Retour sur la messe d'action de grâce du 20 juin 2019

Je tiens à remercier l'abbé Biaggi, curé de la paroisse Ste Odile, ainsi que les vicaires et les bénévoles, pour cet accueil bienveillant chaque année lors de la messe d'action de grâce. Merci également d'avoir répondu présent pour les pèlerins en attente de retour lundi de Pentecôte au soir. Finalement, tout s'est bien déroulé, mais le mérite de cette charité est intact devant Dieu, et son souvenir dans notre mémoire.

Je remercie les confrères prêtres présents, et aussi les bénévoles pour le service de l'autel et le chant liturgique.

J'associe bien sûr à cette messe tous ceux que le devoir d'état retient loin de cette église aujourd'hui.

Un prêtre se tient à votre disposition au fond de l'église pour entendre les confessions.

Mouvement de communion ;

 

Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ainsi soit-il

 

Tout ce que tu peux faire, ose-le,

Car il est plus grand que toute louange

Et tu ne peux suffire à le louer.

 

Chers amis pèlerins,

 

Ces mots chantés à l'instant sont pour nous. Ils nous redisent que Jésus Hostie nous veut audacieux, adorants, et dépassés.

 

TOUT CE QUE TU PEUX FAIRE, OSE-LE.

La séquence de ce jour nous provoque à l'AUDACE. Tantum aude. Ose cela.

Chaque jour encore, la liturgie de la messe nous rappelle l'audace de la prière. Audemus dicere ; nous osons appeler Dieu Notre Père. Et le geste où Dieu se montre Père par excellence, c'est cette demande et ce don central du Pater ; le pain de chaque jour, la nourriture supersubstantielle. La Sainte Eucharistie.

 

L'audace est une chose bonne en soi. Elle est une largeur de vue, une hauteur de pensée, un trait de génie, une grandeur de vouloir et de faire, une plus ample mesure du cœur.

La fortune sourit aux audacieux, disait déjà les anciens. Elle est une attitude de magnanimité. Faire grandement au service d'une chose grande.

 

Toute époque a eu ses audaces. Elles se sont exprimées et réalisées dans des chefs-d’œuvre des arts, des techniques, des lettres, de la pensée, de la liturgie, de l'évangélisation.

L'Eglise elle-même a grandi dans une alliance d'humilité et d'audace ; celle des théologiens, des apôtres, des missionnaires, des contemplatifs, des savants et des simples, des puissants et des tout petits... Cette audace que souffle le St Esprit dans les âmes d'enfants de Dieu, leur redisant comme les voix de Jeanne ; « Va, fille au grand cœur, va ! »

 

Notre époque a aussi ses audaces. Malheureusement, en bien des cas, ces audaces sont sans Dieu ou contre Lui.

Elles sont les actes d'un culte à l'envers ; Hellfest, théâtre ou films blasphématoires, caricatures ou modes christianophobes, profanations de lieux saints, agressions de personnes consacrées.

Agressions multiformes contre la vie des plus fragiles, des plus faibles.

Transgressions des socles mêmes de l'humanité et de la civilisation, inscrits au profond des choses ; mariage, famille, fécondité, conception, dignité de l'être humain, appartenance à une patrie, portion de terre et d'héritage qui nous façonne.

Oui, Monseigneur Aupetit a bien résumé d'un trait ; « une culture sans culte devient une inculture. Peut-on vraiment par ignorance ou par idéologie séparer la culture et le culte ? »

 

Il y a donc urgence à réapprendre le sens du sacré, à reprendre le chemin du sacré.  Est sacré ce qui est à part, autre, séparé. Ce qui est saint, qui possède et donne une certaine perfection. Ce qui est plus grand que nous.

Aussi la présence du sacré suscite de notre part deux attitudes ; respect et humilité – mais aussi approche et réception.

 

Il y a bien des choses saintes. Mais l'intensité et la proximité de Dieu sont au maximum avec cette chose sacrée par excellence, l'Eucharistie... chose sacrée en elle-même, apportant ensuite perfection à l'âme qui la reçoit dans la Sainte Messe, l'adoration et la communion.

 

C'est cela, le sujet, le « thème spécial » de la Fête Dieu. Voilà ce qui explique l'audace de l'Eglise et la nôtre.

Sainte audace et amour juste, non pas étroitesse légaliste ou archaïque ; voilà l'âme des rites complexes de la liturgie.

Sainte audace et amour juste, voilà le réflexe de l'aumônier sauvant Jésus Hostie au péril des flammes lors de l'incendie de Notre Dame.

