, cela signifie avant tout, « je le vois en toute chose, il me parle en toute chose ».

Cette proximité avec Dieu et la Vérité retrouvée de notre condition nous exhorte à la sortie de ce pèlerinage à nous battre pour notre monde afin de remettre Dieu au centre. Ce combat doit être mener avec habileté et persévérance, nous ne sauverons pas le monde en trois jours mais nous savons que la victoire est certaine. Le pèlerinage est aussi un témoignage offert au monde, un témoignage d’une vie chrétienne assumée et prosélyte, cette vie chrétienne doit être vécue tous les jours de notre vie, à l’université, dans la rue, sur le parvis de nos églises et dans nos foyers ! Nous sommes des prophètes pour le monde, ne le laissons pas s’écrouler sans rien faire, engageons-nous ! Prenons la route du combat de nos vies chrétiennes.

Pierre F.