Journée d'Amitié Chrétienne 2019 - Homélie de l'Abbé Alexis Garnier

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O Dieu, 

Vous avez établi dans un ordre admirable le ministère, le service des anges et des hommes. 

Accordez-nous d'avoir pour protecteurs sur la terre 

ceux que vous avez pour compagnie et serviteurs dans le ciel.

 

Chers amis de Notre Dame de Chrétienté,

 

Jamais peut-être on n'a, de mémoire d'homme, atteint une telle confusion spirituelle et temporelle.

Alors, faut-il se lamenter de manière stérile et résignée ? Faut-il s'agiter de manière amère et desesperée ? Non. 

Mais d'abord, avant tout, s'arrêter. Se tourner vers celui qui est la source de la lumière jusque dans les ténèbres, de l'ordre jusque dans le chaos, de la paix jusque dans les troubles, de l'unité jusque dans les divisions.

Il faut un sursum corda de tout l'être, à la suite de l'intelligence soulevée par la foi.

Et pour cela, il faut se recueillir et se fixer sur une pensée juste et un grand désir. Car les mains d'abord jointes dans la prière sont ensuite plus fortes et habiles au service du bien.

 

Une pensée juste, un grand désir...

Voilà ce que fournit l'oraison en l'honneur des saints Anges. Ils seront nos protecteurs et compagnons de route au prochain pèlerinage. Mais ils sont là, déjà. Incessamment. L'échelle de Jacob reliant ciel et terre atteint jusqu'à nous, ici et maintenant. Elle relie continuellement 

l'Eglise de la terre et du ciel, 

l'autel d'ici-bas et celui de la liturgie céleste, 

notre Jerusalem spirituelle et temporelle d'ici 

avec l'éternelle Jerusalem, vision de paix bienheureuse. 

Au long de cette invisible échelle, les anges médiateurs ne cessent leur va et vient en bon ordre, avec leur rapidité spirituelle.

 

Miro ordine... Un ordre admirable, une disposition continue de sagesse divine confie le plus petit au plus grand, et le plus faible au plus fort. 

Ma civilisation, héritière de Dieu, a fait chacun responsable de tous les hommes, et tous les hommes responsable de chacun, constatait déjà avec gravité St Exupery.

 

Ainsi, le plus fort protège le plus faible, c'est un ordre de création, mais aussi de civilisation ; civilisation d'amour et de verité, bâtie par réflexe de contemplation et d'action, soutenue et maintenue par réflexe de résistance et de restauration. L'épée du chevalier, le salut du scout, la voix au cœur du politique, du chef, du père, redit sans cesse cela. Et l'ange protège la créature humaine dans ses chemins et luttes de la terre ; lutte pour la fidélité de l'Eglise et dans l'Eglise – lutte pour la tranquilité de l'ordre dans la cité temporelle, cet autre nom de la paix sociale vraie – lutte pour la vie d'union à Dieu dans l'âme, première enclave du Royaume de Dieu au-dedans de nous.

 

Mais le plus faible provoque aussi le plus fort à l'excellence. Le souci des simples, des plus pauvres spirituels a constamment guidé la sagesse de l'autorité de l'Eglise en son enseignement, son culte et son gouvernement. De même, le souci des membres les plus vulnerables de la Cité a guidé la main des politiques dignes de ce nom. Aux époques du moins où tout ceci n'était pas verbiage, slogan et discours manipulateur. 

Ôtez ce principe, il s 'ensuit une autorité vide, et assez près, assez vite, une tyrannie. 

Ôtez cet ordre édicté par la sagesse divine, ôtez le droit naturel et divin, il reste l'arbitraire d'un pseudo droit humain, instrument redoutable aux mains d'irresponsables.

Il est bon, il est juste alors d'y opposer l'attitude de prudence et de fermeté que rappelle l'Introït de ce jour ; aimer la justice, haïr l'iniquité.

 

Les anges serviteurs auprès de Dieu sont aussi nos chefs bienveillants et fidèles.

Témoins, voyants du Dieu Trinité, commencement et fin de toutes choses, ils ont ensuite égard à toute chose. Ils se préoccupent de nos destinées temporelles, de nos luttes de la terre, celles de l'Eglise, de la Chrétienté, de la civilisation ; en chaque patrie, en chaque famille, en chaque congrégation religieuse... En chaque portion de terre, d'école, d'entreprise, d'association au service du bien commun. 

Nous allons fêter le centenaire de canonisation de Ste Jehanne d'Arc, héroïne du bien commun en une époque troublée pour l'Eglise et la chrétienté. Il nous est bon, et même consolant de rappeler l'intérêt des voix du ciel aux appels légitimes de la terre. Il nous est doux d'entendre pour nous les exhortations de courage et de magnanimité de Saint Michel; 

«Va, fille au grand cœur, va !»

 

Et s'il m'est permis de conclure par une voix d'outre Manche, alors je dirais avec elle ceci; «Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté» (Winston Churchill). 

Oui les temps sont difficiles. Oui, le pessimisme, ce démon de l'à quoi bon est très fort en notre temps. Oui la confusion spirituelle et temporelle est poussée très loin. Et forte aussi la tentation de se lamenter de manière stérile et résignée, de s'agiter de manière amère et desesperée. 

Mais intacte est la présence tutelaire des bons anges, forte leur présence et leur intercession à nos côtés ; « Ceux qui vont combattre avec nous sont plus nombreux et forts que ceux qui sont contre nous ! »

 

Alors, voilà ce que nous demandons ici au pied de l'autel; la participation à cet ordre admirable, le service mutuel du plus fort et du plus faible, et l'engagement de chacun, à sa place, à son rang, dans les luttes pour le Bien commun. 

Nous demandons aussi ce que cela exige de cœur, de courage, de lucidité... ce supplément d'âme que donne le Saint Esprit, Père des pauvres et Force d'en Haut !

 

Saints Anges, protégez-nous dans les combats !