Sainte audace et amour juste, l'engagement des pèlerins d'Emmaüs, laissant le Christ réchauffer leur cœur en chemin, avant d'aller saluer, écouter, interroger les passants... et proclamer en leur langue les merveilles du Dieu Sauveur.

« Quelle sainte audace Dieu veut-Il susciter en moi, à son service ? »

 

IL EST PLUS GRAND QUE TOUTE LOUANGE.

La louange, l'adoration eucharistique nous font retrouver notre « position normale de créature qui veut se tenir à sa place sous son Créateur ».

Si l'on considère ce qui se voit, alors les petites apparences sensibles de l'Eucharistie nous déconcertent.

Si la foi nous introduit plus loin dans la réalité de l'Eucharistie, alors c'est la grandeur de Dieu présent qui nous déconcerte.

C'est pour exprimer la vérité et la grandeur de Dieu présent dans l'hostie, qu'il y a ce culte, ces rites sensibles. Conspiration, association, sobre profusion de gestes, attitudes, chants et paroles, objets, tendresses d'enfant et précautions d'orfèvre. Tout redit à notre âme par nos sens ; Dieu est là! Vraiment, réellement, substantiellement. Dieu est là, et Dieu est grand.

Dieu a montré bien de l'audace en entrant de cette manière en relation avec sa créature. Notre culte eucharistique est une réponse à cette audace divine.

« Quelle adoration répondra en moi à cette audace amoureuse de Dieu ? »

 

TU NE PEUX SUFFIRE À LE LOUER.

Le culte de l'Eucharistie, la Messe, l'adoration du St Sacrement nous amènent à voir que si nous ressemblons à Dieu, Dieu fait Homme, puis rendu présent dans l'hostie nous dépassera toujours.

Le pèlerinage accompli nous fait poser côte à côte l'humble et réel effort consenti, et la largesse des grâces divines. Elles sont le meilleur du pèlerinage, pour maintenant, pour aujourd'hui. Leur mesure l'emporte de loin. Cela dépasse nos espoirs, nos demandes, nos mercis.

« Quel dépassement consentirai-je pour Dieu ? »

 

Amis pèlerins, plongez dans cette louange à Dieu, cette bienheureuse déficience. Cédez à cet écrasement intérieur très doux et très fort devant la grandeur de Dieu.

Consentez à cette gratitude éperdue devant un si Bon Dieu.

 

 

MEDITATION DEVANT LE ST SACREMENT

Seigneur Jésus, nous voici en adoration devant Vous.

Nous, vos créatures. Devant Vous, notre Créateur. Notre pauvreté devant votre Majesté. 

Nous voici en adoration, attitude retrouvée. Attitude normale et juste de votre créature qui veut rester avec son Créateur. Seigneur, si nous ne venons à ce rendez-vous,  Comment pourrons-nous vous servir?

 

Tout est pour nous, mais nous sommes à Vous, et vous êtes à Dieu.

Si nous ne recommençons à apprendre votre règne et les moyens de sa venue

Ici, maintenant, devant vous, Seigneur,

Que ferons-nous de bon, de fécond, de propice et de durable ?

 

Seigneur il nous est bon d'être ici, auprès de vous.

 

Nous avons encore bien des choses à poser devant Vous...

 

Et d'abord, notre pauvreté intérieure ; sécheresse, distraction, angoisse, souci, tristesse ou peine pour nos êtres chers, pour la France, pour l'Eglise ou pour nous-mêmes. Nous déposons tout cela devant Vous.

Et puis notre gratitude, nos âmes de pauvres comblés. Deo gratias pour tant de belles conversions, tant de vocations, tant de générosités suscitées, de fidélités confortées ou rétablies.

Merci Seigneur, même pour l'épreuve qui secoue parfois l'Eglise, notre pays, nos êtres chers et nous-mêmes.

Merci, …

Parce qu'au fond de l'épreuve vous posez l'occasion d'un bien meilleur.

Parce que Vous ne permettez pas qu'elle dépasse notre faiblesse et la force que vous nous donnez en même temps.

Parce que Vous savez, bien mieux que nous, ce qui est bon pour nous.

Parce que c'est là que vous nous éprouvez, non pour nous briser, mais pour nous faire grandir dans l'amour et la confiance en Vous.

Merci enfin parce qu'à l'heure de l'épreuve, Vous restez avec nous si nous restons avec Vous. Et nous pouvons entendre pour nous vos paroles bénies ;

 

« Dans le monde, vous aurez à souffrir,

Mais prenez courage, car j'ai vaincu le monde.

Je suis avec Vous tous les jours jusqu'à la fin du monde ».

 

Abbé Alexis Garnier - Aumônier Général de Notre-Dame de Chrétienté