La vie n'est pas un dû mais un don

Aujourd'hui (Lc 7,11-16) , Jésus est touché.

Il est touché par la peine, la tristesse, les larmes de cette femme. Et il y a de quoi.

D'abord parce qu'il y a une peine légitime et une compassion chrétienne pour toute personne qui porte le deuil.

Ensuite, la peine de cette femme a pour lui une signification particulière.

 

Regardez de près la situation des personnages.

Un fils unique, et une mère, veuve, une femme sans mari. En effet, le lien du mariage se termine avec la mort d'un des époux. Donc son fils n'a pas de père sur la terre.

 

Alors, nous comprenons mieux ce passage bref ; misericordia motus... touché de compassion.

Nous devinons combien est profonde la miséricorde de Jésus. Par la miséricorde, on est vulnérable. Parce que l'amour véritable, fidèle, incarné exige cela; être vulnérable, être fragile, perméable à la peine, à la souffrance ; celle de Jésus, la nôtre, celle du prochain. Accepter d'être touché, atteint au cœur par la peine du prochain. Ce n'est pas illimité, mais c'est très beau...

Alors on rejoint le Seigneur et le prochain dans cette peine comme si c'était la nôtre. Et ensuite, on fait tout son possible pour soulager cette peine.

 

Et bien dans la peine de cette maman, Jésus devine une autre peine...

Il devance une autre souffrance qui le touchera de près, au coeur... La peine d'une autre femme, une autre maman; la sienne, au pied de la croix. Et il le sait déjà. Jésus est le Fils unique du Père des cieux, et n'a sur terre qu'un père adoptif, St Joseph. Jésus, lui aussi sera un jour porté en terre, enseveli. Et puis... Surge ! Lève-toi, dit-il au défunt. Ce mot a donné résurrection, et la résurrection du jeune homme annonce aussi celle de Jésus par la même puissance.

 

Jésus reconnaît encore une autre peine, celle de l'Eglise.

L'Eglise est une vraie mère. Elle verse de vraies larmes spirituelles... les larmes du cœur, plus mystérieuses que celles des yeux. Les larmes de la prière et de la pénitence pour ses enfants perdus, pour ceux qui sont loins de Dieu, ceux dont l'âme ne vit plus de la grâce. L'Eglise pleure sur les pécheurs. Elle se réjouit aussi parce que chaque conversion lui rend un fils vivant, ramené à la vie de Dieu, à la grâce!

 

Enfin Jésus honore le lien parental, la filiation.

Il se penche avec bonté sur ce lien, sur cet amour des parents qui reflète si bien le sien. Sur ce dévouement, cette générosité, cette petite providence des pères et mères qui incarne et prolonge la sienne.

 

Mes amis, je vous propose un calcul difficile, mais essentiel. Essayez..

Essayez de compter le nombre d'heures que vos parents ont dépensé pour vous, la peine qu'ils ont prise pour vous. Les nuits à veiller, les trésors d'imagination, de perseverance, de dévouement à votre chevet... les biberons et autres soins... l'aide aux devoirs scolaires... la transmission de la foi... les humeurs endurées quelque part entre 2 et 20 ans, parfois plus longtemps.

On ne peut pas compter tout cela. On ne fait pas le compte du devoir et de l'amour parental. Ah oui, mon Dieu, merci pour les parents, en particulier pour les mamans! N'oublions jamais cela. Faisons passer cela en premier sur les éventuelles imperfections, défauts, erreurs que nous avons pu constater parfois. Au moins prions pour nos parents.

 

Et enfin, comprenons bien le prix de ce qui se joue, et de notre engagement dans la cité, pour défendre la filiation et la paternité.

Une personne humaine n'est pas un produit fabriqué dans un laboratoire, disponible pour satisfaire je ne sais quel droit absolu à l'enfant. Il n'est pas un produit livré sur commande, par contrat de parentalité.

Il est le plus beau don de Dieu, comme le rappelait Mère Teresa. Oui, pas un dû, mais un don. Un don reçu et relié à une relation déterminée, stable, ouverte à la vie. Un don qui a sa source première en Dieu, et sa source seconde dans l'amour d'un homme et d'une femme, devenus l'un par l'autre père et mère, dans un acte sacré que Dieu a béni. C'est le fondement d'une société!

 

Il faut redire cela, il faut le défendre... Avec bonté et charité, avec tact et délicatesse, mais aussi avec fermeté.